Love place ✘ Xiao

Le crépuscule tombait déjà. La visite ne pouvait avoir lieu à un meilleur moment, aussi, Karl s’était réservé spécialement pour Xiao. Le D’vorets s’illuminait déjà dans toute la zone, laissant poindre au plus loin les lumières du bâtiment jusqu’au fin fond de la ville. La nuit était sans nul doute la meilleure période d’activité du D’vorets. La nuit, les gens sortent du travail, quittent leur famille au cours de leur sommeil ou se sentent tout simplement plus libres de libérer leurs plus bas instincts. Des instincts que parfois seule cette antre de la luxure est capable d’assouvir. Avec ses étages interminables, ses innombrables chambres et ses multitudes de services allant des prostituées aux machines en passant par les sextoy improbables, ce palais du business sale sait comment garder ses clients.

Bien sûr, son luxe et la qualité du mobilier ne saurait passer inaperçu. Mais si les clients venant pour leur première fois le remarquent, ils ne reviennent pas pour cela. Le sexe est la seule motivation pour la plupart des clients réguliers, la principale raison du succès de l’endroit à vrai dire. Et l’Organizatsiya en a bien conscience, allant même jusqu’à tourner des films pornographiques en son sein pour attirer encore plus l’oeil des clients, espérant tomber sur leur actrice favorite au détour d’un couloir. Pourtant si tout ceci semble bien tentant, Karl n’est pas la pour ça ce soir. Ou du moins, pas directement.

“ On y est. T’en penses quoi ? “

Accompagné par son amie de toujours, qu’il a rejointe chez elle quelques heures plus tôt, le jeune homme s’arrête devant le grand hall d’entrée. La plupart des gens y entrent, très peu en sortent. C’est un peu tôt pour ça. Dès le premier coup d’oeil, il est facile de deviner à quel point l’endroit est addictif. Comme une sorte de casino sans jeux d’argents et avec des fenêtres. Les plaisirs charnels sont tellement plus addictifs que le poker. Prenant Xiao par la main, le jeune homme l’entraîne alors à l’intérieur de ce bâtiment prestigieux qui laisse difficilement penser à toutes les choses qui se déroulent dans les chambres au dessus d’eux. Un endroit aussi luxueux renvoie forcément une image de propreté.

“ Ça valait bien le coup de passer sous la table, hein ? Regarde un peu tout ça ! “

Karl se permet une petite blague. La soirée s’annonçait amusante, et la fierté qu’il ressentait en faisant partie du gang tenant l’endroit le déshinibait peu à peu. Karl était ici comme chez lui, toutes proportions gardées, et était apprécié d’à peu près tout le monde. Surtout des filles, à qui il rendait constamment service sans rien demander en retour. Si bien que cela dépassait parfois le simple devoir lié à son rôle d’homme de mains, pour entrer dans la simple gentillesse. Même ses patrons n’avaient rien à redire de ses services, il fallait bien reconnaître que le jeune homme était un bon élément. Efficace, serviable, et son activité de sportif pro rapportait pas mal d’argent ainsi que de la visibilité au gang. Savoir que le colosse était affilié au D’vorets leur rapportait pas mal de client supplémentaires. Chose sur laquelle personne ne crachait.

Mais ce soir, ils n’étaient pas la pour lui. Karl était la pour Xiao. Les quelques jours s’étant écoulés depuis la fameuse nuit où il avait dormi chez elle s’étaient tous déroulés dans l’impatience. L’impatience de lui montrer, de lui faire plaisir, de dévoiler ce palace sous ses yeux ébahis. Karl était venu la chercher directement chez elle, habillé de manière relativement sobre mais classe, et même bien coiffé pour l’occasion ce qui était assez rare. Ce rendez-vous était pourtant plus graveleux que galant, mais le jeune homme avait voulu marquer un peu le coup. Ce jour n’était pas n’importe lequel, et il n’aurait pas tout le temps l’occasion d’inviter Xiao au D’vorets. S’ils étaient tous les deux relativement occupés, il ne pouvait pas non plus dépenser tout son argent à chaque fois. Car c’est bien ce qu’il avait prévu, au vu de tout ce que l’endroit offrait il lui avait bien fallu mettre de côté pour satisfaire les envies de son crush. Car si elle était arrivée à remplir deux sacs dans une simple boutique du Red Light, ici, elle aurait de quoi remplir trois valises.

“ Alors, tu veux commencer par quoi ? “

Dit-il en tournant autour de lui. Si le rez de chaussée était surtout destiné à l’accueil et l’orientation, Karl savait déjà ou se trouvait chaque chose, en plus d’avoir le droit de passer devant tout le monde étant donné son appartenance au gang. Et dieu savait qu’il y avait des choses à voir ici, il suffisait de voir les nombreux escaliers et ascenseurs montant vers les étages.

“ On peut visiter les studios pornos, les boutiques de sextoy, les salles avec des machines de cul un peu chelou, les boutiques de films et de revues, les chambres… même si c’est peut-être mieux en dernier. Oh, j’ai sûrement oublié des trucs mais y’en a tellement, on a qu’à commencer par ou tu veux et on enchaînera ! “

Expliqua t-il en indiquant les directions correspondant à chaque chose décrite pour qu’elle puisse décider rapidement. Nul doute qu’elle voudrait à peu près tout voir de toute manière. Ce soir, c’était sa soirée.

La toute première visite au Dvorets. De quoi se réjouir franchement, et ce, depuis plusieurs jours à l'avance.

Xiao a fait des essais, elle a réfléchi puissamment à tous les détails. De sa coupe de cheveux au choix exact de sous-vêtements. D'aucuns pourraient se dire que c'est la perspective de revoir Karl qui l'a poussée à prendre soin d'elle à ce point mais il n'en est rien. Tout ça, c'est pour le Dvorets. La capitale du cul à Decay. L'incarnation de tout ce que les pornos vendent en image : le glamour à tendance cheap, le luxe tape à l'oeil et un faux criant de vérité. Du sordide emballé dans un magnifique écrin en or.

La chinoise s'est apprêtée. Elle a testé tant de choses. Réduit son choix de sous-vêtements à sept alternatives, de maquillages à quatre, de chaussures à deux. Si Karl lui a bien dit qu'il n'est pas nécessaire de se déguiser, ça n'est là qu'un mélange de précautions inhérentes à son travail et son identité et de volonté de ne pas paraître à côté de la plaque. C'est la simplicité impudique mais légèrement relevée qui l'a remporté. Les deux heures trois quart de préparation aboutissent donc sur une robe noire, courte mais simple, surplombant des collants opaques et des chaussures tout aussi sobres. C'est ce qui se cache en dessous, en revanche, qui semble bien moins sage, mais chaque chose à sa place et en son temps. Les lèvres maquillées de rouge bordeaux pour un visage somme toute assez légèrement orné, Xiao a terminé le tout en parfumant son aura de jasmin, comme toujours.

Depuis l'arrivée de Karl, le petit oiseau de la Triade est extatique. Il lui est difficile d'envisager le chemin jusqu'au Dvorets autrement qu'en passant par les toits, mais elle le sait bien, ça n'est pas le mode de déplacement de Karl, encore moins le sien dans cette tenue. Ce qui ne l'empêche pas de sautiller sur place à l'approche de la destination de ses rêves. Un endroit qu'elle n'aurait jamais osé visiter seule, quand bien même elle ne se serait pas refusé certains services qu'offrent les russes dans ces locaux.

"C'est IN-CRO-YABLE !" Souffle-t-elle plus fort qu'il ne l'aurait fallu lorsqu'elle arrive, avec Karl, dans le hall de son lieu de travail. Et dire qu'il vient là tous les jours. Il ne réalise même pas la chance qu'il a. "Mais ! Mais !!" Son regard se pose sur tout ce qui passe dans son champ de vision. C'est si riche, si dense, qu'elle a l'impression de ne pas avoir assez de temps pour tout voir, tout analyser. Elle veut profiter de tout, mais tout est si dingue, il y en a trop ! Mais jamais trop pour elle. "Franchement, c'est toi qui t'es fait arnaquer !" Lance-t-elle sans détourner le regard avant de s'arrêter. Elle se retourne vers Karl, lui tape sur le torse et le pointe du doigt. "Tu changes pas d'avis, par contre. Ce qui est payé est payé." Elle tente de garder son sérieux et un semblant de contenance pour ne pas se faire prendre à parti, mais c'est vraiment trop difficile pour elle.

Xiao l'écoute attentivement lorsqu'il décrit brièvement les yeux, l'air très concentré. " Des ma… des machines ? Les studios ? Y'a des machines dans les studios ? J'veux voir le studio !" Après tout, c'est pour ça qu'elle a choisi de venir. Sautillant sur place - moins haut que d'habitude, talons oblige - la chinoise applaudit de joie. "On passera à la boutique après ? J'veux des goodies, et un sac de l'hôtel ! J'vais l'afficher dans ma chambre !" Les sacs du Dvorets n'ont rien de particulier, c'est à peine si le nom de l'hôtel est dessus. Ils ont autre chose à faire que de produire du merchandising pour l'établissement. Mais c'est le symbole qui la touche. Impatiente, Xiao attrape le poignet de Karl de ses deux mains et le secoue. "J'veux voir le studio, le studio, le studio ! Dis moi qu'il y a un tournage là, maintenant ! Faut trop que je voie ça !" Elle n'a pas vraiment besoin de supplier. Parce qu'elle suit déjà la direction des studios, entraînant Karl avec elle pour s'ouvrir des portes au passage. Elle croise du monde, des visages connus pour certains, tous très occupés. C'est lorsqu'elle arrive enfin devant la porte de ce qui semble être un studio occupé qu'elle finit par s'arrêter et se retourner. "Montre moi !"

Et avec du recul, si Karl n’avait pas spécialement relevé son accoutrement dû à l’excitation de l’inviter sur son lieu de travail, le jeune homme la remarque. Il n’est clairement pas habitué à voir Xiao maquillée, lui qui n’aime pas trop ça, mais il lui faut bien reconnaître que son rouge à lèvres lui donne un air chic. Sans parler de sa robe courte, le jeune homme en est fan. Mais il est loin d’être dupe, elle s’est surtout fait belle pour l’occasion que pour lui.

“ T’es super bien habillée en fait ! “

Dit-il en saluant de la main certains collègues qui passaient par la. Tous ont des dégaines de mafieux russes, souvent chauves, parfois balafrés, adeptes des chemises rouges aussi. Cela dit, la plupart lui sourient franchement ce qui brise ce masque de russe bourru et grognon. Après tout, Karl est un peu le petit frère à la croissance fulgurante. Reportant son attention sur Xiao, qui semble véritablement ravie comme il s’y attendait, le jeune homme est tout aussi content qu’elle. C’est un grand jour. Ou une grande soirée.

“ Tu parles, moi j’viens ici tous les jours ! “

Il lui adresse un sourire mutin, comme pour la rendre jalouse. Si Karl n’a pas le même intérêt dévorant pour le sexe, du moins pas avant d’avoir été suffisamment stimulé, il peut au moins jouir du confort et du luxe de l’établissement à son bon vouloir. Sans trop en abuser bien sûr, faire partie du gang ne lui donne pas le droit de monopoliser une chambre à son bon vouloir par exemple. L’organizatsiya ne se permettrait pas de perdre de l’argent pour faire plaisir à ses hommes.

“ T’es ouf toi, je changerai pas d’avis ! J’ai qu’une parole, обещанный ! “

Et le voilà qui place un mot russe sans faire attention, signe qu’il est véritablement happé par la situation. Rapidement, le jeune homme vérifie si les escaliers pour le studio ne sont pas trop bondés. Ouf, ce n’est pas le cas. Sûrement qu’un tournage est en cours, le public est strictement interdit. Mais elle a bien de la chance, être avec Karl ne fait plus d’elle une simple visiteuse.

“ Nan les machines et les studios sont séparés, les machines c’est si t’as envie de tester des trucs un peu exotiques. Tu verras bien. Mais ouais, on ira partout t’inquiètes ! On a le temps ! “

Dit-il en la voyant sautiller comme un petit lapin. Un sac de l’hotel ? Bah, sûrement un délire à la Xiao. Autant se prendre un sac au wallmart ça revient au même. Pour les goodies cela dit… le jeune homme sent bien qu’ils vont dévaliser la boutique. Sa carte bleue est prête de toute manière. Et son dos aussi, au cas ou elle ait les yeux plus gros que le ventre il allait bien falloir transporter tout le matos. Certains jouets pouvaient être… étrangement encombrants. Soudain, Xiao lui secoue le poignet.

“ Ouaip, t’as de la chance je pense qu’il y a un tournage. Mais fout pas le bazar hein, on perturbe pas les acteurs ! “

Il la voyait déjà venir. Le jeune homme se laisse ensuite entraîner par la jeune femme, ce qui lui permet alors de monter les escaliers fermés au public vers le studio de tournage. Les gorilles postés à l’entrée regardent le petit duo d’un oeil circonspect, mais reconnaissant Karl, les laissent passer sans faire d’histoires. Nul doute que ce regard était autant pour elle que pour lui, voir Karl visiter un studio en plein tournage ne lui ressemble tellement pas.

Une fois devant la porte, le jeune homme se place devant elle.

“ On peut pas entrer comme on veut, regarde.“

Il actionne alors la poignée avec ses empreintes, qui sont scannées en une demi seconde avant de déclencher la porte. Celle-ci s’ouvre alors sur un immense studio, une véritable maison à l’intérieur du bâtiment en vérité. Tout est reproduit pour faire réaliste, il y a même un faux ciel au plafond, une piscine, tout l’intérieur est réaliste si ce n’est que certaines pièces n’ont pas de mur pour faciliter l’emplacement des caméras et les tournages.



A peine entré avec Xiao, derrière qui il referme la porte, que le réalisateur se dirige vers lui pour lui parler d’un russe caractéristique.

“ Karl, mon ami ! Quel bon vent t’amène, on te voit jamais ici ! “

L’homme lui donne une tape dans l’épaule, chaleureux. C’est un grand russe, un peu plus que Karl, bedonnant et moustachu au crâne chauve et aux yeux bleus. Une vraie dégaine de bandit, et à mieux y regarder, il s’agit d’un ancien acteur porno désormais réalisateur. On ne peut pas rester performant toute sa vie.

“ Je viens la pour montrer le délire à mon amie ici présente. “

Le russe porte son regard sur la petite chinoise, l’air pensif un instant avant que Karl lui adresse un regard assassin. L’air de dire “elle n’est pas la pour tourner, n’y pense même pas “. Elle serait bien capable d’accepter une proposition. Voyant cela, le grand russe éclate de rire et se tape le ventre en s’adressant à elle en Anglais.

“ Bah, bienvenue, bienvenue ! Mais dérangez pas les acteurs mes poulains, hein ! Allez j’dois terminer de gérer le bordel ! “

Et le voila reparti derrière les caméramans. Karl se dirige vers une table basse pour se saisir d’une revue quelconque en ignorant les avances d’une des actrices qui attend son tour. Il n’est pas vraiment venu la pour regarder, laissant donc Xiao admirer le spectacle.

Elle est extatique. Intenable, même, et elle hyperventile. Xiao découvre petit à petit chaque recoin qui la mène du hall aux studios, suivant Karl autant qu'elle le force à avancer, et c'est comme si tout était recouvert d'un filtre de dorures et de glamour. Ses yeux noirs s'écarquillent sur chaque chose, comme si elle ne voulait rien rater, de peur de gâcher l'expérience.

"J'veux tout voir de toute façon ! Tout tout !" Tout voir, peut-être pas tout tester. Aussi enthousiaste et égocentrée que soit Xiao, elle a bien conscience qu'on ne peut pas tout expérimenter en un soir et que des choix doivent être faits. Mais elle préfère se laisser aller à découvrir son Disneyland sans se poser trop de questions.

Choquée par la demi-accusation de Karl, elle le regarde bouche bée. "Moi ? Mettre le bazar ? Franchement !" Un large sourire se dessine alors. "J'serai sage, t'inquiètes ! Je sais me tenir !" Ca n'est pas vraiment un mensonge. Quand elle le veut bien, Xiao est quelqu'un d'extrêmement discipliné, capable d'encaisser tout un tas de règles et de difficultés. Seulement, là, les choses sont différentes. Toute cette soirée est un cadeau pour elle. Et elle adore les cadeaux. "Je perturberai pas les acteurs, j'ferai que regarder ! Promis ! Allez on y va !" Encore extatique, elle applaudit en sautillant. Qu'il se dépêche, il y a tant de choses à voir !

La porte s'ouvre sur un véritable eden. La réalisation de ses rêves les plus fous et la révélation des coulisses de tous ses fantasmes. "Wooooooow" souffle-t-elle plus qu'elle ne prononce vraiment. C'est incroyable. Fantastique. Merveilleux. Xiao en prend plein les mirettes et n'en revient pas. Ce n'est qu'un studio de tournage, mais pour elle, c'est bien plus que ça. C'est des possibilités. Des chemins créatifs qui révèlent leurs secrets juste devant ses yeux. C'est … wow, cette actrice ! "Han ! Karl ! J'l'a connais !" Chuchote-t-elle aussi fort qu'elle le peut sans déranger la scène. Elle n'a pas le temps d'étaler sa science sur cette personne occupée à donner de sa personne et plus encore qu'elle est interrompue par l'arrivée d'un homme. Elle comprend le russe, le parle avec un gros accent, aussi, elle n'a pas besoin de traduction pour se mettre à l'aise.

" Bonjour !" Lance-t-elle à l'homme avec un enthousiasme non feint et toujours largement muselé. "Merci de m'accueillir !" Son accent est à couper au couteau mais son vocabulaire témoigne du soin apporté à son apprentissage. Xiao fait très attention à comprendre et parler les langues les plus courantes à Decay. Lorsque l'homme s'éloigne, Xiao suit Karl à la trace, tel un chiot perdu lors de sa première balade au parc, et vient chuchoter à l'oreille en se mettant sur la pointe des pieds, le forçant à descendre à sa hauteur. "C'est qui je pense, le gars ? Ohlala il a tellement changé mais on voit bien que c'est lui !"

Xiao est incapable de se défaire de son sourire. Tout est fait pour la rendre heureuse et l'envie de tout inspecter dans les moindres détails est puissante. Elle se retient cependant, se contentant de feindre l'indifférence en baladant entre les caméras, les actrices épuisées et la petite équipe de tournage. Nul doute qu'ils doivent produire de la qualité avec tout ce monde et ce matériel pour si peu, mais ça pourrait gagner à réduire les coûts. Elle vient ensuite s'arrêter deux mètres derrière le réalisateur, calé devant son écran de contrôle, pour regarder ce que captent les caméras. "Woooow" Elle n'a pas vraiment les mots, et se contente d'apprécier le spectacle.

Bouche bée, elle voit les acteurs s'arrêter tandis que deux gars sortent d'une sorte de grande loge commune, avalant des cachets à la volée. La scène terminée, l'actrice à bout de forces éclate de rire et s'avance en boitillant vers une table ornée de nourriture, produits divers et quelques accessoires pour l'après-tournage. Elle fait un signe aux trois gars et leur lance quelque chose en russe que Xiao ne prend pas la peine de décrypter. Xiao soupire. Une fois, puis deux. Elle croise les bras. Ils ne vont quand même pas garder la même lumière pour ces types là ? Enfin. Ce n'est pas à elle de se poser ces questions là. Elle rejoint Karl une nouvelle fois. "Tu la connais ? Tu lui as parlé ? Han ! Han ! T'as baisé avec ?! Tu crois que tu pourrais m'avoir un autographe ! Elle est géniale !" Même si c'est à son ami qu'elle parle, son regard ne lâche pas l'actrice en sueur et épuisée. "Tu savais que le jour où elle a fait son premier hard, elle s'est faite remarquer en ordonnant au gars de lui frapper dans le ventre ? C'est énorme !"

Karl leva les yeux de son magazine. C’était nul et les pages collaient, il n’avait même pas envie de savoir pourquoi. Le jeune homme le reposa sur la table et s’abaissa à la hauteur de Xiao pour qu’elle puisse lui chuchoter. Evidemment, qu’elle reconnaîtrait tout le monde. Karl aussi mais pour des raisons bien différentes. Le jeune homme était d’ailleurs connu comme le loup blanc, autant pour sa gentillesse que pour ce que l’on disait de lui au lit. Il était parfois arrivé qu’il couche avec des travailleuses de l’Organiza, quelques unes au compte goutte. Et ce qu’elles racontaient sur son engin en plus de son… énergie avaient un peu fait le tour du D’vorets. Pour son plus grand désarroi d’ailleurs.

“ Ouais, c’est Retznov. Il a bientôt soixante ans maintenant, donc il est passé derrière la caméra. C’est un type vraiment sympa. “

Dit-il sans parler de ses performances de l’époque ni quoi que ce soit de ce genre. Karl ne regardait pas ses films, voir un ami dans un film porno serait… perturbant. Rien que prendre la douche dans les vestiaires de sport ne le mettait pas vraiment à l’aise.

Le jeune homme laisse alors son amie regarder un peu ce qui se passe en espérant qu’elle ne va pas courir au milieu du tournage ou se mettre à hurler pour une raison ou une autre. Fort heureusement, il est agréablement surpris par sa retenue et tout se passe finalement pour le mieux. Une fois la scène terminée, l’actrice se rend à sa petite table encore nue et se saisit de mouchoirs pour se nettoyer un peu, ce qui semble bien nécessaire. Personne n’ose vraiment l’approcher, elle n’a plus à assumer d’être tactile hors des tournages et Karl le sait bien. Il commence à la connaître, bien qu’elle soit quelque peu occupée.

Viennent ensuite les préparatifs, le nettoyage, puisque les scènes s’enchaînent. C’est d’ailleurs ce qui explique la présence de plusieurs actrices sur le côté ainsi que certains autres performeurs sortant de leur loge. Ici, tout se fait à la chaine, et tout le monde se relaye. Ce n’est pas toujours le même réalisateur ni les mêmes actrices, mais la productivité passe avant tout. Si bien qu’à force de bosser dans ce milieu, on finit inévitablement dégoûté. Ou du moins insensible à ce que l’on voit.

Voyant Xiao revenir, Karl lui sourit.

“ Ekaterina ? On se connaît un peu oui. Mais non, on a pas baisé. “

Voyons, ce n’est pas son genre.

“ Ah, tu veux un autographe ? Pas de soucis, tu veux venir la voir avec moi ? “

Dit-il sans vraiment lui laisser le choix, prenant la jeune femme par la main. Il sait que ça lui fera plaisir. Espérons juste qu’ils ne tardent pas trop, Karl n’a pas vraiment envie de supporter les propositions incessantes de l’actrice, qu’il sait un peu trop enthousiaste à l’idée de le toucher.

“ Ah ? Je savais pas mais ça m’étonne pas d’elle. Je l’ai vue faire pire. “

Dit-il avant de rejoindre la jeune actrice, qui terminait de se nettoyer. En apercevant Karl, elle se jette à son cou pour lui embrasser la joue et lui touche l’entrejambe à travers le pantalon, directe. Le jeune homme a horreur de ça et s’écarte rapidement.

“ Karlyyy ! T’as fini par venir montrer ta grosse b- “

“ Hé, doucement, t’es toute collante. Je viens pour un autographe, c’est mon amie Xia’ qui en veut un. “

Dit-il en désignant la petite chinoise. Voyant cela, la russe s’avance vers elle, faisant sensiblement la même taille, et approche son visage du sien pour la regarder plus précisément.

“ Qu’est-ce que tu es mignonne ! Tu veux un autographe ? Avec plaisir, tiens ! “

Elle se saisit alors d’une petite carte à son nom, une sorte de carte de visite bien que ce ne soit pas vraiment son utilité, et signe dans son dos de sa signature. Une signature entourée par un fouet à pointes.

“ Bon… on devrait bouger, la prochaine scène va commencer et on est un peu dans le champ. “

Propose Karl, gêné.

Retznov, bien sûr ! Tellement mythique à son époque, Xiao a vu pas mal de ses films. Incroyable de voir qu'il est là, en chair et en os - enfin, surtout en chair - si différent mais pourtant si reconnaissable. Petit à petit, c'est comme si le monde imaginaire dans lequel Xiao se plonge chaque jour, après une longue nuit de travail harassante devenait concret. Ce sont des vrais gens, avec leur petite vie. Quelque part, ça pourrait casser le mythe. Mais le sordide derrière tout ça passionne encore plus la chinoise qui se découvre une curiosité malsaine. Elle veut tout savoir sur tout et sur tout le monde.

"Wooooow." Souffle-t-elle, à chaque nouvelle information qu'elle reçoit, chaque nouvelle vision de ce paradis sale. Ses allées et venues remplissent ses mirettes et son imaginaire d'images peu glorieuses mais nourrissent sa créativité. L'envers du décor est fantastique. Tellement normal, tellement indifférent à ce qui se joue là. C'est comme Karl, finalement, qui n'a pas l'air plus choqué ou admiratif que ça. Xiao a bien du mal à le comprendre, quand bien même elle viendrait travailler tous les jours à proximité de ce studio, elle ne perdrait sans doute jamais son admiration pour ce milieu. "Ekaterinaaa !" Souffle-t-elle sans lâcher l'actrice des yeux. "T'es sûr ? Tu devrais, j'suis sûre que tu prendrais ton pied !" Un petit sourire en coin. "Moi j'aimerais bien !" Et elle éclate de rire. Xiao est tout à fait sérieuse, cette actrice fait partie de sa liste. Une liste de célébrités dans le lit de qui elle aimerait bien s'incruster pour tester leur performance réelle, sans caméras, sans adrénaline du tournage.

La chinoise se laisse embarquer par Karl de bon coeur, impatiente d'approcher set incroyable petit brin de femme. Elle l'imaginait un peu plus grande, quand bien même elle s'identifie à elle depuis longtemps. C'est sa résilience qu'elle apprécie, en plus de son talent d'actrice. "Whoaaaa !" Souffle-t-elle encore, les yeux écarquillés devant sa pornstar favorite - enfin, de Decay et de l'époque. Amusée par les manières d'Ekaterina et de Karl, Xiao donne à son ami un petit coup de coude dans les côtes. "Eh, fais pas le timide !" Mais, interrompue par une Ekaterina plutôt curieuse, elle reporte son attention sur l'actrice. Un large sourire et les pommettes rougissantes, elle joint ses mains aux poings serrés devant son visage en sautillant. "Merci, beaucoup beaucoup ! J'suis super fan de vous ! C'était une super scène, woah !" Elle baisse les yeux vers la carte. "Même votre signature est super classe ! Merci merci ! J'ai hâte de voir vos autres scènes ! Vous êtes la meilleure !" Ignorant à la fois la raison du refus de Karl et les règles sociales de base, Xiao se jette dans les bras de l'actrice et lui donne une accolade. Elle ignore pourquoi elle fait ça, une pulsion étrange, mais la laisse aller immédiatement après.

Haussant les épaules, elle adresse un rapide regard à Karl. "Okay ! Okay !" Ce ne serait pas l'envie qui manquerait à Xiao de tester ses talents d'actrice, mais malheureusement, il lui faut être réaliste. Si sa présence ici n'est probablement pas approuvée de façon enthousiaste par la Triade, une carrière alternative d'actrice - quelle qu'elle soit d'ailleurs - serait plutôt problématique. Alors la chinoise préfère garder sa position d'admiratrice renseignée et de réalisatrice amatrice occasionnelle. "J'ai vu Ekaterina ! J'ai touché Ekaterina ! Tu te rends compte ! Non, tu te rends pas compte. Pas grave. J'ai parlé à Ekaterina !!" Elle n'arrête plus de sourire. Tout en s'éloignant avec Karl, elle observe avec attention la nouvelle scène se mettre en place. Rien de révolutionnaire ou de très créatif, mais l'occasion de voir tout ça en live ajoute pas mal de piment. "Alors, j'veux bien te croire que t'aies pas baisé avec Ekaterina. Même si j'vois pas pourquoi, elle a l'air d'avoir envie. Mais elle ?" Elle montre du doigt une des actrice assise. "Et elle ?" Une autre. "Et lui ?" Un acteur assez impressionnant, au teint hâlé et aux traits bien taillés. "En vrai, tu sais quoi, dis moi juste qui ! J'veux tout savoir ! C'était comment ?" Tout en imposant son interrogatoire salace à Karl, elle balade le plus silencieusement possible derrière les caméras et écrans de contrôle. "Ils ont dû te demander de tourner, non ? Pourquoi tu l'fais pas ?"

Evidemment, qu’elle aimerait bien. La seule crainte de Karl en amenant Xiao ici avait été qu’elle couche avec d’autres personnes, ce qu’il tenterait d’empêcher. Qu’elle le fasse en sa présence serait trop difficile à supporter pour son petit coeur, quand bien même ce ne serait pas motivé par les sentiments. Heureusement, la plupart des travailleuses du sexe n’étaient pas forcément des assoiffées de sexe en dehors des caméras ou de leurs heures de travail en ce qui concerne les prostituées. Karl devrait pouvoir la gérer sans trop de problèmes… du moins si personne ne vient lui compliquer la vie en leur proposant un plan à trois. Ce qui aurait pu être le cas d’Ekaterina si elle ne sortait pas tout juste d’une scène.

“ C’est pas trop mon truc de coucher aussi facilement. “

Dit-il, sous entendant donc que Xiao avait eu droit à quelque chose d’assez inédit venant de sa part. Enfin, elle n’avait sûrement même pas conscience de la liste faramineuse de privilèges que Karl lui accordait en permanence. Rien que le fait de l’emmener ici aurait été proscrit pour n’importe qui d’autre sur terre. Excepté sa soeur peut-être, mais puisqu’elle travaillait aussi ici… difficile de l’impressionner avec tout ça. De toute manière, le jeune homme n’aimait pas sa soeur et Xiao de la même manière et n’agissait donc pas de la même manière avec elles.

Il ne manque d’ailleurs pas de rougir devant les paroles de Xiao à son encontre. La situation est un peu délicate et la pornstar ne risque pas de louper ça pour se servir de l’appui de Xiao.

“ Tu vois, même ta copine te le dit. Peut-être qu’on devrait faire un truc à trois ? “

S’exprime la starlette en rendant son accolade à Xiao, amusée par l’enthousiasme débordant de la chinoise.

“ Oh mais merci, c’est trop mignon. “

Karl semble fondre sous le malaise mais reste droit.

“ C’est… c’est pas ma… en plus on a pas le temps, allez ! “

Dit-il en profitant que la prochaine scène prenne place pour s’éclipser plus loin. Si toute la soirée se déroulait comme ça, nul doute qu’elle serait sportive. Enfin, la visite des studio et les rencontres avec les acteurs seraient sûrement le plus difficile à passer. Soupirant, le jeune homme s’adossa à un mur et s’étira, comme s’il était déjà épuisé. Xiao l’assaillait de question, et parlait, bougeait, s’exclamait tout le temps. Un vrai hamster sous drogue. Ce qui était aussi mignon que fatigant.

“ Ouais, ouais. J’me rend compte. Mais c’est une personne normale tu sais. “

Dit-il en opposition à son enthousiasme survolté.

“ Nan, nan, nan… j’ai baisé avec personne ici appart toi. “

Dit-il en se penchant légèrement vers elle.

“ Parce que tu es ma préférée du monde. “

Dit-il, mi taquin mi sérieux. Peut-être que ça lui ferait plaisir. Karl était même totalement sincère, bien qu’il ait déjà couché avec d’autres filles. Finalement, la prochaine scène commença. Quelque chose de plus classique impliquant deux filles et deux hommes, deux nouvelles actrices un peu hésitantes. Il faut bien commencer quelque part après tout.

“ Parce que ça m’intéresse pas de baiser avec n’importe qui et que j’ai pas envie de me foutre à poil devant tout le monde, voilà tout ! “

Dit-il en lui donnant un petit coup de coude taquin. Parcourant la salle du regard, le jeune homme le reposa finalement sur Xiao pour lui demander.

“ Tu veux qu’on passe à la suite ? “

L'actrice est quand même incroyablement sympathique, en plus d'être talentueuse, sexy, et tout le reste. Xiao n'en revient pas lorsqu'elle propose une soirée à trois, de quoi la rendre très enthousiaste. Avec un peu de chance, elle serait d'accord pour être filmée, un moyen de rajouter du prestige à sa collection grandissante de vidéos amateur. La chinoise, elle, rougit de plus en plus et lance un regard suppliant à Karl qui n'y répond que par un malaise évident - suffisant pour que Xiao elle-même le réalise et n'insiste pas.

"Que je sois ta préférée, j'comprends. Tu me l'as dit, déjà, et j'accepte le compliment, hein. Mais tu me feras pas croire qu'à croiser des nanas comme ça toute la journée qui, en plus, ont l'air intéressée - je veux dire, Ekaterina quoi ! Rien que ça ! - ben, t'as pas un peu tapé dedans. T'es pas eunuque non plus." Elle hausse les épaules. S'il ne veut rien dire, soit. Mais elle n'admettra jamais l'idée qu'il soit aussi inactif qu'il le dit. Le sexe est un jeu comme un autre, et elle ne voit pas l'intérêt de se priver.   "J'voulais juste savoir comment elles étaient en dehors, c'est tout ! Mais tu me feras pas croire que tu te tapes personne à cause de moi, parce qu'on a passé qu'une nuit ensemble et c'était récent. Tu m'feras pas croire que t'étais puceau, Karl !" Cette dernière phrase, elle a fait plus que la murmurer. Si elle ne se gêne absolument pas, le silence total et soudain sur le plateau semble tenter de le faire pour elle. Se mordillant la lèvre, elle se retourne pour constater que plus de la moitié des regards sont tournés vers elle, exception faite des acteurs en pleine action.

Honteuse pour la première fois depuis sans doute bien des années, Xiao se fait silencieuse et recule d'un pas pour buter contre Karl. Elle se retourne alors brusquement et attrape son bras qu'elle secoue.  "Ouais, ouais, on va p'tet bouger, là." Si la chinoise n'a pas pour habitude de se sentir coupable de quoi que ce soit, elle n'en reste pas moins tenue à une certaine discrétion. Pas spécialement pour Karl ou pour le bien du tournage, mais pour elle. Il ne fait pas bon être une tête connue quand on fait partie de la Triade. Même quand on travaille masqué.

Le coeur battant la chamade, elle entraîne Karl à l'extérieur alors que deux hommes entrent dans le studio, transportant deux trépieds assez lourds. Xiao ne perd pas le nord, et jette un oeil au modèle, par acquis de conscience. Elle est à la recherche de matériel fiable depuis pas mal de temps. Ses mains tirent toujours sur le bras de Karl quand elle le force à la suivre jusqu'au hall d'entrée où, quelques temps plus tôt, il lui montrait la direction de toutes les attractions du Dvorets. Elle finit par le lui rendre lorsqu'ils arrivent enfin, et qu'elle se met à tourner sur elle-même pour se remémorer les directions exposées plus tôt. "Je veux voiiiiir …" Elle tourne, une fois, puis deux.  "Les machines !" S'exclame-t-elle en pointant la direction dont elle semble se souvenir. "Faut trop que tu me montres, ça m'intrigue ! Faut réserver des trucs ? Y'a un temps limite ? Tu me feras une démo ? Tu les as déjà utilisées ?" Sautillant encore et encore, elle fait claquer ses talons sur les carreaux de l'entrée et tapote des deux mains sur le torse de Karl. Elle ne se défait décidément pas de son sourire qui semble installé pour quelques heures au moins.

Karl semble plutôt perturbé. Elle le met dans l’embarras constamment. Karl aimerait juste la faire taire en lui mettant quelque chose dans la bouche, n’importe quoi. Une tétine peut-être. Ça lui irait bien. Cette image le fait sourire, si bien qu’il s’absente un moment de la réalité. Mais l’enthousiasme de Xiao l’y ramène très vite, aussi vite qu’il en est parti.

“ Pfff. Ça m’est arrivé de baiser des filles, comme framboisine par exemple. Mais elle est pas la ce soir. Et puis maintenant que t’es la, je vais pas m’embêter avec les autres filles. “

Dit-il en lui touchant successivement le sein du bout du doigt. Un geste intime, qui est surtout la pour appuyer ses propos. Karl ne veut réellement plus qu’elle, les autres filles ne valent rien à ses yeux. S’il ne ressent rien, le sexe en devient fade et mécanique. Tout ce qu’il déteste. Un peu comme dans le porno. Au moins, faire l’amour avec Xiao n’était jamais ennuyeux et toujours passionnel. Du moins, pour lui.

“ J’étais pas… “

De toute manière, il venait de lui répondre. Mais Xiao avait attiré un peu trop l’attention. Presque tout le monde les regardait et se faisaient déjà une idée sur lui. Elle ? Elle serait partie le lendemain, pas grave. Mais Karl… tout le monde allait commencer à se faire des idées à son sujet. Encore. Le jeune homme ne voulait vraiment pas ébruiter la nature de sa relation avec Xiao, ce qu’elle venait plus ou moins de faire. Satanée pipelette impudique. Et ce n’était que le début, la chinoise restait relativement tenable. Heureusement pour eux, elle sembla se reprendre en réalisant son erreur et se dépêcha de quitter le studio en le tirant de force, ce à quoi il ne résista pas. Mieux valait s’arracher d’ici très vite, il n’avait pas envie d’être assailli de questions par ses collègues.

Suivant son amie en tentant de voir ses fesses, espérant que ses pas soulèvent sa robe courte, le jeune homme est ailleurs. Pensif, il se demande ce qu’elle a pu mettre en dessous, ce qu’elle va bien pouvoir lui inventer au cours de la soirée, ce qu’il va bien pouvoir lui montrer. Ou peut-être juste quel parfum elle a bien pu mettre. Oui, ces derniers jours ont été mouvementés et Karl a les pensées légèrement entremêlées. Ce qui ne l’empêche pas d’avoir la tête sur les épaules, bien sûr.

“ Q-quoi ? “

Il est extirpé de ses pensées par les deux petites mains de la chinoise venant tambouriner sur son torse musclé. Ah, les machines. Au moins, elle ne pourra pas l’embarrasser autant que dans le studio. Enfin, peut-être la sous estime t-il encore une fois. Saisissant les deux mains de la jeune femme pour entrelacer ses doigts, il la regarde en souriant.

“ T’es mignonne quand t’es contente comme ça. Viens, on va voir les machines. “

Karl la prend alors par la main et se dirige dans un ascenseur. L’étage est au 10e, il n’a pas vraiment envie de gravir 10 escaliers. Une fois la porte ouverte, celle-ci donne vue sur un long couloir à portes. A première vue, un couloir d’hotel classique. Mais c’est le contenu des pièces qui en fait tout l’intérêt. Le jeune homme se dirige alors vers une porte semblant se déverrouiller avec une carte que l’on obtient en payant la séance, et use de ses simples empreintes une fois de plus pour ouvrir. Ils entrent alors dans une pièce moyenne, semblable à une petite salle de sport. A l’exception près que les machines ne sont pas vraiment pour faire de la musculation.

“ C’est des trucs plutôt pour les plaisirs solitaires, ou pour les expérimentaux. Tu payes la séance et tu t’amuses avec, quelqu’un vient nettoyer derrière. Y’a des machins comme ça… “

Il désigne une machine alambiquée où l’on s’assoit, jambes maintenues dans les airs, au dessus d’un sextoy plutôt imposant destiné à se surélever. Une autre, une machine à vibromasseurs multiples. Plus loin encore, quelque chose destiné à envoyer des électrochocs ou encore de la réalité virtuelle. Il semble y avoir un peu de tout.

“ Y’avait des sortes de robots humanoïdes avant, mais les clients faisaient n’importe quoi avec donc ils ont dû les retirer. “

Karl n’était pas au courant du “n’importe quoi” et préférait garder un peu de son innocence.

Enfin ! Les machines ! Voilà qui l'intriguait presque plus que les studios de tournage eux-mêmes. Parce que Xiao a une imagination débordante, plus, même, que son énergie. Et imaginer les fameuses machines du Dvorets est un sacré exercice de style. Elle suit alors Karl avec un enthousiasme non-feint. Une fois dans l'ascenseur, elle reste étrangement silencieuse. Observant chaque détail de la cabine, se regardant dans les miroirs qui ornent ses parois, puis Karl. Il est différent de la dernière fois, plus propre. Xiao se dandine pour se mettre à l'aise dans ses vêtements et, surtout, ses sous-vêtements. "J'ai hâte, j'ai hâaaate !" Couine-t-elle en faisant les cent pas dans la grande cabine d'ascenseur.

Voilà que l'ascenseur s'immobilise et Karl l'emmène jusqu'à une pièce étrange et merveilleuse. A peine entrée, elle écoute les explications de son ami avec une grande attention. "Ooh, ça doit pas être donné, ça." Ce ne sont peut-être que des machines, mais elles ont l'air particulièrement high-tech. "Tiens, j'connais ce modèle." Elle approche et effleure les formes métalliques de l'une d'entre elles. "Wooooow…" Ses yeux ont l'air de briller. Grand ouverts, écarquillés, même, ils parcourent la pièce, chaque machine, avec attention, sans jamais s'arrêter vraiment sur quoi que ce soit.

" J'crois que je me fais une idée de qu'ils ont dû faire." Souvenirs de quelques vidéos particulièrement sordides et délicieuses des tréfonds des plus mauvais sites porno. "Dommage d'avoir abandonné ça, quand même." Les yeux perdus sur l'une des machines - un truc deux en un - la chinoise tente de se retenir de laisser libre cours à sa curiosité et son goût de l'expérimentation. Bon sang que c'est difficile. "Kaaaaaarl …" Est-ce vraiment nécessaire de poser la question ? S'il n'a rien dit, c'est bien qu'elle a le droit d'y toucher. Sinon, il le lui aurait interdit, non ?