[Terminé] Pas de facile | ft. Blessed

HRP tenue de Rika:

Blessed n’a pas pour habitude de traîner dans les bars. De toute manière, il n’a pas pour habitude de traîner ou que ce soit. Ses envies changent tellement qu’on peut le voir partout et nul part en plein jour comme de nuit. Cette fois-ci, son dévolu s’est jeté sur un bar sympathique où il espère bien trouver un truc à boire. Sa journée a été éprouvante et il a bien envie d’un citron. Ou de deux ou trois. T’façon, pas besoin de prévoir à l’avance il va bien voir.

A peine entré, le jeune homme aux cheveux neige se dirige vers le comptoir ou il dépose son Katana soigneusement rangé dans son fourreau. Il s’assoit non loin d’une naine à l’accoutrement de poupée, sans vraiment y prêter attention. Son choix n’est pas fait totalement par hasard, il n’a pas envie qu’on tente de lui voler son katana et cette fille n’a pas l’air d’avoir le profil pour faire ça.

“ Mec ! Enfin, garçon. “

Dit-il en hélant le barman, un gros costaud portant un bandana et des tatouages. Celui-ci s’approche en posant les mains sur le comptoir comme s’il tentait d’impressionner le monde, ce à quoi le béni réplique sans y porter la moindre attention.

“ Vodka. Avec du citron. Et un citron entier à côté aussi. “

Demande t-il en s’étirant. Il s’apprête d’ailleurs à s’adosser mais étant sur un tabouret, il serait juste tombé comme un con. Heureusement qu’il s’en rend compte à temps. Le barman le regarde d’ailleurs comme s’il était un extraterrestre.

“ Quoi ? Tu sais pas ce que c’est ? Le fruit rond et jaune la. “

Explique Blessed comme s’il parlait à un handicapé mental avant de se pencher au dessus du bar pour se servir en cacahuètes. Il n’a pas payé mais bon, y’avait pas qu’à les mettre à portée. De toute manière le gros balourd n’a rien vu, il est déjà occupé à lui servir son verre et son citron. Et tandis qu’il attend, le jeune homme entend les psaumes vindicatifs de la poupée à sa gauche, située à environ deux mètres de lui. Qu’est-ce qu’elle a à râler celle-ci ? Surtout qu’elle est entourée d’un paquet d’hommes, c’est un coup à se faire agresser. Soudain pris d’une idée, l’assassin lui tire alors une cacahuète dans le front en l’envoyant d’une pichenette bien placée.

“ Touché. “

Mais pas coulé. Il recommence, cette fois dans la joue.

Maintenant sa tête du poing en regardant la naine, Blessed hausse les sourcils. C’est qu’elle en a, celle-ci. Après tout, il faut bien s’attendre à être secouée au vu des ruminements qu’elle fait devant tout le monde. Et encore peut-elle s’estimer heureuse qu’il ne fasse que lui balancer des cacahuètes. Au moins, ça lui a permis de tester son adresse au tir. Enfin, au tir à la pichenette, ce qui ne risque pas d’être très létal à moins d’envoyer des aiguilles. Bonne idée ça.

“ Moi ? Ça va et toi ? “

Répondit-il, innocent. Son humour absurde le rend bien souvent infréquentable en plus d’être bizarre, les gens sont tellement sérieux. Tant d’agressivité pour une simple cacahuète déjà, ça en dit long. Et ce n’est qu’une petite poupée, qui sait ce que se serait permis un gros balourd. Les habitants de Decay devraient vraiment péter un coup.

Pourtant, lorsqu’elle croise son regard, la jeune femme change immédiatement d’attitude et réagit comme un petit chiot docile. Et bien ? Ou est donc passée l’animosité qui était lisible dans son regard quelques secondes plus tôt ? Il fait donc si peur que ça ? Ou peut-être qu’elle est lunatique. Boarf, lui aussi.

“ Pourquoi tu t’excuses, c’est moi qui t’ai tiré des cacahuètes dessus. “

Dit-il en haussant les épaules, c’est vrai quoi. Le jeune homme en prend une poignée qu’il enfourne dans sa bouche comme un rustre et s’approche d’elle en glissant sur la rangée de tabourets, mâchant sa poignée bruyamment juste à côté d’elle. Rapidement, il l’observe avec circonspection avant de lui toucher l’épaule du bout du doigt, poussant la jeune femme comme pour la faire se balancer. Un si petit corps, c’est quand même pas croyable. On dirait une enfant.

“ T’as vraiment passé la majorité toi ? On dirait une poupée. “

Dit-il en continuant de lui toucher l’épaule du doigt. A la voir comme ça, on pourrait croire qu’elle se briserait au moindre impact.

Blessed se fait servir. Le jeune homme se saisit en premier lieu du citron entier et croque dedans comme dans une pomme, mangeant la peau avec sans même esquisser une grimace. Puis, reportant son attention sur la poupée, il s’attarde un peu plus sur la boisson qu’elle boit histoire de la juger. Voir une fille -ou femme selon elle- si petite boire de l’alcool pourrait être amusant. Elle finira bourrée relativement vite sans doute.

Mais plutôt que de continuer à la toucher du doigt comme ça, Blessed se lasse rapidement et porte sa main à son verre pour boire une gorgée. Wah, du citron. Evidemment, c’est ce qu’il a commandé. Mais on ne sait jamais trop ce qui finit dans un verre, il a déjà eu droit à quelques surprises.

“ C’était une question rhétorique. “

Dit-il entre deux gorgées sans sourciller. Le béni la regarde dans les yeux, ancrant ses yeux vairons dans ceux de la petite poupée pour deviner ce qu’elle ressent en l’instant. Elle semble craintive, Blessed sent ces choses la. Comme un animal sentant la panique de ses confrères ou d’une proie isolée. Pas étonnant, la simple morphologie de la petite lui donne un air fragile. Et elle n’arrange rien avec cet accoutrement. Sans doute pourrait-il la briser sans même faire exprès. Ce ne serait pas la première fois d’ailleurs.

“ Dis, pourquoi t’es habillée comme ça ? T’as pas peur qu’on t’agresses ? “

Il reste à côté d’elle, balayant le bar du regard. Des gros motards, des loubards au crâne rasé, des vieux pervers se léchant les babines… ouais, elle n’a pas choisi le meilleur endroit. Peut-être que c’est ce qu’elle cherche après tout. Heureusement, le simple fait de voir un homme comme lui armé d’un katana ne donne pas vraiment envie de s’approcher.

“ Surtout que j’tai entendu ruminer toute seule. T’aimes pas les hommes hein ? Mais ça veut dire que tu m’aimes pas alors. “

Dit-il, fronçant soudainement les sourcils d’un air menaçant avant de retrouver sa neutralité aussitôt. Blessed ne comprend même pas comment l’on peut haïr tout un groupe entier. Enfin, sauf les insectes mais c’est pas pareil.

Blessed écouta son homélie sans l’interrompre. C’est qu’elle en a gros sur le coeur cette poupée. Peut-être qu’elle aurait du rester dans sa maison de playmobil plutôt que d’arriver à Decay. Cela dit, il la trouve drôle. Voir un petit être si fragile s’exprimer ainsi a quelque chose de contrastant en plus de le divertir pour un petit moment jusqu’à ce qu’il se lasse, ce qui devrait arriver à un moment ou l’autre. Rapidement, Blessed fait craquer ses doigts et vérifie que ses armes sont bien sur lui.

“ Ben écoute, t’as beau te plaindre mais t’es encore en vie non ? Et t’as l’air d’avoir tous tes doigts. “

Dit-il en engloutissant son verre avant de le jeter en arrière en le laissant se briser sur la tête d’un client. Celui-ci tombe raide au sol sous les regards incrédules des autres, qui n’ont rien compris à ce qui vient de se passer. Blessed, lui, continue de discuter comme si de rien était.

“ Au pire des cas, t’as qu’à sortir armée. Regarde. “

Il sort une aiguille de sa manche. Un senbon long d’environ 15 centimètres, pointu et fin. Un simple coup dans la tempe ou la jugulaire ferait l’affaire pour tuer un homme. Rien d’insurmontable à ses yeux donc. Encore faut-il oser frapper.

“ Une petite aiguille comme ça, tu la plantes et elle troue la peau de n’importe qui. T’as beau être une poupée d’1M50 pour 20 kilos, ça change rien. “

Dit-il en craquant ses doigts à nouveau avant de ranger l’aiguille.

“ Ou prends une arme à feu si t’as peur de frapper. “

De toute manière, Blessed n’a pas l’air de se sentir concerné par les accusations de la jeune femme. Pourquoi se sentirait-il visé ? Il se fiche bien d’agresser les filles comme ça juste pour les agresser. Il ne comprend même pas l’intérêt. Enfin, il vient techniquement d’agresser un homme sans raisons mais ce n’est pas de sa faute s’il s’est mis dans la trajectoire de son verre aussi.

“ Fais gaffe t’as le visage qui dégouline ! “

Dit-il en la voyant pleurer. Un phénomène qu’il ne comprend pas.

A la question de la poupée, Blessed semble pensif. Comme si on venait de lui tendre une feuille d’examen. Être triste ? C’est une véritable introspection dans laquelle se plonge le jeune homme. De la tristesse, il sait ce que c’est. Enfin, on lui a déjà décrit le sentiment. Le dernier sentiment de tristesse qu’il a pu ressentir remonte à des années, alors qu’il était encore enfant. Mine de rien, il commençait à oublier ces souvenirs. En fait, il n’y pensait même plus depuis sa formation avec le mentor. L’assassin fait alors craquer nerveusement ses doigts plusieurs fois d’affilée jusqu’à ce qu’ils n’émettent plus aucun son et se fige, contrit.

“ Tu fais exprès pour me rappeler des mauvaises choses ou quoi ? “

Demande t-il en se penchant au dessus du bar pour se servir dans un bol d’arachides, qu’il enfourne dans sa bouche en commençant à les mâcher sans les décortiquer. Bah. Il recrachera ce qu’il peut. Le barman l’a vu d’ailleurs, mais ne compte visiblement pas lui faire de remarques tout de suite. Ou peut-être qu’il n’ose pas. Voir un homme armé d’un katana est assez dissuasif en général. Un pistolet est pourtant bien plus facile d’utilisation mais le fait qu’il ne semble pas en avoir besoin laisse deviner à quel point il est dangereux.

“ Enfin, si en fait je sais c’que c’est. “

Dit-il pour en revenir à la conversation en se tournant vers la petite. Le fond de la pièce s’agite, chaque client s’accusant mutuellement d’avoir assommé leur pote d’un coup de verre sur la tête. Blessed n’y prête même pas attention, il ne le remarque pas. Le jeune homme fait à nouveau craquer ses doigts et change de tabouret, celui-ci commence à le saouler. Non pas qu’il soit plus ou moins confortable qu’un autre mais rester sur le même en continu le dérange. En fait non, le béni s’arrête en cours de route et reste tout simplement debout devant le comptoir.

“ Mais c’est quoi le rapport entre être triste et avoir de l’eau qui sort des yeux ? “

Demande t-il en prévoyant le coup, plongeant dans ses souvenirs. Avec un peu de recul, c’est vrai qu’il a déjà pleuré par le passé. Mais s’il ne le fait plus maintenant, c’est bien que c’est quelque chose de réservé aux enfants. Et que donc cette petite poupée est bien une enfant, sa théorie se confirmerait-elle ?