The Devil Inside You. | ft. Blessed

Il gardait le silence. Que pouvait-il dire exactement à cet Intrus qui n’avait de cesse de lui tourner autour comme un rapace ? Il n’aimait pas son comportement. Comme ces oiseaux qui attendaient le dernier soupir de leur victime, l’Autre avait ce caractère volatile, en plus d’être arrogant. Un personnage qui, au fil des minutes et de la discussion, savait se rendre le plus détestable possible aux yeux et oreilles du Mongol. S’il était ce qu’il commençait à croire, c’est-à-dire un Enfant du Mentor, l’Assassin se demandait comment ce dernier avait exactement tourné. Ils n’étaient définitivement pas des Frères et ne portaient qu’une ressemblance, celle d’être deux Enfants en présence l’un de l’autre.

Tandis que le tatoueur entrait finalement pour ajouter les nombreuses marques pour ajuster le décompte, le Mongol réalisait à quel point l’Autre ne connaissait pourtant pas son historique avec les Yakuzas. Sous son masque, il se contentait de l’étudier silencieusement tandis qu’il affichait la localisation exacte pour les nouvelles barres. Sur l’épaule. Pas le choix de toute façon. « Si tu espères quoi que ce soit de notre rencontre, tu apprendras que ma loyauté va d’abord à la Triade. Puis à moi-même. Et ensuite à mes commanditaires. J’ai déjà travaillé pour les Yakuzas … »

Puis continuant sur le même ton synthétique, il l’informait au passage qu’il était surtout interdit de séjours chez eux. « J’ai été banni des tiens car je n’ai pas respecté les codes. Passe ton chemin si cela était ton intention. », lâchait-il donc.

De son côté, Blessed ne pense pas grand chose de l’homme en face de lui. Il faut dire qu’il ne laisse pas transparaître un grand spectre d’émotions, il serait sûrement inintéressant à ses yeux sans ce tatouage et son passé évoqué en relation avec les yakuza. Ainsi, craquant son index en terminant de manger ce citron entier, l’assassin finit par s’adresser à lui avec placidité. Il s’agirait de mettre les choses à plat histoire d’éviter les conflits inutiles. Non pas qu’il n’aime pas faire couler le sang de temps en temps, mais agir au nom de son oyabun sans son autorisation ne ferait que lui porter préjudice.

“ J’espère rien, si ce n’est parler. “

Dit-il en recommençant à tourner comme un gamin s’ennuyant dans une salle d’attente. Son pansement est désormais prêt à être retiré, nul besoin d’avoir une occupation afin de faire passer le temps donc. Néanmoins, une dernière question reste en suspens. Est-il un enfant du mentor, tout comme lui ? Manifestement tout les oppose. Peut-être le mentor ne dispose-t-il pas le même enseignement à tous les enfants, ou peut-être chacun réagit-il différemment. Il n’en sait rien. Peut-être se fait-il même des idées au final. Il fait à nouveau craquer ses doigts.

“ T’es encore en vie, c’est déjà une chance. “

Dit-il en le regardant, katana sur les genoux.

“ Enfin ! Comme ça, tu pourras rajouter plus de barres. “

D’une pression du pied sur un meuble, le jeune homme s’envoie plus loin grâce aux roulettes de son tabouret. Difficile de savoir s’il est sarcastique ou sincère avec ce comportement. Lui-même ne se pose pas la question. C’était une rencontre intéressante peut-être se serait-elle déroulée différemment hors d’un terrain neutre. La vie est faite d’aléas pouvant tout changer. Cela dit, il pensera à se renseigner à son sujet une fois rentré à kabukicho. Qu’il ne respecte pas les codes est une chose, mais son identité l’intrigue. Enfin, pour peu qu’il ne soit pas passé à autre chose dans quelques minutes. Pour ne pas changer, le béni fait à nouveau craquer ses doigts.