Chapitre 2 : La Corporation
Decay
Decay, destination de tous les possibles, terre en friche où fourmillent les possibilités et l'argent facile, où chaque vice est accessible, chaque désir libre d'être comblé. L'île prospère, se vautre dans sa propre réussite, quand l'ouragan Isaac survint, balayant sur son passage les installations des gangs comme leurs prétentions. Et un nouveau groupe émerge des brisures laissées par la tempête, la Corporation. Forte de son budget, celle-ci s'invite en sauveuse, promet à tous une aide financière et humaine, des avancées conséquentes, pour une vie meilleure. Avides de pouvoir ou simples fantoches, qui sont vraiment les acteurs de cette entité inédite qui prétend étendre son influence à tout Decay.
11/10/2020 HRP
La Newsletter est sortie ! Beaucoup de changements au programme, par ici
11/10/2020 RP
Quelques semaines après la fin de l'ouragan, la Corporation dévoile son visage ! A lire par ici
12/09/2020 RP
L'ouragan Isaac s'abat sur l'île ! Pour en savoir plus, par ici
12/09/2020 HRP
L'event Hurricane est lancé ! Vous pouvez toujours le rejoindre par ici.
27/08/2020 HRP
Nouvelle newsletter ! La lire ici.
05/07/2020 HRP
Nouvelle newsletter et nombreux changements ! La lire ici.
30/05/2020 HRP
Nouvelle newsletter en cette fin de mai ! La lire ici.
30/05/2020 RP
Un nouveau système de réalité augmentée sort au Space Station Bar ! Participer ici
5/04/2020 RP
Le Carnaval de Napoli est lancé ! Extravaganza
8/04/2020 HRP
Nouvelle newsletter ! La lire ici.
18/03/2020 HRP
Ajout des missions et petite update de l'index !
28/02/2020 HRP
Deuxième newsletter ! La lire ici.
28/02/2020 RP
La Milice redouble de violence et est plus présente sur le territoire de Decay !
31/01/2020 HRP
Première Newsletter, bébé forum deviendra grand ! La lire ici.
31/01/2020 RP
L'intrigue "Paranoïa" a été lancée ! Par ici.
17/01/2020 HRP
Ouverture du forum ! N'hésitez pas à rejoindre le Discord !
Il parait qu'une jeune fille a été aperçue allant dans les égouts. Depuis, elle n'a plus donné aucune nouvelle d'elle. Une nouvelle victime des monstres vivant dans les égouts ?Une vingtaine de serpents en liberté auraient été aperçus sur les Docks. La Triade en sueur.On déplorerait trois morts suite au dernier barathon de la rue de la soif.À Kabukicho, des rumeurs sur l'affaiblissement des effectifs du clan Oni commencent à poindre. L'absence de Yokai se fait-elle enfin ressentir ou cela n'est-il que le fruit de l'imagination de quelques résidents ?Une certaine Shrimpette serait en train d'écrire une fan-fiction sur certains membres de Decay.On dit que l'ensemble du corps d'un certain mercenaire travaillant pour la Triade serait entièrement recouverts de ses nombreux crimes. Une dizaine de cadavres auraient été découverts, au cours du mois de Janvier, sur les Docks. Certains évoquent un règlement de comptes. Un tout nouveau malware parcourrait la toile, déguisé sous la forme d'un logiciel à première vue inoffensif. Il installerait une backdoor sur les machines infectées. Pour quelle raison ? Cela reste un mystère. Une femme vagabonde à la chevelure d'un noir profond et aux yeux écarlates prendrait en charge des malades et blessés au travers de Decay pour une misère, offrant une alternative médicale à celle dispensée par l'Église. Fin Janvier/Début Février, une course de rue, en pleine nuit, aurait conduit certains hommes hors des pistes. Plusieurs voitures seraient sorties de la route suite à un « conducteur fantôme ».
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Oksana Yevpraksiya
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Des pleurs d'un côté, un début de sourire de l'autre. Une femme à moitié nue, l'autre totalement habillée. La première agenouillée, la seconde debout sur ses talons. La victime aux yeux vides rivés vers le sol, la tortionnaire aux perles perfides qui l'observait de haut. Tout les opposait, et Oksana n'avait pas manqué une seule occasion pour rappeler sa position à la catin qu'elle avait en face d'elle. Il fallait la briser pour ensuite la remodeler selon certains principes, ceux que la blonde suivait elle-même. Cette séance, bien que fructueuse, n'était que la première d'une longue série pour l'ukrainienne abattue. La fière russe, elle, s'éclipsa sans le moindre remord, confiant la garde de la traînée à un confrère avant de parcourir les couloirs insalubres du QG, pipe à la main.

Elle avançait lentement au coeur du dédale, comme un spectre errant, suivie par l'écho sinistre de ses talons contre le sol. Aucun autre bruit, pas  ce niveau souterrain, pas ici. La seule pièce réellement animée, à savoir le bar, fut rapidement contourné pour éviter de se faire inviter. Oksana n'avait pas le temps, pas quand il s'agissait d'aller rendre des comptes au patron. Alors elle continua d'errer inlassablement, maintenant les pans de sa tunique loin des murs à l'hygiène discutable, jusqu'à ce que son parcours ne la mène finalement aux portes d'une pièce convoitée, là où il trônait et ne recevait que peu de visiteurs.

Avant de frapper, Oksana s'assura que sa tenue était en ordre, tout comme sa coiffure, qu'aucune éventuelle tâche de sang ne lui souille lapeau ou l'habit, et que sa voix ne déraillait pas. Ses phalanges vinrint alors frapper le bois trois fois de suite, à intervalles réguliers. Suite à quoi, elle repoussa la porte pour s'inviter dans la pièce sombre, toujours aussi sordide mais que le boss semblait pourtant affectionner.

« Oksana, prononça-t-elle sans dissimuler son accent, avant de reprendre pour annoncer la raison de sa venue. Le dressage de la nouvelle a débuté. Tout se passe comme convenu. »

Évidemment, ce n'était pas la raison principale de sa venue. Elle comptait cependant attendre un peu avant d'aborder le sujet, histoire de prendre la température, de jauger si le patron était à même d'assimiler les informations qu'on lui donnait, ou s'il avait l'esprit préoccupé par autre chose. Plongée dans son analyse, Oksana fit un pas de plus à l'intérieur tout en refermant derrière elle. Elle releva ensuite un bras pour consulter une montre de bel apparât – obtenue par un client un peu trop gaga – et relever l'heure. 6h02. La séance lui avait pris un peu de plus de temps que prévu. À une heure pareil, le boss allait très certainement rentrer dans un état second, presque léthargique. Maudit cycle nocturne. Peut-être fallait-il presser l'entrevue, au final.

« Comme d'habitude, les clients sont bavards. Mais ces temps-ci, ils ne parlent que du puçage ou des docks. »

Elle se tut ensuite, n'en disant pas plus pour le moment, et s'avança vers la grande silhouette dans l'espoir qu'elle soit encore en vie, encore en consciente.

« L'Église est également sujet à préoccupation. Elle profite du chaos pour s'attirer les faveurs des foules. Leurs bons sermons risquent de faire chuter les bénéfices de l'Organizatsiya sur la prostitution, tôt ou tard. »

Puis elle contourna un tas d'ordures pour s'arrêter à environ trois mètres de distance du patron, l'observant avec des petits yeux curieux. Était-il au moins en état de parler affaire ?
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Ça fait bien deux heures qu’il est rentré, la gueule trop en vrac pour se soucier réellement de son état. A voir comment il pisse il a sûrement le nez pété, et son arcade droite est de nouveau ouverte, après avoir mis un bon mois à cicatriser. Son débardeur est en lambeaux, et son jean déjà mal en point fleure bon l’alcool, le parfum bon marché, et le sang séché. Une de ses jambes le fait hurler lorsqu’il pèse dessus, aussi s’est-il rapidement affalé dans son fauteuil en arrivant, tétant à même la flasque une vodka dont l’intensité lui arrache le gosier mais calme efficacement la douleur.

Il déteste les trucs chimiques, se soigne toujours avec le minimum, lorsqu’il prend effectivement la peine de se remettre en état. Pour l’heure, il se contente de la somnolence qui l’attrape à intervalles réguliers, conscient que le sommeil ne tardera pas. Du moins si les choses avaient poursuivi leur cours normal. Les coups frappés à la porte lui font cracher un grognement sourd, alors qu’il  tourne légèrement la tête vers l’origine du bruit, amplifié et désagréable qui lui éclate les tympans. Qui peut s’amener à cette heure-ci ? Sûrement quelqu’un qui veut crever, décide-t-il en fixant sur l’entrée de la pièce un regard dépourvu d’amabilité.

Les prunelles dépareillées sont injectées de sang,  fixes, et les paupières ne cillent pas. Un sourire torve lui déforme les traits. Et la lueur qui danse dans ses yeux est bestiale. Dangereuse. Il ne se détend pas lorsqu’elle entre, guette le moindre de ses gestes comme prêt à lui bondir dessus à la moindre incartade. Bien sûr, il en est incapable, sa jambe le clouant à son siège, mais elle ne peut pas le savoir, et il se doit bien d’entretenir l’aura de menace qu’il dégage.

Même avec elle. Il écoute les informations qu’elle lui apporte, les mèches blanches tranchant dans la pénombre de la pièce lui retombant sur le visage, s’envoie une nouvelle gorgée de sa flasque, et s’essuie maladroitement la bouche d’un revers de main avant de demander, la voix réduite à un croassement rauque. « Les puces. Va vraiment falloir qu’on s’occupe de cette connerie. Qu’on la laisse pas s’étendre. Et gangrener toute cette putain d’ville. Les filles, elles méritent pas ça. » Il a les prunelles orageuses, maintenant, comme chaque fois qu’il est fait mention de cette lubie de l’Organizatsiya.

Il serre les poings, laisse s’échapper la flasque qui heurte le sol dans un tintement sourd. « Les docks ? On avait des hommes sur place ? » Il la regarde approcher, les paupières plissées, l’air toujours aussi peu aimable. « Qu’ils s’enculent avec leur culte ceux-là. Cette bande de coincés, z’ont juste besoin d’se vider un peu plus les burnes. Les bénéfices tomberont pas, c’est humain comme besoin, nous faudra toujours des putes. Surtout qu’tu sembles oublier qu’la marchandise qu’on livre ici peut faire tomber des empires. »

Peut-être qu’il exagère un peu. Peut-être que la situation est effectivement préoccupante. Mais il n’est clairement pas d’humeur à développer ici et maintenant les conséquences possibles du sermon d’un illuminé à la con. Même s’il se doute qu’elle a raison. Et que son jugement leur a déjà plusieurs fois rendu service. L’alcool lui tape sur la gueule, et la douleur sur le système. C’en est fini de son illusion de confort. L’arrivée d’Oksana a tout foutu en l’air, lui remettant en tête des faits concrets qui ne peuvent pas vraiment attendre. Il relève la tête, croise le regard de la fille, et lui offre son plus beau sourire, crocs sortis, avant de jurer.

« Rha putain, m’faut des amphets. Ou un shot. J’peux pas m’lever beauté. Pose ton joli cul quelque part s’tu veux parler, mais reste pas là à m’fixer, ça m’donne envie d’te bouffer. »

Il fouille dans ses poches, sort un téléphone, une carte de visite, et un morceau de papier roulé en boule, qu’il se met à déplier soigneusement. A l’intérieur, une dizaine de cachets multicolores qu’il considère avec envie, avant de reporter son attention sur Oksana. « Eh ma belle, tu veux t’payer un p’tit trip ? Ou t’es juste là pour le boulot ? » Il la jauge en silence, tente de deviner à son attitude la réponse qu'elle compte lui donner. Non pas que ça ait une quelconque importance, d'ailleurs, il compte bien se finir avec ou sans elle. Mais les affaires passent d'abord. Toujours. Et cette fille, en raison de ses talents, mérite au moins une part de son attention.  
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La voix du patron finit par s'élever et briser le silence. L'espace d'un instant, Oksana avait commencé à croire qu'il s'était probablement déjà endormi, ou simplement bourré la gueule. Mais non. Il demeurait lucide, pour le moment. Au moins assez pour émettre un jugement sur les problématiques énoncées, à commencer par une opposition totale avec le puçage. De son côté, la blonde voyait cette pratique comme un moyen de tracer le bétail – mais les prostituées méritaient-elles ça ? Elle en doutait. Si Oksana partageait une profession avec toutes ces filles, cela n'était pas suffisant pour la faire se sentir empathique de leur situation. Elle savait cela injuste mais ne parvenait pas à se mettre à leur place, notamment à cause de certains privilèges auxquels elle avait le droit. À défaut, elle savait au moins faire preuve de raison.

« Nous restons attentifs à la moindre ouverture. Si une faiblesse de leur côté me saute aux yeux, je vous informerais. »

Les deux autres problèmes furent ensuite abordés, lesquels arrachèrent chacun une réaction différente au boss. Quant à Oksana, elle demeura impassible, tâchant à conserver cet air professionnel tant que le rapport n'était complétement rendu. Elle se tenait droite, les bras croisés, la posture figée et les yeux rivés sur la silhouette de son supérieur en train de se mouvoir sous l'éclat tamisé des quelques rares de lumière.

« Si c'est ce qui vous inquiète, nous n'avions aucun groupe organisé là-bas. Simplement quelques âmes dispersées, sans doute pour des raisons plus personnelles que professionnelles. Rien de dramatique, selon elle. Seule la Triade payait vraiment le prix de cet assaut. Pourtant, cela soulevait un autre problème. Ce qui effraie concernant ce problème, ce sont les nouveaux moyens de la Milice. C'était un tour de force. Hier les docks, et demain ? Votre Arena reste un point d'intérêt. Peut-être ont-ils déjà commencé à s'y intéresser. »

Pourtant, augmenter la sécurité d'un lieu n'était pas forcément chose aisée, à Decay. Il ne fallait pas seulement l'argent mais aussi les hommes de confiance pour mener cela à bien. Et, malheureusement, cette dernière denrée pouvait parfois se faire rare. L'on entendait parfois parler de pseudos mercenaires prêts à changer d'allégeance aussi souvent que de chemise. Une pratique bien risible aux yeux de la slave qui, elle, voyait un serment comme quelque chose d'important et se devant d'être honoré et renforcé avec le temps. Un idéal vieillissant, peut-être, mais qu'elle ne parvenait pas à jeter.

« Je suis d'accord. Mais la possibilité reste présente. J'ai perdu un habitué à cause de ça, et je ne pense pas que mes performances aient quelque chose à voir là-dedans. Non. Il est juste parti manger dans la main de ce prêtre. »

Elle s'arrêta là, remarquant l'air distrait du patron. Sans doute n'avait-il pas envie de s'étendre davantage sur le sujet. Elle laissa alors fuiter un faible soupir, mettant elle-même de côté ces problématiques pour les reporter à plus tard, à un autre jour peut-être, celui où elle veillera à passer en début de nuit pour profiter de la pleine conscience de l'Orlov.

Elle allait faire un premier pas pour se retirer mais se fit interrompre par la voix de son supérieur, laquelle l'invita à se poser non pas laisser un propos lourd en sous-entendus. Oksana étouffa un début de rire au fond de sa gorge avant se rapprocher de lui, lentement, et de s'arrêter à environ un mètre, là où elle s'assit finalement. Ses yeux s'illuminèrent d'un éclat malicieux tandis qu'elle rangea sa pipe dans un étui sorti de tunique, après en avoir retiré les cendres.

« Me bouffer ? Si ce n'est pas au sens cannibale, je pourrais très bien me relever. »

Elle prit pourtant ses aises, passant une jambe par dessus l'autre pour les croiser, avant qu'une nouvelle invitation ne lui parvienne. Plaisant. Oksana s'accorda toutefois quelques secondes de réflexion avant de donner sa réponse, passant mentalement en revue ses prochaines activités déjà planifées. À vingt heures, elle était censée aller voir un client. Puis, à minuit, elle attaquera une nouvelle session de reconditionnement pour la nouvelle. Quoi qu'il arrive, si elle consommait quoi que ce soit maintenant, ça lui laissait un peu moins de quatorze heures pour dormir et faire passer les effets secondaires, ce qu'elle estimait suffisant.

« Je peux me le permettre, à moins que vous voudriez me confier du travail en plus. »

Intéressée, elle l'observa en train de déballer son petit trésor du soir – ou plutôt du matin – avant de décroiser ses jambes et de se pencher vers l'avant, intéressée. Un trip avec le boss ; que demander de plus ? Certaines choses lui traversèrent l'esprit, mais elle se contenta de se pencher toujours plus, jusqu'à ce que sa tête parvienne non loin du patron. Oksana put enfin remarquer les quelques blessures de l'homme, lesquelles n'avaient pas été aisées à distinguer en raison du faible éclairage des lieux. Elle ne s'en inquiéta toutefois pas ; il avait survécu à pire que ça. La slave ne fit donc pas la moindre remarque à ce sujet, se contentant de quitter son siège pour se rapprocher de celui de Dimka, s'appuyer sur l'un de ses accoudoir et basculer doucement sa tête pour ensuite ouvrir la bouche et tendre la langue, non pas sans lui lâcher une dernière réplique avant ça.

« Faites-moi planer. »
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Il garde le nez rivé sur ses cachets, tente de s’en remémorer la composition. Alcool et drogue ne font pas bon ménage, et son organisme tolère de moins en moins les excès qu’il lui impose en permanence. Il s’en contrefiche pour l’heure, finit par choisir deux cachetons qu’il s’envoie joyeusement avant d’en choisir deux autres qu’il lui laisse tomber dans la bouche.

Il arque un sourcil en laissant son regard tomber sur elle, une lueur intéressée lui traversant les prunelles. Il ne se sent pas capable de grand-chose, mais la position de la fille appelle la prédation, une prédation qu’il ravale dans un soupir frustré. « Envole-toi. » claque-t-il sans aménité, emmerdé maintenant de la savoir aussi proche sans pouvoir en profiter. Il a la queue raide rien qu’à l’idée de l’attraper, mais la douleur de sa jambe le garde sage encore, l’empêche de céder à l’impulsion qui lui hurle de la choper là, à même le fauteuil, ou même le sol crade de la pièce. Il renifle une nouvelle fois, les effets de la drogue commençant à se faire sentir en le projetant dans une réalité parallèle dans laquelle aucune blessure ne vient interférer avec ses envies.

Il se sent boosté et à la fois étrangement flottant. Il tend une main, la plonge dans la chevelure blonde, serre le poing pour lui ramener le visage près du sien dans une traction brusque et mal contrôlée. Il ne gère visiblement pas sa force, mais de ça aussi il se contrefout, puisqu’il vient lui lécher les lèvres d’un coup de langue rapide, avant de la relâcher. « J’sais pas combien d’bites t’as sucé aujourd’hui,  mais m’provoque pas comme ça, t’as pas envie d’te retrouver du mauvais côté d’la barrière Oksana, pas vrai ? » Il laisse sa main retomber sur l’accoudoir, cherche sa flasque des yeux avant de la repérer avec un grondement agacé.

« Passe moi la vodka. » ordonne-t-il impatiemment, avant de la regarder s’exécuter. Il s’octroie trois bonnes rasades, cale l’objet contre sa hanche, et laisse ses doigts tapoter nerveusement l’accoudoir. Il a envie de bouger, de baiser, de reprendre des comprimés, mais un mouvement trop franc de la jambe atteinte lui arrache un sifflement surpris et une bordée d’injures. « J’sais pas c’que j’ai branlé. P’têtre elle est pétée. » Il jette un coup d’œil vers le membre en question, scotche une bonne minute sur la mare brune ayant imbibé le pantalon, et se passe une main prudente sur la cuisse histoire d’évaluer les dommages.

« AAAH PUTAIN !! » Il se cambre violemment, les doigts crispés sur la blessure, avant de rattraper la flasque pour en vider le contenu d’une traite. Soit la drogue n’est pas assez puissante,  soit le problème est plus sérieux qu’il ne le pensait. Dans les deux cas, ça n’arrange pas ses affaires. Il halète le temps que la douleur redescende, récupère un brin de lucidité au passage en se rappelant subitement de la présence d’Oksana, et porte sur elle un regard rendu hargneux par la vulnérabilité qui l’assaille.

« T’as rien sur toi ? Un truc pour calmer, des compresses, du scotch, je sais pas, n’importe quoi ? Bordel fais chier, fallait qu’ça arrive maintenant, hors de question qu’j’sois hors service avec tout c’qui s’prépare. » Il grommelle encore quelques jurons, s’appuie sur l’un des accoudoirs et prends son élan pour se redresser d’un seul élan sec et efficace. Il pose sa main libre sur l’épaule de la fille, s’y retenant tant bien que mal alors qu’il tente d’assurer son équilibre, et se sert de la seconde pour ouvrir son fut, sûrement dans l’idée de le retirer pour regarder sa cuisse de plus près. Il le fait maladroitement glisser sur ses hanches, jusqu’à ce que la zone problématique soit exposée, et se laisse retomber dans le fauteuil une fois que c’est fait, le fut aux chevilles et une grimace inquiète lui déformant les traits alors qu’il contemple nerveusement la longue plaie qui lui orne la cuisse.

« Ouais j’me suis pas raté c’est moche putain, et ça brûle bordel. Mais j'pense ça va aller. » Légèrement livide, il tâte le fond du siège, en extirpe la flasque dont il secoue les dernières gouttes au-dessus de la blessure histoire de la désinfecter, grimaçant de plus belle sous la morsure de l’alcool. « Aaaaah… C’est dégueulasse ! » jette-t-il avec écœurement en refusant de regarder plus longtemps l’entaille, luisante sous le maigre éclairage. Le côté rassurant de la chose étant qu’il sait maintenant pourquoi revenir lui a pris tant de temps.

« M’faut d’la vodka. C’est d’la merde ces cachets, y m’font rien. Toi ? Tu sens quelque chose ? Putain d’connerie, j’vais tous les enculer. Y’a des bouteilles, dans l’placard là-bas, et une couchette. J’crois faut j’m’allonge, va m’chercher l’alcool, et reviens m’aider. » L’exigence a disparu de son ton, bien qu’il omette toute formule de politesse. Voilà une belle occasion qu’elle montre ce qu’elle a dans le ventre, même s’il se doute qu’avec sa fonction de bourreau, elle est loin d’être à ça près. « Et en profite pas pour m’la faire à l’envers. » ajoute-t-il dans un marmonnement agressif.
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L'offre tenait toujours. Très vite, Oksana eut l'opportunité de recevoir un petit remontant de sa part du boss. Elle l'accepta sans y penser à deux fois, rappelant sa langue à l'intérieur de sa bouche pour ensuite fermer cette dernière une fois les deux comprimés reçus. Elle les laissa fondre quelques instants, pour qu'ils imprègnent ses muqueuses, et fit glisser le reste au fond de sa gorge. Il ne lui restait plus qu'à attendre un peu, le temps que tout cela fasse effet. Heureusement, la blonde n'eut pas à patienter trop longtemps. Elle se mit à se sentir de plus en plus légère, au point d'en tituber malgré ses deux appuis sur l'accoudoir. Un faible sourire étira ses lèvres alors que tout devint flou pour un instant. La drogue eut même un effet suffisamment fort sur elle pour l'exempter de toute douleur lorsque le boss s'empara de sa tignasse pour l'attirer vers lui. Seul un souffle rauque et diminué s'échappa de ses lèvres à ce moment, avant que celles-ci ne soient caressées par la langue de Dimka. Un frisson parcourut l'échine d'Oksana, lequel entra directement en conflit avec les sensations chaudes laissées par la drogue. Le contraste, bien que brutal, n'en fut pas moins agréable. Enfin, ça l'était resté avant que les mots du boss ne viennent la ramener sur terre.

« Rien n'étant de votre fait n'arrivera. Mettez en place les barrières que vous souhaitez, je les respecterai. »

Une fois libérée, elle se ressaisit, s'accorda une bonne gifle mentale et s'accroupit pour obéir à l'ordre qui lui avait été donné, devant cependant plisser les deux pour distinguer correctement l'objet. Entre la faible luminosité des lieux et la came qui l'affectait un peu, l'office se révéla plus compliqué que prévu, peut-être l'histoire de quelques secondes en trop. Mais lorsque ce fut fait, Oksana se redressa et tâcha de réguler sa respiration pour lutter contre les effets de la drogue. Et, au final, ce ne fut pas si ardu que ça. Sans doute était-elle habituée à des substances bien plus dures que ça.

Alors qu'elle reprit peu à peu possession de ses moyens, comme si la came n'avait eu d'effet qu'à son ingestion, la slave baissa les yeux pour observer ce qui dérangeait tant le boss. Une blessure, apparemment. Elle semblait suffisamment sévère pour le faire grimacer et lui arracher moult insultes, mais pas assez pour le coucher. Un vilain bobo qui serait sans doute passager. Ou en tout cas, Oksana vit la chose sous cet angle une fois que Dimka s'était affairé à baisser son pantalon pour observer l'ampleur des dégâts.

« Rien de tel. Je doute que ce que je fume soit utile pour faire passer le douleur. »

Elle voulut ensuite lui proposer de passer en express en bar pour revenir avec quelque chose de bien plus corsé mais s'en abstint dès qu'on lui indiqua l'emplacement de bouteilles déjà présentes dans la pièce. Ses perles bleutées roulèrent aussitôt vers ledit placard, l'observant pour le moment en silence puisque le restant d'attention d'Oksana se focalisait avant tout sur les propos du boss. Bien qu'elle exerçait seulement une faible influence sur l'esprit de la russe, la drogue s'accrochait et ne voulait pas totalement laisser tomber, ce qui diminuait quelque peu son temps de réaction.

« Elle n'est pas assez forte, lâcha-t-elle en parlant de la came avant d'entamer une marche cadencée vers le placard, lequel fut ouvert et dépouillé de deux bouteilles de vodka. Quant à moi, qu'est-ce que je ferais après avoir tenté quelque chose contre vous ? Soit j'échoue et je meurs, soit je réussis et n'ai plus nulle part où aller. Bon plan. »

Un ton ironique vint s'emparer des deux derniers mots pour ponctuer son argumentaire. Et, de toute manière, elle aurait déjà pu tenter quelque chose avant cela, si ça lui avait réellement traversé, comme lors de l'instant où il lui avait offert les deux comprimés de cette substance pour petites frappes, ou même quand il s'était appuyé sur elle pour se relever. Les occasions ne manquaient pas. Pourtant, elle s'était tenue à carreaux, allant jusqu'à obéir à la moindre commande râlée par son supérieur, comme actuellement. Désormais silencieuse, elle revint près du patron avec une bouteille dans chaque main. Elle les lui confia aussitôt et s'affaira ensuite à déplacer le fauteur dans lequel elle s'était assise pour le placer juste en face de Dimka. Vacant, le second siège pouvait désormais lui servir à étendre sa jambe blessée au moins le temps qu'elle parte chercher et installer ladite couchette.

« Je ne suis pas habituée à traiter les blessures mais plutôt à les infliger. Mais puisque rien d'autre que du sang n'en sort, je suppose que le pire est évité. »

Une fois la couchette en place, Oksana revint se poster près du boss. Elle n'osa toutefois pas lui tendre une main pour l'aider à se relever, de peur qu'il perçoive le geste comme porteur de pitié, et se contenta alors de garder une épaule tournée vous lui pour qu'il s'y appuie comme il l'avait fait précédemment.

« Tout est prêt. Si vous avez besoin d'autre chose, c'est le moment. »
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Elle ne semble pas avoir la moindre idée du nombre de manière dont elle pourrait lui nuire. Après tout, sa place de chef n’est connue que d’un petit nombre, et il ne faudrait pas grand-chose pour le renverser, puis le remplacer. La loyauté dont elle fait preuve est rassurante, quelque part, permet au russe de se vautrer un peu plus longtemps dans ses propres problèmes sans en chercher de nouveaux à tout prix. La pente sur laquelle il ne cesse de glisser depuis quelques mois s’étend devant lui, dévoile ses écueils alors qu’il mate le cul d’Oksasna, une vision qui ravive un autre tout autre genre de douleur.

Il se renverse dans son fauteuil avec un soupir, fait jouer ses doigts contre les gravures de la flasque argentée, et étouffe un ricanement lorsqu’il repense à la manière dont elle l’a assuré de ses bonnes intentions. Des barrières à respecter hein. Voilà qui réveille son côté joueur, imprudent aussi. « Came de merde. » commente-t-il avec le même agacement que précédemment. S’il retrouve les fils de pute qui lui ont refourgué cette merde, ils passeront un mauvais quart d’heure. Encore heureux qu’il ne l’ait pas payée.  

Ses prunelles capturent les bouteilles qu’elle tient dans les mains, et il les reçoit avec un sourire forcé. Recevoir dans des états lamentables est une seconde nature dictée par l’habitude, mais il commence vraiment à douiller sévère et mise sur la vodka pour calmer le phénomène avant qu’il ne devienne ingérable.

« Soit tu prends ma place. » lâche-t-il tranquillement alors qu’elle s’affaire, presque étonné que la conclusion la plus logique n’ait même pas été abordée. « Pas la meilleure de Decay certes, mais y’a pire comme situation qu’gérer cette bande de connard en tabassant des putes. » Il hausse les épaules, avale un nouveau cachet juste pour la forme, et observe méchamment le siège laissé libre. Pense-t-elle vraiment qu’il va risquer le moindre mouvement superflu alors qu’il compte bien s’étendre dès que possible ? La réplique lui arrache un sourire torve mais il ravale sa réponse, se contentant de se relever pour utiliser l’appui qu’elle lui offre de nouveau.

Elle est presque trop aimable, cette fille.  Trop polie. Trop attachée au paraître, à l’attitude qu’elle adopte en sa présence. Ou peut-être est-elle comme ça et ne révèle-t-elle ses intérêts qu’en certaines situations précises. Cette idée là aussi lui plait, et alors qu’il se laisse tomber sur la couchette avec un énième grognement, une bouteille prisonnière de son poing serré, qu’il vient de déboucher avec les dents, il la relance tout en essayant de trouver une position confortable.

« Madame veut respecter mes barrières. Parfait. Il s’trouve justement que j’ai aucune envie qu’on les respecte, j’fais mon possible jour après jour pour qu’elles pètent, toutes, comme ça j’serai débarrassé d’toutes ces conneries inutiles, désinhibé, tu vois c’que j’veux dire ? Alors Oksana, puisque t’as l’air d’aimer obéir connement à tout c’qu’on t’balance, brise donc mes barrières, si t’en es capable. C'est un ordre. Oh, et cesse avec ce putain d’vouvoiement stupide, on est pas chez les foutus Lombardi. » Il crache par terre, étend sa jambe sur la couche, et s’autorise un soupir soulagé en sentant une part de la douleur s’estomper. Au moins peut-il maintenant se concentrer sur quelque chose de plus intéressant que cette foutue avarie.

« J’t’ai jamais vu bosser. T’aimes ça ? Leur faire mal ? Les faire crier ? Supplier ? Avant, ça m’faisait bander. Maintenant ça m’fait plus rien. J’peux en faire c’que j’veux. Ça m’intéresse pas. Au final, mes limites, j'ai beau les chercher, même moi j'les connais pas. » Il porte la bouteille à ses lèvres, en prélève une bonne lampée, crache de nouveau sur le sol, et recommence à biberonner joyeusement. Il ment, du moins en partie, passe toujours des nuits difficiles après les séances éprouvantes, mais ce n’est certainement pas la blonde postée près de lui qui risque d’en deviner quelque chose.

Ses cauchemars reviennent depuis des semaines, lui volent le sommeil, lui cassent un peu plus le mental à chaque passage. Une dernière gorgée généreuse, et il ôte son haut, révélant sur la peau encrée de nouvelles marbrures brunâtres. Il ne s’en préoccupe pas, juge chaque blessure minime en comparaison de celle qui l’attend un peu plus bas. Le t-shirt déjà mal en point cède sous la traction qu’il lui impose, et il commence à l’imbiber minutieusement d’alcool, ne cessant que lorsque la bouteille est vide aux trois quarts, et que le tissu gorgé lui dégouline dessus.

Avec un sourire satisfait rapidement chassé par un rictus concentré, il commence à enrouler les bandes improvisées autour de sa jambe, haletant rapidement sous les picotements répétés qu’induisent la manœuvre. Quelques insultes plus tard, il se redresse, observe son œuvre avec attention, et décoche à la blonde un sourire presque avenant. « J’suis réparé beauté. C’était pas compliqué. Maintenant y’a plus qu’à attendre que ça m’tape assez la gueule. Soit ça passera soit pas. Si j’me mets à m’gerber dessus, sois sympa, appelle quelqu’un. »
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Un bref instant de silence suivit la réplique du patron, celle concernant un éventuel soulèvement, une rébellion, un coup d'état envers sa personne. Si Oksana n'était pas une personne plus rationnelle qu'émotionnelle, sans doute aurait-elle répondu spontanément et en haussant le ton pour lui transmettre sa consternation. Mais elle n'était pas ainsi. Alors préféra-t-elle penser ses mots afin de les tourner de la meilleure façon possible, sans pour autant omettre une partie de la vérité ou dissimuler celle-ci derrière un voile de mensonge. Non. Elle ne faillit pas, restant d'apparence impassible et droite.

« J'ai des ambitions, je ne le cache pas. Cependant, je ne veux pas être à la tête de quoi que ce soit. Trop de responsabilités dont je ne veux pas. Je dois avoir quelqu'un au dessus de moi. Elle marqua une pause et planta son regard céruléen dans celui de son supérieur avant de reprendre sa réplique d'un ton toujours aussi neutre et calme. Et tant que vous serez en vie, je ferai tout mon possible pour que cette personne, ce soit vous. Une nouvelle pause, cette fois-ci plus longue, alors qu'elle demeura un instant pensive pour en chercher les raisons exactes. N'importe quel idiot ne ferait pas l'affaire. J'ai besoin de quelqu'un capable de me comprendre. De m'accepter. Et quelque chose me fait dire que vous correspondez à ces attentes. »

Ce quelque chose, c'était elle, tout simplement. Oksana n'avait pas passé ces derniers mois à se tourner les pouces et à simplement s'enliser dans sa routine, laquelle demeurait cependant plaisante. Non. Elle s'était renseignée sur tout, absolument tout. Afin que sa fidélité ne soit jamais mise à l'épreuve, qu'elle reste indéfectible, il lui fallait tout savoir, y compris sur le patron. Ainsi s'était-elle renseignée sur lui aussi, fourrant son nez là où il lui avait été possible de le mettre, jusqu'à découvrir quelques détails de lui qui l'amenaient aujourd'hui à penser de la sorte, à être certaine qu'il pourrait la comprendre.

Elle n'en dit guère plus, se contentant de l'observer pendant qu'il prit place sur la couchette avant d'y gesticuler pendant un temps, sans doute par inconfort. Rien d'étonnant. La chose surprenante dans tout ça, ce fut le prochain propos du russe, lequel décrocha une nouvelle réaction chez Oksana ; un haussement de sourcil. Venait-il de lui ordonner d'oser, de se contreficher de toute limite professionnelle se dressant entre eux ? La blonde, bien que surprise, tâcha de ne rien laisser paraître. C'était une demande particulière mais qui ne lui déplaisait en aucun cas. Au contraire, c'était même quelque chose qu'il ne fallait pas lui redire une fois de plus pour qu'elle l'applique. Mais pour l'heure, elle se contenta d'un simplement hochement de la tête tout en se faisant attentive aux nouveaux mots de son interlocuteur. Des questions. De nouveau pensive, Oksana fit quelques pas au travers de la pièce pour passer derrière Dimka et refermer le placard, n'ayant pu s'en charger lorsque la couchette encombrait encore ses bras. Maintenant dans son dos, elle se permit quelques oeillades discrètes, se délectant à la vue des muscles, des marques et des tatouages du patron.

« C'est inégalable, ou presque. La sensation de pouvoir, de contrôle... Le fait de jouer avec les limites de la victime, de lui donner de faux espoirs pour mieux les briser, de la faire crier, puis de l'entendre supplier et renier son allégeance et sa liberté en échange de pitié. C'en est... »

Elle laissa son propos en suspens pour jeter un nouveau regard à l'Orlov, lequel semblait occupé à traiter sa plaie. Oksana en profita pour se glisser de nouveau dans son dos, mais sans masquer sa présence. Elle voulait simplement rester hors de son champ de vision le temps de s'approcher. Elle ne chercha même pas à dissimuler l'écho de ses talons se rapprochant toujours plus, jusqu'à ce qu'elle s'arrête pour s'accroupir et terminer sa réplique en murmurant, juste derrière lui.

« ... orgasmique. »

Profitant de la proximité, la slave observa l'oeuvre de l'homme pour ensuite hocher la tête, une fois de plus. Ses connaissances en médecines frôlaient le zéro. Pour elle, un bandage de fortune tenait déjà du domaine de la débrouillardise, si bien qu'elle ne put qu'approuver, comme actuellement.

« C'est noté, je m'en chargerai. Mais en attendant... »

Sans prévenir, elle se saisit de la bouteille de vodka encore pleine, l'ouvrit et se permit d'en piquer une gorgée avant de la reposer. Elle se fit ensuite une place sur la couchette pour s'y asseoir, restant cependant sur le rebord de celle-ci afin de laisser suffisamment d'espace au blessé pour s'étendre s'il en ressentait le besoin.

« Ne ven-.. Ne viens pas te plaindre si toutes les limites sautent trop rapidement à ton goût. »

Se débarrasser du vouvoiement si soudainement lui parut d'abord étrange. Allait-elle s'y habituer ? Elle ne pouvait que l'espérer, puisque c'était là la première étape d'une succession d'événements qui mènera à ce qu'elle désirait. Mais était-ce vraiment nécessaire de s'encombrer de tant de phases ? Oksana en choppa une migraine rien qu'à y penser, si bien qu'elle jeta finalement tout pour se pencher vers Dimka, poser doucement son menton sur l'épaule la plus proche et lui adresser quelques mots directement dans le creux de l'oreille.

« Ce sont tes ordres. Si tu m'en tiens rigueur, je te les laisse bleues. »


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Des responsabilités. L’idée le fait franchement marrer, bien qu’elle recèle un fond de vérité. Un fond qu’il se plait à ignorer lorsque ça l’arrange, d’ailleurs, quitte à payer les conséquences de son manque de sérieux. « C’est toujours moi au-dessus. » murmure-t-il en réponse, un étrange éclat dans les yeux. Impossible de dire si le constat lui convient ou pas.

Il ne se donne pas la peine de tourner la tête pour la suivre du regard, préfère concentrer son attention sur l’alcool qui traverse le tissu pour noyer la plaie. Chaud contre froid, le  contact glacé apaisant la brûlure pour mieux la réveiller. Il hausse un sourcil devant l’aveu qu’elle lui offre, bien emballé, et résiste à son envie de pivoter vers elle lorsque le dernier mot lui parvient aux oreilles. Orgasmique. Elle n’a pas froid aux yeux. Mais comment pourrait-il en être autrement, sachant d’où elle vient, ce qu’elle pratique, et le plaisir qu’elle prend à le faire.

Les lèvres du russe prennent l’accent de l’amusement alors qu’il l’imagine en pleine séance de torture, froide et autoritaire face à celles qui n’ont déjà plus aucune dignité à laquelle se raccrocher. Le contraste lui plait tout autant que l’image, renvoie un peu de sang gonfler sa queue déjà trop raide. « Me plaindre. » reprend-t-il en la regardant droit dans les yeux cette fois « comme si c’était mon style. »

Il secoue légèrement la tête, colle brièvement sa tête à celle de la bonde pour la relever aussitôt la menace transmise. « Wait what ? » crache-t-il en hésitant encore entre la surprise et la colère. Il bande ses muscles en la sentant se placer derrière lui, réflexe défensif machinal qui l’abandonne sitôt qu’il sent la main féminine sinuer contre sa peau. Il observe la course des doigts qui le parcourent, se laissant un peu plus aller contre Oksana à mesure qu’elle poursuit sa descente, finit par caler sa nuque contre l’épaule de la russe, les inspirations plus marquées, le souffle plus rapide. La faucheuse gigantesque qui lui prend tout le ventre semble lui rire au nez.



« J’te laisse les rênes beauté. Tâche d’pas faire n’importe quoi avec. Si c’est l’pouvoir que t’aimes, tu devrais être servie. Surprends-moi ?» suggère-t-il avec un brin de moquerie au fond de la voix. Définitivement, il ne s’attend pas à la voir prendre l’ascendant. Non pas qu’il doute de ses compétences, mais il se connait suffisamment pour se savoir capable d’endurer beaucoup avant de rendre les armes. C’est le défi qui lui plait finalement dans l’échange, le gout du risque, la pointe de danger, aussi, de se retrouver face à une semblable jouant possiblement dans la même catégorie que lui. La seule crainte qu’il lui reste est celle d’une déception déjà cent fois vécue, avec d’autres accros aux défis pourtant incapables d’aller jusqu’au bout de leurs provocations.
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Une à une, les réponses du boss étirèrent les lèvres d'Oksana. Il semblait si naturel dans son attitude et demeurait pourtant capable de répondre de la sorte, de façon spontanée et sûrement irréfléchie de son côté. C'était captivant, fascinant et intrigant qu'un tel énergumène soit en mesure d'attirer l'attention de la blonde. Chacune des répliques qu'elle perçut lui rappela à quel point elle avait dû se retenir, juste pour maintenir une bonne image dont le patron se foutait royalement. Était-ce réellement ce qu'il avait souhaité depuis le début, qu'elle ne s'embarrasse pas de telles façades et qu'elle agisse sans retenue, comme elle avait toujours mouru d'envie de faire ? Peut-être bien. Elle ne le saura jamais, taisant ses doutes au fond de son esprit alors qu'elle demeura là, pendue à l'oreille de DImka avec un sourire joueur.

« Tu disais toujours être au dessus, il y a peu. Et si ça changeait, pour une fois ? »

Une nouvelle pique. L'avantage de cette position résidait dans le fait que la femme pouvait lui susurrer tous les mots qu'elle souhaitait tant qu'il ne se débattait pas. Mais en aurait-il réellement envie ? Que ce soit maintenant ou plus tard, d'ailleurs. Oksana se permit déjà de douter rien qu'en passant en revue ce qu'elle prévoyait pour la suite des événements, cela malgré la méfiance dont il avait fait preuve lorsqu'elle l'avait menacé de quelques mots. Un petit rire amusé et suffisant se fit entendre peu après cette réaction, puis quelques mots se chargèrent de chasser le silence toujours plus loin.

« Hm ? Cette perspective te déplait ? Dommage. Moi qui voulais t'entendre couiner de frustration. »



Peut-être allait-il couiner, peut-être que non. Ce n'était que le début, et il savait sans doute faire preuve de résilience. Mais pour l'heure, Oksana était au moins parvenue à son premier objectif ; qu'il lui abandonne tout contrôle. De celui-ci avait naturellement découlé leur position actuelle, la femme maintenant au dessus de l'homme diminué, vulnérable. Un sourire étira encore une fois les lèvres de cette première, alors qu'elle se plut à observer son prisonnier depuis sa position supérieure, plus haute, dominante. Une agréable vue s'étendait à présent sous ses yeux, un confort qu'elle n'avait certainement pas envie d'abandonner. Et tout cela n'était qu'une première étape pour conserver l'ascendant.

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