Lovelace - ft. Karl

La manie de Karl de vouloir dormir avec elle est un peu particulière. Mais elle ne s'y attarde pas et n'y répond que d'un haussement d'épaules. Un peu comme tout le reste. Un sourire, et un petit mouvement de tête. Elle est absorbée par le jeu, le reste est flou, un joli flou matinal qui la maintient encore à moitié dans les choux.

" Ouais, j'regarderai quand j'aurai fini cette partie. Mais j'pense que ça va durer, c'est franchement pas dur. Faudrait qu'ils fassent un effort !" Xiao parle bien sûr des vaisseaux. Ses réflexes sont entraînés par des quelques années intensives de jeux - et d'autres activités plus anciennes et plus exigeantes bien sûr.  "T'es sûr ? J'veux beaucoup de choses. T'imagines pas tout ce que je claque."  C'est d'ailleurs en constatant tout ce qu'elle dilapide son argent dans plein de choses plus ou moins utiles que la chinoise en est arrivée à organiser son budget en le bloquant, hebdomadairement, pour se forcer à mettre un peu de côté en cas de coup dur. La Triade prend soin de ses enfants les plus rentables, mais ils ne sont pas là pour lui tenir la main. La liberté a un prix, et c'est celui d'une autonomie responsable - ainsi que d'un loyer. Songeant au Dvorets, Xiao a tout un tas d'idées qui lui viennent en tête, mais qui nécessitent qu'elle voie la marchandise pour de bon. Une proposition à prendre au mot pour plus tard, donc.

Sa proposition de la soulager la fait pouffer de rire. Si sa résilience disparaissait pour si peu, elle serait une bien piètre enfant du Mentor.  "T'inquiètes, il en faut plus pour me faire vraiment mal. T'es loin du compte." Un petit coup d'oeil en l'air.  "Enfin, tentes pas non plus. Je te garantis pas que j'aurai pas des réflexes si t'insistes." Des images de la veille lui reviennent en tête. Il fallait vraiment que ce soit contextuel et qu'elle soit très excitée pour accepter ce genre de molestation sans qu'il prenne un talon dans les dents. A croire que, parfois, les réflexes conditionnés peuvent s'endormir, rien qu'un peu, sous la libido dévorante de la chinoise.  "J'ai pas de trou. Enfin, j'pense pas. J'ai pas bu de toute façon, j'vois pas pourquoi j'en aurais." Mais la question est étrange. Elle ne peut s'empêcher d'y songer.

Une question interrompt ses pensées néanmoins.  "D'autres hommes ?" Quelle drôle de question. Pourquoi des hommes en particulier ? Pas mal de gens sont passés par ici. Des réparateurs, des livreurs, des potes divers et variés, et plusieurs supérieurs de la Triade, à commencer par son propriétaire.  "Ben, ouais. Des femmes aussi, pourquoi ?" La question est vraiment étrange. Xiao fronce les sourcils un instant, puis lève les yeux, rapidement, entre le deux vagues de vaisseaux. "T'invites jamais personne chez toi ? C'est un peu triste non ?" Tout le monde ne dort pas dans son lit, et Xiao n'est pas la meilleure hôtesse du monde ni la plus spontanée, restant un peu secrète auprès des inconnus. Comme tout le monde, sans doute. Une question de logique, dans un monde comme celui dans lequel elle évolue. "Dis voir, j't'ai pas étranglé avec le tuyau de la douche ? J'te savais pas si kinky. T'es moins sage que t'en as l'air."

Karl a un léger rictus. Il ne l’imaginait pas si dépensière que ça. Mais ce n’était pas ce qui l’empêcherait d’être généreux, au contraire même. Plus elle aurait de choses, plus elle serait heureuse non ? La manie du jeune homme d’être aussi attentionné lui mènera sûrement la vie dure un jour ou l’autre. Mais après tout… la jeune femme avait souligné ses efforts dans le lit la veille. Signe qu’elle lui était reconnaissante. Tant qu’il lui faisait plaisir, ce serait le principal.

“ Je suis sûr ma Xia chérie. “

Il lui fait un nouveau clin d’oeil. Leur visite au D’Vorets allait être chargée, il le sentait. Il allait devoir penser à prendre sa carte bleue au cas ou. Quoique, peut-être pourrait-il faire en sorte de se servir en tant que membre de l’Organizatsiya. Après tout, Karl n’était pas très dérangeant à ce niveau, faire une exception serait éventuellement possible. Une sorte de paiement pour ses services rendus, notamment. Mais pas de plans sur la comète, cette visite n’était pas pour demain.

Sa remarque sur la douleur le vexe un peu. Ou du moins, le jeune homme le prend comme un défi. Sous entendait-elle qu’il n’était pas à la hauteur, ou pas assez bien pour la satisfaire ?

“ On pourra le refaire un de ces quatre, si tu me penses pas capable de faire mieux. “

Dit-il. Karl n’était plus vraiment sûr de pouvoir se passer d’elle. Et ce, sur beaucoup de plans désormais.

“ Je tenterai jamais rien comme ça moi. Tu étais consentante après tout. “

Karl avait beau être actif une fois au lit, il n’était pas du genre à s’imposer ni à être très entreprenant dans ce domaine. Le jeune homme restait relativement désintéressé à la base, son ouverture était très récente et surtout dûe à son attirance pour elle. Si on lui avait dit qu’il pourrait le faire trois fois en une soirée, Karl n’y aurait pas cru. Pas à cause de ses capacités, mais tout simplement de ses envies.

“ Ouais, t’as raison. Je sais pas pourquoi je demande ça. “

Il valait mieux en rester la et ne pas évoquer la raison de son malaise. Cela lui avait servi de leçon, plus de confrontation directe à ce sujet. Ça n’amenait qu’à de mauvaises choses et ne ferait rien avancer. De toute manière, ce n’était pas la seule raison qui le poussait à fréquenter Xiao. Et bien heureusement, il trouverait sûrement cela un peu malsain si c’était le cas. En l'occurrence, sa simple compagnie lui suffisait à se sentir bien.

“ Je suis rarement chez moi de toute manière. Je disais ça surtout pour, euh… savoir si j’étais un peu spécial pour toi quoi. “

Dit-il, un peu gêné et maladroit. Mais il fallait bien que ça sorte. De toute manière, il doutait encore une fois que son amie saisisse le sens de sa demande. Peut-être devrait-il penser à faire un lexique histoire de mieux se faire comprendre auprès d’elle à force.

“ Quoi ? “

Sa question sonna comme le gong. Le jeune homme porta ses mains à son cou comme pour vérifier s’il n’y avait aucune marque, légèrement gêné. Il n’allait quand même pas devoir admettre ça pour camoufler leur dispute ? En voila une situation désagréable… et franchement gênante. Amer, il grimaça.

“ Non, on jouait juste à la bagarre. Rien de ce genre. “

Un petit sourire en coin s'imprime sur le visage de Xiao lorsqu'il semble piqué par ses remarques. "J'ai touché ton ego ?" Son regard reste rivé sur le jeu néanmoins. "Je suis toujours prête à remettre en jeu mon trophée, tu sais. C'est à toi de voir si tu te sens les épaules." Et la voilà qui tire la langue. La frontière entre le sérieux et la provocation enfantine est très floue et variable, chez elle. "T'inquiètes, de toute façon, tu le sauras bien vite si je ne le suis pas. Et puis j'aime assez ce côté de toi, aussi." Le vague souvenir de la fin de la soirée lui revient néanmoins. "Enfin, dans ce contexte." Ça n'est pas un reproche, mais Xiao ne voudrait pas encourager quelque chose qui la mettrait de nouveau en difficulté.

Elle attrape quelque chose à manger, n'importe quoi, sans regarder, et mord dedans. Son regard est happé par le jeu. Pourtant, elle tend l'oreille, sentant que cette conversation la dépasse un peu. "Spécial ? Oui je suppose. Pas grand monde encaisse de dormir avec moi, déjà. Et t'es le premier à porter mes short canard et loutre." Elle sourit et lève les yeux. "Et le premier à casser ma table basse." La chinoise ne sait manifestement pas du tout ce qu'il entend par "spécial", mais tout cela constitue, pour elle, une certaine forme d'unique. Après tout, il est bien le premier à avoir fait toutes ces choses, alors sans doute veut-il parler de quelque chose dans ce goût là ? Sinon, elle n'est pas sûre de comprendre ce qu'il attend d'elle.

La réponse qui vient à sa question la fait rire. Ca ne l'étonne pas vraiment. "Haha, j'imagine que j'ai gagné, vu ta tête." La partie se termine. Xiao a gagné, il n'y apparemment plus de niveaux dans ce mode de jeu. Ce n'est qu'une table basse, après tout. Elle s'approche de Karl, regarde son cou, et ne voit rien. "Il paraît que je m'emballe un peu quand je joue." Bien installée à côté, elle s'appuie contre lui et laisse tomber sa tête sur son bras - son épaule étant bien trop haut pour sa petite taille. Il semble apprécier son contact, et elle compatit un peu pour ses multiples défaites. "T'auras ta revanche, t'inquiètes ! T'es un bon adversaire." La chinoise croise ses jambes et se met à l'aise, en tailleur. Elle laisse quelques secondes de silence passer et pousse un long soupir en regardant la lumière matinale illuminer les docks. "C'était cool." Elle tapote son bras et laisse sa main là, sans faire attention. "Reviens quand tu veux, hein ? Tu peux ramener le film que tu veux, pas de surprise comme ça."

Les yeux mi-clos, elle profite du temps que la matinée lui offre. Un assassin de la Triade - ou n'importe quel assassin, d'ailleurs - travaille principalement de nuit. Xiao est un oiseau nocture quoi qu'il en soit, et seuls ses après-midis sont consacrés à son entraînement. Mais si elle a le temps, peut-être n'est-ce pas le cas de Karl. C'est dommage, elle n'a pas vraiment envie de bouger. "Tu dois bientôt aller travailler ?" Elle réalise qu'elle n'a pas la moindre idée de ce qui constitue ses journées, ni dans quel ordre. Finalement, lui non plus ne sait pas grand chose de son activité exacte ni de la façon dont elle le fait. C'est pour le mieux. Autres circonstances, autre Xiao. "Tu me dis vite pour tes matches hein ? J'ai envie de voir ça."

Karl nettoie les petites miettes qu’elle met en mangeant, elle ne peut pas jouer et nettoyer à la fois après tout. Et puis c’est Xiao. Il lui arrive souvent de lui nettoyer la bouche quand elle mange à sa place.

“ Ça t’arrive de baiser juste pour le plaisir que ça te donne ? Moi c’est pour ça que je le fais. Trophée ou pas, j’ai bien envie de le refaire. “

Provocatrice ou pas, Karl lui répond sérieusement. Peut-être qu’elle va imprimer l’idée à force. Quoique les performances de Xiao sont peut-être directement tirées de sa compétitivité, chose intéressante à creuser. Karl a particulièrement apprécié ce petit moment de transe ou il a pu se relâcher complètement pour embrasser son côté plus bestial, chose qu’il aimerait refaire à l’occasion.

“ Oh, mais c’est normal. T’es ma Xiao chérie. “

Dit-il en se rapprochant d’elle, glissant sur le canapé.

“ Je serais toujours gentil avec toi. Enfin, sauf quand t’auras pas envie. “

Dit-il, faisant directement référence à leurs ébats de la veille. Cela dit, il ne comprend que plus tard la seconde partie de sa phrase, sous entendant sûrement que son saut d’humeur avec les voisins ne serait pas très apprécié. Ça ne risquait pas vraiment de se reproduire de toute manière.

“ La prochaine fois c’est toi qui viendra chez moi. Tiens, quand on ira visiter le D’Vorets ! A moins que tu préfères que je loue une chambre pour la soirée ? “

Proposa t-il, les idées germaient rapidement dans son esprit. Suite à quoi il la regarde jouer, ou plutôt rusher le jeu sans grande difficulté. Visiblement son habileté aux jeux videos n’était plus à prouver depuis le temps. Karl n’avait jamais vraiment essayé de gagner contre elle la dessus.

“ Ah. J’imagine que c’est spécial alors. Est-ce que tu penses qu’on pourrait… enfin… nan, rien. “

Il s'arrêta finalement, prévoyant sa réaction et n'ayant pas envie de terminer leur rencontre sur une mauvaise note. A cette idée, il s’enfonça dans le canapé pour s’adosser au fond de celui-ci.

“ Evidemment, j’oserais jamais te taper. Je ne contrôle pas ma force. “

Pour le coup, elle en avait eu un bel exemple hier. Il l’accueille ensuite contre lui avec plaisir en lui entourant tendrement la taille, reposant sa tête contre la sienne en fermant les yeux. Quelque part, Karl aimerait l’avoir contre lui pour toujours. Le jeune homme en vient à se demander comment font-ils pour s’entendre en étant aussi différents l’un de l’autre.

“ J’espère bien. J’te rappelles que j’ai gagné sous la douche en plus, t’as joui avant moi. “

Dit-il, taquin, en l’étreignant un peu plus. Ses prochains mots lui font énormément plaisir. De si petites attentions suffisent largement à le rendre heureux, le jeune homme sourit alors intensément en regardant dans la même direction qu’elle.

“ Je reviendrais avec plaisir. Aussi souvent que possible. “

L'espace d'un instant, Karl s'imagina vivre avec elle. L’idée lui apparaissait un peu trop ydillique, mais qu’est-ce qui pourrait la rendre irréalisable en fin de compte ? Les prochaines minutes sont silencieuses, laissant simplement le bruit de sa respiration perturber le silence. Lentement, Karl se met à lui caresser les hanches affectueusement, en descendant jusqu’aux cuisses.

“ Ouais… je dois finir le boulot que j’aurais du faire hier. Mais on se reverra très vite. “

Le jeune homme l’enlace alors de l’autre bras, toujours contre elle. Partir ? Il n’en avait tellement pas envie. Mais il le fallait bien. Si son chef apprenait qu’il avait laissé traîner cette affaire en préférant copuler avec une assassin de la triade, Karl prendrait très cher.

“ Bien sûr. Tu pourras me voir gagner comme ça. “

Baiser pour le seul plaisir ? Difficile à dire. Pour certains, c'est un besoin. Pour Xiao, c'est un jeu qu'elle apprécie tant et qui est tout aussi addictif qu'un versus fighting compétitif. Elle pratique assez régulièrement pour ne pas ressentir un véritable besoin de le faire. Cependant, il lui arrive assez souvent d'être inspirée par ce qu'elle voit, quelque chose d'inspirant ou qui lui rappelle ses films préférés. Et de vouloir immédiatement tenter quelque chose. Elle n'est pas difficile, tout peut la motiver à jouer. "Juste pour le plaisir ? Huh. Je suppose, oui ? De toute façon j'dis rarement non." La chinoise n'a jamais réellement réfléchi à tout ça. C'est comme jouer ou manger, elle y trouve une certaine satisfaction, aime repousser les limites et en faire un jeu toujours plus exigeant. De là à réfléchir au pourquoi du comment de son envie … C'est intellectualiser un peu trop la chose pour elle.

La double proposition de Karl est assez tentante, l'une clairement plus que l'autre. "C'est vrai que j'ai pas vu ton chez toi. Mais une chambre au Dvorets ! Je rêve d'y' aller ! 'paraît qu'ils ont des chambres thématiques, le genre où tu choisis jusqu'à la couleur de l'eau dans la baignoire et le parfum du lubrifiant !" Pour celle qui collectionne les goûts, c'est forcément très parlant.

"Tu sais, j'suis résistante, et il y a des moments où ça me dérange pas qu'on me tape. Enfin, quand je demande, quoi." Elle serre le poing, comme pour sembler faussement menaçante. Elle est bien consciente qu'elle peut l'être réellement. "J'suis plus forte que t'as l'air de le croire, me prends pas à la légère !" Mais il s'amuse à la provoquer. Pour une victoire. Et bien évidemment, Xiao marche. Elle marche toujours, quand on la provoque, ou qu'on titille son côté mauvaise perdante. Mauvaise gagnante aussi. "Ouais, bah, je l'ai fait exprès, déjà, et en plus j'ai gagné les autres fois donc me la joue pas. Et j'te prends à Street Fighters quand tu veux, tu vas voir si tu la ramènes autant !" Elle tape sur sa cuisse alors qu'un souvenir lui revient. "En plus j'ai gagné la course ! Ha ! Monsieur l'sportif !"

Sa proposition est sincère, quant à accueillir Karl chez elle à nouveau. Mais si Xiao était exceptionnellement libre de ses mouvements la veille et ce matin là, le reste de son temps est assez souvent calibré. Autonome, mais pas tout à fait libre. "On trouvera bien quelque chose, ouais." Un peu de temps, ou de liberté. La chinoise a besoin de ses instants de solitude, mais ils sont devenus de moins en moins nécessaires avec le temps. Au contraire, elle s'est découvert un goût du monde, de l'extérieur, et de toutes les choses qu'il a à offrir qui contraste vraiment avec ce dont était constituée son enfance. Le petit oiseau de la Triade n'aime pas tant que ça être enfermée.

Lorsqu'il évoque son travail, elle ne le questionne pas. Elle est curieuse, comme toujours. Mais hors de question de laisser la moindre ouverture pour parler du sien. Il est déjà assez exceptionnel qu'il sache ce qu'elle fait pour vivre - un coup d'ego comme un autre, Xiao est finalement assez fière de sa position et de son travail, c'est ce pour quoi elle est faite et tout ce qui la constitue. Mais les détails de ses opérations et de ses compétences précises sont et doivent demeurer un secret. Comment peut-elle surprendre si on l'attend au tournant ? Qui sait si un jour elle ne devra pas passer à travers les gros bras de Karl pour exécuter un contrat. Elle se laisse alors enlacer. Il a vraiment un fétiche des accolades. Sent-elle si bon que ça ? A-t-elle coupé son pain de savon à la drogue sans le savoir ? Il lui faudrait investiguer la question. Elle fronce les sourcils, dubitative, et lui tapote dans le dos sans trop savoir pourquoi. Puis elle se défait de son étreinte et se lève pour se dégourdir un peu les jambes dans le salon. "J'espère bien ! J'ai pas envie de te ramasser à la petite cuillère. J'veux te voir donner ton meilleur !"

Le téléphone de Xiao se met à clignoter, silencieusement. Elle approche pour le récupérer et jette un oeil. Ca vient de la Triade, un rappel pour cette nuit. Son visage se ferme, et devient subitement très sérieux. Silencieuse, elle lit le contenu et inspire profondément. "On dirait que je vais devoir te laisser plus vite que j'aurais cru." Commencer plus tôt implique avancer sa routine également, le sport et la préparation avec.

De toute manière, Karl n’oubliera pas de sitôt leur rapport le plus récent. Xiao pourra mentir autant qu’elle le veut, il l’avait vue se relâcher. Pendant un cour instant, elle avait sincèrement eu l’air de ne penser qu’à son simple plaisir et non à la compétition ou à la course à l’orgasme. A moins d’être une très bonne actrice, la jeune femme avait réellement eu l’air d’apprécier ses coups de reins et ne s’était pas faite prier pour le montrer. C’est ce qui confortait Karl dans l’idée de lui donner tout autant de plaisir la prochaine fois, histoire d’oublier un peu ces histoires de compétition. Et dieu savait que le D’vorets était un endroit parfait pour cela. S’il n’avait pas prévu quoi que ce soit à l’avance, quelques petites idées lui étaient venues entretemps.

“ Haha, j’ai bien vu. Tant que tu ne te forces pas autant te faire plaisir. “

Dit-il en l’ayant un peu de travers en l’imaginant avec d’autres hommes, mais il ne pouvait pas vraiment prétendre avoir le monopole. Tant pis, autant jouer les aveugles. Parfois, mieux valait ignorer certaines choses. C’était d’autant plus vrai à Decay malheureusement.

Son visage s’illumine lorsqu’elle semble intéressée par sa proposition. Après tout, ce serait sûrement venu sur le moment de toute manière. S’ils arrivaient le matin, ils auraient toute la journée devant eux pour visiter l’établissement et la chambre le soir pour s’amuser et se reposer. C’était du moins ce qu’il s’imaginait sans vraiment prendre le temps de planifier. Avec Xiao à ses côtés, le spontané prenait toujours le pas sur le reste. Rien ne garantissait que tout se passerait bien, peut-être l’enthousiasme de la jeune femme serait-il mal perçu par les autres membres du gang. Karl allait sûrement devoir se porter garant d’elle histoire d’éviter de lui attirer des ennuis.

“ On prendra la chambre alors. T’auras bien des occasions de venir chez moi, mais le D’vorets c’est déjà un peu plus inédit. On prendra la meilleure chambre possible pour toi t’inquiètes. Quand tu verras tout ce qu’il y a, tu vas halluciner ! “

S’exclama t-il, réjouit d’avance par l’enthousiasme de Xiao. S’il lui faisait plaisir, alors il se faisait plaisir à lui aussi. Et dieu savait que Xiao n’était pas si difficile à satisfaire. Mais l’objectif était bel et bien de la sortir un peu de ses habitudes, lui montrer quelque chose d’inédit. Elle allait apprécier, à n’en point douter.

Toujours dans l’étreinte, le jeune homme referma doucement sa main sur le petit poing de Xiao. Comme ça, on pourrait croire qu’une simple pression lui suffirait pour la briser. Mais Xia avait plus de ressources que ça et le jeune homme en avait bien conscience. Karl espérait d’ailleurs ne jamais avoir à l’affronter. D’une part parce qu’il serait incapable de lui faire du mal, d’une autre parce que sa force pourrait être insuffisante face à sa vivacité. Il pouvait frapper aussi fort qu’il voulait, il resterait inoffensif s’il n’arrivait pas à la toucher.

“ Qu’on te tape ? On va éviter. Appart dans les fesses, la ok. “

Dit-il en riant.

“ J’te prend pas à la légère ! Je sais que t’es forte ! “

Karl lui passa doucement une main sur la cuisse pour la caresser. Mince. Il recommençait à être tactile, vivement qu’il parte avant de vouloir aller plus loin. Retirant sa main pour la passer autour de sa taille, le jeune homme regarda un instant dans le vide avant de rétorquer à demi sarcastique.

“ Ouais ouais, bah si t’as fait exprès moi aussi ! En plus j’métais pris un coup sur la tête c’est pour ça que t’as voulu faire la course, tu savais que ce serait plus facile pour toi tricheuse. “

Dit-il, sachant très bien que malgré son ton humoristique la jeune femme se sentirait provoquée. Tant mieux, il aurait sûrement droit à une revanche un jour ou l’autre comme ça. Après un moment passé à l’étreindre, Xia la rompt comme d’habitude pour se relever. Tant mieux, Karl profite de son initiative, qu’il aurait difficilement pu prendre de lui-même, pour mettre sa veste et se saisir de sa batte. A croire que ses gros bras n’étaient pas assez.

“ Tu me motiveras t’façon. Je penserais à toi, p’tet que ça me rendra plus fort. “

Dit-il en lui faisant un clin d’oeil avant de regarder l’heure, puis Xiao. Visiblement, le timing était parfait. Elle allait avoir du boulot elle aussi. De quoi les laisser repartir chacun de leur côté

“ C’est pas grave. Je dois y aller de toute manière. C’était super Xia’, merci pour la soirée. “

Il s’approche d’elle pour lui donner une accolade avant de se détacher. Le jeune homme la regarde un instant, histoire de la voir une dernière fois avant de retourner dans un monde plus violent. Lentement, Karl se retourne et se dirige vers la sortie sans se retourner.

“ A très vite Xia’. “

Finalement, la porte s’ouvre et se referme derrière lui. Le jeune homme est parti, mais il restera toujours un peu de lui dans cet appartement. Et toujours un peu d’elle dans son coeur.