Rencontre [Pv Dimka]

Il n’a pas d’autres informations que celles qu’a bien voulu lui confier Miyu, après avoir choppé leur indélicate visiteuse sur leurs serveurs. Le rendez-vous est la seule idée qui lui est venue, pour confronter la voleuse comme pour gratter de plus amples renseignements. Forcément, l’idée d’une nouvelle intruse ne le ravit pas, et c’est l’humeur déjà orageuse qu’il s’amène au rencard, décidé à obtenir des réponses par n’importe quel moyen.

Il ne peut pas se permettre de laisser quoi que ce soit filtrer, pas alors qu’ils sont en pleine effervescence concernant l’avenir de l’Organizatsiya. Lorsqu’il pousse les portes du bar, il jette un coup d’œil circulaire dans la salle, cherche à repérer une silhouette discrète, fondue parmi les autres. Bingo. Il s’avance vers celle qui se trouve seule près du comptoir, un peu à l’écart, se poste à côté d’elle et tente de deviner le peu de visage que la capuche laisse voir.

« Oy, alors, c’toi ma voleuse ? » lance-t-il en guise de salutation, avant de s’adosser au comptoir. « J’peux savoir c’que tu cherches ? C’est une activité dangereuse. T’as intérêt d’être convaincante, si t’espères pouvoir repartir sans dommage. » Jean déchiré, cheveux blancs qui tranchent dans la pénombre du bar, tatouages recouvrant la moindre parcelle de peau découverte, des épaules aux jointures, il n’a pas franchement l’air aimable, ni disposé à discuter longtemps.

« J’commence à en avoir plein le cul des fouineurs, j’espère qu’t’as vraiment une bonne raison d’avoir fait ça. » lâche-t-il encore sans se tourner vers elle, l’accent russe écorchant chacun des mots qu’il lui balance. Il s’allume une cigarette, inspire, lentement, expire, plus lentement encore, avant de conclure. « J’sais pas qui t’es, ni c’que tu m’veux. J’te fais une fleur en m’pointant plutôt que d’te coller mes hommes au cul. J’ai rien contre un peu d’distraction d’temps en temps, mais j’aime pas perdre mon temps. Alors ? »

Il se retourne, colle ses coudes sur le comptoir, commande une vodka, avant de reporter son attention sur la gêneuse. Elle n’a pas l’air bien vieille, et une pense fugitive le ramène près de Miyu. Est-ce que toutes les putains de hackeuse de cette putain de ville ont l’air d’être à peine majeures ? Quel bordel. D’une main, il se frotte le visage, se pince l’arête du nez avant de redemander, presque plus gentiment.

« T’as l’air d’avoir quinze ans putain, jamais tu t’dis qu’tu pourrais en crever d’ces conneries ? » Il secoue légèrement la tête, toujours aussi dépassé par cette jeunesse qui semble prendre un malin plaisir à s’exposer inutilement, attristé, presque, par le dur constat qu’elle a le plus souvent d’excellentes raisons de le faire. Il tire sur sa cigarette, observe un silence mesuré en détaillant la silhouette de la nana.