Tell Me Everything. | Ft Night [Terminé]

Il n’est pas si simple de contacter le Night Prowler. A vrai dire, c’est même presque inédit. L’assassin n’est jamais mis en relation directe avec ses clients sur deathsquad. L’application se charge de lui transmettre la cible et le montant une fois le boulot effectué. Simple, efficace, rapide. On évite le blabla inutile et les précautions nécessaires à la préservation de son identité. Seulement, il arrive parfois qu’il fasse des exceptions. Des clients demandant un service particulier, des contacts mettant en relation certaines personnes avec lui ou encore des gens qu’il décide de rencontrer à sa propre initiative pour régler certaines choses.

Par conséquent, il n’était pas rare d’être arnaqué par des informateurs véreux prétendant être en contact avec le fameux Prowler, échangeant son emplacement contre rémunération. Quiconque d’un peu renseigné ou connaissant sa réputation arriverait à flairer l’arnaque, Night n’étant établi nul part à Decay. Parfois ici, le lendemain là-bas, l’homme se déplaçait constamment pour les besoins de son travail mais aussi pour une obligation plus… personnelle. Pourtant, c’était bel et bien la chance qui guidait une petite souris à sa recherche droit sur lui en cette soirée. Mais pas sous l’apparence à laquelle elle s’attendait.

En effet, pas de casque cette fois-ci. L’homme était présent au Red Light en civil et par pure curiosité. En effet, il lui arrivait de déambuler. Spécifiquement dans ce genre d’endroit où tout le monde pourrait trouver son intérêt contre peu de scrupules de leur part. Seulement, s’il était dénué de scrupules, Night était loin d’être vide d’exigence. Ce quartier était trop insalubre pour lui. Les filles ? Trop sales et impures, souillées. L’alcool ? Trop cher. Les trous à rats qui servaient de bar ne faisaient que grimper les tarifs sans changer la qualité de leurs boissons. Le reste ? Ce n’était tout simplement pas dans son intérêt. Night n’accordait que peu d’importance à ce qui n’entrait pas dans ses programmes, l’imprévu ne venait jamais troubler ses plans. Du moins… sauf dans de rares cas.

“ Hé le beau brun, ça te dirais de passer une bonne soirée ? “

L’accoste une prostituée en jupe courte à qui il ne daigne pas adresser un regard.

“ Elle est déjà très bonne. “

Dit-il en continuant sa route sous les soupirs de la femme. Sûrement serait-elle encore meilleure une fois qu’il aurait quitté cet endroit. Il ne valait vraiment pas sa réputation. Si la crasse et la luxure nauséabonde et décomplexée étaient bel et bien respectées, un homme de goût ne trouverait manifestement rien ici. L’odeur seule de l’endroit évoquait à Night des tas de maladies et autres infections dont même les cafards seraient dégoûtés. Si cet environnement ne l’avait jamais dérangé, il lui fallait bien travailler dans toutes les circonstances possibles, le contexte sexuel autour le dégoûtait beaucoup plus. Le sexe était, pour lui, quelque chose de sacré et devant se faire avec propreté dans un environnement sain. Pas entre deux poubelles en ayant le pied à demi dans une flaque de vomi. Ainsi, il repartirait donc bredouille de cette antre de la luxure.

Pourtant, alors prêt à quitter les lieux, son attention fut détournée par une lumière clignotante. Une lumière qui, peu à peu, capta toute son attention et déforma les perspectives à mesure que son clignotement se faisait de plus en plus rapide. Encore une hallucination. Elles se faisaient de plus en plus courantes ces temps-ci. Pourtant, le tueur ne pu s’en détacher. Celle-ci avait un côté… envoûtant, débilitant. La manière dont elle déformait les formes, dont elle semblait détachée du monde l’entourant lui embruma l’esprit, si bien qu’il ne vit pas arriver une petite femme à toute vitesse. Ses réflexes qu’il devait à son apprentissage d’antan lui assuraient pourtant de voir venir quiconque approcherait dans son dos.

“ Hm ? “

Il se retourna vers la fille. Elle avait au moins le mérite de lui avoir remis les idées en place. Brièvement, il la parcourut du regard. Pas mal. Mieux que les autres filles de la rue, c’était au moins cela. Et pour cause, elle semblait tout aussi perdue que lui ici. A croire que les grands esprits se rencontraient. Jetant un coup d’oeil autour de lui, l’homme reporta son regard stoïque sur elle.

“ Tu cherches quelque chose ? Y’a rien ici pour les gens comme toi. “

Dit-il, d’un ton neutre. Si on pouvait croire à la menace d’un homme de main, ce n’était visiblement pas le cas.

Le brun la scruta du regard. En fait, il ne la lâchait pas des yeux contrairement à elle qui ne semblait pas savoir ou se mettre. Il devait sûrement passer pour un potentiel danger, évidemment. Elle n’avait pas tort d’ailleurs, mais Night n’était clairement pas le genre de danger auquel elle pouvait s’attendre. Il était bien pire, en fonction du contexte. Ce qui pouvait être relativement dangereux pour une jolie jeune femme esseulée à l’abri des regards.

Et la jeune femme semblait d’ailleurs bien méfiante, puisqu’elle rabattit sa capuche pour lui tourner le dos à peine quelques secondes plus tard. L’homme haussa les sourcils et s’apprêtait à en faire de même dans le sens inverse.

“ Tu feras gaffe, tu pars pas tu entres dans le quartier la. “

Sûrement était-elle trop stressée pour s’en rendre compte, mais Night en venait et savait donc ce qu’il disait. Il lui faisait même une fleur en le lui disant, ce dont il n’était absolument pas obligé. La laisser s’enfoncer dans ce quartier aussi dangereux qu’insalubre ne changeait rien à sa vie après tout. Mais imaginer un si joli minois abîmé par des brutes lui déplaisait fortement. A croire que cette jeune femme était complètement inconsciente d’ailleurs.

L’homme allait partir mais elle se retourna avant. Immobile, ils restèrent tous deux à se fixer un instant sans proférer un mot, ce qui lui fit hausser un sourcil suspect. Qu’est-ce qui ne tournait pas rond chez elle ? Peut-être une droguée. Et dieu sait à quel point il haïssait les drogués. Ces déchets incapables d’agir avec logique, de tenir des propos cohérents, chacun d’entre eux lui donnaient la nausée et des envies meurtrières. Pourtant, malgré ses drôles de manière et ses agissements suspects, cette femme ne portait pas les symptômes d’une consommation quelconque. Du moins, pas sur l’instant.

“ … “

Elle lui tendit un papier, l’air très sérieux. Ainsi, elle cherchait quelqu’un. Ça expliquait sa venue ici. D’une main gantée, l’homme se saisit du dessin en s’attendant à un portrait robot détaillé. Pourtant, son expression lorsqu’il pose les yeux dessus traduit un mélange de surprise et d’incompréhension. Comment pouvait-on dessiner ceci et s’attendre à ce que quelqu’un reconnaisse le suspect ? Pire encore, comment pouvait-elle le chercher lui et le trouver aussi facilement ? Soit s’agissait-il d’une chance incroyable, soit du fruit d’une traque dont il ne s’était même pas rendu compte. Sans doute n’avait-elle pas conscience qu’il s’agissait de lui sans le casque.

“ Ouais, tu cherches Night Prowler quoi. Pas sûr que le casque soit un critère décisif, tous les motards en portent. “

Dit-il en lui rendant le dessin. Elle aurait pu se contenter de lui dire le nom, ce serait allé aussi vite. Se prenait-elle pour une sorte d’inspecteur gadget ?

“ Je peux t’aider. Mais pas en pleine rue, viens par la. “

Dit-il en se dirigeant vers une petite ruelle à peine éclairée. Au moins ne sentait-elle pas le vomi, ce serait déjà ça. Espérons qu’elle le suive cela dit, la carrure de l’homme n’était pas spécialement rassurante si l’on l’imaginait attaquer. Néanmoins, il semblait bien moins négligé que les autres passants et moins agressif. Il allait falloir peser le pour et le contre. Qu’elle ne le suive pas serait relativement délicat, puisqu’il allait devoir lui courir après. Il ne laisserait pas s’enfuir quelqu’un à sa recherche.

“ Je doute que tu puisses me faire grand chose même en ayant voulu me pousser exprès. “

Dit-il avec cynisme pour accepter ses excuses. Il n’allait tout de même pas se formaliser pour ça. Une fois dans la ruelle, l’homme s’adossa au mur, bras croisés.

“ Déjà, qui t’as parlé de lui ? Tu n’as pas l’air de savoir à quel point ça peut être dangereux. “

Premièrement, se débarrasser de celui qui l’avait mise sur le coup.

Les bras croisés, l’inconnu au pseudonyme la scrutait du regard. Son regard fuyant l’interloquait. Elle ne semblait ni à l’aise, ni sûre d’elle. Mais que faisait-elle donc la ? Avait-elle quelque chose à se prouver ? Ou était-elle simplement en train de regretter amèrement d’être venue ici. Tant de questions bien minimes face à celles qu’il se posait. Qui lui avait dit, et comment était-ce possible qu’elle le trouve par un si grand hasard.

“ Pour avoir des réponses, il faut m’en donner en retour. C’est donnant donnant. “

Il se décolla du mur pour s’approcher d’elle et posa une main sur le mur à côté d’elle, s'appuyant contre celui-ci pour se pencher. Si son visage ou son ton de voix ne renvoyaient rien de menaçant, ce geste n’étant pourtant pas anodin. Peut-être allait-elle réfléchir à deux fois avant de mentir. Surtout avec lui. Car l’homme se trouvait la dans une position bien inconfortable, il ne lui arrivait quasiment jamais de parler de sa seconde identité à visage découvert. Une personne ayant vu le visage du Night Prowler est normalement une personne morte. Trop risqué, trop tentant pour elle d’en profiter. C’est ce qui rendait la situation relativement délicate. Pour elle comme pour lui. Tuer un si joli minois serait un tel gâchis…

“ Qui t’as parlé de lui, je te le redemande. Si tu le cherches, tu dois pouvoir être prête à faire des sacrifices. Je me trompe ? “

Dit-il en ancrant son regard dans le sien. Un regard vide, stoïque, difficile à déchiffrer. Mais surtout aussi noir que le voile de la nuit, ce qui rendaient ses iris presque indiscernables de sa cornée. Son regard n’en était ainsi que plus profond. Lentement, il approcha son doigt de sa poitrine, mais au dernier moment, le pointa sur son plexus solaire. Un endroit sensible, vital même, dans lequel un simple coup faisait se courber de douleur n’importe quel individu, du plus costaud au plus fragile. Pourtant, rien de tout cela pour l’instant. Elle ne lui avait donné encore aucune raison d’être spécialement violent. Seulement être dans un endroit isolé lui permettait de se montrer un peu plus… menaçant. Une chose était sûre, il n’était pas certain qu’elle ressorte de cette ruelle dans le même état qu’elle y était entrée. De plus, crier à l’aide dans cet endroit ne servirait à rien. Tout le monde se foutait des autres.

“ Surtout que tu devrais savoir qu’il ne traîne pas à un endroit spécifique. Tu t’es faite arnaquer. Pas besoin de le couvrir. “

Dit-il, ce qui n’était pour le coup pas un mensonge. Malgré ce grand hasard, Night était un homme lui-même traqué en plus d’être extrêmement secret vis à vis de son identité. L’homme changeait constamment d’endroit, acceptait des contrats partout et ne restait jamais plus d’un mois dans le même appartement. Ce qui rendait le tout très difficile pour le localiser. Cette femme n’avait aucune idée du hasard improbable qui venait d’avoir lieux. On aurait même pu parler de chance, mais rencontrer le Night Prowler en était rarement une. Même lorsqu’on le cherchait.

L’attitude de la jeune femme ne faisait que galvaniser Night, qui se sentit puissant. Dominant. L’homme se savait déjà fort et meurtrier, plus dangereux qu’un lion enragé ou qu’un serpent venimeux. Mais qu’on le lui rappelles en jouant les vierges effarouchées, la petite chose fragile, la femme en détresse ne fit que le satisfaire davantage. Pourtant, l’homme ne montra rien. Son regard, son visage, tout restait aussi neutre qu’avant. Son but n’était pas de la faire mourir de peur ou de lui mettre une pression incommensurable, cela parasiterait leur échange. Une proie apeurée peut se figer, bredouiller, chercher à s’enfuir et Night a horreur de cela. Autant s’épargner des futilités.

Il toucha finalement du doigt son plexus, plusieurs fois d’affilée. Rien de douloureux ici, il semblait simplement s’amuser ou être pris d’un tic. La proximité de sa main avec cette jolie poitrine lui donnait quelques idées, particulièrement une qu’il ne tarderait pas à formuler. Mais s’il était un tueur sanguinaire, l’homme n’était ni un violeur ni un fou furieux incapable de contrôler ses pulsions. C’était justement son sang froid, son contrôle qui faisait de lui quelqu’un de particulièrement dangereux. Surtout dans le cadre de son travail.

Il s’apprêtait d’ailleurs à se montrer un peu plus ferme avant que la femme n’avoue enfin. Finalement, elle y venait. C’est qu’elle avait presque essayé de la lui mettre à l’envers. S’il avait été orgueilleux ou mesquin, sûrement lui aurait-il fait payer pour ça. En fait, il l’était un peu et allait lui faire payer pour ça. Mais d’une manière bien moins désagréable qu’il aurait pu le faire.

“ John Marbolo. “

S’il aurait pu hésiter entre plusieurs personnes, le fait qu’il traînait à chicago ne laissait aucun doute sur ses suspicions. Cet homme était un ancien client, un arnaqueur de première qui s’amusait à lui donner des contrats pour qu’il assassine des cibles que lui-même s’était fait attribuer en se faisant passer pour un tueur à gages. Ainsi, celui-ci s’était fait beaucoup d’argent sur son dos et ne devait sa vie qu’au fait qu’il ait accepté de le rembourser bien gentiment. S’il n’avait aucun remords à tuer qui que ce soit, Night évitait les victimes hors de ses contrats. Mais ce cloporte était allé trop loin en mettant des gens sur sa piste, bien qu’il s’agisse d’un hasard. Ce n’était plus qu’un mort en sursis désormais.

Voyant qu’elle commençait à glisser sur le côté libre, Night lui barra la route du second bras, désormais prise dans un étau. Si elle pouvait s’amuser à lui passer en dessous, nul besoin de préciser qu’il valait mieux éviter de jouer. Night était patient, mais intolérant.

“ Hm ? “

Il haussa les sourcils. C’est qu’elle venait de regagner confiance en elle, elle qui était pourtant presque terrorisée quelques minutes plus tôt. Ce revirement n’allait pas prendre si facilement avec lui, nul doute qu’il n’en avait pas fini avec elle. Il lui restait une petite idée.

“ J’ai beaucoup d’infos sur lui. C’est ce qui me permet d’affirmer des choses. Par contre, j’ai bien trop d’infos utiles pour que je te les échange toutes contre le simple nom du rigolo qui s’est joué de toi. Tout ce que je peux te dire, c’est que je sais comment le trouver. De la a te dire ou quand et comment… “

L’homme regarda le corps de la jeune femme très suggestivement, d’une manière qu’elle ne pouvait absolument pas rater.

“ Cela dit, j’ai bien une idée de ce que tu pourrais faire pour avoir ces infos. “

Et pas des moindres.

Night n’avait pas spécialement l’habitude d’agir comme un prédateur. Du moins, comme un prédateur de ce genre la. Mais la frustration de la soirée couplée à la beauté de la jeune femme lui donnaient des envies, qu’il comptait bien assouvir d’une manière ou d’une autre. Après tout, elle avait besoin d’infos, non ? Et il ne laisserait pas partir un témoin de ce genre. Du moins, pas tant qu’il n’était pas certain qu’elle ne lui jouait pas des tours. Les manipulatrices, ce n’était pas ce qu’il manquait à Decay.

En la voyant couvrir sa poitrine, qui était déjà couverte… l’homme émet un rire discret. C’est aussi idiot qu’attendrissant, presque maladroit. Mais il était intimement convaincu qu’elle ne regretterait pas de s’amuser avec lui. Après tout, elle n’avait pas affaire au même genre de poivrots bedonnants qu’elle aurait pu croiser dans la rue plus loin.

“ Je te prends pour une fille qui a l’air de manifestement avoir besoin de quelque chose. Et je peux te le donner, il faut juste payer avec ton corps. C’est quand même pas la mort, tu repartiras avec un bon souvenir. “

Dit-il en déviant son doigt vers sa poitrine bien qu’il ne fit que l’effleurer. Il ne pouvait décemment pas lui laisser passer ça sous le nez. Et il avait un très bon moyen de pression. Quoi qu’elle désirait, si elle cherchait à le contacter il aurait ce qu’elle cherchait. Mais encore faudrait-il qu’elle se rende compte d’à qui elle avait réellement affaire. Les personnes en vie connaissant le visage du night prowler sont tout bonnement… inexistantes. Night les avait supprimées à chaque fois, et envisageait pour une fois quelque chose de différent avec elle. Dans le cas ou elle découvrirait son identité, bien sûr.

“ J’ai tout l’argent que je veux. Soit un peu plus inventive, je ne te demande pas grand chose. A moins que ta frigidité soit plus importante que des infos que tu pourrais bien ne jamais avoir l’occasion de trouver à nouveau ? Réfléchit rapidement. “

Et sa main se retrouva autour de sa gorge. Sans serrer pour le moment, heureusement pour elle.

“ Quant à Marbolo… “

Il fit mine de resserrer sa poigine, lui effleurant lentement la joue de l’index comme pour lui signifier qu’elle était à sa merci. S’il ne comptait pas la violer, la tuer serait un véritable jeu d’enfant. L’homme pouvait vite perdre patience dans ce genre de situations délicates. Cette fille n’avait aucune idée de ce dans quoi elle s’embarquait, et encore moins que tout ceci pourrait au final être un avantage pour elle si elle se comportait bien.

“ Ne t’avise pas de m’insulter en me comparant à lui. Tu as un peu trop l’air confiante, pour quelqu’un dans cette situation. “

Dit-il en gardant la main sur sa gorge.

“ Partir ? Ce serait dommage de laisser filer les inf… “

L’homme s’arrêta. Est-ce qu’elle était en train de lui toucher le torse ? Son manque de force le laissait hésiter entre une invitation sensuelle ou une tentative de repousse. Pour la première fois, l’homme sourit. Un sourire étrangement normal, ni spécialement malveillant ou satisfait.

“ Je ne te pensais pas aussi entreprenante. “

Rapidement, il alla se saisir de la hanche de la jeune femme et l’embrassa.