Absolution (Dimka)

Un message, une peine. Un problème, une solution. Un tourment, une échappatoire. La façon dont le boss était revenu auprès de la blonde n'avait rien de sain. Pouvait-on cependant lui en vouloir ? Cette femme avait ces charmes, ces vices et ces rites particuliers qui semblaient capables d'ensorceler quelque homme que ce soit, de l'intoxiquer. Si elle s'en servait généralement pour étendre son influence, pour arracher ce qu'elle souhaitait à ses pions, ça restait différent avec lui. Si l'indifférence la comblait lorsqu'un malheur arrivait à autrui, elle ne pouvait pas le rejeter, pas lui. Au contraire, elle l'accueillerait en son sein, le contenterait et tâcherait de se rendre indispensable à ses yeux. Les graines de sa corruption déjà semées et cultivées, Oksana n'avait plus qu'à récolter les fruits de son office pour les croquer à pleines dents.

Face à ce qu'elle qualifiait de détresse de la part de l'expéditeur du message, la slave ne répondit que de façon concise. Un simple "Trente minutes", sans rien pour précéder ou succéder si ce n'était l'éventuelle angoisse du destinataire. Avait-il bien fait de lui envoyer ça, de demander à la vénéneuse de lui faire oublier ses problèmes par cette forme de gratification tant libératrice que douloureuse ? Cela n'importait que peu la tortionnaire. Elle avait été convoquée et pas une autre, voilà la seule chose qui restait plantée dans son esprit. Une satisfaction incommensurable, un sentiment de puissance.

Elle mit la demie heure accordée à profit pour se préparer, s'équipa de tout ce dont elle aurait besoin et rangea le tout dans une malette aux allures suspicieuses. Puis elle arrangea sa coiffure et son maquillage et enfin sa tenue, laquelle était toutefois recouverte d'un trench-coat noir dont la fente laissait parfois s'échapper une longue jambe nue. En baladant leurs oreilles, les quelques âmes errantes purent entendre l'écho des escarpins rouge amarante de la dame claquant sèchement contre le sol de l'Arena. Quelques-uns sortirent la tête de la pièce dans laquelle ils se trouvaient pour dévorer la guêpe du regard. À quel point furent-ils déçus lorsqu'ils remarquèrent enfin qu'il s'agissait de leur lieutenante et non d'une prostituée envoyée pour les récompenser de leurs loyaux services ? Bien trop. La gradée ne s'arrêta d'ailleurs pas une seule fois, pas même pour adresser des salutations aux troupes. Elle se contenta d'avancer avec son expression naturellement froide, se dirigeant bien évidemment vers les quartiers du boss.

Elle finit par arriver devant les portes de la pièce convoitée. Bien que sa présence avait probablement déjà été annoncée par le claquement incessant de ses talons, la femme annonça sa présence d'un nom unique, le sien, après avoir jeté un regard en coin à sa montre. Comme à son habitude, la matrone était à l'heure. La ponctualité était l'une des rares choses avec lesquelles elle na plaisantait jamais ; déjà que son sens de l'humour laissait à désirer en temps normal.

« Je rentre. »

Puis, sans un mot de plus, elle s'exécuta, repoussant les battants de la porte pour les séparer avant de s'inviter à l'intérieur de laquelle l'odeur significative d'alcool flottait. En réponse, un simple claquement de la langue contre le palais. Dimka avait probablement bu, comme à son habitude. Et s'il ne s'était toujours pas adonné à l'ivresse, les chances qu'il le fasse sous peu demeuraient relativement relativement élevées, de quoi agacer la blonde qui se retint néanmoins de toute remarque désagréable, se contentant pour le moment de refermer derrière elle.