Sur les traces du passé, dans les pas du futur [Pv : Wenli]

« Et si je vous demande de faire un travail, j’aimerais que ce soit fait. Vous savez que j’aime pas parler, encore moins pour ne rien dire. Je vous aurais laissé trop de libertés peut-être ? Vous avez jugé que je ne vous en tiendrais pas rigueur ? Parce que vous êtes des bons soldats ? Votre efficacité ne fait pas de vous des éléments indispensables à la Triade. »

Le dragon de métal tournait en rond dans l’espace exigue qu’offrait le hangar dans lequel ils se trouvaient. Devant elle, trois hommes. Mains liées, bâillonnés. Leurs yeux illuminés par une profonde terreur roulaient dans leur orbite, comme s’ils allaient être prit de convulsions à tout instant. Imperturbable, Wenli s’était lancé dans un monologue, chose qui était, vraiment rare. Le fait est que, au-delà du fait qu’ils aient été incapable de protéger les docks où la milice avait fomenté un raid, elle était navré de devoir s’en séparer. De toute évidence, il n’avait de toute façon pas d’utilité, puisque incapables de mener à bien la seule tâche qui leurs avaient été confié.

Vêtue d’une longue robe noire aux motifs de dragon doré, Jin faisait les cent pas. A ses côtés se trouvait le Bâton Rouge. Si d’ordinaire, remettre de l’ordre dans les rangs de l’organisation lui était réservé, Wenli avait profité de l’entrevue prévue avec une milicienne pour faire teinté ses couteaux papillons. Il manquait plusieurs doigts aux malheureux et l’un avait également perdu une oreille.

« C’est surprenant. » Fit-elle en entaillant l’œil d’un des hommes. Elle faisait référence au fait qu’ils aient pu se permettre d’échouer.

Les deux autres hurlèrent au travers de leur bâillon. Wenli parti d’un rire sardonique. Nous y étions. Bien loin de l’image de la femme d’affaire frigide et pleine de politesse. Ici, la bienséance était à laisser derrière la porte. C’est un tout autre visage, qui, bien souvent n’avait que peu de témoin encore en vie pour en parler. Si ils laissaient ces gens entrer chez eux comme chez le marchand de fruits, c’était la porte ouverte à d’autres attaques. Les Lombardi, cette chaire à canon de première ligne, ne leur suffisait donc plus ?

Non contente de son petit effet, Jin décida qu’elle arrêterait là pour aujourd'hui. Elle fit signe au Bâton Rouge, qui ne se fit pas prier pour terminer le travail. Leur corps inerte s’écroula au sol, dans une flaque grenat visqueuse. Wenli mit ses mains sur les hanches, observant la scène. C’était l’endroit rêvé pour rencontrer une milicienne. Le dragon de métal affectionnait particulièrement tout ce qui touchait au subconscient. Et quoi de mieux que cette ambiance sinistre pour donner le ton. Néanmoins, Jin était aussi une fin stratège. Éliminer une milicienne qui venait à elle d’elle-même n’apportait aucun avantage. Quant au fait d’écouter ce qu’elle avait à dire, de ce coté là, l’enjeu semblait plus intéressant à exploiter.

Dans quelques instants, l’homme qu’elle avait envoyé allait réapparaître avec la jeune femme en question. Le hangar était proche du port. Pratiquement vide, il ne comportait que une table et deux chaises en métal. Spécialement apporté pour cette entrevue. Hors de question pour Wenli d’inviter l’intruse chez elle, au Lu Xia. Et les trois corps inerte, au beau milieu de la pièce, conférait à l’ensemble l’atmosphère austère que la dragonne cherchait justement à installer. Les quelques néons dispensaient une lumière crues, accentuant l’effet escompté.

Le Bâton Rouge se fit discret dans un coin reculé de la pièce, attendant patiemment que l’invité n’arrive. Justement, l’homme que Wenli avait envoyé apparut dans l’embrasure de la porte, suivi de près par la jeune milicienne. Jin se redressa sur sa chaise et ouvrit les mains, théâtrale.

« Bienvenue. J’espère qu’il vous a correctement accueilli. Je vous en pris, asseyez vous. »

Le sourire aux lèvres, le dragon de métal avait vissé ses pupilles cognac dans celle de la nouvelle venue. Elle devait enjamber les corps pour accéder à la chaise que Wenli lui présentait.

Un sourire complice s’étira sur les lèvres de la dragonne tandis que ces yeux papillonnèrent vers les cadavres derrière la jeune milicienne. En effet, leur accueil, avait été tout autre. Le bâton rouge, jusqu’alors dans un coin mal éclairé de la pièce, sorti de l’ombre et s’avança jusqu’à hauteur de la dragonne. Il se plaça à sa gauche, légèrement en arrière. Ses yeux parcouraient la jeune femme, jusqu’à venir la dévisager alors qu’elle déposa son arme sur la table. Wenli avait suivi le geste du regard, son sourire s’étant refroidi. Les deux asiatiques échangèrent un regard complice et l’homme s’empara de l’arme qu’il balança à travers la pièce, loin d’eux. Il aurait pu procéder autrement, mais la milice était l’ennemi juré de la Triade, et c’était encore plus vrai depuis que ce raid avait été mené sur les docks du Nord. Étrangement.

« La dragonne de métal pourrait vous éliminer aussi facilement que ces trois hommes. Elle compte donc sur votre bon sens pour n’avoir aucune autre arme sur vous, ni tenter quelconque attaque. Rassurez-vous, aucune fouille n’est nécessaire. » de sa voix doucereuse, il l’invita une nouvelle fois à prendre place.

Cet homme n’avait pas atteint sa place par hasard. Ces mots étaient choisi avec minutie. Comment pouvait-il menacer indirectement et demander de se rassurer à son interlocutrice dans la même phrase. Wenli pensa qu’elle avait effectivement bien fait de le contacter et de venir à cet entrevu avec lui. Jusqu’ici, il ne l’avait jamais déçu dans ses prises de paroles spontanés, il trouvait toujours les mots justes. Elle n’aurait pas fait mieux.

« - Je vous remercie d’avoir accepté cet échange. Je sais que vous êtes occupée à bien d’autres affaires mais j’ai besoin de vos services. Je cherche une femme passée par ici il y a quelques années peut-être l’avez vous connue.

 Cait, je peux vous appelez Cait.. votre demande m’a, sans vous le cacher, plutôt surprise. Vous ne devez pas ignorer que rien n’est gratuit chez la Triade. »

Tandis que la femme sortait la photo et poursuivit ses explications, la dragonne s’empara de la photographie qu’elle examina attentivement. Jusqu’au moment où elle entendit ‘tête du Nord’. En ça, cette femme était donc au courant que la Triade était présentement fragilisé par la trahison d’une tête. Soit. Pour autant, elle était prête à s’aventurer directement dans la gueule du loup pour obtenir des informations sur une femme. Le visage sur papier glacé de cette femme, n’évoqua rien à Wenli, dans un premier temps.

« Des femmes, j’en vois tous les jours vous savez, il va me falloir une information plus précises que ‘quelques années’ pour répondre à vos interrogations. » elle tandis la photo au Bâton rouge qui hocha négativement la tête.

« Vous prétendez détenir des informations sur les miliciens corrompus qui auraient pu passer des accords avec la tête du Nord. Pourtant, vous êtes venu jusqu’ici me présenter cela comme un marché, alors qu’il s’agirait plutôt de faire votre basse besogne à votre place. La corruption gangrène la milice depuis des années, vous me demandez de faire ce que, vous, ne pouvez pas faire. Qui vous dis que nous ne connaissons pas déjà l’identité de ces miliciens corrompus ? »
Si c’était là tout ce qu’elle avait à offrir en l’échange d’informations sur une femme en apparence insignifiante, Wenli se posait alors une question. Quel lien unissait cette femme à la milicienne pour qu’elle se mette ainsi en danger. Sa survie était compromise en ces lieux. Elle devait faire preuve soit de beaucoup de courage, soit de beaucoup d’inconscience pour être ici, aujourd'hui.

« Rien ne garanti non plus que les noms que vous nous donnerait ne seront pas de fausses informations. La milice pourrait parfaitement profiter de cette faille pour s’y engouffrer et orchestré un guet tapant et ainsi faire d’une pierre deux coups. Éliminer les corrompus et quelques membres de la Triade au passage.  Voici ce que je vous propose. Nous pourrions, ensemble monter un projet qui viserait à rassembler les corrompus de la milice et les traîtres à la Triade, dans une opération de laquelle vous ferait parti, votre vie comme garanti que les informations que vous nous donnerait seront vrais. Qu’en dites-vous ? »

La réponse à cette question permettrait à Wenli de découvrir jusqu’où la milicienne était prête à aller pour obtenir simplement des informations sur cette mystérieuse femme. Un dernier coup d’oeil à la photo… ça lui revenait maintenant, elle l’avait effectivement personnellement connu.