Hype party - Ft. Night

Irina venait de passer une semaine assez prolifique. Le marché de la montre était en bonne forme, et elle avait eu un joli stock de garde temps manufacturés par de célèbres horlogers Suisses qui se vendaient extrêmement bien. Il était temps pour elle de prendre un repos bien mérité en ce début de week-end. Quelques messages plus tard, la voilà qui avait organisé une petite sortie dans un bar plus ou moins officiel de Moskva. Le lieu sélectionné était de plus en plus en vogue dans le quartier russe, et son côté clandestin lui donnait un charme assez important.

Devant rejoindre des amis, la belle blonde se préparait sereinement, chaussant des escarpins radicaux à la semelle rouge caractéristique - des vrais, évidemment - et enfilant une petite robe noire parfaitement coupée qui mettait en valeur son physique svelte. Cette dernière était cintrée, et présentait un dos nu assez important. Elle préférait en général les dos nus aux grands décolletés, trouvant cela plus élégant de manière générale.

Coiffée, délicatement maquillée, et arborant quelques discrets luxueux bijoux, elle s’apprêtait à se rendre à ce fameux bar si populaire. Sauf que ses amis étaient déjà en route lorsqu’elle avait envoyé le message, et elle savait qu’elle serait donc en retard. Comme à son habitude, et il faut avouer que c’était bien pratique, la bombe russe se fit déposer non loin de l’entrée par une grande berline noire, avant de s’approcher des portes.

Problème: la popularité du lieu le rendait assez bondé et du coup sélect. Ce n’était pas un soucis grâce à son influence, mais en revanche, ça créait une sacré file à l’entrée. Si elle arrivait à se faire voir par les videurs, ou en contactant ses amis tout simplement, elle pourrait rentrer rapidement et facilement rejoindre la fête. Sauf qu’évidemment, à l’intérieur, le réseau était inexistant, ce qui rendait la prise de contact bien difficile.

Agacée de se retrouver dans cette situation ennuyante, elle tapotait sur son smartphone dernier cri pour essayer en vain de contacter ses amis afin qu’ils la fassent entrer de façon immédiate. La blonde au regard glacial fini par pousser un long soupir. Elle savait que rentrer n’était pas un problème mais qu’elle allait devoir attendre, au moins jusqu’au moment où elle serait assez proche pour être reconnue par les personnes s’occupant de la sécurité.

“C’est une blague, je vais me retrouver à attendre comme quelqu’un du bas peuple…”

En attendant, elle se retrouvait donc au milieu de plusieurs personnes attendant à leur tour d’être jugés apte ou non à pénétrer dans l’établissement. D’un simple regard, elle pouvait déjà savoir que certains d’entre eux ne franchiraient jamais la porte de cet établissement. Ils respiraient les problèmes à plein nez. La posture bien droite et le regard essayant d’accrocher celui d’un videur, la slave tentait de rester calme en ce début de soirée bien compliqué, se contentant pour le moment d'entendre la musique étouffée par les portes insonorisées du bar.

Night avait passé une semaine aussi banale que productive. Son dernier contrat portait sur quelqu’un de la haute, quelqu’un dont l’assassinat lui avait permis de mettre la main sur une invitation à une soirée huppée en centre ville. S’il conspuait d’habitude ces endroits la, l’homme jugea qu’il serait peut-être intéressant de s’y rendre. Particulièrement pour les femmes. Après tout, les affaires ne lui seraient d’aucune intérêt. L’électron libre qu’il était n’avait jamais besoin de conclure d’affaires. Une simple application suffisait pour lui trouver un contrat. Et la vie d’un homme valait souvent bien assez cher pour qu’il n’ait besoin de rien. Sans parler du fait qu’il ne se montrait que très peu dépensier, l’homme accumulait peu à peu une fortune dont il ne savait plus quoi faire.

Le motard s’était simplement vêtu d’un costume cravate, sans cravate. Ce genre d’accessoires l’horripilaient, et il ne le portait que pour ne pas avoir l’air d’être intrus à la soirée. Bien sûr, il fit jouer de ses contacts pour trafiquer un peu celle-ci et la faire coller à une fausse identité à laquelle il était rattachée, histoire de passer sans aucun risque tout en manipulant tout le monde. Tout ceci par pure oisiveté. Quelle belle vie que celle de mercenaire, parfois. Il fallait bien justifier le sang et les tripes quotidiennes.

Montant sur sa moto, réplique fidèle du célèbre film Akira, le motard arriva à la réception avec un peu de retard. Il pouvait se le permettre de toute manière. Ou du moins, dans le rôle qu’il interprétait ce soir. S’il était très doué pour une chose, en plus du meurtre, c’était bel et bien dans l’art et la manière de jouer un rôle. Personne ne devinerait jamais qui il était vraiment, et tant mieux pour eux. Car quiconque le découvrait se retrouvait bien souvent avec une lame en travers de la gorge.

Une fois arrivé à destination, l’homme se gara à l’arrière du lieu et retira son casque pour enfin épousseter un peu ses vêtements. Il s’agirait d’être présentable. Ses cheveux, rabattus en arrière, lui donnaient un air de jeune riche légèrement frimeur, bien que la placidité absolue de son regard mêlée aux quelques cicatrices que l’on pouvait deviner sur son visage laissaient directement percevoir quelque chose de spécial chez lui. Quelque chose qui laissait à penser qu’il n’avait pas vraiment sa place ici. C’était comme donner un sac louis vuitton à un homme des cavernes. Il aurait sûrement l’air plus raffiné, mais quiconque le verrait remarquerait immédiatement le contraste.

En arrivant finalement devant la porte, il remarqua bien vite que les lieux étaient contrôlés. On ne lassait pas entrer n’importe qui n’importe comment, si bien que l’attente se révélait naturellement longue. Pas pour lui bien évidemment, son pass le laissait entrer en priorité. Et s’il s’apprêtait à griller la priorité à l’ensemble des personnes présentes sur place, son regard se posa sur celui d’une beauté sulfureuse. Une beauté qui n’avait rien à faire la, à attendre au milieu des autres. Sans hésiter un seul instant, il s’approcha d’elle pour lui tendre une main galante.

“ Mademoiselle ? Permettez que je vous fasse entrer, quelqu’un comme vous n’a rien à faire ici. “

Dit-il d’une voix calme et monocorde, avenant.

Pourquoi les gens étaient si grands? Ils empêchaient la belle de se faire remarquer par la sécurité et ainsi rentrer sans encombres et surtout rapidement. La jolie russe essayait toujours d’envoyer des messages à ses amis déjà en train de faire la fête, encore en vain. Il fallait se rendre à l’évidence, elle allait devoir attendre. Elle pourrait pousser tout le monde et se faufiler, mais ce serait vraiment en faire trop à son goût. Elle n’était pas non plus ici pour se faire des ennemis.

Cependant, malgré le regard vissé sur son smartphone, elle remarqua une main s’approcher d’elle. Haussant un sourcil, elle releva ses pupilles glaciales qui se posèrent sur le visage un peu marqué de cet homme qui semblait lui offrir l’hospitalité. Il lui proposait de la faire entrer, ce qui était un petit peu étrange étant donné qu’elle ne le connaissait pas. C’était peut-être un nouveau membre de la sécurité qu’elle n’avait jamais vu? Ou alors ses messages étaient finalement partis, ce qui avait dépêché quelqu’un la chercher dans la file? Tout cela était probable.

“Bonsoir. C’est bien aimable. Normalement j’ai juste à me montrer proche de l’entrée pour qu’on me reconnaisse et qu’on m’ouvre les portes, mais si vous êtes de la sécurité vous devez savoir qui je suis.”

Sa douce main vient alors se loger contre celle bien plus large et rude de l’homme, avant de lui faire un signe de la tête pour lui faire comprendre qu’il n’y avait pas vraiment de temps pour discuter, mais qu’il fallait avancer. A travers la foule visiblement.

“Merci bien.”

Dit-elle cordialement en se laissant guider. Fort heureusement, leur différence de corpulence lui permettait d’avancer derrière lui sans encombres. Quelques personnes qui râlaient se firent fusiller du regard par la slave, et il se retrouvèrent finalement vers l’entrée. Les videurs firent une moue un peu étonnée en remarquant cet homme passer devant tout le monde. Mais avant qu’il n’ait besoin de sortir son pass ou tout autre artifice, le visage des videurs se fit plus doux lorsqu’il aperçurent la beauté russe, non pas pour ce critère mais par ce qu’elle était un visage connu, pour eux.

“Ah, Irina. Désolé de vous avoir fait attendre. Entrez bien sur, et passez une bonne soirée. Nous sommes la pour vous si quelqu’un vous embête.”

Fidèle à elle même, elle se contente de hocher la tête et de se diriger vers les portes, ayant relâché la main de celui l’ayant fait traversé la foule. En passant à côté des videurs, elle leur dit simplement en russe.

“Merci. Une file VIP ne serait pas de trop.”

Ils étaient habitué aux côtés un peu froids de la belle, mais ils ne lui en tenaient pas rigueur. Déjà par ce qu’ils ne pouvaient pas se le permettre, et aussi car au fond ils l’aiment bien. Pour sa plastique peut être, aussi. D’ailleurs, pensant que l’homme l’accompagnait, il avait pu se glisser derrière elle s’il le souhaitait, sans aucune justification à montrer. Une fois à l’intérieur, la musique commençant à se faire entendre sans être assourdissante, la belle était en train de déposer sa veste au vestiaire disponible à l’entrée, ce qui était assez rare pour un bar. Mais il se voulait dansant, alors c’était nécessaire.

Dévêtie de sa veste après l’avoir tendue à la personne s’occupant du vestiaire, Irina laissait apparaître son dos nu plongeant à ceux dont le regard se posait sur elle. Elle fit un signe de la main et l’employée comprit assez vite qu’elle n’avait nul besoin de payer, mais qu’il suffisait de mettre sur sa note.

A vrai dire, elle n’avait pas vraiment fait attention à l’homme -qu’elle pensait de la sécurité d’ailleurs- qui l’avait fait remonter la file d’attente. Elle fut un peu surprise d’être ainsi interpellée par ce dernier qui était en fait toujours derrière elle, sans sa veste mais en chemise qui laissait apparaître ses avants bras qui confirmaient que devant elle se trouvait une personne qui n’était à priori pas un enfant de choeur.

“Ah, je me suis trompée dans ce cas. Mais pourquoi je ne pouvais pas être seule, j’ai l’air si faible?”

Demande-t-elle en haussant un sourcil. La question était clairement un piège. Les bonnes réponses étaient rares, et toutes les autres pouvaient être un prétexte pour se vexer. La jolie blonde savait jouer avec les mots, et adorait le faire dans ce genre de situation. Mais avant de lui répondre, il lui proposa de boire un verre. C’était évidemment impossible, elle devait rejoindre ses amis, et si ils la voyaient dans le bar mais avec une autre personne, ce serait évidemment un sujet à polémique.

Sauf qu’avant qu’elle ne puisse refuser, il avait déjà sorti sa carte bancaire. Il semblait connaître lui aussi quelques ficèles, et ne lui laissait pas trop le choix. La russe laissa alors apparaître un petit rictus sur son visage. La situation l’amusait car il semblait vouloir jouer, et montrait une certaine expérience dans cet exercice.

“Euh… D’accord, mais on va du côté gauche du bar. Des amis m’attendent de l’autre côté de la salle, et je n’ai pas envie qu’ils se sentent délaissés.”

S’il se montrait entreprenant, elle semblait elle aussi savoir ce qu’elle voulait. Son regard d’un bleu glacial se décrocha alors de son visage pour se tourner vers cette fameuse partie du bar. Le comptoir au style industriel avait une forme de U, et elle avait jeté son dévolu sur la partie la plus éloignée et cachée de la droite, évidemment.

Ne lui laissant pas tellement le temps de répondre, elle se dirigea vers ce côté du comptoir en se doutant bien qu’il la suivait. Une fois arrivée, elle remarque qu’un seul tabouret était disponible pour s’asseoir. Un homme seul semblait siroter un whisky, il attendait peut-être quelqu’un lui aussi. La belle russe s’approcha de lui, ce qui semblait le ravir au plus haut point, et quelle fut sa surprise lorsqu’elle se pencha pour lui glisser quelques mots à l’oreille. Le sourire béat de l’homme finit par disparaître de son visage, avant qu’il ne se lève avec son verre pour s’installer ailleurs.

La place était libre, et Irina s’assit donc sur l’un des deux tabourets, celui le plus à gauche et collé à un mur, avant de croiser ses fines jambes habillées de ces fameux escarpins noirs à la semelle rouge.

“Un Cosmo pour moi, du coup. Ah, et j’attends ma réponse. Avais-je l’air faible?”

Insiste la belle, avec son petit ton un brin provocateur.

Suite à sa petite remarque vis à vis de ses amis et sur le fait qu’il ne pouvait - ou ne souhaitait pas - payer de verres à tout le monde, Irina ne put s’empêcher de s’engouffrer dans la petite faille qu’il venait de laisser ouverte. Une simple réponse, encore une fois provocante.

“Ah oui? Au pire, moi je peux.”

Maintenant confortablement installés, enfin, convenablement plutôt vu qu’il s’agissait de tabourets, il pu commander ces fameux verres. La jolie slave ne fut pas du tout étonnée de voir qu’il avait commandé un whisky. Une boisson forte, souvent avec du caractère. Ça semblait visiblement lui correspondre. Le cosmopolitain, célèbre cocktail à base de vodka, était lui aussi à l’image de sa consommatrice. Fort avec une pointe de sucre, haut en couleur, et … hautement inflammable?

En tout cas, il semblait vouloir la rassurer sur ses propos, précisant bien qu’il ne la pensait pas faible. C’était la moindre des choses. C’était apparemment sa seule beauté qui avait attiré son attention. Rien d’exceptionnel au final, mais il serait mentir que de dire que ce genre de remarque ne faisait pas plaisir à Irina.

“Je ne peux qu’être d’accord. Ma place était à l’intérieur, pas dans la file d’attente. D’ailleurs, une fois reconnue, c’est allé assez vite.”

Une fois le remuage de shaker fini de la part du barman, il servit les verres aux deux convives. Le whisky, sec pour Night, et ce verre à Martini plus coloré, rouge, pour Irina. Une fois entre ses mains, elle trinqua avec lui qui lui demanda naturellement son nom. Elle fut presque un peu déçue qu’il n’ait pas retenu son prénom lorsqu’il avait été prononcé par les videurs, mais rien de bien grave en soit.

“Merci pour le cocktail. Je suis Irina, enchantée. Mon nom de famille n’a que peu d’importance pour le moment, je présume. Je me permets aussi de vous retourner la question.”

Un échange assez standard pour le moment, mais tout à fait normal. Elle portait son verre à ses lèvres en attendant sa réponse, appréciant le goût fruité de ce cocktail bien connu pour masquer le goût de la vodka. Un faux cocktail de Russe, du coup, mais terriblement bon…

Les pupilles bleues de la slave se posèrent assez furtivement sur ses bras, avant de remonter sur son visage, pour ensuite demander, haussant un sourcil.

“Vous semblez marqué. Vous vous battez souvent?”

Après tout, malgré le fait qu’ils soient dans un quartier contrôlé par son gang, faire attention avec qui elle se trouvait restait la base de la prudence.

Est ce que les amis d’Irina accepteraient qu’on leur paye des verres ? Qui refuserait, en dehors du scénario du rendez-vous galant où il est plus ou moins admis que l’homme doit être dans un rapport de force l’obligeant à payer pour mettre la femme sous sa protection physique et financière?

“Je n’ai jamais parler d’un choix. Si j’ai envie de payer une tournée, ils n’ont pas d’autre alternative que d’accepter.”

Il fit une petite remarque sur le fait qu’elle était connue ici. A vrai dire, elle n’était pas une grande star, restons honnêtes, mais son appartenance à l’Organizatsiya permettait déjà de la rendre VIP dans pas mal de lieux de Moskva. Sans parler de sa plastique et de son activité qui la rendait encore plus importante. Mais en soit, elle était plus connue des patrons que des clients. Elle se contenta d’un petit sourire comme réaction à cette remarque, sans en parler d’avantage.

Mais surtout, après s’être brièvement présentée, elle pouvait à son tour apprendre le prénom de cet homme bien mystérieux. Tony, donc. Elle était presque déçue, ce prénom, pour une raison qui lui échappait, ne lui allait pas. Enfin, s’il y avait bien une chose que l’on ne choisissait pas, à part vivre sous pseudonyme, c’est bien le prénom.

Ses doigts attrapant le pied de son verre, Irina sirotait calmement son cocktail d’ailleurs parfaitement réussi tout en écoutant ses paroles et en observant cet homme de son regard glacial. Sa justification vis à vis de ses marques ne tarda pas à arriver, et elle en profita pour analyser son attitude non verbale. Il ne semblait pas mentir, ou en tout cas avait l’air totalement crédible. Il n’avait pas peur, avait une posture ouverte et ne cherchait pas à absolument occuper ses mains sans raison. Elle avait appris à lire les hommes avec son expérience du business, et s’en servait quotidiennement.

“Decay et la clémence sont effectivement deux choses bien éloignées et incompatibles. A vrai dire, ça ne m’étonne pas. Vous parlez d’ennui avec des gangs? J’imagine que ce n’est pas l’Organizatsyia, sinon être à Moskva serait bien audacieux.”

Dit-elle avec un petit sourire, essayant dans cette tournure habile de lui soutirer l’information de ses ennemis. Mais il s’était déjà un petit peu dévoilé, et souhaitait qu’Irina en face de même en lui demandant d’où venait cette renommée. Son business n’étant pas secret, elle n’aurait aucun mal à lui répondre. En revanche, elle resterait évidemment floue sur d’autres sujets.

“Ma renommée? Elle n’est pas si grande… Enfin, je pense que les gens qui me connaissent le mieux sont ceux avec qui je travaille.”

La ravissante blonde retire finalement son regard de celui qui s’appelait Tony aujourd’hui, et tout en gardant son cocktail à la main et ses fines jambes croisées, observa brièvement les personnes au comptoir. Elle y trouva un homme d’une quarantaine d’années, un embonpoint important, chemise blanche bien déboutonnée, cigare à la main et verre de whisky posé face à lui, entouré de femmes bien plus jeunes. Sa richesse était évidente, et son niveau de débauche aussi.

“Le rond qui s’amuse avec ces p… bref. C’est un grand homme d’affaires. Ses mains sont aussi blanches que ma robe, il n’a aucun scrupule. Mais il est riche, et il adore les montres. D’ailleurs, celle qu’il porte, c’est moi qui lui ait vendu.”

Sa robe était évidemment noire. Elle esquisse un petit sourire à la vue de cette montre Suisse hors de prix du constructeur ayant des initiales bien connues comme emblème.

“Je vends des produits de luxe, et pour mes bons clients, je peux même m’occuper de leur trouver certains biens dont la rareté est un problème. Montre, vêtements de luxe, bijoux… J’ai de belles choses à proposer.”

En parlant de belles choses à proposer, elle restait évidemment dans le domaine de ses marchandises, et pas d’elle même. Ayant dévoilé qui elle était, elle essayerait alors qu’il en face de même.

“Et sinon, Tony. Il y a rarement de fumée sans feu. Vous avez cherché vos problèmes, ou tout provient de malentendus? J’aurais du mal à croire à cette seconde version ceci dit.”

Finissant son cocktail sucré, qui était connu pour caché le goût de la vodka pourtant bien présente dans ce dernier, Irina déposa son verre sur le comptoir avant de redonner sa pleine attention à celui qui lui était au final toujours bien inconnu.

Bien sûr. Ce n’était pas un choix et cela correspondait bien à l’idée qu’il se faisait de cette femme. Après tout, elle lui en avait déjà donné un avant goût. Et si elle était apparemment avenante et peu difficile jusqu’ici, nul doute que cela cachait une froideur et une méthodicité moins explicites à première vue. Night connaissait ce genre d’archétypes à force d’expérience et c’était en partie pour cela qu’il continuait de lui parler. Elle dégageait quelque chose éveillant son intérêt.

“ Hm, bien entendu. “

Dit-il comme pour dire qu’il s’en doutait déjà, et que cette réponse lui semblait finalement logique. Et dans le même temps, lorsqu’elle sembla tenter de l’analyser, elle ne put effectivement rien déceler de spécial. Night était un habitué du mensonge, sa double vie étant un secret qu’il ne dévoilait à personne. Ainsi, il faisait partie de ces gens capables de mentir sans aucun problème, restant tout à fait naturel. S’il devait montrer le moindre signe de faiblesse à chaque mensonge, il ne serait même pas entré ici.

“ L’organizatsiya ? Non, j’ai des rapports neutres avec. La triade en revanche… ils n’ont vraiment aucune tolérance. “

Et c’était bien l’un des rares gangs auxquels il ne s’en était pas pris, de près ou de loin. S’il bossait seul, le tueur avait aussi tendance à attaquer des membres de gang pour son seul plaisir, tentant de réduire leurs effectifs peu à peu sans que l’on puisse remonter à lui. Mais l’une des prostituées de l’Organiza étant chère à son coeur, il préférait tout simplement ne rien avoir à faire avec eux pour éviter de lui nuire et ainsi de la revoir un jour. Non pas qu’il y vouait un attachement émotionnel, mais il serait difficile pour lui de se passer de ses services. Pour la triade en revanche, c’était une autre histoire. Ces fous furieux seraient tous mieux six pieds sous terre.

“ Je vois. C’est l’occasion pour nous d’apprendre à nous connaître dans ce cas. Je pourrais bien être intéressé par vos affaires à l’avenir. “

Dit-il. Ce n’était évidemment qu’un prétexte pour éveiller un peu son intérêt, Night était intéressé par tout autre chose, d’infiniment plus basique. Lorsqu’elle désigna ce qui s’apparentait à un riche homme d’affaires, son regard mort dériva lentement vers lui. Riche, débauché, même pedophile, qu’est-ce que ça pouvait bien lui faire. Lui tuait des gens, parfois innocents, tous les jours dans le seul but de se faire de l’argent. Juger autrui serait d’une arrogance et d’une débilité sans nom. Néanmoins, il se fit la réflexion que cette montre était une sacré belle pièce, du genre qu’il aimerait porter au poignet.

“ Je lui trouve du mérite. S’il s’en sort en ayant les mains sales, c’est qu’il est assez doué pour survivre non ? Peu-être le karma le rattrapera t-il un jour. “

S’il choppe un contrat sur sa tête par exemple.

“ Vous m’intéressez encore plus. Je suis un amoureux d’art particulièrement. Le domaine le plus difficile à exploiter evidemment. Ce serait dans vos cordes ? “

Dit-il, cette fois-ci sincère. Night avait quelques goûts personnels à satisfaire, et si elle pouvait l’y aider ce serait une bonne occasion de faire d’une pierre deux coups. Heureusement, il pouvait éviter pour l’instant la question de l’activité qu’il faisait pour avoir pu décrocher une invitation.

“ J’aime mieux dire que je ne me suis pas encombré de retenue. Il faut parfois prendre des risques pour réussir, et les puissants n’aiment pas beaucoup ça. Mais je suis encore la, et je compte bien le rester. Il n’est pas si difficile de s’en sortir quand on a un peu de jugeotte. “

Il termina son verre dans le même temps et porta son regard sur Irina.

“ Il vous arrive de traiter avec des gangs ? “