Événement : Extravaganza, le Carnaval de Napoli

Voilà plusieurs fois qu’elle entendait parler de ce fameux carnaval organisé par les italiens de Decay. Ils n’étaient pas forcément alliés, mais la slave voyait ici un excellent moyen de rencontrer la bourgeoisie de ces quartiers. Celle dont la fortune n’attendait qu’une chose: s’acheter un nouveau sac à main, de nouveaux escarpins ou encore un foulard de grand créateur. C’était son domaine, et les actions d’Irina étaient rarement dénuées de sens. Elle avait donc décidé de se rendre à ce carnaval, où elle pourrait dans un premier temps être en sécurité grâce au fait que tout le monde soit masqué. Fort heureusement, car visiblement les armes allaient être bannies. Pour tout le monde sauf pour les organisateurs, probablement. Pas de 9mm pour se défendre de potentiels agresseurs, donc.

Le jour du carnaval était arrivé, et elle s’était décidée à s’habiller de façon très élégante. Elle était toujours distinguée, mais les tenues de soirées étaient réservées à des occasions un peu particulières. Son objectif était clairement de faire ressortir un certain statut social. Louboutins Pigale aux pieds, permis les plus radicaux du créateur français, une robe rouge d’une maison russe pour sublimer sa svelte silhouette et un foulard Hermès noué à son cou pour ajouter de la couleur mettaient en valeur la belle slave, dont le visage était camouflé par un masque obligatoire lors d’un carnaval. Elle avait préféré le dos nu au décolleté vertigineux, et le côté sexy était assuré par une fente remontant assez haut au niveau de sa cuisse. Son masque noir était incrusté de quelques pierres, sans en faire trop évidemment. Son objectif n’était pas de mettre le plus de luxe possible dans sa tenue, elle avait simplement choisi des vêtements qu’elle trouvait adaptés, et dans lesquels elle se sentait belle et élégante.

Descendant d’une imposante berline avec des vitres surteintées, ce n’était qu’en sortant du véhicule qu’on pourrait l’identifier. Et encore, c’était si elle n’avait pas de masque. Les contrôles étaient de mise, et en voyant le sourire des agents de sécurité, elle se doutait que la fouille au corps allait être faite dans les règles de l’art. Un petit soupir plus tard, elle ouvrait son petit sac à main rectangulaire pour montrer qu’elle n’y cachait malheureusement pas d’arme, et c’est sans surprise qu’ils firent une fouille au corps assez appuyée.

Levant les yeux au ciel derrière son masque, ils ne pouvaient voir son air méprisant qui était pourtant bien présent. Prévisible, mais détestable tout de même.
Une fois ce petit désagrément passé, celle pour qui le luxe était une façon de vivre - et aussi de s’enrichir - commença à observer la foule en gravitant autour, évitant le plus possible de plonger dans la masse centrale. Ses pupilles glaciales se permettaient de juger les personnes se trouvant au carnaval. Entre les fautes de goût, ceux qui voulaient absolument paraître riche sans vraiment l’être, et les contrefaçons apparentes… Il y avait de quoi faire. Après un round d’observation assez bref, elle décida de se rapprocher d’un bar afin d’y prendre un coupe de champagne… enfin, de prosecco du coup! Elle ne trouvait pas cela aussi bon, mais ça restait plusieurs crans au dessus de la bière.

Coupe à la main, son but était désormais d’attirer un peu plus l’attention afin de potentiellement discuter avec des personnes pouvant être intéressantes, et si possible intéressées par son activité. Du coup, quoi de mieux que de se déhancher au rythme de la musique, encore une fois sans en faire trop. Le twerk et autres danses délabrées, elle les laissait aux filles légères.

Le volume de la musique faisait vibrer le verre de la pièce, la mélodie guidant les pas de danse de la belle Cruella qui, portait par la mélodie, valsait avec son prince, un mannequin d'essayage déniché dans un vieux centre commercial pas loin de son lieu de vivre. Le cœur à la fête, des étoiles dans les yeux, la tête embrumée d'un nuage d'images féeriques. Elle était une princesse de conte de fée, une belle et douce jeune fille d'un père Roi d'un lointain royaume et d'une mère, reine vénérée et appréciée de tous. La petite Cruella, fruit de leur union, un amour impérissable qui durera toujours, était le petit joyau de la couronne. Au bal de minuit, dans une large pièce décorée d'une façon sublime, bondée de monde, des fidèles servant l'autorité en place. Elle dansait dans les bras de son valeureux prince, un bel homme brun au sourire ravageur, aux muscles saillants et à l'allure digne. Il lui faisait valser son cœur et chavirer ses sens, dans ses bras elle s'abandonnait aux délices de l'amour.

Qu'elle était joyeuse dans ce monde féerique, pleine d'amour et de bonté... Oui, mais dans la réalité nous étions à Decay, royaume de la pourriture et des déchets. Ce brusque retour à la réalité s'accompagna d'un cri de rage soudain, elle envoya valser son cavalier inanimé dans un coin de la pièce, avant de s'emparer de son pistolet mitrailleur posé sur le coin de la table et d'arroser copieusement son prince. « Crève ! Crève, crève crèèèèèèève ! » Saleté de mannequin à la noix. Elle ne s'arrêta qu'à la fin de son chargeur, qui une fois vide se manifesta d'un petit clic. Soufflant bruyamment, sa frustration évacuée, elle déposa l'arme et se dirigea vers les vestiges du mannequin qu'elle gratifia d'un baiser sur la joue, couplé à un clin d’œil malicieux. Ricanant, elle se jeta sous la douche, retirant ce qu'il lui restait de vêtement juste avant de tourner les valves pour l'eau. A l'aide de son meilleur gel douche Tahiti Passion, elle nettoya sa peau. De son plus beau shampoing Elseve Color Vive, elle magnifia l'éclat de sa toute nouvelle couleur, faite pour l'occasion.

Une partie de ses cheveux était restée gris cendré, tandis que la seconde avait été teinte d'un noir si profond qu'il aurait pu en faire pâlir de jalousie un Uchiha. Si sombre. Elle s'essuya délicatement, si aimante était-elle de sa propre peau. Elle s'arrêta devant son large miroir, mimant le grognement d'un félin. « Tu sais que je dévorerai bien ta petite pêche tous les soirs, toi ! GrrrRRrrRrR  » Suite à quoi elle passa des heures qui paraitraient interminables pour un homme dans la salle de bain, à s'apprêter pour ce soir, être la plus bonne de leurs copines et être élue à la fin de la soirée, Miss Carnaval des Ritals 2040. Une longue robe noire au tissu fin, élégant, offrant un décolleté bien plongeant sur sa poitrine. On atteignait la discipline professionnelle de plongée à ce niveau-là tant un regard suffisait à vous perdre dans sa poitrine généreuse. Couvert par une gros manteau en fourrure de chien, du dalmatien plus précisément, elle avait employée la grosse artillerie cette fois. Ses mains se cachaient sous une paire de gants en soie, rouge.

Fouillez-moi de vos mains expertes, beaux mâles. Gare à la morsure par contre. Hihi

Nulle arme dissimulait sur elle, on l'autorisa à pénétrer dans le territoire. La Reine des Pestes fit irruption juste avant que la Donna, madame Lombardi ne fasse sa propre apparition au balcon d'un beau bâtiment. Le petit discours qu'elle prononça, court et sans intérêt pour Cruella, provoqua un éclat de rire généralisé. Terminant de tirer sur la fumée de sa cigarette qu'elle fumait par le biais de son fume-cigarette, elle se mit à rire également. Faux et terriblement méprisant, elle méprisait intérieurement tous ces idiots agissant comme un troupeau de moutons. « Suffit qu'une potiche à gros seins organise un repas champêtre et c'est la nouvelle coqueluche de Decay ! Ridicule ! » Plus salée que le sel de guérande, envahit d'un seum plus immense encore qu'un belge après leur élimination de la Coupe du Monde 2018, le visage de Cruella se déformait en quelques expressions haineuses.

Le visage heureusement dissimulée sous un masque noir de lapin dont les grandes oreilles pointaient vers le ciel, on ne pouvait pas reconnaître à qui appartenait ce doux faciès défiguré par la jalousie. « Si c'est comme ça, je vais y foutre le feu moi à ce Carnaval ! » Les gênes de l'anarchiste sommeillant en elle se réveillait déjà, des idées pour faire foirer cet événement se bousculant dans son esprit tordu. De toute façon, son prince charmant à elle, Francine, la très recherchée Francine, cette petite salope de bas étage, n'étais pas venue. Aucune raison de s'attarder ici donc. S'approchant d'un garçon de service pour lui subtiliser un verre de vin, elle manqua de s’étouffer avec sa première gorgée lorsqu'une licorne géante traversa son champ de vision comme un chaton poursuivi par un doberman. Mais pas un de ces dobermans inoffensifs qui remuaient la queue au moindre visiteur et que l'on appelait Pantoufle, non, un vrai doberman. Un qui inspirait la peur.

Une licorne. Une licorne. UNE LICORNE.

UNE.
LICORNE.

LICOOOOOOOOORNE !

Elle s'élança immédiatement à sa poursuite, soudainement folle de rage et obnubilée par la seule idée de dérouiller si fort cette licorne qu'elle en deviendrait un morse.

 

Spoiler:

HRP:

C'est seulement après quelques minutes à slalomer entre les convives, que j'arrive à repérer le bar. L'endroit est bondé et il y fait affreusement chaud. Les corps animés par l'ivresse de la fête et de l'alcool, se bousculent et se mêlent dans diverses danses, parfois particulièrement osées. Au Brésil, je sais qu'elles ne seraient pas considérées comme vulgaires, mais ici, c'est une toute autre histoire. Tout est sujet à interprétation et à connotation sexuelle. Malheureusement, j'ai dû renoncer à ma nature festive de ce fait. C'est uniquement entourée et lorsque je me sens en sécurité que je me laisse aller et redeviens la Mia d'avant Decay. C'était une autre version de moi-même, bien plus joyeuse, bien moins sur la défensive et à l'écart. Ce soir, étant donné que j'ai réussi à me motiver afin de me présenter à Napoli, je décide de faire l'exception. Pour me donner du courage, je décide de passer commande auprès du barman. Quelques hommes qui étaient adossés au comptoir se reculent pour me laisser passer. Je ne suis pas naïve au point d'assimiler l'acte à de la galanterie. Il s'agit d'autre chose, de plus primaire, comme le fait de pouvoir mieux observer mes formes et s'imaginer des obscénités à mon sujet. Je soupire, agacée, puis parviens à me faire écouter.

- Un cosmopolitan, s'il vous plaît.

Je dépose un joli billet pour payer l'addition. Le barman n'aura qu'à garder la monnaie, j'ai horreur des pièces. Bien que mon choix de cocktail soit cliché, je n'ai pas voulu tenter la commande d'une boisson plus "sud-américaine", au risque que l'on me dise que nous nous trouvons à Napoli et qu'il n'y a rien de tel ici. Quoi que, j'aurais certainement pu me renseigner.
Lorsque le barman se présente à nouveau avec ma commande, je le remercie.

- C'est pour moi.

Ainsi, il comprendra que je lui laisse volontiers un beau pourboire. Levant la tête, j'observe toutes les lumières de la fête, il y en a pour tous les goûts. Je comprends mieux pourquoi le Carnaval a un tel renom ici. Les choses n'ont effectivement pas été faites à moitié...
Je remue mon verre doucement, puis bois une gorgée lorsque mon regard rencontre celui d'un homme sur ma droite. Son costume est particulièrement voyant. Après tout, il est blanc, mis à part pour sa chemise que je vois paraître en dessous de sa veste et sa cravate. Celle-ci me fait sourire, cela faisait longtemps que je n'avais pas vu un homme oser porter cette couleur, mais le tout lui va bien. Constatant que son regard ne quitte pas le mien, je le détourne. Ne sachant pas qui peut se cacher sous cet étrange masque, je ne préfère pas jouer la domination visuelle.

Je m'avance quelque peu afin de laisser la place aux prochains clients du bar. Là, je ne sais plus où donner de la tête. Mon verre devient très vite encombrant, trop encombrant afin de me frayer un chemin retour vers un peu plus de calme. J'aurais réellement préféré pouvoir m'asseoir tranquillement et siroter mon cocktail, cependant, je vais devoir envisager de changer mes plans. Me retrouvant coincée entre deux gaillards, je bois mon verre cul sec. Tant pis pour la forme, le fond est là. Le posant sur le comptoir derrière moi, je me rends compte que l'homme d'un peu plus tôt n'a pas cessé de me regarder. Peut-être suis-je entrain de lui rappeler quelqu'un. Pour ma part, je ne pense pas le connaître. Alors que je m'apprête à repartir, une nouvelle musique commence à se jouer. J'hésite un instant, puis je rejoins la piste de danse. Au début, je me déhanche lentement et fais attention à mon entourage, puis, plus le temps passe, plus j'arrive à me détendre. J'y reste le temps de deux ou trois chansons, refoulant fermement quiconque viendrait interrompre mon moment. Un moment de moi à moi, entre la Mia d'aujourd'hui et celle d'avant. Je lève la tête et me décontracte, un autre remontant ne me ferait sans doute pas de mal.
Ainsi, je m'extirpe une nouvelle fois de la masse afin de rejoindre le bar. Le tout, pour me retrouver juste à côté de l'inconnu en costume blanc.

- Je ne pense pas vous connaître ?

Je le lui demande avant même de le regarder. Je passe commande d'un shooter de tequila, puis me tourne vers l'homme qui doit avoir aux alentours de mon âge.

Spoiler:

S’il y a une chose que Wenli pouvait reconnaître en la Donna de la Mafia Italienne, c’était sa volonté de maintenir les traditions quoi qu’il ait pu se passer à Decay ses derniers temps. La dragonne s’inspirerait certainement de cette ténacité pour mener à bien ses propres projets d’événements de divertissement à grande échelle. En ça, on pouvait dire que Jin éprouvait une certaine forme de respect envers la Lombardi. Bien que sociabiliser n’était pas son fort, la chinoise aimait malgré tout les fêtes. D’autant plus qu’elle avait justement un masque et un costume qui seraient parfait pour l’occasion + .

Ce soir, elle n’avait personne qui l’accompagnait. C’était à la fois risqué et longuement réfléchi. Elle voulait croire que d’abord, personne ne pourrait la reconnaître avec ce costume et que quand bien même, personne, en théorie, ne serait assez fou pour assassiner une tête de la Triade en plein Napoli. Sans parler du fait que toutes armes, quelles quelles soient, étant formellement interdit sur le territoire pendant le carnaval. L’événement redonnait espoir à Wenli d’un jour parvenir à organiser son propre festival chinois. Elle avait des traditions à perpétrer, même ici, à Decay.

Fort était de constaté que lorsqu’elle arriva sur les lieux, la fête battait déjà son plein. Wenli appréciait faire la fête, mais limitait grandement le contact avec autrui. Elle ne voulait pas s’encombrer de personnes gênantes qui se lanceraient dans des monologues interminables sur leur vie, alors qu’elle n’a rien demandé. Et fatalement, c’était le cas de la majorité des gens qui n’étaient pas sobres. Enfin ça c’était la meilleure version du cauchemar. Au pire, elle aurait droit à une bagarre. Bref, tout un tas de raisons pour rester loin des gens, donc.

C’est sur ces pensées que son regard croisa celui d’un homme qui lui semblait familier. Sans pour autant pouvoir remettre son visage, puisqu’il était évidemment caché par un masque. Qu’importe, elle venait d’entrer dans ce bar et elle devait commandé. Elle s’approcha donc et il s’avérait que le seul coin libre pour passer commande se trouvait juste à coté de l’homme en question. Ce n’était pas tout le monde qui avait poussé le déguisement aussi loin qu’elle. Mais elle mettait un point d’honneur à être tranquille ce soir, ce qui sous entendait, dissimuler son identité. Et son costume y jouait pour beaucoup, indépendamment du fait qu’elle avait décidé de ne parler qu’exclusivement anglais ce soir. Son accent était maintenant pratiquement indétectable.

Après un long moment à attendre après le serveur débordé, Wenli fini par se tourner vers cet homme dont elle sent le regard pesant sur elle. Ou peut-être se fait-elle des idées ? Difficile à dire avec ce masque. « Vous participez souvent au carnaval ? » la réponse l’intéressait vraiment. Elle voulait savoir qu’elles seraient ses chances à elle d’organiser son propre événement sans que cela ne fasse un flop.