Des questions, Monsieur? | Ft. Keenan

Les rues de Medellin, le quartier le plus touché par la déchéance de mon point de vue. Encore une nuit où les délinquants sont de sortie, où je suis également de sortie. J'avais terminé ma besogne de la journée, à savoir tuer un homme qu'on m'avait de demander d’exterminer, comme on exterminait une race nuisible. Cela m'avait fait rire de le voir me supplier de l'épargner, tout ça pour un règlement de compte, une vengeance nomade. Je ne savais pas ce qu'il avait fait, mais j'avais besoin de fric ici, alors son corps sans vie devant moi, sa gorge en sang n’était qu'un petit détail. Mon humanité ? Elle s’était déjà brisé lorsque j'avais perdu ma sœur et s'était envolée dès lorsque j'avais mis un pieds dans cette immonde prison.

Decay, c'est là où IL avait posé ses belles valises remplis du meurtre de ma jumelle, de ces putains de poudres blanches. Je jure que je le retrouverais. Le dealer était là dans ces rues sombres et j'allais le trouver. J'en avais fais la promesse à Erin et moi-même. Mes pas m’emmenèrent en plein cœur de Medellín. Toujours tapis dans l'ombre, recouvers de mon sweat-shirt à capuche je vagabonde dans les ruelles. Des cris de femme me fais courber l’échine, ma sœur avait-elle hurlé de cette façon quand la mort l'avait fauchée, quand le couteau qui m'appartenait s'est infiltré dans sa gorge? Une femme tuée ? Violée ? Je ne regarde pas, je trace ma route. Paix à son âme, paix à mon âme, paix à toutes ses âmes déchues.

Plusieurs dealers me hèlent et je me retiens de leur jeter à la figure leur cocaïne ou leur héroïne, c’était insupportable de se retenir, mes poings se sèrrent dans mon jogging, la haine monte et je me maitrise. Était-il ici ce soir ? Je ne pouvais pas agir la tête baissée. Je relève la tête et fus légèrement éblouis par ce blanc parmi le noir de la ruelle. Une jeune fille avec un accoutrement atypique. Une robe sortie tout droit des mangas ou animations japonaises. Elle deale sans la moindre honte avec une femme avec des talons de dix centimètre, sortie, elle, d'une série Américaine clichée.

Ma "proie", ce soir, c’était elle. Je m'en prenais à une femme, toutes personnes pouvait me renseigner, alors que ce soit une pauvre femme "sans défense" ou un mec baraqué "comme un boeuf", tout était relatif, de toute façon. J'attends qu'elle finisse sa petite affaire avec sa cliente, m'accoudant quelques secondes contre le mur, tirant sur ma dernière taffe de nicotine. Je devais sûrement faire penser à être l'un de les leur. Fixant la brune enfin seule, je me rapprochai d'elle, j'aurais aussi pu passer pour un client, jetant le mégot contre le mur.

- Excusez moi ? Vous auriez deux minutes à m'accorder ?

Sans lui laisser le choix, je jouais nerveusement avec mon briquet. Ça me détendait, ou pas à vrai dire. Parler à une dealeuse me provoquer une envie fugace de meurtre. La lumière du feu par intermittence dévoilait mon regard empli de haine.

- Je pense que vous aurez compris que votre petit commerce de drogue ne m’intéresse pas. Dis-je en la fixant.

La rue était en cul-de-sac, elle n'avait pas de porte de sortie, je me délectais de sa peur fugace dans ses yeux. Elle devrait savoir que dealer n’était pas très propre comme travail.

- Hmm, je ne te ferais pas de mal, juste j'ai besoin éclaircissements.

Je m'accoude à nouveau contre le mur, un pied contre celui-ci, retirant ma capuche. Je n'avais rien à cacher ici, tout était clair, j’étais bien là pour une chose précise.

La peur, sa putain de peur se lisait sur son visage. Être dealeuse avec son gabarit, quelle idée ! Elle n'allait pas durer longtemps dans les rues putrides de Decay. Frêle, petite personne, elle me faisait pitié avec ses yeux roses et sa bouche entrouverte de panique. Incapable d'aligner plus de deux mots, elle me répète la même phrase, d'une façon différente, ce qui fait qu'accentuer mon impatience.

- Sinon, tu sais dire autre chose ? Demandai-je en lui lançant un regard courroucé. Je croyais que les dealers étaient connus pour leur parlote...

Effectivement, les revendeurs de drogue étaient plutôt reconnus pour leurs belles paroles, vendre leurs petites merdes, étaient pour eux le principal. Je ne voyais pas comment ma sœur aurait pu y succomber ou sinon. Ils étaient la plupart du temps tellement insignifiants et sans vergogne.

Je m'approchai d'elle, jouant toujours avec le feu de mon briquet et la fit reculer contre le mur.

- Je n'ai pas l'intention de te faire du mal, dis-je en la fixant franchement. Quoique... ça dépendra de ce que tu voudras bien me donner comme informations.

Un petit rire s'échappe de ma gorge alors que je vois la peur sur son visage se transformer en terreur.  Je n'étais pas particulièrement grand, ni baraqué. J'avais juste pris de l'assurance durant ma période de prisonnier et étais peut-être devenu un peu fou aussi ? Oui, je le suis véritablement, le feu s'échappe de son contenant et l'approche de ses cheveux bruns, le feu était une arme puissante. J'en étais convaincu.

- Tu dois connaître tes congénères, je suppose? Questionnai-je doucement comme si j'avais peur que quelqu'un pouvait terminer cette entrevue. Un homme d'une cinquantaine d'années, un peu plus ou un peu moins, ça te dis quelque chose ?

J'approchai un peu plus la flamme de son visage, de sa joue plus précisément, faisant voir ma propre brulure autour de mon oeil bleu.

- il deal, il tue.... Il est polyvalent, apparement... Dis-je en me reculant. J'ai des choses à lui dire.

J'avais plutôt des choses a lui faire, mais ça, je me contenterais de le garder pour moi. Elle n'avait pas a le savoir.

Comme je l'avais pressenti, la jeune demoiselle n'avait absolument pas envie de coopérer. Me répétant qu'elle ne connaissait personne de leur petit comité de dealer. Elle était terrifiée et je doutais franchement qu'elle mente. Pourtant, il m'était impossible de la croire et j'avais toujours cette haine envers les trafiquants qui me tiraillait de l'intèrieur. La fille me prenait totalement pour un con, sa came, elle devait bien aller le chercher quelque part et surtout auprès de quelqu'un. Aupès du mentor, de tout ce merdier de poudre blanche.

- Ne me prends pas pour un con, je déteste ça, crachai-je en la plaquant un peu plus contre le mur. Cette foutue came, tu vas bien la trouver quelque part, donne-moi un nom, un lieu !

Je l'étranglais presque, mon avant bras contre sa gorge, lui laissant a peine un peu d'air pour qu'elle puisse parler si la dealeuse le souhaitait. Mon regard devient orageux, pourquoi faisait-elle ce métier si elle avait si peur de claquer à la moindre altercation? Les gens faibles étaient pour moi, minables. Dans cette société, à Decay en particulier, tu devais être fort, tu devais te faire respecter, sinon tu crevais. C’était la dure réalité de la vie; baise la, avant qu'elle ne te baise.

La flamme toujours prés de son visage, je m'amusais de la voir tressaillir à chacun de mes mouvements de poignet. Je n'aimais pas le particulier tuer, on m'ordonnait, je faisais. Point. Comme exécuter les robots à la chaîne dans une usine. Elle était totalement pathétique et je la relâchais la laissant reprendre son souffle. Pitoyable. Une femme comme ça.

- Tu es pathétique, tu sais ?dis-je en la fixant.Tu me donnes juste envie de vomir. Tu pues la peur à des kilomètres.

Je rallume une cigarette et reprends ma position initiale, contre le mur en face de la brune.

- Qu'est-ce que tu comprends pas quand je te dis que je te ferais pas de mal? De toute façon tu es tellement ridicule, que je ne prendrais même pas mon pied à te tuer...

Une taffe, puis une autre, soufflant la nicotine de ma bouche, je n'ai même pas à la rattraper, elle ne cherche même pas à fuir.

- Donc, je te répète "où est-ce que je peux trouver ton grand patron?" , j'ai des choses à lui demander, puisque toi, tu ne veux pas coopérer...

La rue perpendiculaire à la nôtre était étrangement calme, mais ne disait-on pas "la nuit tout les chats sont gris"? Et je savais que les chats, contrairement à la fille face à moi, étaient très intelligents. Je devais me méfier de tout, la moindre erreur me serait fatale et je pourrais dire adieu à ma vengeance.

Elle pleurait. Elle était sérieuse ? Je n'avais pas fait grand chose pourtant. Je l'avais à peine touchée. Et j'aurais pu faire bien pire, comme l'aurait fais d'autres personnes bien plus mal attentionné que moi. Je n'étais là que pour récolter des informations. Ni plus, ni moins.

- T'es sérieuse là ? demandais-je, hargneux. T'es en train de chialer ?

Je détestais les personnes faibles et je tombais sur une petite chose fragile qui couinait lorsqu'on la bousculait un peu. Pauvre petite chose, elle était censée pourtant dealer en toute sécurité. À Decay, toute personne faiblarde finissait ses jours contre l'asphalte. C'était la dure loi de la vie. Tu devais être fort, tu devais être fort et te battre. L'existence n'était qu'une question de supériorité, je l'avais appris à mes dépens. Ce n'est pas pour rien que le lion était considéré comme le roi de la jungle.

- Je t'ai encore rien fais, soupirai-je. Tu veux un conseil, si tu arrives même pas à garder ton sang froid, arrête ton business.

Je savais que trop bien les ravages de ce business qui perduraient dans tous les pays. Ma sœur en avait subi les conséquences, accro, endettée, elle avait quitté ce monde dans la plus totale indifférence. De toute façon, il ne fallait pas se leurrer, on était des pions qu'on jetait dès lors qu'ils ne nous trouvait plus d’utilité. Et j’étais sûr que ça lui arriverait un jour ou l'autre. La crédulité des femmes faisait le bonheur de certains.

- Tu peux encore te sauver, tu sais, dis-je en tirant sur ma cigarette.

Je ne savais pas comment elle allait prendre ma dernière phrase, je n'étais pas là pour la suivre ni pour la séquestrer, elle est libre de ses choix et de ses gestes. Je la regarde un moment avant de froncer les sourcils en l’écoutant essayer d'enchaîner deux mots. "La casa" ? C'est comme ça qu'ils appelaient leur planque ? Cela ressemblait plus a un nom de gang, qu'autre chose... Faisait-elle partie d'une faction?

- Hmmm, intéressant... annonçais-je en soufflant la fumée de ma bouche. Tu peux m'en dire plus sur cette fameuse Casa ? C'est là-bas que vous vous retrouvez ?

Elle couine et je soupire longuement, elle était vraiment désespérante. Si j'avais voulu la tuer, je l'aurais fait depuis longtemps. Je ne m'encombrais très peu de gens inutiles et la dealeuse était fort intéressante pour mes recherches.

- Tu ne peux pas dire que tu ne sais rien, râlai-je. Du moment que tu es devenue dealeuse tu en sais déjà trop.

Je passais ma main dans mes cheveux de couleur feu et glace et la fixe un moment. Elle pleurait toujours, apeurée, comme un petit chiot en proie à la nocuité de la nuit.

- T'es dure de la feuille, j'ai l'impression. m'énervais-je. Qu'est-ce que tu ne comprends pas dans "je ne te ferais pas de mal" ? Donc... Je suis là, tu es là, les chiens errants sont là. Tu es dans ton élément nan ?

Les chiens errants désignaient ses congénères, que je voyais de là où j’étais, errer comme des âmes en peine à la recherche de leur petit jouet. Affligeant et écœurant que j'en avais la nausée.

"Te tuer ne servira à rien."

Elle se calme, en tout cas, je n'entends plus ses reniflements par intermittence. Je la regarde un moment, elle avait l'air de tout sauf d'une dealeuse. Comment elle en été arrivée dans ce piège, qui se refermait progressivement sur elle. Si elle avait encore le choix, qu'elle parte et se détache. Qu'elle oublie ce foutu merdier. C'était ça que j'aurais voulu dire à ma sœur avant qu'elle ne meure, avant que le couteau lui hôte la vie.

- Si tu peux encore t'enfuir, quitte tout, annoncais-je en regardant dans le vide.  Le commerce de la drogue ne t'apportera rien de bon.

Mais y'avait-il un boulot lambda où nous serions en sécurité à Decay? La drogue était monnaie courante et le fait que ses congénères soient postés à chaque coin de rue méritaient qu'on s'en soucis.

- On a toujours le choix, tu sais...Continuai-je.

Un dealer s'approche de moi et me propose de sa came, que je refuse d'un geste de la main, l'invitant à passer son chemin. Il ne me lâche pas la jambe et je lui lance un regard noir et anticipais déjà mon geste pour le frapper.

- Dégage, je crois que je t'ai bien fait comprendre que tu peux garder ta merde !

Il ne demande pas son reste, râle et s'en va. Je me détends un peu, son odeur de camé me répugne et refoule un haut-le-cœur. N'était-ce pas les dealeurs les plus touchés par les ravages de la drogue? Mon regard se concentre à nouveau sur la petite brune, qui aurait pu fuir lors de ma petite entrevue, mais elle était toujours là, immobile comme un piquet. Elle m'explique que la Casa est une sorte de QG où tous les trafiquants se ressemblaient. Je savais que Medellin était le quartier de la drogue, mais où était la fourmilière, je n'en avais aucune idée, jusqu'à maintenant. Cette information était capitale, maintenant restait à savoir si cette fameuse planque était reliée à un gang.

- Tu fais partie d'une faction, je suppose ? Demandais-je. Du cartel ?

Le cartel était le noyau du trafic, entre autres, de la poudre blanche. Je n'avais pas mis le pied sur le sol de Decay, que j'avais entendu toutes les rumeurs des factions, celle-ci est comme ça, l'autre est spécialisée sur ça. Tout était inintéressant, moi ce que je voulais, c'est de me venger, purement et durement. Le reste était simplement le surplus de putréfaction dans une ville déjà pourri de l'intérieur.

- Écoute, je vais te laisser rentrer, mais...dis-je en me rapprochant d'elle. Tu vas bien regarder tes collègues, et si des hommes correspondent à mes critères, tu te débrouilles, je veux leur nom même si ce n'est que des pseudonymes, ok ?

Ce n'était pas la peine que je mette le boxons sans savoir si le tueur de ma soeur faisait parti du cartel, pour le moment autant agir stratégiquement. Ne jamais se jeter dans la gueule du loup, d'autant plus que je n'étais qu'un simple civil et je ne tiendrais pas cinq minutes en face de la totalité de la faction.

- Et... j'oubliais, ne t'avise pas de m'attirer dans une embuscade, murmurai-je en la plaquant une seconde fois contre le mur. Parce qu'autant, vous allez me chercher longtemps, mais moi, je te retrouverais toujours.

Le reste de ma cigarette, non consommée, s'écrase sur le mur en béton à quelques centimètres de ses cheveux.

- Rappelle-toi, que ce n'est pas à toi que j'en veux, continuais-je sur le même ton en baissant le regard.

Elle était si petite que je devais me détachais un peu pour la fixer. Je ne doutais que très peu qu'elle se soit remis à sangloter.