Légendes urbaines Ft Wenli-Jin

C’était une ville où il faisait bon de vivre. Calme la nuit, grouillant d'énergie le jour. Presque tout le monde se connaissait, les histoires étaient rares, le petit patelin de rêve quoi. Jusqu’à il y a quelques nuits de cela… Encore une fois, Ellone se réveillait avec un mal de crâne terrible, elle avait l’impression que sa tête allait exploser, pourtant, elle ne consommait jamais le poison qu’elle vendait à la sauvette. Peut-être l’inhalait-elle par inadvertance d’une façon ou d’une autre ?

Dans tous les cas, elle n’aurait pas le temps d’y penser très longtemps, la fille avait pioncé toute la journée, c’était déjà bientôt l’heure de partir “bosser”. Il faisait déjà sombre visiblement, les rues étaient désertes à cette heure, seuls les intéressés ou quelques fêtards s’aventuraient par ici. Cependant, dans son spot habituel, aucune visite et les minutes puis les heures qui défilaient. Suspect.

Aussi, avait-elle décidé de s’enfoncer un peu plus dans ce quartier industriel où les fêtes clandestines étaient organisées. Sa route s’était passé sans embûche jusqu’à ce qu’elle trébuche sur quelque chose pendant qu’elle avait le nez collait à son téléphone. La dealeuse vacillait plusieurs pas en avant, puis ne put rattraper son cellulaire qui s’éclatait au sol. De quoi pourrir son humeur de façon irrémédiable. Mauvaise et amère, elle se retournait pour inspecter la source de sa maladresse.

Ses yeux s’écarquillaient devant sa découverte. Le gars au sol, ou plutôt la victime avait été réduit en charpie et si elle arrivait à le distinguer aussi bien dans le noir, c’était grâce à la luminosité émise par l’astre lunaire complet ce soir-là dans le ciel. Comme elle ne voulait pas être mêlée à ça, elle agrippait son bien cassé et décidait de prendre la poudre d’escampette. Ses pas étaient pressés déjà, mais ils s’accéléraient encore quand elle entendait des bruits étranges venir des alentours.

“ Il y a quelqu’un ? “

Question totalement ridicule en y repensant. Stoppée au milieu de la rue, elle pivotait autour d’elle même en quête d’un contact visuel, en vain. Comme elle n’entendait plus rien, Ellone reprenait son avancée. Une poubelle se renversait à quelques mètres d’elle et la jeune femme sursauta en s’écartant vivement. Elle se retournait pour inspecter la rue et qu’elle ne fut pas sa surprise de voir que le corps avait disparu.

“ Meh… C’est une blague ? “

Revenant sur ses pas, elle pouvait voir que les traces de sang étaient quant à elle toujours là. Sa témérité avait des limites, elle prenait ses jambes à son cou en courant toujours droit devant elle en espérant croiser quelqu’un. Pas forcément pour l’aider, mais plutôt à jeter en pâture à sa place....

C’était un soir de pleine lune. Et comme s’était sensé l’être, Wenli avait du mal à contrôler sa transformation. Et l’influence de l’astre lunaire avait commencé depuis le moment où elle s’était réveillée et une fois la nuit tombée, elle s’était intensifié. Allongée sur le capot de sa Jeep, Wenli observait les étoiles, dans une veine tentative de trouver un ancrage. C’était ce qu’elle avait apprit, lorsque la pleine arrivait, pour mieux se contrôler, elle devait trouver un ancrage qui l’aiderait à garder sa forme humaine.

Sa condition était néanmoins pour ainsi dire récente. Tout ce qu’elle avait apprit en théorie, aujourd’hui, il était temps de passer à l’action. Jin avait senti ses capacités échapper un peu plus à son contrôle tout au long de la journée. Ses yeux clignotaient de leur couleur naturelle à un verre presque néon. Tant que ça ne clignotait pas, elle pouvait toujours pretexter le port de lentille. Mais lorsque vos iris changeaient aussi radicalement de couleur devant quelqu’un, cela devenait beaucoup plus délicat à expliquer.

Quoiqu’il en soit, la nuit venait de tomber et Wenli était vidée. Elle aurait du rentrer chez elle et s’enchaîner au mur pour s’empêcher de sortir massacrer des innocents. Mais au lieu de quoi, Jin avait préférer venir ici, en haut de cette colline, allongée sur son capot à penser au sens de la vie. Finalement, elle agissait un peu comme une ado en pleine crise identitaire.

A vrai dire, être confronté à une toute autre réalité n’avait pas été sans conséquences pour la jeune femme. Bien qu’elle tentait de le dissimuler, ce soir plus que jamais, ce n’était pas le moment de joueur à l’autruche. Et ce qui devait arriver arriva. Wenli perdit le contrôle pendant un trop longtemps et une fois transformé c’était trop tard.

C’était cette succession d’événement qui l’avait mener jusqu’ici ; dans cette ruelle sombre. Dans sa torpeur, elle était tombé nez à nez avec un humain à qui elle n’avait pourtant pas l’intention de faire du mal. Mais trop tard, un instinct animal surgit en elle, et en moins de temps qu’il ne fallait pour le dire le corps entier du malheureux fut lacéré. C’est à ce moment qu’une jeune femme apparu subitement dans la ruelle. Sa pulsion assouvie, Wenli retrouvait progressivement ses sens humain mais tout en conservant sa forme garou, elle s’était mit à l’abri attendant que la femme passe son chemin. Dans la précipitation, une chose manquait, et la plus importante… Le corps de cet homme. Alors lorsqu’elle la pensait loin, Jin sortie de l’ombre pour ramener le corps vers elle et vint consulter la santé de sa victime.

Il y avait un pouls, mais faible. Wenli était partagée entre le laisser vivre ou l’achever. De toute manière elle était sous sa forme garou, l’homme en question aurait du mal à la reconnaître s’il venait a se croiser en plein jour. Mais le laissé en vie, constituait quand même une menace permanente qu’il s’en souvienne et qu’un jour.. on s’en serve contre elle. Wenli n’eut pas le temps de poursuivre ses réflexions qu’elle entendit l’autre femme littéralement prendre ses jambes à son coup. Qu’avait-elle vu exactement ?

« Eh toi là bas ! »

Elle poursuivit la femme à travers les ruelles, ayant retrouvé forme humaine. Il y avait encore tellement qu’elle ignorait de ce monde. Comme par exemple le fait que l’homme qu’elle avait blessé pouvait se transformé en garou. Peut-être en loup-garous, ours-garous ou même coyotte-garou. La famille des garous étaient en vérité large. Quoiqu’il en soit, la peste courrait sacrément vite.