[T2 : Speed-Dating] It's okay to be gay.

Akemi quitta le buffet un peu à regret pour rejoindre la tablée qui lui avait été assignée pour ce second round du speed dating, se frottant un peu les mains avant de s'assoir confortablement, un sourire aux lèvres. Il appréciait le caractère aléatoire de la soirée et avait passé un merveilleux moment avec Bois quand bien même cela n'avait pas débouché sur ce qu'il attendait : un homme, séduisant ou pas, mais qui aurait du chien. Il fut un peu surpris de voir une femme arriver à la table - il ne s'était pas trompé dans le formulaire, car il avait excellente mémoire et avait bien coché la case "hommes" - mais la situation l'amusa et il se releva lentement de son siège pour saluer la jeune femme en se penchant vers elle.

"Bonsoir à vous, je vous en prie prenez place", lui proposa-t-il avec courtoisie et l'aise, comme s'il était ici chez lui.

Akemi était un individu flamboyant qu'il était difficile de louper. Avec ses vêtement traditionnels un peu ostentatoires - un hakama de coton gris satiné et un kosode en soie damassée vert et or, les cheveux détachés bordant ses épaules, il portait des vêtements masculins cependant ajusté à sa taille particulière, pour mettre l'emphase sur son élégance tout comme sur sa finesse ; tout était pensé. Sa voix claire, haut perché, avait des accents plutôt neutres et il portait ses longs cheveux détachés ; en général il faisait ça pour se donner un air plus masculin mais ce n'était pas vraiment efficace et il était facile de le mégenrer malgré ses vêtements traditionnellement masculins. Même son prénom était mixte et ses gestes étaient très délicats.

"Je m’appelle Akemi, enchanté de vous rencontrer. Comment vous appelez-vous ?"

C'était un bon début, posé et neutre. Les femmes n'avaient pas sa faveur mais il lui arrivait de se piquer d'intérêt pour certains d'entres elles quand certaines conditions étaient réunis. Il étudia son interlocutrice en silence, sans la dévisager. Elle avait l'air plutôt grande, le regard vif, de jolis yeux, un physique volontaire. A côté de quoi, sa première impression d'elle fut plutôt sobre, et il lui sourit gentiment en attendant d'en découvrir plus.

"Pour commençer, qu'est-ce que vous recherchez chez une personne ? Que je cerne un peu vos demandes.", demanda le yakuza pour lancer la conversation.

Syndel était ici. Amber l’avait remarqué directement. Ce sweat vert, cette allure si particulière. En retournant à sa place, Amber se mordit la langue, violemment. Des envies de meurtre pulsant dans tout son être. Qui osait essayer de lui voler son amie ? La seule personne qui n’ait jamais comprit ce qu’elle était réellement.

La seule ? Non, il y avait Ellone. Ellone… mais c’était différent. Ellone était particulière. Amber l’avait toujours su. Syndel, Syndel c’était viscéral. Elle crevait de jalousie en la voyant ainsi, à la portée de n’importe qu’elle pétasse venue. Elle crevait à s’en rendre malade. Serrant sa poignée de porte entre ses doigts, elle se jura d’écraser le crâne de la première qui l’approcherait. Un carnage. Depuis quand était-elle si violente ? Syndel lui appartenait, il en avait toujours été ainsi. Malgré leur amitié, Amber refusait que cela change quoi que ce soit à leurs rapports.

Pourquoi cette dernière ne lui avait-elle rien dit ?
Amber serra sa poignée de porte encore plus fort.

Elle arriva à sa table, ou une ravissante femme l’attendait. Pas mal, malgré sa tenue un peu trop… traditionnelle. Coup d’oeil rapide, pour voir que le date de sa meilleure amie était un homme. Tant mieux, elle pouvait maintenant se concentrer sur le sien. Syndel ne serait pas intéressée par un représentant de la gente masculine, cela lui laissait de la latitude pour se concentrer sur sa ravissante japonaise.

Je suis Amber, enchantée !

Le second verre était offert ? Elle avait entendu l’organisateur le dire alors qu’elle revenait des toilettes féminines. Petit sourire en coin, elle haussa les épaules.

Pour être franche, je suis quelqu’un d’un peu toxique. Je ne cherche pas vraiment de relation, j’ai tendance à tout faire foirer. Cette soirée, c’était plus une façon de pouvoir me prouver que j’en étais capable. Je suis désolée pour vous… non pas que je ne vous trouve pas belle hein ! Au contraire, vous êtes magnifique… mais disons que vous le regretteriez ahah.

Elle se gratta les cheveux, mal à l’aise. Voila, elle continuait à débiter un torrent de conneries. Pourquoi elle ne tombait que sur des belles femmes aussi ?

La jeune femme qui lui parvint parut comme dissipée, jetant des coups d’œil à une table non loin. Était-ce quelqu'un qu'elle connaissait ? Ce n'était pas son problème et il l’accueillit chaleureusement à la table, décontracté et aussi simple d'approche qu'il avait décidé d'être. Il la détailla d'un coup d’œil rapide tandis qu'elle avait l'air occupée ailleurs. pas vilaine, de jolis yeux, une allure sûre. Pas vraiment son genre, lui qui préférait les grands baraqués de base ; mais l'occasion faisant le larron, le yakuza décida de se laisser le temps de découvrir qui il avait en face. Il n'allait pas être déçu !

"Amber ? C'est joli", dit-il sur un ton charmant avant d'ajouter avec malice, "comme vous."

Simple mise en jambe comme le simple geste de coquetterie qu'il eut en tournant un peu la tête pour remettre une mèche de cheveux derrière une de ses oreilles d'un geste délicat, affecté. Il lui rendit son sourire, mais la sentit un peu tendue. La franchise de la jeune femme le surprit mais il n'exprima absolument rien, gardant son sourire et sa belle assurance. Il était rare que le premier adjectif que les gens utilisent pour se qualifier soit le terme toxique. Au moins n'y allait-elle pas par quatre chemin et cela l'amusa comme un petit fou.

"Je ne cherche pas de relation non plus", admit le jeune homme sans fard en jouant ensuite la carte de la même sincérité, presque désinvolte, "je suis là pour m'amuser."

Le yakuza se mentait admirablement à lui-même compte tenu de la poussée positive que la rencontre avec Boris lui avait offerte : il ne pourrait demeurer éternellement accroché à son meilleur ami dans cette relation stérile et un peu toxique ; toxique, était-il. Il venait de le réaliser. C’était fou comme chaque tour lui apprenait bêtement quelque chose sur lui-même. Fou et instructif.

"Ne soyez pas désolée, ce n'est pas grave. Vous prouver que vous étiez capable de quoi ?", il se frotta le menton, essayant de comprendre où elle voulait en venir, "personnellement, j'ai un homme en tête et je viens l'oublier ici."

Il se recentra sur son interlocutrice, se rendant compte qu'elle le prenait pour une femme. Comme c'était charmant !Il avait toujours pris cela pour un compliment et ce qui vint flatta son bel ego de la manière la plus directe qui soit. Akemi sortit son éventail et l'ouvrant, il sourit sous cape avant de rosir ses traits pour se donner une mine ravie.

"Vous me trouvez jolie ?", demanda-t-il en battant des cils, posant une main sur sa joue pour se donner l'air plus féminin encore, "Je suis flatté. Vous aimez les jolies femmes ? Je ne parle pas de relation, juste de goûts."

La voyant se mettre mal à l'aise un peu toute seule, le yakuza se donna la peine de la rassurer.

"Prenez ça comme un jeu, ne vous embarrassez pas. Et si c'est trop pénible pour vous, je ne vous en voudrais pas de passer au tour suivant. Même si vous aurez à mon avis du mal à trouver plus séduisante que moi", il sourit avant d'ajouter, "c'est de l'humour, rassurez-vous. Dites-moi donc, êtes vous homosexuelle, bisexuelle, autre chose ? Que je comprenne mieux."

Le Yakuza continua à affiner ses gestes et cultiver le pivoine sur son visage pour voir les réactions de la jeune femme. C'étai divertissant, pour le temps que ça durerait, et sa franchise l'avait surpris ; c'était intriguant, ce genre de personnage et il voulait en savoir plus sur Miss Toxique 2040.