[T1 : Speed-Dating] Première rencontre.

[T1 : SPEED-DATING] PREMIÈRE RENCONTRE
♫ K.K. Cruisin ♪


Sa mélancolie devait avoir quelque chose de contagieux : les cils de Minoru parvenaient avec difficulté à couvrir la peine de son regard. Immédiatement Ryuuko en culpabilisa. Elle se sentait en faute : elle aurait dû faire passer un bon moment à son interlocutrice et voyant l’heure tourner, la yakuza craignait de partir sur une mauvaise note. Alors elle ouvrit ses lèvres, son regard plein de détermination, mais elle s’avisa : son binôme s’était déplacé pour s’accroupir et remettre sa cravate autour de son cou. La bouche entrouverte, Ryuuko balbutia quelques mots inintelligibles en fixant Minoru. Elle rougit de plus belle puis se pinça la lippe pour arrêter de baragouiner.

La shatei imita son duo et but une gorgée de son verre en écoutant son téléphone parler pour elle. Elle prit des airs d’enfant grondé ; elle savait bien tout cela. La confiance lui manquait cruellement : n’était-ce pour cette raison qu’elle se faisait passer pour un homme ?

« Vous avez raison, Minoru-san… » Elle redressa la tête pour faire face à son interlocutrice. Avec un doux sourire empli de gratitude. « Vous avez de la chance d’être soutenue. » Puis elle s’agita en balayant ses mains dans le vide : « Enfin, non, tout cela est dû à votre dur labeur ! » Elle se gratta l’arrière du crâne. « Ce que je veux dire, c’est que… Je devrais me reposer plus sur les autres. De temps en temps. »

Ryuuko était ce genre de femme à aimer tirer des leçons à chaque moment de sa vie : elle avait la sensation de grandir. C’était un sentiment gratifiant qu’elle ressentait de plus en plus régulièrement en travaillant pour le shateigashira de son clan. Mais n’importe quel inconnu pouvait vous apprendre quelque chose. Aussi la yakuza souriait niaisement en regardant la jolie Minoru, se perdant un peu dans ses pensées en la voyant écrire sur son calepin.

Alors que son teint avait enfin reviré à sa teinte habituelle, ses joues s’empourprèrent une fois de plus en constatant que Minoru lui avait confié ses coordonnées. Par réflexe et dans la panique, Ryuuko répondit en japonais :

« M-merci beaucoup, je m’en remets à vous ! »

Elle eut quelques mouvements erratiques, vérifiant sa coiffure, sa cravate, ou étaient ses lunettes, sans réfléchir à ses gestes. Puis elle s’inclina très poliment une fois, deux fois, et enfin se calma un peu pour dire :

« Je vous appellerai bientôt, alors, si vous voulez bien de moi. » Elle lança des regards autour d’elle avant d’ajouter en rigolant : « Pour se retrouver dans un endroit un peu moins dangereux et plus familier, peut-être. »

Dans un coin de sa tête, Ryuuko se félicitait d’avoir récupéré un numéro ; en espérant que ce ne soit pas un faux.

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Elle l'avait invité... chez elle. C'était un peu idiot mais le cœur de Ryuuko s'était affolé, transporté par une vague d'espoir dans une tempête de sentiments emmêlés. La yakuza était paniquée mais elle tenait bon, gardant le sourire et soutenant son regard malgré des joues rosies par l'espérance d'une future aventure. L'émoi se calma néanmoins bien rapidement. L'instant d'après Minoru s'était corrigée, laissant la malheureuse shatei avec ses espoirs glissant entre ses doigts. Elle restait cependant digne, peu assurée par timidité néanmoins ravie :

« Je serais enchantée de découvrir votre univers et vos talents. »

Ensuite elle s'inclina par politesse ; elle avait été invitée après tout. Relevant les yeux Ryuuko remarqua que Minoru regardait l'heure ; elle espérait ne pas être d'un ennui mortel pour elle. La kitsune lui tendit la main et Ryuuko la refusa poliment, par pudeur, avec un sourire aimable. Ses traits étaient nonchalants : elle ne savait au final pas quelles étaient ses chances avec la beauté qu'elle venait de rencontrer. Pour autant cette dernière lui avait dit qu'elle devait avoir confiance en elle. Elle n'était pas certaine d'avoir ce qu'il fallait cependant Ryuuko ne manquait pas d'ego. Elle bomba le torse, gonflant ses poumons de sa fierté de yakuza, et étira le sourire sur ses lèvres.

« Merci de votre considération. »

La yakuza se leva, attrapa ses lunettes de soleil puis s'inclina une nouvelle fois.

« Merci beaucoup pour votre temps. » Elle se redressa et mit ses verres rouges sur le bout de son nez. « Nous nous retrouverons peut-être au détour d'un amuse-gueule durant la soirée. »

Puis elle finit son verre cul-sec, fit volte-face, s'inclina une dernière fois face à Minoru et fila rejoindre Usui qu'elle avait aperçu au buffet.