[T1 : Speed-Dating] • Je veux tes yeux !

Mais elle est sérieuse, elle ?
Franchement, tu ne t’attendais pas à un coup pareil venant de ton adorable secrétaire préférée. Ta Suzi d’amour, on peut dire que sur ce coup, elle t’a bien eu. En prétextant une simple soirée de beuverie en ta compagnie – elle sait comment te convaincre depuis le temps la p’tite dame… Tu te retrouves, inscrite à une soirée « Speed Dating » et le pire dans l’histoire ? C’est que la jolie demoiselle n’est même pas à tes côtés, elle ne joue le jeu qu’à moitié. Quand tu as compris son petit manège, il était trop tard, t’avait déjà un pied dans la grande salle et elle ? Elle s’est échappée avec son sourire de chipie plein de fierté. Ce n’est que partie remise, jolie Suzi.

Quoiqu’il en soit, maintenant que t’es là…
T’as plus qu’à profiter de ta soirée, non ? Et puis, voir des nouvelles têtes, ne pas craindre une attaque surprise à chaque instant, ça peut vraiment avoir du bon, non ? Tu commences à comprendre le pourquoi du comment. C’est une manière maladroite de prendre soin de toi, c’est du grand Suzi, quoi. Un soupire, tu reçois ton p’tit numéro pour rejoindre la table. T’es donc la première arrivée… T’as le sourire aux lèvres, observant les différents duos qui se s’éloignent. Il y a bien une ou deux têtes que tu connais dans le lot, non ? Perdue dans tes pensées, jouant avec une mèche de cheveux, tu loupes l’arrivée de ton prétendant…. Mais quand tu tournes ton visage pour constater la personne en face de toi, ton regard pétille. Oui, il y a bien au moins UNE personne que tu connais ici et elle est devant toi, juste devant toi. Ce masque à LED qui expriment si bien les expressions qu’il ne montre pas, ces cheveux clairs qui semblent soyeux. Ton sourire se fait plus grand et plus doux, tu lui lâches un p’tit :

- « Alors c’est toi mon âme-sœur, Mon… Babyface ? Tu veux qu’on joue l’jeu comme des inconnus… » .

Rien qu’à ses mots, t’as déjà glisser ta jambe dans son collant semi-opaque et sombre contre l’une des siennes, pour lui indiquer ta présence sous la table. Que tu peux être fourbe parfois, ou taquine. Très taquine. Mais ça te fait marrer, te mordre la lèvre et rajouter : « En vrai, j’pouvais pas mieux débuter, ce soir… » Et tu le penses, c’est que tu l’adores autant qu’il peut te faire criser. Mais c’est ce qui fait son charme, non ? Quoiqu’il en soit, tu le fixes avec ce petit sourire, penchée en avant, accoudée pour croiser tes mains et y appuyer ton menton, voilà il a toute ton attention… « T’as d’beaux yeux, tu sais ? »

Tu le savais que trop bien…
Sérieusement c’était presque trop facile pour toi, mais tu ne pouvais pas te résoudre à laisser ton Babyface sans une petite taquinerie de ce genre. L’effet est presque immédiat. Alors qu’il était entrain de faire les présentations avec son petit speech surfait et répété devant le miroir ou dans masque, il s’arrête pour rougir à sa manière et tu peux presque imaginer son visage sous le masque. Tu peux presque deviner l’expression qu’il a en cet instant. Et surtout, tu adores la manière robotique dont sa voix trésaille. Oui, vraiment facile…  

Il se fait vantard pour cacher sa gêne…
Puis il te promet à demi-mot que ce soir vous pourriez jouer à des jeux que les voyeurs ne doivent pas admirer. C’est vrai que cela pourrait vite devenir indécent vous connaissant, ou complètement aberrant. Mais plus que ces mots ce qui te charme en cet instant c’est la manière dont il prend ta main. Tu aimes cette délicatesse, ce baisemain un peu vieux jeu, trop surjoué et surtout impossible à ressentir autrement qu’à travers le cuir et les pics d’acier qui jonchent sa bouche. Oui, tu aurais aimé sentir ses lèvres et cette pensée te fait marrer. Tu retiens sa main, c’est à ton tour de faire à nouveau rougir ta babyface préféré. Les yeux dans les yeux, tu remontes sa main jusqu’à tes lèvres, sans le quitter des yeux – enfin de ses LEDs. Tu viens ouvrir ses doigts en soufflant chaudement :

- « Babyface, c’est pas comme ça qu’on fait regarde… »

Et un par un, tu viens embrasser le bout de chacun de ses doigts en soutenant ce regard numérique. Tu sais déjà que tu vas adorer ses expressions, tu sais qu’il va encore te faire craquer mais surtout, te faire rire. Et quand tu finis ta douce torture, tu te recules dans un éclat, baissant vos mains toujours jointes jusqu’à la table sans avoir pour idée de la lâcher. La mine rieuse, les yeux pétillants tu lui dis :

- « Pardonne-moi, tu sais que c’est trop tentant… Donc nous disions ? Ah Oui… »

C’est là que tu relâches sa main pour reprendre ta position initiale, les mains croisées pour soutenir ton menton, le regard perçant fixant son masque et donc son visage dissimulé comme si tu pouvais réellement le voir. Un petit sourire pour la forme, tu reprends pleine d’innocence :

- « Enchantée Prophecy, moi c’est Lucky, ou Lulu pour les intimes, j’ai 25 ans et j’adore les grosses cylindrées… J’suis ici car une de mes amies n’a rien trouvé de mieux comme excuse pour venir mais au final, cette chipie s’est amusée à m’inscrire que moi… Et toi, pourquoi tu es là… Prophecy ? Livre-moi tous tes secrets… »

Et cette manière de te mordre la lèvre pour mieux le provoquer et le tourmenter. Lui et ses pensées cachées. Toi, t’es vraiment en forme ce soir, ou alors ce sont les réactions de ton adorable petit travailleur dans l’informatique comme il tentait de le dire, qui te plaisent un peu trop pour le laisser souffler….