160 Yakuza - Clan Minobe. Oyabun du clan Minobe. Not today, Satan~
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Allégeance :
Yakuza - Clan Minobe.
Metier :
Oyabun du clan Minobe.
Mort du personnage :
Not today, Satan~
[SOLO] Aniki, mon frère.
Lun 27 Juil - 16:13
Aniki, mon frère.
[Solo] Akemi & qui voudra.
Akemi était demeuré silencieux de longues minutes durant, instants suspendus qui ressemblaient à des heures mais passaient comme des secondes. Son esprit heurté s'était échappé et il lui sembla comme flotter au dessus de son corps en simple spectateur de la scène plutôt qu'en acteur de cette dernière. Assis en seiza - heureusement, autrement il serait volontiers tombé en arrière - le jeune homme écoutait un de ses hommes lui rapporter ce qui venait de se passer au 99 Nights : un incendie, visiblement volontaire, avait emporté non seulement la moitié de l'établissement mais plusieurs vie, dont celle de son précieux et estimé aniki, Lex Minobe. Blanc comme un linge, une nausée acide se nicha dans sa gorge comme une boule d'épines, et le sang lui monta si vite à la tête qu'il craignit de défaillir. Lex, son ami, son frère... l'homme qui le premier lui avait tendu la main, s'était penché sur lui. L'homme qu'il aimait plus que tout, pour qui il pourrait tuer, pour qui il pourrait mourir. Il se claquemura dans un long silence, ne sachant comment réagir avant de se reprendre et de faire le nécessaire pour le clan, se levant lentement - il avait la tête qui tournait follement - et de s'entretenir avec Le Waka-gashira et demander audience à l'oyabun. La nouvelle se répandit rapidement. C'était un incendie volontaire, qui visait visiblement Lex : ce soir-là - où Akemi était parti manger quelques sushi en compagnie de Kakei-san, heureusement pour lui - il n'y avait pas eu de clients au 99 Nights et il était notoire que son aniki y fut. Qui avait donc osé prendre la vie de son frère ? Il le retrouverait, qu'il fut ici, à Neo-Atlantis, ou en Enfer. Pourtant, le Yakuza n'oubliait pas non plus que la vengeance est semblable au feu : lorsqu'elle se prolonge elle met en péril ceux qui l'on provoquée. Mais le sac de la colère n'a pas de fond.
Il serra les poings à s'en blanchir les phalanges, les dents à s'en faire saigner les gencives tandis que les regards des Kyodai et des Shatei étaient rivés sur lui ; il n'avait pas le droit de pleurer, as le droit de montrer la moindre émotion. Pas le droit de hurler, pas le droit de se perdre. Pas le droit d'être faible, même si tout au fond de lui un pan de son univers entier se ratatinait sur lui-même. Il souffrait, souffrait jusqu'à l'inaudible, l'intolérable. Avec Lex, la route de la vie lui avait semblé moins rude, moins effrayante. A présent qu'il était parti sur les vastes rivages de l'autre monde, Akemi comprenait qu'il n'aurait plus personne pour le guider. Seras-tu un jour en paix, mon ami ? Debout devant la porte de la chambre de l'oyabun, le jeune homme se forçait à ne penser à rien. Le chagrin digne était le seul qu’acceptaient ces hommes durs, ces hommes froids. Mais il est Akemi de la famille Mishima, et il ne pleurera pas. D'autres le ferait pour lui. Le vieil homme en face de lui n'en a plus pour très longtemps, et le souffle rauque qui déserte petit à petit son torse en est la preuve. Pour Haiko Minobe, chaque mot est à l'évidence une douleur qui l'arrache à la vie, morceau par morceau. Il s’éteindra dans la nuit, constate pragmatiquement Akemi en pensée. Un mère ne devrait jamais mourir après un fils. Ils se fixent un long moment et seul le silence parle dans la pièce bondée sur ordre du vieux patriarche, tous attendant quelques morts. Et personne ne s'attend vraiment à ceux qui allait venir.
"Mishima-san me succédera comme oyabun", parvint-il difficilement à articuler.
Ce fut tout, et Akemi heurté par la nouvelle s'en sentit encore plus déboussolé ; lui qui cachait sa douleur devait accepter cette charge en plus ; glorieuse charge, estimée charge, mais charge tout de même. Les regards se tournèrent vers celui que nombre de membres du clan avaient vu et voyaient comme une putain, un homme sans dignité. Le destin était une ironique vieille femme. Il aurait voulu baisser la tête et ne plus rien ressentir, mordant l'intérieur de ses joues pour ne rien laisser paraître, n'offrir qu'un masque au lieu d'un visage. Mais l'oyabun avait dit, et il serait indignité, impolitesse impardonnable à son égard que de baisser le regard face au clan. Le travesti releva alors crânement la tête, même si c'était dur. Haiko Minobe venait de le choisir pour lui succéder, lui, l'enfant-poupée, la petite monnaie d'échange de jadis. La folle, le précieux. Dans l'abyme de la souffrance, une mesquinerie : son grand-père devrait à présent le respecter. ce constat n'apaisa nullement sa tristesse infinie, mais il se releva dignement pour se rendre directement au chevet du vieil homme mourant, se penchant sur lui dans la plus distinguée des révérences. Il eut envie de lui dire qu'il vengerait Lex, qu'il retrouverait cet incendiaire. Mais rien ne vint, car à cette heure entre les rives de la vie et de la mort, les regards sont plus éloquents que les mots. Une heure plus tard, Haiko Minobe rendait son dernier soupir et partait vers des auspices plus douces.
Akemi du mettre ses émotions en veille, s'enfermant en lui-même pour le bien du clan avant de pouvoir se recueillir la porte de cet homme qu'il avait aimé - et aimait toujours - plus que l’amour-même sans le lui avoir jamais dit. Lex était parti en fumée sans connaitre cette vérité évidente, sans que ne se brise les tatous entre eux et c'était une blessure de plus pour Akemi qui organisa ses funérailles avec un calme olympien. Proposant un fond pour rénover le 99 Nights, il déplaça le QG du clan plus loin, au Club 23. Tout devait être fait en même temps, de même que son intronisation officiel en tant que successeur d'Haiko Minobe. C'était fou, triste, intolérable et tout cela lui ôta un morceau de lui-même qui ne lui reviendrait jamais. On enterra les deux hommes le jour même, le plus sobrement possible malgré la présence de quelques gaijins ; Akemi reconnu sans mal Alaric dans l'assistance mais n'eut pas la force de venir lui parler. C'était trop dur pour tout le monde. Vêtu d'un très simple kinomo de deuil masculin, le Yakuza avait prit avec lui Christine, le katana qui avait toujours été fidèle à son ami. Son amie et sa compagne, Christine. Celle qu'il déboîtait et emboîtait quand il était stressé, qu'il entretenait avec attention chaque matin. Akemi ne se sentait pas digne de la serrer dans son poing mais attendait le bon moment, laissant la cérémonie se terminer, les gens offrir leurs hommages. Il salua le défunt oyabun avec le plus de respect et de déférence possible, silencieux et très pâles malgré le masque immobile de son visage. Puis, cela fait, le jeune homme demanda à descendre dans le trou où était descendu le cercueil de Lex.
"Il était mon ami, mon frère" - mon amour, mon univers - pensa-t-il, commença Akemi face à l’assistance qui attendait ses mots, "Minobe-san était un guerrier, et comme tout guerrier il a perdu la vie dans la violence", il brandit alors Christine, la montrant au clan, "un guerrier ne doit pas voguer vers les rives de l'autre monde sans son arme."
Le jeune homme déposa alors le katana sur le cercueil avant de remonter précautionneusement, regardant la tombe d'un air tendre qui cachait comme il le pouvait le voile d'une fragilité réelle, teintée d'une tristesse indicible. Mais pas le droit de s'effondrer, pas le droit de montrer ses émotions même si elles enflaient à la surface et que personne ne pouvait les ignorer.
"Aniki, mon frère. Là où tu vas il n'y a plus de combat à mener, et je te souhaite cette paix que tu n'as jamais connu ici -bas. Je ne t'oublierais jamais", il joint les mains respectueusement et se pencha vers le cercueil, "Sayonara, aniki. Puissions-nous nous retrouver un jour sur les berges du Royaume des Racines. Nous te laissons à présent aux shikigami, fais bon voyage."
Akemi n'ajouta rien, très pâle, le visage maigre, si dangereusement proche de la crise de nerfs sous son visage faussement calme. Je t'aime, mon frère, disait ce regard silencieux jeté à cette dernière demeure tandis qu'il s’effaça respectueusement pour laisser place aux autres, anonyme dans la foule malgré ce statut qu'on lui avait donné et dont il devrait apprendre à se sentir digne. Solitaire parmi tous ces hommes, le cœur brisé, l'âme soustraite de son essentiel, les jambes en coton et la gorge sèche comme l'enfer. Il resta là, homme parmi les hommes, figure solitaire et taciturne qui ne souffrait d'aucune médiocrité. Je t'aime, mon frère, pensait-il tout bas. La vengeance n’était rien face au chagrin, la colère n'était rien face à l'absence. Akemi s'interdit de pleurer, d'exprimer quoi que ce soit. Il s'interdit de montrer la moindre faiblesse. Il demeura dans la foule comme une statue, mutique et immobile, comme s'il ne ressentait plus rien du tout ; puis, après un long moment où les uns et les autres commençait à s'éparpiller, le jeune homme tourna les talons. Son cœur demeurerait un long moment dans le passé tandis que ses yeux devraient se braquer sur le futur. De ce passé immuable naissait un futur incertain, et il espérait se montrer assez fort pour le clan. A présent il faudrait avancer. Demeurer sur le carreau un moment et lécher ses blessures, puis chercher ce qu'il lui manquait. Chercher le bonheur. Il en avait déjà la moitié, tandis qu'il quitta les lieux en entrant dans la voiture que conduisait Ryuuji qu'il avait nouvellement ordonné Kyodai, saluant Alaric au passage ; ils se retrouveraient.
Car tout bonheur se compose de deux sensations tristes : le souvenir de la privation dans le passé, et la crainte de perdre dans l'avenir.
Adieu, mon ami, mon frère. Adieu, mon amour.
Il ne le dit pas, car il faisait parti de ces hommes durs, ces hommes froids, qui ne peuvent dire ce genre de choses.
Adieu, mon ami, mon frère. Adieu mon amour.
Il ne le dit pas, car il faisait parti de ces hommes qui le prouvaient par des actes.
Il y avait tout à reconstruire, le passé comme le futur. Et un présent suspendu au fil d'un souffrance qui n'avait pas le droit de crier. Car il était Akemi de la famille Mishima, et il ne pleurera pas. Car il était à présent l'oyabun du clan Minobe.
Lyxiae
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