Fight! | ft. Karl [Violence]

"Ouais. Tu devrais vite te laver." Constate-t-elle en haussant les épaules. Sa chance à elle, c'est d'être assez rapide pour éviter à la fois les coups et les projections de sang. Si ses mains et sa bouche en sont couverts, ses vêtements ne sont pas si sales que ça. Ce ne serait pas la première fois qu'elle rentre tâchée de sang, de toute façon. Et c'est assez commun, finalement, dans le coin.

"Une bagarre générale ?" Se battre pour le plaisir de le faire, sans idée de résultat ? Une idée assez saugrenue. Xiao se bat pour un objectif, pour son ego ou pour s'entraîner. Mais elle n'a pas vraiment de limite dans tous les cas. Elle se bat pour éliminer. Mettre hors d'état de nuire ou tuer. "Qu'ils ne se battent pas s'ils craignent de mourir. C'est de leur faute." Conclut-elle. Si elle ne veut pas prendre de coup de soleil, elle ne sort pas sous les rayons, c'est aussi simple que ça. Auraient-ils hésité à tuer, eux ? Rien n'est moins sûr. Dans le doute, la chinoise ne se pose de toute façon pas de questions.

Xiao secoue la tête en écoutant à moitié ses explications, ses excuses, pour son manque d'agilité. "C'est un choix, tu fais comme tu veux." Peut-être qu'on lui aurait appris autre chose si elle avait été différente. Si elle avait une carrure similaire à celle de Karl. Mais les suppositions de ce genre, les "et si" ne font pas partie de ces choses auxquelles son esprit peut vagabonder. "Je sais pas si c'est une si bonne idée de se battre ensemble. La discrétion, ça n'a pas l'air d'être ton fort. Il faut quand même que je fasse profil bas." Pas d'évocation précise de ses conditions de travail. Mais un rappel, tout de même, que son petit plaisir de ce soir n'a pas à se réitérer, surtout si elle doit prendre le risque de lier son visage, son identité même partielle et bancale, à ce genre d'événement. Nul doute que ça fera le tour du quartier, ou même de la ville toute entière. C'est aussi pour cela que Xiao joue l'efficacité, la discrétion, sans la marque de fabrique de la Triade. Au vu des circonstances, sans doute que Karl sera considéré comme fautif.

La chinoise jette un regard tendu autour d'elle. Il y a des caméras, certaines brisées, d'autres éteintes, autour du ring. Elle ne sait pas combien de cameramen il y avait, mais avant d'envisager quoi que ce soit d'autre, elle descend pour fouiller ce qui s'y trouve. Elle récupère quelques cartes mémoire qu'elle détruit avec les dents, avant de suivre le boxeur. Même si elles sont brisées en quatre, Xiao garde les morceaux des cartes dans la poche ventrale de son sweater.

"Tu sais pas mettre des pansements ? Avec ce que tu fais pour vivre ?" Xiao n'a pas pour habitude de laisser la tâche de ses propres soins à quelqu'un d'autre, à mois d'être vraiment sévèrement blessée - ce qui est rare. Alors se voir en infirmière pour Karl paraît absurde. Avec tous les coups qu'il a dû recevoir, il ne sait pas mettre des pansements ? La chinoise baisse les yeux, hausse les épaules, et approche d'un lavabo. Elle fait vite couler l'eau, assez chaude pour se débarrasser rapidement du sang sur ses mains, puis sur son visage. "J'ai pris une douche avant de venir. J'suis pas si sale, je me rincerai juste au lavabo." Lance-t-elle entre deux frottements sur son menton. "T'habites pas loin j'espère ? J'ai pas envie que le sang s'incruste trop dans mon pull." Les tâches ne sont pas énormes. Elles sont même plutôt discrètes, stratégiquement placées sur les bordures du sweater noir, il n'y a qu'elle pour les voir et les sentir, surtout. L'odeur du sang remonté jusque dans ses narines qu'elle essaie de nettoyer avec attention. Elle est propre, mais sent encore.

Forcée de retirer son pansement humide, elle le remplace par un autre. Sa petite griffure sur le nez paraît ridicule en comparaison du visage de Karl, mais il lui faut faire très attention. Elle profite au passage du désinfectant pour en repasser un coup, puis place le nouveau sparadrap avec grande attention, avant de se regarder un moment dans le miroir. Ses yeux sont vides. Xiao attrape ses cheveux qu'elle fait passer devant elle. Deux tiers de sa tignasse sont plus courts que le reste d'une quinzaine de centimètres, là où, plus tôt, elle a tranché sa chevelure au couteau pour se libérer de la prise d'un des types à qui elle a réglé son compte. Un long soupir s'échappe. Elle ne fait décidément jamais vraiment attention à ses cheveux, et voilà ce que ça donne. Du bout des doigts, elle caresse les longueurs amputées en regardant dans le vide. "Hm." Après quelques secondes de silence. "Tu t'en sors ?"

C’est vrai que Xiao a du mal avec ce genre de principes. pas grave. Nul besoin de lui expliquer, ce n’est pas primordial et Karl a même la flemme de tergiverser. Le jeune homme est épuisé et ne demande qu’à prendre sa douche et s’allonger, bien que le projet ne va sûrement pas tenir avec Xiao dans les parages. Autant profiter un peu de la présence de l’élue de son coeur, surtout qu’ils ne se sont pas vus depuis un petit moment. Un mois, pour Karl, c’est très long. Surtout sans la voir. Les petites disputes n’ont aucune importance à ses yeux et aux siens non plus apparemment.

En l’entendant répondre à propos de leur potentielle collaboration, Karl rétorque en haussant un peu la voix pour ne pas être couvert par le bruit de l’eau.

“ Je parlais hors du boulot bien sûr. Comme aujourd’hui. On se complète bien tu trouves pas ? “

De toute manière, tout ce qui pourrait les rapprocher est à prendre. Karl ne se sortira jamais cette idée de la tête, aussi perdu d’avance cela soit-il. On obtient rien en abandonnant d’office. Cela dit, Karl n’est pas du genre à agresser gratuitement donc les probabilités qu’une nouvelle bagarre éclate lorsqu’ils sont tous les deux est faible. Enfin, ce n’est pas la première fois qu’ils se battent ensemble. Le restaurant en est un bon exemple.

“ Mais de toute manière ça arrivera sûrement pas de sitôt, ce soir c’était exceptionnel. “

Dit-il en se savonnant, tâche relativement longue au vu de sa taille et de son gabarit. Qu’elle ne veuille pas venir n’est pas si grave, c’était une simple invitation sans arrières pensées. Les vestiaires ne sont pas vraiment l’endroit le plus glamour possible. Ce n’est pas comme si c’était un véritable frein, certes… mais Karl n’a qu’une hâte: rentrer chez lui. Et montrer un peu son appart à Xiao au passage. D’ailleurs, à sa question sur les pansements, le jeune homme se rend compte à quel point sa demande était idiote. Pourquoi a-t-il demandé qu’elle l’aide à lui mettre des pansements au juste ?

“ Ah, euh… c’était juste pour le geste. Que ce soit amical quoi. "

Le Russe se doute déjà qu’elle ne verra pas de quoi il parle, si bien qu’il enchaîne directement.

“ Tu vas voir j’suis pas si loin. Et de toute manière j’ai une bonne machine, j’ai l’habitude des tâches de sang tu dois t’en douter. “

Dit-il en coupant l’eau avant d’attraper une serviette. Au vu de la manière qu’il a de se battre, le jeune homme doit souvent finir couvert de sang. Aussi bien du sien que celui de ses adversaires d’ailleurs, il faudrait penser à régler ça. La manière que Xiao a de se battre paraît bien plus optimale, surtout dans le cas ou il tomberait sur quelqu’un d’entraîné. Ainsi, le jeune homme s’approche d’elle en se séchant, arrivant à ses côtés devant le miroir.

“ Ouais. “

Dit-il en se plaçant derrière. Il est trop large pour passer dans le cadre côte à côte mais assez grand pour se voir par dessus. De ce qu’il peut voir, le jeune homme n’est pas en si mauvais état qu’il le pensait. Son visage est indolore de toute manière, les médicaments font effet. Mais son arcade est plutôt gonflée, tout comme sa joue et le bord de ses lèvres. Ce n’est pas très sexy, sauf pour ceux qui aiment les gueules de truand. D’un geste de la main, Karl ramène sa chevelure en bataille en arrière machinalement, avant de remarquer celle de Xiao. Mince alors, elle est complètement disproportionnée. On lui aurait arraché les cheveux dans la bataille ?

“ Merde alors, on dirait Ava Max. Tu vas rester comme ça ? “

Dit-il en touchant du bout des doigts les cheveux de la jeune femme. Dans le genre repris de justice, elle n’est pas mieux que lui finalement.

“ Enfin, t’es toujours belle hein ! “

Dit-il comme pour se rattraper en plaçant quelques pansements sur son visage histoire de couvrir les endroits ouverts. Le sang ne coule plus mais il n’est jamais à l’abri d’une réouverture. Une fois ceci fait, Karl se dirige vers son casier en mettant sa serviette à sécher et se rhabille. Un jean noir, des doc martens, un t-shirt à col roulé rouge dans le style russe et une veste noire à boutons. Son style habituel en somme. Fouillant un peu plus dans son casier, il sort ensuite sa batte de baseball et se tourne vers Xiao, souriant.

“ Tu viens ? On se dépêche de rentrer pour ton pull mais on pourra ressortir prendre un truc à bouffer ou autre chose si tu veux. C’est moi qui paie. “

Comme d’habitude mais mieux vaut toujours l’annoncer. Attendant qu’elle le rejoigne, le jeune homme sort ensuite par la porte arrière histoire de ne pas tomber sur d’éventuels revanchards qui les attendraient à la sortie. S’ils n'étaient pas à Decay, ce genre d’événements leur vaudrait 15 ans de taule et les gros titres dans les journaux. La vie est si étrange ici… Karl ne pourra sûrement jamais retourner sur le continent. Déjà parce qu’il est difficile de sortir, mais aussi parce que passer d’un monde à l’autre doit être tellement étrange à expérimenter.

“ Alors Xia ? Quoi de neuf depuis la dernière fois ? Tout va bien de ton côté ? “

Demande t-il en marchant près d’elle, souriant. Karl est bien content de la revoir.

Les idées de Karl lui semblent un peu saugrenues. Elle pourrait cependant s'entraîner avec lui. Mais il n'apprécierait probablement pas son état après. "J'suppose." Commente-t-elle à voix trop basse pour être entendue par dessus le bruit de la douche. Le regard perdu dans le miroir, Xiao laisse ses prunelles comme fixées dans le vide. Elle repasse en revue la soirée jusque là, encore et encore, songe à tous les détails qui auraient pu tourner autrement et tous les risques qui ont été pris. Non. Elle était trop discrète pour être associée à tout ce bordel. Karl, en revanche, rien n'est moins sûr.

Ses doigts caressent alors les longueurs intactes de ses cheveux, jusqu'aux pointes, d'un geste machinal. Automatique. Elle ne lève même pas les yeux lorsqu'il vient se placer derrière elle pour faire son affaire avec les pansements. Sa moue, à la fois sérieuse et crispée, révèle que son attention est portée sur la preuve manifeste, visuelle, qu'elle a été un peu trop insouciante. Ca n'a rien d'une blessure physique, mais à l'orgueil, sans doute plus. L'un de ses poings se serre autour des mèches encore intactes, ses articulations blanchissent, crispées. Sa respiration est lente, mais on sent qu'elle s'apaise à grand peine. "Hm." Sans un mot articulé de plus, Xiao reprend le couteau à l'arrière de son short tandis que Karl s'habille. La chinoise place la lame contre les mèches, à une hauteur collant approximativement aux plus courtes de l'autre côté, et reste immobile quelques secondes. Au contact du fil de la lame, quelques cheveux sont déjà coupés. Finalement, d'un geste brusque, radical, elle tranche.

Le visage toujours fermé, elle observe ses cheveux dans sa main. Et c'est après un long soupir qu'elle les fourre dans la poche de son sweater, et range à nouveau son couteau. Quelques nouvelles secondes silencieuses s'écoulent où Xiao se regarde dans le miroir, d'un air dur, avant que son visage ne se transforme. Un large sourire étire ses lèvres à présent propres, et elle se retourne finalement vers le russe qu'elle rejoint d'un pas vif. "Ok, mais c'est moi qui choisis ce qu'on mange quand on arrive !" Lance-t-elle, avant de réaliser qu'elle ne connaît pas du tout les commerces du coin. "Enfin, entre plusieurs propositions de ta part." Ne jamais admettre avoir tort, ou échouer, comme d'habitude.

Sur ses gardes jusqu'à la sortie de l'établissement, Xiao guette tout de même leurs arrière. C'est lorsqu'ils arrivent enfin dans la rue, et quand elle peut profiter de la fraîcheur de l'air nocturne, qu'elle commence enfin à se détendre. Son regard manque toujours un peu de ce pétillant qui caractérise ses instants d'insouciance, mais son sourire ne semble pas vouloir s'en aller. "Tout va bien. Tout va toujours bien." Lance-t-elle en réfléchissant. "Quoi de neuf …" Elle réfléchit, tâtant ses poches, puis son visage, en réfléchissant. Il s'est probablement passé quelque chose, mais la notion du temps est très floue pour la chinoise. Depuis combien de temps ne l'a-t-elle pas vu, déjà ? "En fait je sais plus. Peu importe. T'as fait des trucs toi ? Évidemment que t'as fait des trucs, tu bosses au Dvorets. T'as tout le temps des trucs à faire."

Son enthousiasme revient, peu à peu, en songeant à cet endroit impressionnant. "Tiens mais … C'est qui la personne dont t'as parlé tout à l'heure ?" Elle porte sa main à ses cheveux, le douloureux souvenir des raisons de leur perte lui arrache un rictus qui perturbe son visage souriant bien maîtrisé. "Quand t'as touché mes cheveux ? Quelqu'un que tu connais ?" Sans même savoir où elle va, elle prend les devants et accélère le pas, se retournant de temps en temps pour vérifier qu'elle va dans la bonne direction. "T'as déjà visité les hauteurs de Moskva ? Celles de Chicago et des Docks sont magnifiques. Tu devrais escalader un peu, c'est vraiment cool." Songer à escalader les bâtiments du quartier lui rappelle la vue depuis le Dvorets. Ici aussi, ce doit être beau, surtout les panoramas sur les autres quartiers.

"J'ai envie de voir !" S'exclame-t-elle alors, une fois le coin de la rue atteint. Partant de là, elle repère un bâtiment de hauteur moyenne, quatre ou cinq étages, dotés d'échelles de secours. Une aubaine pour escalader plus rapidement, quand bien même Xiao apprécie un défi. Lequel se manifeste lorsqu'elle se lance et qu'une des échelles semble être trop courte pour être attrapée à sa hauteur. Quelque part aux alentours du second étage. Agrippée à un rebord métallique, elle prend son élan et saute. De peu, elle aurait glissé sur le barreau humide mais parvient à bien le saisir et se hisser. Rapidement, elle arrive jusqu'au toit - heureusement plat - de la structure et se perche sur le rebord, pour apprécier la vue. Ça n'est pas aussi haut que la chambre du Dvorets, mais tout de même agréable. Tout en s'accroupissant pour regarder vers le bas, elle met ses mains en porte voix autour de sa bouche pour interpeller Karl. "Tu devrais voir ça, c'est super beau !"

Karl ne sait pas vraiment quoi penser lorsqu’elle se coupe les cheveux. Ça la change un peu. Est-ce que ça la rend plus ou moins jolie ? Il n’en sait rien, son visage est toujours là de toute manière. Ah, quelle idée que de tomber amoureux d’elle. Le jeune homme a envie de l’embrasser, la, maintenant. Mais soucieux de garder sa langue, il se contente de la regarder avec tendresse avant dévier son regard vers la porte.

“ Ah ? Euh, ouais si tu veux. “

Dit-il sans vraiment saisir la fierté maladive de Xiao, elle ne doit pas connaître la nourriture du coin et c’est normal. A vrai dire, il ne mange pas spécialement du local non plus. Karl mange ce qu’il trouve au d’vorets la plupart du temps, n’étant ni un cordon bleu ni spécialement exigeant. Manger n’importe quoi ne l’a jamais empêché d’avoir les muscles qu’il a, la génétique sans doute. Son père avait pourtant un bide à bière, mais sa mère… sa mère…

Il secoue la tête. Mieux vaut ne pas repenser au passé, c’est une bonne soirée qui s’annonce alors pourquoi la gâcher. Les mots de Xiao l’aident d’ailleurs à sourire, tant qu’elle va bien c’est le principal. Bien qu’il doute légèrement de la capacité de la jeune femme à comprendre son propre état. Il ne serait pas étonnant de la voir pleurer tout en pensant que tout va bien.

“ C’est cool ça. Tu cherches quelque chose ? “

Dit-il en la voyant se tâter de partout comme si elle avait perdu ses clés. Ce qui lui fait penser que ses clés à lui doivent toujours être changées, le jeune homme a malheureusement brisé son double en forçant un peu trop dans la serrure. Une journée classique dans la vie de Karl Colman en somme. Bon, il lui reste l’originale mais quelque chose lui dit qu’il vaut mieux avoir plusieurs clés de rechange.

“ Ouais, j’ai du remplacer un caméraman sur un tournage. Et j’ai tabassé quelques mauvais payeurs. Mais globalement c’est assez répétitif de bosser pour l’Orga. “

Dommage qu’il ne soit pas aussi amateur de porno qu’elle, il nagerait sûrement dans le bonheur. Beaucoup rêveraient d’avoir sa place et son succès, la plupart des actrices rêvant de coucher avec lui. Mais ce n’est pas, et ça n’a jamais été son genre.

“ Ava Max ? Oh c’est juste une chanteuse des années 2020, rien d’exceptionnel. Mais elle a les cheveux coupés d’un côté donc ça m’est venu comme ça. “

Explique t-il avec légèreté avant de caler son rythme de marche sur celui de Xiao. Nul besoin d’en faire trop, il a l’habitude de marcher vite et son simple gabarit lui donne un avantage. Enfin, pour peu qu’elle ne se mette pas à courir comme une dératée. Surtout qu’elle ne sait probablement pas ou elle va. En l’entendant formuler son exigence, Karl soupire. Evidemment, il fallait que cette idée lui passe par la tête. Il ne pourra malheureusement pas la suivre.

“ Pas vraiment non… j’suis pas très agile. “

Et il a surtout le vertige mais il se passera de le lui dire. Ainsi, lorsqu’il la voit escalader la façade d’un bâtiment comme un petit singe, Karl grimace. Pourvu qu’elle ne tombe pas. Dans le pire des cas il pourrait tenter de la rattraper mais autant abandonner cette idée si elle est trop haut.

“ Fais attention à toi ! “

Crie t-il sous les regards interloqués des passants, scrutant la jeune femme faire en se demandant bien qui est cet énergumène. Karl leur jette un regard noir, ce qui leur fait accélérer le pas, et reporte son attention sur Xiao qui semble finalement avoir atteint le toit. Il répond alors à son invitation en plaçant ses mains de la même façon, peu enjoué par cette idée.

“ Non ça ira ! J’arriverai pas à escalader de toute manière ! “

Dit-il en claquant des dents en pensant au simple fait de se trouver aussi haut. Non, décidément, mieux vaut rester au sol. Tant pis pour les badauds assistant à la scène.

Si elle écoute avec une certaine attention et un grand sourire les anecdotes de Karl qui la rendent envieuse - surtout la partie consistant à participer à un tournage, évidemment - l'attention de la chinoise se retrouve happée par ses envies d'escalade, de décollage, pour saisir l'air plus frais des hauteurs et les vues depuis les toits.

Son ascension se fait alors en solitaire, rapidement, et le petit oiseau de la Triade finit par profiter également toute seule des petits bonheurs offerts par son perchoir. "Tu sais pas ce que tu rates !" Crie-t-elle en direction de Karl, pour recevoir les jurons russes des quelques perdus habitant dans l'immeuble et dormant à cette heure. On n'a pas idée de dormir la nuit, à Decay. Quelques passants se mettent à la regarder, eux aussi. "Vous non plus !" Lance-t-elle, moins fort cette fois. Mieux vaut faire profil bas, dans l'immédiat. S'ils avaient pu rentrer chez Karl par les toits, ce serait plus simple. Mais s'il est trop balourd pour escalader et sauter sur les toits … Tant pis. Son exploration des hauteurs de Moskva sera pour une autre fois, en solitaire.

Après avoir profité quelques secondes de plus de la vue en faisant des aller-retours sur le rebord du toit, Xiao finit par se laisser tomber sur l'échelle de secours, glissant plus rapidement vers le sol qu'elle n'a escaladé la paroi plus tôt. En moins d'une minute, elle retrouve la terre ferme, mais son esprit est encore resté là haut. D'un pas sautillant, la chinoise rejoint son ami pour continuer la route entamée un peu plus tôt. "C'est vraiment trop cool, de monter sur les toits. Tu devrais essayer un jour. Même, depuis le Dvorets, on voit plein de trucs ! La vue de la chambre, l'autre fois. C'était super grisant." En y songeant, elle sourit et ses joues rougissent légèrement. Pressée de reprendre sa route, elle pousse le dos de Karl pour l'inviter à prendre les devants et lui montrer la route.

"T'habites loin ? T'es à quel étage, chez toi ? T'as un toit plat ?" La chinoise a de la suite dans les idées, il faut croire. Elle aime bien se percher. Probablement qu'il n'a pas de mezzanine chez lui - c'est plus rare qu'elle ne l'aurait cru - mais avec un peu de chance, il pourrait lui montrer sa vue. "J'ai envie de voir ton chez toi. Tu gardes des trucs du boulot, ou du Dvorets ? T'as fait venir des gens ? C'est douillet ?"

Xiao est extatique. Elle a envie de bouger, sauter, se dépenser. L'issue du combat l'a un peu frustrée et la sensation de nouveauté avec ce quartier qu'elle ne connaît pas sous cet angle et cette première expérience de spectatrice d'un combat de boxe éveillent tout un tas d'idées qui s'entrechoquent dans son esprit. Elle veut tout faire et rien faire à la fois. "Tu sais quoi ? J'ai super faim. J'ai mangé une saucisse frite, mais ça calait pas du tout." Avec l'entousiasme, la chaleur lui monte aux joues également. Elle a hâte d'arriver et pouvoir retirer son sweater pour le laver.

A chaque fois que Karl semble aller légèrement moins vite - de son point de vue - elle demande. "On y est ? C'est sympa ! Sordide, mais sympa." Et puis, la fois d'après. "Tu le connais, lui ?" C'est tout juste si elle ignore les gens inertes, la tête dans leur vomi, étalés sur le sol des ruelles qu'ils croisent."J'ai hâte d'arriver !"

En effet, Karl ne sait pas ce qu’il rate. Mais de son point de vue, il peut bien se passer de voir. Le quartier est de toute manière assez moche à ses yeux donc ça ne vaut pas le coup d’avoir des vertiges pour admirer ses poubelles et les soulards qui dorment dans leur vomi vu d’au dessus. Karl est pourtant fier de son appartenance à la mère patrie mais il faut bien avouer que Moskva n’est pas vraiment la plus belle représentation de son pays natal. Heureusement que le D’vorets rattrape un peu tout cela.

“ Ouais, sans doute ! Mais fait attention là haut quand même ! “

Dit-il, son côté protecteur n’étant toujours pas prêt de le quitter. Karl la sait agile mais au vu de tous les pansements qu’elle a sur le visage chaque fois qu’il la croise, il n’est pas à l’abri de la voir trébucher comme une greluche. De cette hauteur, elle aura besoin de plus qu’un simple pansement malheureusement. Et le Russe ne se pardonnerait pas d’avoir laissé faire ça. C’est pourquoi, en la voyant redescendre, le jeune homme soupire de soulagement.

“ Ouais, c’était beau mais y’avait des vitres au moins. La c’est pas très… fin, j’ai pas trop envie de prendre des risques quoi. “

Et le voilà qui passe pour une poule mouillée auprès de Xiao. Quel nigaud. Lorsqu’il la pousse, le jeune homme place ses pieds devant pour ralentir un peu le pas en tournant la tête pour la regarder. Elle elle est tellement pressée, ce n’est qu’un appart banal pourtant !

“ Calme toi, mon appart c’est pas le D’vorets te fait pas d’idées ! “

Dit-il en l’imaginant déjà déçue. Enfin, il n’a jamais vraiment vu Xiao déçue mais il y a une première fois à tout. Espérons qu’elle aime les appartements fluffy, parce qu’un coeur de guimauve se cache sous ses airs de gros dur. Enfin, ce n’est pas comme si c’était un secret.

“ Non c’est tout près, c’est l’immeuble là-bas la. “

Dit-il en pointant du doigt un immeuble relativement haut et bien entretenu pour une fois. Il a assez d’argent pour vivre dans autre chose qu’un squat tout de même.

“ J’suis au septième étage. Y’avait plus trop de places ailleurs donc j’ai pris ce qui venait. Mais ouais le toit est plat, fin je vois pas trop comment on peut monter dessus.“

Le Russe avance en prenant Xiao par la main machinalement, approchant de l’immeuble petit à petit. L’entrée est ouverte puisque le concierge est en train de nettoyer. Naturellement, celui-ci porte un pistolet 9mm à la ceinture. Comme tout bon concierge qui se respecte bien sûr.

“ J’ai rien du boulot non, c’est pas trop mon truc. J’fais pas venir beaucoup de gens non plus, de toute manière j’y suis pas souvent. Mais pour être douillet, ça, c’est douillet ! J’aime bien me poser tranquillement quand j’y suis donc j’ai aménagé ça à ma manière. Tu verras bien. “

La voir aussi enthousiaste le fait sourire, si bien qu’il lui lâche la main pour la laisser libre de gambader à son rythme. Ils finissent de toute manière par arriver à la porte de l’immeuble. Le jeune homme salue le concierge d’un signe de tête, laissant Xiao passer devant jusqu’à l’ascenseur.

“ Ouais j’le connais c’est le concierge. Et on y est t’inquiète. Si t’as faim on commandera autant de bouffe que tu veux. “

Dit-il, peinant à répondre à toutes ses remarques au même rythme. Il appuie alors sur le bon étage et commence à monter jusqu’à arriver au septième. Ils sortent de l’ascenseur, se dirigent vers la bonne porte et Karl se contente de l’ouvrir en tournant sa clé une fois dans la serrure. Il n’est pas vraiment très précautionneux.

“ Vas-y, entre. “

Dit-il en lui laissant le loisir d’entrer avant lui. L’intérieur ressemble plus à un appartement de princesse qu’à celui d’un boxeur russe. Si les couleurs sont classiques et sombres, le sol est recouvert de moquette et de coussins moelleux disposés un peu partout. Le canapé est également couvert d’oreillers et de coussins, plusieurs couettes reposent ça et la, impossible de mettre un pied devant l’autre sans s’enfoncer dans cette mer de douceur. Oui, Karl aime le confort. Si bien qu’il peut se vautrer à n’importe quel endroit de son salon.

“ Par contre on enlève ses chaussures ! “

Evidemment, pour ne pas salir la moquette et les coussins.

La façon dont Karl semble vouloir prévoir la déception de Xiao la fait tiquer, puis sourire. "Bah j'sais bien !" Si elle, plutôt bien payée et bien placée de son côté, vivre dans un endroit tel que le Dvorets est inimaginable. Alors pour Karl … Tout ça semble logique. Le bon point reste qu'ils y arrivent très vite, et que son instinct finit par payer. "Le septième étage ? Trop bien ! C'est haut !" L'idée de pouvoir se percher sur le bord de la fenêtre pour observer les allées et venues des gens du quartier en attendant que son pull soit propre la séduit déjà. "On peut toujours monter sur un toit. C'est juste plus confortable quand c'est plat, c'est tout." Si ce n'est pas par un escalier de service, c'est par l'escalade. Une discipline dans laquelle Xiao a fait ses preuves, par la force des choses. Enthousiaste, elle ne fait pas attention à la main qui attrape la sienne et se précipite vers le bâtiment.

La chinoise ignore l'homme que Karl salue, et s'avance vers l'ascenseur. Elle regarde autour d'elle, appréciant chaque détail, curieuse. Une information de plus sur son environnement est un indice de plus s'il devait se passer quelque chose d'imprévu. Et puis, elle aime simplement découvrir de nouveaux endroits. Ceux qui diffèrent le plus de sa propre tanière. "A ta manière ? J'savais pas que t'aimais faire de la déco." Commente-t-elle en entrant dans la cabine d'ascenseur heureusement vide et disponible à leur niveau. Xiao ne dit rien, s'installe dans un recoin, et laisse Karl appuyer sur le bon bouton. C'est dommage, elle aime bien appuyer. Mais elle ne sait pas vraiment où elle va, alors autant le laisser guider, rien qu'un peu.

C'est toujours sans un mot qu'elle le suit jusqu'à son appartement, observant le palier avec attention. Elle n'attend même pas sa demande pour retirer ses chaussures, et même son sweater qu'elle plie dans ses bras et serre contre elle. A présent en simple débardeur bordeaux, le petit oiseau révèle du même coup son tout nouveau et premier tatouage ornant son épaule, représentant son appartenance à ceux qu'elle désigne sans hésitation comme sa famille. Sa chevelure plus courte cache à peine le motif aux couleurs plus chatoyantes qu'elle n'aurait cru sous la lumière artificielle de l'appartement de Karl.

Ignorant ses chaussures et chaussettes qu'elle laisse à l'entrée, Xiao entre enfin pour de bon, serrant son vêtement contre elle en attendant de savoir où le poser, et observe les alentours. "C'est mignon ton coin." Commence-t-elle, un petit sourire en coin. Elle n'a rien contre le confort, bien au contraire, mais ne s'attendait pas à voir autant de coussins et d'oreillers dans la demeure d'un boxeur professionnel. "T'as des meubles sous tous ces coussins ?" Lui lançant un petit regard en coin, elle continue même. "T'as peur de te cogner quelque part ou c'est pour éviter de payer un lit en dormant à même le sol ?" Le sol, ou un matelas constitué de tout un tas de coussins. C'est une solution, après tout.

Toujours curieuse, elle n'attend pas vraiment qu'on l'invite ou lui fasse une visite du propriétaire et cherche à travers les encadrements de porte et autres ouvertures où pourrait se trouver la machine à laver pour y fourrer son sweater. "Ca sent pas mauvais chez toi, t'as quelqu'un qui te fait le ménage ? Ah mais elle est où ta machine ? J'ai pas envie de mettre du sang sur tes coussins avec mon truc."

Karl entre alors à sa suite et dépose ses chaussures près de la porte dans l’endroit prévu à cet effet. L’appartement à beau avoir l’air de nager dans le bazar, seuls les coussins sont disposés partout. Chaque chose est à sa place et la disposition des meubles est relativement bien optimisée. Ne reste qu’à se frayer un chemin vers eux entre cet océan d’oreillers mais la tâche n’est pas insurmontable. Surtout pour elle, il s’en doute.

“ Ouais, les meubles sont la regarde. “

Il pointe du doigt une commode et retire d’ailleurs son pull pour se mettre en t-shirt avant de prendre un nouvel antidouleur dans un tiroir. Le jeune homme balaye la pièce du regard, remarquant que la télévision commence à prendre la poussière dû au temps qu’il passe hors de l’appart’. Il va falloir passer un coup de chiffon pour l’écran. Une playstation y est branchée d’ailleurs.

“ Oh, c’est juste que j’aime bien me sentir confortable partout. Une p’tite lubie quoi. “

Xiao passe par les toilettes immaculées, puis un simple placard, la chambre avant de finalement tomber sur la salle de bains tout au fond. La machine à laver s’y trouve, non loin de la douche à l’italienne comme chez Xiao. Ce modèle est à la mode de toute manière. Karl s’approche alors d’elle en levant bien les pieds pour ne pas se casser la figure à cause des obstacles sur son chemin.

“ Elle est la. Fais toi plaisir. Par contre j’ai pas trop d’affaires de rechange à ta taille si t’en as besoin. “

De toute manière elle n’a pas été trop tâchée, ça devait le faire. Karl se rend dans la cuisine ou il tapote sur l’écran au mur pour regarder la liste de la nourriture qu’ils peuvent se faire livrer. Il y a un petit tas de choses.

“ Tu veux qu’on mange ici ou qu’on descende au restau ? D’ailleurs tu veux manger quoi ? “

Demande t-il en repensant à la dernière fois qu’ils sont allés au restaurant ensemble. Hum. Peut-être qu’il vaut mieux qu’ils restent ici. Enfin, ça n’a pas été forcément mieux quand il est allé chez elle juste après. Attendant le verdict, le jeune homme attrape une pomme qu’il jette à Xiao et croque dans la sienne.

“ Ah et non personne fait le ménage. Mais j’me débrouille pour pas que ça sente le renfermé et puis j’ai un truc pour parfumer l’air la. “

Dit-il sans arriver à mettre le doigt sur le nom de l’objet.

L'aisance de Xiao ne semble pas poser de problème à Karl, et la chinoise s'y fait très rapidement. Après avoir pris connaissance des lieux et des quelques détails que Karl ajoute à sa compréhension de la topographie, elle lui adresse un petit ricanement. "Chacun son truc !" Avant de trouver la machine à laver. Depuis l'autre bout de l'appartement, cependant, il continue de lui parler, et de lui poser des questions. Elle ne s'embarrasse pas d'un aller-retour, cependant, ignorant tout concept de discrétion en répondant par de petits cris. "Ici, non ? J'ai la flemme de redescendre et je veux guetter la lessive." Si le premier argument est un peu bancal, Xiao étant capable de se motiver d'un rien, le second est plus déterminant. Xiao tient vraiment à son sweater. Elle veut qu'il sente bon et soit vraiment bien propre. C'est pourquoi lorsqu'elle le fourre dans la machine et commence à programmer cette dernière, elle choisit les cycles les plus délicats - et lents - et s'autorise une double dose de lessive. Juste au cas où. Karl ne lui a pas demandé de faire des économies, de toute façon.

"Si t'as un truc avec du poulet, je veux ça !" Xiao appuie sur le bouton, attend quelques secondes que le programme se lance bien, acquiesce lorsque c'est le cas, puis prend la direction du salon et ses mille coussins. Elle attrape au vol une pomme qui fonce droit vers sa tête et se met à jouer avec, la faisant sauter dans les airs pour s'occuper les mains. "J'ai super faiiim !" Gémit-elle en rejoignant Karl devant son écran. "C'est sympa ton truc, faudrait que j'demande à m'en faire installer un." Elle ignore évidemment tout du réseau qui se trouve derrière. Et puis, son loyer est si abordable, il est bien normal que certaines options ne soient pas comprises. "T'aimes la bouffe indienne ? C'est super épicé, j'adore. Et leur poulet est super bon. On peut prendre ça ?" La chinoise croque dans la pomme avec appétit, avant d'ajouter, la bouche pleine. "Ch'peux pas trop commander cha chez moi à cauje de l'odeur mais ichi cha a l'air bien aéré, t'auras pas bejoin de brûler ton appart pour t'en débaracher !"

Quelques courtes secondes, elle continue de mâchonner sa pomme, puis, de sa main libre, elle tente de placer sa chevelure sur son épaule gauche, libérant la droite et révélant le nouveau tatouage pour le montrer à son ami. Mais ses longueurs amputées d'une bonne partie de ce qui faisait sa crinière auparavant ne tiennent plus comme avant et viennent simplement pendre dans son dos. "Eh." Soupire-t-elle. "Fait chier." La mine déconfite, elle oublie même de se vanter de ce qui orne son épaule et se met à tripoter ses cheveux en regardant Karl s'occuper de commander leur repas du soir. "Tu fais quoi d'habitude quand tu rentres d'un combat ?" Curieuse, la chinoise n'est pas sûre de savoir se projeter dans la vie quotidienne de quelqu'un d'autre qu'elle même. Mais elle est toujours avide d'en savoir plus sur le fonctionnement des autres, comme si la vie à Moskva était dépaysante et radicalement différente de celle des docks. Elle saute pour s'asseoir sur un comptoir de la cuisine et fait battre ses jambes dans le vide, impatiente. "T'as de la musique ?"

Il est vrai que le simple fait d’entendre Xiao parler de “flemme” est impromptu. Bah, sans doute que le combat l’a fatiguée plus qu’il ne le pensait. Cependant, son intention de “guetter la lessive” lui fait hausser un sourcil. Elle ne compte quand même pas rester devant comme si c’était un home cinema ?

“ La machine va prendre soin de ton sweat, t’inquiètes pas va. J’ai l’habitude de nettoyer du sang avec. “

Il ne s’inquiète pas vraiment de la dose de lessive qu’elle met ou quoi que ce soit d’autre, de toute manière il la laisserait sans doute faire tout ce qu’elle veut. A moins qu’elle commence à mettre le feu à son appart, pas de raisons de restreindre ses choix. Encore ce côté canard qui ressurgit.

Le temps passe devant un Karl hébété devant son écran sans vraiment savoir quoi prendre. Des bucket de poulet ? Des trucs thaï ? D'où lui vient cette passion pour le poulet d’ailleurs ? Le Russe a toujours préféré le boeuf. Le boeuf et le veau, d’accord. Heureusement, son indécision ne reste pas bien longtemps puisque Xiao vient formuler une demande un peu plus précise. Karl n’est pas du genre très exigeant sur la bouffe et tout lui va tant qu’elle est contente.

“ C’est un peu chiant et cher à installer chez soi ça. Vaut mieux prendre un appart’ déjà équipé. Enfin, au pire t’as qu’à venir chez moi quand t’en as envie. Je peux même te filer le double de mes clés. “

Propose t-il en commandant la bouffe indienne. Il commence à avoir faim, inutile de retarder l’échéance. D’ailleurs, il commande à manger pour quatre. Deux chacun, autant se faire plaisir.

“ On va bien voir comment c’est. J’ai pas l’habitude d’en manger, au pire je mettrais le purificateur d’air si ça pue trop. “

Oui, il a préféré miser sur un petit appartement bien équipé plutôt que d’une vaste maison dont il ne saurait pas quoi faire. De toute manière, ce serait inutile pour quelqu’un qui n’est pas souvent chez lui. Surtout qu’en y repensant, le ménage serait encore plus chiant à faire et Karl a horreur de ça. Tellement horreur qu’il n’est pas certain de pouvoir passer le balais, heureusement qu’il y a un robot aspirateur.

En la voyant grogner devant ses longueurs raccourcies, Karl tente de la rassurer en lui faisant une proposition. D'ailleurs, il ne manque pas son tatouage. Lui aussi en a un nouveau... mais il n'ose plus vraiment lui montrer.

“ T’en fais pas, je peux te payer le coiffeur pour qu’il t’arrange tout ça au mieux. Et puis ça va repousser, c’est pas grave. Ton tatouage, tu l'as choisi comment ? “

A sa question, Karl se contente de s’écrouler au sol sur le dos, bras écartés en position de l’ange. Les coussins l’accueillent comme une mer de guimauve moelleuse et tendre, comme les bras d’une mère qu’il ne pourra plus jamais avoir. Le boxeur reste un instant silencieux avant d’élever la voix.

“ Je fais ça. Ça détend. “

Dit-il en fixant le plafond. Tiens, il va falloir refaire la peinture. Enfin, ce n’est peut-être pas au locataire de faire ça.

“ Ouais, c’est la télécommande la. “

Dit-il en pointant du doigt l’objet accroché au mur non loin d’elle. Karl ne s’en sert jamais, préférant la tranquillité. Il suffit de rentrer le nom de l’artiste ou du morceau souhaité pour que la chaine hifi le diffuse dans l’appartement. Chaine hifi qui ne lui appartient pas et dont les enceintes sont fixées directement au mur d’ailleurs. C’est directement compris avec l’appartement, ah les merveilles de la technologie…