Chapitre 2 : La Corporation
Decay
Decay, destination de tous les possibles, terre en friche où fourmillent les possibilités et l'argent facile, où chaque vice est accessible, chaque désir libre d'être comblé. L'île prospère, se vautre dans sa propre réussite, quand l'ouragan Isaac survint, balayant sur son passage les installations des gangs comme leurs prétentions. Et un nouveau groupe émerge des brisures laissées par la tempête, la Corporation. Forte de son budget, celle-ci s'invite en sauveuse, promet à tous une aide financière et humaine, des avancées conséquentes, pour une vie meilleure. Avides de pouvoir ou simples fantoches, qui sont vraiment les acteurs de cette entité inédite qui prétend étendre son influence à tout Decay.
11/10/2020 HRP
La Newsletter est sortie ! Beaucoup de changements au programme, par ici
11/10/2020 RP
Quelques semaines après la fin de l'ouragan, la Corporation dévoile son visage ! A lire par ici
12/09/2020 RP
L'ouragan Isaac s'abat sur l'île ! Pour en savoir plus, par ici
12/09/2020 HRP
L'event Hurricane est lancé ! Vous pouvez toujours le rejoindre par ici.
27/08/2020 HRP
Nouvelle newsletter ! La lire ici.
05/07/2020 HRP
Nouvelle newsletter et nombreux changements ! La lire ici.
30/05/2020 HRP
Nouvelle newsletter en cette fin de mai ! La lire ici.
30/05/2020 RP
Un nouveau système de réalité augmentée sort au Space Station Bar ! Participer ici
5/04/2020 RP
Le Carnaval de Napoli est lancé ! Extravaganza
8/04/2020 HRP
Nouvelle newsletter ! La lire ici.
18/03/2020 HRP
Ajout des missions et petite update de l'index !
28/02/2020 HRP
Deuxième newsletter ! La lire ici.
28/02/2020 RP
La Milice redouble de violence et est plus présente sur le territoire de Decay !
31/01/2020 HRP
Première Newsletter, bébé forum deviendra grand ! La lire ici.
31/01/2020 RP
L'intrigue "Paranoïa" a été lancée ! Par ici.
17/01/2020 HRP
Ouverture du forum ! N'hésitez pas à rejoindre le Discord !
Il parait qu'une jeune fille a été aperçue allant dans les égouts. Depuis, elle n'a plus donné aucune nouvelle d'elle. Une nouvelle victime des monstres vivant dans les égouts ?Une vingtaine de serpents en liberté auraient été aperçus sur les Docks. La Triade en sueur.On déplorerait trois morts suite au dernier barathon de la rue de la soif.À Kabukicho, des rumeurs sur l'affaiblissement des effectifs du clan Oni commencent à poindre. L'absence de Yokai se fait-elle enfin ressentir ou cela n'est-il que le fruit de l'imagination de quelques résidents ?Une certaine Shrimpette serait en train d'écrire une fan-fiction sur certains membres de Decay.On dit que l'ensemble du corps d'un certain mercenaire travaillant pour la Triade serait entièrement recouverts de ses nombreux crimes. Une dizaine de cadavres auraient été découverts, au cours du mois de Janvier, sur les Docks. Certains évoquent un règlement de comptes. Un tout nouveau malware parcourrait la toile, déguisé sous la forme d'un logiciel à première vue inoffensif. Il installerait une backdoor sur les machines infectées. Pour quelle raison ? Cela reste un mystère. Une femme vagabonde à la chevelure d'un noir profond et aux yeux écarlates prendrait en charge des malades et blessés au travers de Decay pour une misère, offrant une alternative médicale à celle dispensée par l'Église. Fin Janvier/Début Février, une course de rue, en pleine nuit, aurait conduit certains hommes hors des pistes. Plusieurs voitures seraient sorties de la route suite à un « conducteur fantôme ».
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Le kimono d'intérieur de soie glisse sur sa peau satinée alors qu'elle quitte enfin la salle de bains pour rejoindre la mezzanine donnant sur la pièce principale de sa suite au Dvorets. Belladone a encore passé une bonne part de son après-midi dans son bain, à siroter du vin rouge, le regard rivé sur sa tablette. Elle passe toujours d'une revue à l'autre pour tenter de se tenir au courant de tout mais, au bout du compte, elle en revient toujours aux vidéos idiotes de chiens un peu benêts. Ils sont ce dont elle a besoin lorsqu'elle se prépare : de quoi rire un peu avant de se glisser dans la peau de la Diva.

Poussant un long soupir en constatant que la femme de ménage était bien passée durant sa longue baignade, elle ne peut s'empêcher de songer à ce qui l'attend ce soir là : un type étrange. Un client capable de balancer tout son argent - c'est ce qu'elle suppose, il ne marque pas par ses atours richissimes - dans une nuit passée à parler presque tout seul, l'observer aller et venir dans sa suite ou éventuellement se faire masser. Pas tout le corps, attention, monsieur est pudique. Rien de plus que cela.

Belladone n'est pas de nature à pleurer sur une soirée sans faire semblant de prendre son pied pour flatter l'égo d'un mafieux bedonnant et impuissant - pourquoi les plus riches sont-ils souvent les moins amusants ? - mais tout de même. Pour celle qui se targue de toujours savoir quoi faire, quoi dire, mener ses clients, hommes ou femmes, par le bout du nez en faisant vibrer leur corde sensible pour faire tomber les mille et les cents, ce Genji est un mystère frustrant. Ce doit être la dixième fois qu'il vient lui rendre visite et paie rubis sur l'ongle, bien qu'elle n'ait pas compté. Et il ne l'a toujours pas touchée. Peut-être effleurée, une fois ou deux. Ses manières sont aussi déconcertantes que vexantes, à force. Ce qui était une spécificité rafraîchissante au début a fini par se muer en une remise en question tacite de la perfection qu'elle se plaît à incarner.

Alors Belladone n'est peut-être pas dans le meilleur état d'esprit, ce soir là. Elle ne fait même plus vraiment d'effort pour tenter une autre tenue, une nouvelle mise en scène, une coiffure inédite, un spectacle éblouissant. Cette fois, elle se laisse aller à la simplicité et au confort tout relatif qu'elle ne peut que rarement se permettre. Les plus riches sont souvent les plus étranges et les plus exigeants. Lui ne l'est pas, grand bien lui fasse.

Lorsque sa silhouette passe devant le grand miroir de la pièce à vivre - celle où les plus rapides pistoleros passent le plus clair de leur temps, incapables d'aller jusqu'à la chambre à l'étage - elle s'arrête, happée par son reflet. Un mélange de conscience professionnelle, à s'analyser sous toutes les coutures pour être à la fois parfaite et décontractée, naturelle et irréprochable, et un peu d'ego. Peut-être beaucoup. C'est comme le constat du travail bien fait, quand bien même elle doit beaucoup à la génétique. Sans s'imposer l'élégance que la solitude n'exige pas, elle ajuste ses sous vêtements en tirant dessus. Ces soutien-gorges ne sont décidément pas tous pensés comme une seconde peau, mais au moins, le kimono de soie noire est confortable. Lorsqu'elle le ferme enfin, la petite clochette servant de sonnerie à la porte de la suite retentit. Son client est enfin là.

Belladone s'approche alors lentement de la porte - elle aime généralement les faire languir, bien que Genji ne semble pas très impatient de toute façon - et attend quelques secondes à l'entrée. Elle inspire un grand coup, prend un air qu'elle aime à désigner comme "instantanément bandant" et ouvre enfin la porte. "Ah, te voilà mon chou !" L'attrapant par le col de son long manteau noir - Belladone a toujours eu un petit quelque chose pour les bad-boys - elle l'attire à lui sans forcer le moindre contact, en le faisant entrer dans la suite. Si ses méthodes habituelles consistent en se faire désirer et donner envie à l'autre de faire le premier geste, avec Genji, elle a fini par prendre ses aises, puisqu'il ne semble pas réagir. Mais surtout, ne pas céder à la frustration. "J'espère que tu ne me tiendras pas rigueur de la tenue, je me suis dit qu'on pourrait se mettre à l'aise !"
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Il a tué ce soir. Un contrat simple. Basique. Un seul coup de lame. Quelques gargouillements obscènes. Des vomissures sanglantes. Et puis le vide. Abyssal. Un vide dans lequel il manque se noyer, chaque fois qu’il s’aventure un peu trop en lui-même.

Alors il a pris son temps, nettoyé minutieusement chaque trace de sang. Avant d’emprunter le chemin connu, rassurant, qui le mène à travers la ville, lui fait franchir une zone, puis une autre, jusqu’à arriver à Moskva. Les silhouettes titubent dans le noir, les cris résonnent, les soûlards qui s’interpellent, se défient, sans cesse, s’injurient, aussi.  Il passe devant eux sans les voir, ombre parmi les ombres.

Ses pas le mènent devant le Dvorets, et il entre, après un signe l’annonçant comme un client. Le passage s’ouvre devant lui, mais il n’accorde pas le moindre regard à la richesse noble qui habille les lieux, fait de l’endroit une enclave dans la pénombre qui compose le quartier tout entier. Ce n’est pas la beauté soignée de l’endroit qu’il est venu admirer. Ni les lubies décoratives qui jalonnent sa progression dans les couloirs. Il ne s’arrête qu’une fois devant la dernière porte, inspire lentement avant de se manifester, attend ensuite que celle qu’il est venu voir daigne lui ouvrir.

Il ne saurait pas la décrire avec des mots, là où lorsqu’elle apparaît seules les sensations qu’elle fait naître en lui priment. Des sensations longtemps oubliées, anesthésiées, qu’elle a réveillées  le premier soir, par sa seule présence, alors que, perdu, il ne savait plus vers qui diriger ses incertitudes. Lui ne fait jamais le moindre effort, se contente d’opposer aux extravagances de Belladone une propreté irréprochable et un mutisme qui le protège. Parce que s’il ouvrait les vannes, s’il laissait aller les pulsions qu’elle appelle, alors rien ne serait plus pareil, et il perdrait en même temps que ce havre inespéré, cette faculté qu’elle possède de lui ôter de la tête toutes ses mauvaises pensées. S’il hausse légèrement un sourcil quand elle l’interpelle, il se reprend vite, recompose son air détaché habituel, avant de la laisser l'entraîner à l'intérieur, retenant de justesse le mouvement de poignet qui le pousse à la capturer pour la ramener contre lui.

L’envie est toujours là, présente, tapie en lui, latente, mais s’il se sait proche de la rupture, rien n’indique dans son comportement que ce soir sera différent des autres. Il se débarrasse du manteau qui ne le quitte jamais, libère son katana de la sangle qui le retient avant de le déposer soigneusement avec le vêtement sur l’un des fauteuils avant d’observer avec attention la mise de Belladone. S’il aime ce qu’il voit, il n’en montre rien non plus, se contente de lui décocher un sourire évanescent avant de se laisser tomber sur l’un des canapés. Sa jambe le lance désagréablement, mais il n’a pas envie de s’en préoccuper pour l’heure, préfère se concentrer sur quelque chose de plus plaisant, Belladone par exemple.

Il ne la quitte pas des yeux, comme s’il pouvait la dévorer par ce seul biais, faire taire les brûlures de la chair, les pulsions primales, et se contenter de la contempler à jamais. Au risque de la perdre. Ce qu’il refuse encore, tout en sachant la chute inéluctable. Les lèvres pincées, il la suit des yeux, silencieux, presque désagréable à force de fermeté. Si elle savait comme ça lui coute. Peut-être qu’elle le ferait, ce pas qui manque entre eux, qui lui permettrait, à lui, d’abandonner toute prudence, toute raison, de se livrer enfin aux appétits qui le rongent, qui se disputent en lui à la méfiance. De ce qu’il serait alors capable faire. Mais elle ne le fait pas, ce pas. Professionnelle. Presque trop. Et comment le lui reprocher.

Il n’aime pas demander. Il n’aime pas dépendre. Et le miracle sans cesse renouvelé de ses venues, de ce qu’il parvient à exiger, ne cesse de l’étonner. Parfois, il se demande ce qu’elle a dans la tête. Ce qu’elle supporte. Comment elle le supporte. L’argent est un excellent moteur. Il se rappelle de ce que l’argent peut faire aux gens. Et les murmures se taisent dans son esprit, muselés par une logique implacable.

Il s’est perdu dans ses pensées, reporte sur elle un regard fiévreux, chargé de questions qu’il n’arrive pas à poser. « Aide-moi. » finit-il par murmurer, frustré, agacé par ses propres atermoiements. « Mon chou ? » ajoute-t-il dans un rictus amusé.  Il se relève, hésite un moment, avant d’approcher Belladone. Le sourire s’est évanouit. Seul le sérieux dans son regard ne vacille pas. Et les prunelles qu’il pose sur elle sont incandescentes. De même que la façon dont il lui attrape les hanches. Sans équivoque. Pour la presser contre lui. Exigeant, sans être encore brutal. « Aide-moi. » répète-t-il en fermant les yeux, la tête penchée, le menton posé sur l’une des épaules de la prostituée. Et rien ne compte plus que leurs solitudes réunies, l’espace d’un instant qui pour lui n’a pas de prix.
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Le comportement de Genji n'est pas si cryptique, mais Belladone ne parvient jamais à lui apposer ses certitudes. L'absence de réponse de sa part n'est pas pour la surprendre, il est souvent si taiseux. Elle pousse alors un soupir dont elle fait taire l'agacement à grand renfort de contrôle, préférant afficher un sourire forcé. Encore une fois, elle se doit d'admettre que toute la frustration qui se développe en elle avant ses arrivées et après ses départs s'évanouit presque lorsqu'elle le voit agir. Elle n'a pas de raison de lui en vouloir, après tout. Ce qu'il fait naître en elle n'est sans doute pas volontaire, ça n'est que son orgueil à elle qui est en cause. Impossible de s'en prendre à lui et l'accabler. Et puis, il paie. Comme les autres.

L'on pourrait croire qu'être payée à simplement être là est une aubaine. Mais pour Belladone, ces rencontres sont plus tendues que les autres. Elle est à l'aise avec le charnel, sait se détacher très facilement de tout cela. Il y a longtemps qu'elle a cessé de le voir comme une salissure, un acte vil. C'est même comme si elle ne l'avait jamais envisagé ainsi, trop jeune pour concevoir un jour la prétendue valeur de sa pureté. Emmener un client jusqu'à la salle de jeux ou la chambre, lui faire prendre son pied, puis le laisser dormir là sans un regard de plus est bien plus facile que soutenir émotionnellement un quasi-inconnu à qui elle refuse de s'ouvrir par principe. Le rôle est de plus en plus difficile à endosser. L'attacher au lit serait tellement plus simple.

Lorsqu'il dépose son arme, elle a un mouvement de recul et détourne le regard. Belladone ne questionne jamais les clients sur leur travail, mais elle peut voir qu'il n'est pas quelqu'un qu'elle aurait aimé croiser dans d'autres circonstances. Peut-être est-il dangereux ? Genji n'a pourtant jamais semblé l'être depuis la première fois qu'ils se sont vus. Est-il de ces hommes aux dehors silencieux et fermés dont le tourment fait rage en permanence dans leur esprit ? Ses regards semblent l'indiquer. Mais elle ne se risquerait jamais à poser la question. Parfois, elle a l'impression peut-être infondée de marcher sur la corde raide. C'est souvent le cas, avec les clients friqués.

Comme toujours, elle se laisse toucher, attend qu'il vienne vers elle en espérant que, cette fois, il ira plus loin. Que ce nouveau choix de parfum va le faire basculer, ou cette nouvelle tenue le fera. A ses mots perturbants elle se doit de répondre par un sourire. "Aww, c'est adorable !" Rit-elle à son petit surnom. Se laissant enlacer, elle perd à son tour son sourire tandis qu'il répète sa supplication à laquelle elle ne parvient pas à donner un sens. Mécaniquement, elle caresse ses cheveux du bout des doigts se serre contre lui. En temps normal, elle se serait cambrée contre lui, aurait essayé d'éveiller chez le client quelque chose d'autre qu'un tourment dont elle ne voulait rien savoir. Belladone ne connaît que le charnel, et le factice, comment pourrait-elle seulement comprendre ?

Un nouveau sourire dessiné sur son visage, elle se dégage en prenant le visage de Genji dans ses mains pour l'embrasser, vivement. Hors de question pour l'instant de se laisser emporter dans son humeur morose. S'il est là, c'est certainement pour en sortir. "Très bien, de quoi tu as besoin ? Tu veux boire quelque chose ?" Elle lui attrape une main du bout des doigts, brièvement, avant de prendre la direction du bar donnant sur le salon. "J'ai refait la sélection, j'ai vraiment de tout maintenant !" Ce n'est pas vraiment de son fait. Hors de question de parler d'autres clients, mais l'un de ses nouveaux gros portefeuilles est du genre à lever le coude très souvent. C'est bien la seule chose qu'il sait lever sans aide, d'ailleurs.

"On pourrait prendre un bain aussi, si tu veux. Oh, ou un massage ! Je sais que tu aimes ça." Tant de fois, elle a utilisé les massages pour arriver à ses fins, c'est devenu sa botte secrète. L'exception confirmant la règle, avec Genji, sa plus grande arme ne fonctionne pas non plus. "Tu peux aussi me dire ce qui te tracasse, j'ai toujours été d'une bonne écoute il me semble." Elle le lance à la cantonade, mais craint ce rôle. Elle craint aussi cette frustration qui pourrait la forcer à briser l'illusion et prendre les devants. Ce n'est qu'un client mais l'idée de le faire fuir l'agace. Fuyant un instant le regard de Genji, elle ajuste inutilement son vêtement un peu débraillé par l'étreinte - peut-on vraiment parler de pudeur ? - puis sort deux verres."Je fais d'excellents cocktails aussi, je ne crois pas t'en avoir déjà servi ?" Il n'a vraiment pas la tête à se délecter de mélanges sucrés mais, sait-on jamais. Elle s'est déjà trompée à son sujet.
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Cinq ans plus tôt, payer une femme pour jouir de sa compagnie ne lui aurait pas traversé l’esprit. Cinq ans plus tôt, il avait encore une femme à lui, une vie à lui, et tout ce qui découlait de ce sécurisant sentiment de dépendance. Et puis, la vie. La dégringolade. Les mauvais choix. La mauvaise pente. Tout lui avait été arraché, et il avait été projeté hors de la scène de sa propre existence, sans même une dernière ovation. Son individualité reléguée à quelques numéros griffonnés à la hâte sur le haut d’un dossier qui devait maintenant jaunir au fond d’un tiroir, il n’avait eu d’autre choix que d’épouser le pire en lui, afin d’inverser les rôles, de survivre, et d’être un jour en mesure de régler ses comptes.

Il n’en voulait pas aux responsables de sa condition, mais au système qui les avait poussés à l’écarter, lui, comme un pion indésirable bien trop docile pour se rebeller. Terminée, la docilité. Terminée, la conciliation. Tout ce qu’on lui avait appris lui servait désormais à repousser les limites de ses propres possibles, de transcender  la hargne qui l’habitait en permanence en un outil efficace et affûté. Un outil impuissant contre les charmes que Belladone lui agitait sous le nez. Devant elle, il perdait sa superbe, son assurance, n’était rien de plus qu’un de ces hommes trop affairé pour trouver autrement que dans les bras d’une pute de quoi se sentir un peu aimé. Désiré. Et jusque-ici, il détestait cette sensation, tout autant qu’il la recherchait.

Mais ce soir, les choses sont différentes. Ce soir, il est trop las pour combattre encore, reporter l’échéance, et repartir, une fois de plus, avec l’image de cette femme gravée sur les rétines en se contentant d’imaginer ce qui aurait pu être.

Il frissonne lorsqu’elle se détache de lui, la suit du regard, épousant ses formes dessinées par les vêtements sans se gêner. Il ne fait pas dans l’insistance, jamais, pourtant ses prunelles peinent à se détacher du spectacle qu’elle lui offre. Les pensées qui l’habitent n’ont pour l’heure rien d’honorable, et  c’est une première pour lui, de se laisser aller à ce qu’il peut imaginer, pour une fois, pour elle, avec elle. Il pince les lèvres, laisse ses yeux tomber vers les verres qu’elle prépare, avant de retourner vers le canapé pour s’y laisser tomber. « Je n’ai pas besoin de massage, Belladone. J’ai besoin de perdre le contrôle. Complètement.  C’est pour ça, que j’ai besoin de ton aide. » lâche-t-il tranquillement, traits figés sur une expression détachée qu’il arbore comme une armure.

Si quelqu’un peut lui faire ouvrir les vannes, c’est bien elle, et s’il doit la perdre dans la manœuvre, alors tant pis, il fera en sorte de la conquérir, plus tard, si elle lui en offre l’occasion. Les plaques qui lui couvrent habituellement le corps lui manquent, il en ressent l’absence alors que l’appel est lancé, la perche tendue, en direction de Belladone. La prendra-t-elle ? Ce qui le tracasse n’a pas sa place ici, et il n’a pas la moindre envie d’inviter ses propres fantômes entre eux. Alors il se tait, attend, patiemment, qu’elle se décide, qu’elle prenne la main qu’il lui a laissée, décidé à abandonner toute résistance. Marcher en terrain inconnu, toutes défenses abaissées, voilà qui est nouveau, effrayant, mais enivrant aussi, quelque part, quand il parvient à mettre de côté les possibles conséquences, pour se laisser porter simplement.

« Alors ? Tu as des plans spécifiques pour ce genre de demande ? » Interroge-t-il avec un nouveau sourire vacillant. Déjà, sa confiance s’émiette, et le doute s’immisce, comme s’il était incapable, purement incapable de rendre les rênes plus de quelques minutes. Il inspire, tente de calmer les battements de son cœur qui se précipitent, cherche à déceler l’origine réelle de la panique sans vraiment se l’expliquer.

Une femme comme une autre, tente-t-il de se persuader en observant fixement la table basse qui lui fait face, évitant de croiser son regard à elle pour ne pas revenir sur la décision qu’il a prise. Il tire nerveusement sur le col de son t-shirt, cherche son manteau du coin des yeux, comme s’il avait envie de le remettre, d’attraper son katana et de disparaître. Ridicule, se rabroue-t-il mentalement avant de se prendre la tête entre les mains pour cacher son malaise, les muscles crispés, les épaules tendues.
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C'est en plein mélange de son cocktail préféré - le cosmopolitan - que Belladone s'interrompt, ébranlée par les mots de son client. Quand bien même elle a espéré entendre ces quelques phrases, elle ne parvient pas à réaliser qu'ils ont bien brisé le silence pesant que chacune des visites de Genji imposent à l'atmosphère de sa suite. "Je …" Ses idées se perdent même au fond de sa gorge et, muette, elle repose lentement le shaker sur l'arrière du bar. Elle vient même à sentir le rose lui monter aux joues, une réaction qu'elle n'a pour une fois pas calculée. Peut-être est-ce ce qu'il attend de sa part. Tant mieux si c'est le cas. Une bouffée de chaleur remonte de son ventre jusqu'à sa gorge alors qu'elle s'éloigne lentement du bar, l'esprit en ébullition. Son imagination, sa créativité en matière de charnel a toujours été l'un de ses plus grands points forts mais, aujourd'hui, c'est un véritable handicap. Un sourire amusé aux lèvres, cachant son enthousiasme, elle détaille l'homme de la tête au pied, puis l'inverse, songeant à tout ce qu'elle pourrait faire. Mais, rattrapée par les vieux doutes qui l'assaillaient déjà un peu plus tôt, elle vient à sentir poindre la panique. Et s'il prenait peur ? Et s'il n'était pas prêt ?

Et s'il était … mauvais ?

Une considération qu'elle n'a jamais eue. Et pourtant, si c'était le cas, et quand bien même son travail n'est pas de prendre du plaisir, Belladone serait déçue.

Mais ce n'est pas le moment d'y songer. Son esprit doit se poser sur les possibilités et se concentrer sur le client. Le service fourni. Pragmatique.

Soupirant longuement, l'escort s'approche de Genji jusqu'à pouvoir effleurer sa nuque du bout des doigts. Montant sur la pointe des pieds, elle profite de la proximité pour l'embrasser dans le cou et murmurer d'une voix presque ronronnante. "Tu sais, c'est dangereux de t'en remettre à moi avec une telle demande. Les possibilités sont infinies." Belladone recule de quelques centimètres pour planter son regard dans celui de l'homme et sourire d'un air rassurant contrastant avec ses mots. " Chaque chose en son temps." Son regard se perd brièvement derrière, sur l'arme déposée un peu plus tôt, avant de revenir dans les yeux du client. Toujours offerte à cent-pour-cent au client, le corps comme l'esprit. Toujours souriante.

"J'ai besoin d'être sûre que tu me fais confiance." Ou qu'elle peut le faire. Au fond, s'il lui demande, après tant de rencontres à se tourner autour, c'est qu'il est fin prêt. Extatique, Belladone aimerait passer la vitesse supérieure, sans doute trop vite pour lui. Ils sont si rares, les clients qui n'ont pas d'autre exigence que de se laisser faire. Qui ne réclament pas l'une et l'autre des bizarreries auxquelles l'escort a fini par être habituée. Perdant son regard dans celui de Genji, la russe tente de le sonder pour comprendre ce qu'il veut. Il est si taiseux, tellement dans la retenue depuis tout ce temps, elle pourrait être surprise. Et s'il était de ces types violents une fois que les barrières sont baissées ? Si elle a développé des méthodes et des systèmes pour s'en prémunir, une fois totalement vulnérable, tout peut se jouer très vite. Première chose à faire, s'éloigner de l'arme.

Belladone saisit alors sa main du bout des doigts, embrasse furtivement ses lèvres d'un air joueur et l'invite à sa suite, sans le lâcher. "Viens." Elle l'entraîne dans les escaliers qu'il a maintes fois emprunté, à chaque fois que l'escort a tenté l'un de ses massages secrets, puis jusqu'à la chambre. Arrivés dans la grande pièce bichrome aux quelques accents dorés, elle se retourne vers lui, tout sourire. Une étape après l'autre. Pour lui, comme pour elle. Plus elle songe à la situation, plus elle imagine tous les possibles, les bons comme les mauvais. C'est bien ce qui lui a permis de survivre jusque là : anticiper, et s'amuser. Si tout est un jeu ou un rôle, rien ne blesse. Temporisant autant qu'elle aime faire languir, Belladone s'approche à nouveau de Genji, rétablissant le contact frissonnant qu'elle s'affaire toujours à entretenir, pour sonder encore une fois son regard. Elle passe enfin ses bras autour de son cou pour l'attirer un peu plus vers elle et se forcer dans son espace et l'embrasser plus longuement. Si chaque geste est maîtrisé, et cela depuis presque dix ans, le sentiment d'être au bord du gouffre, prête à sauter, à chaque fois qu'un client se hasarde plus loin, est inédit. Autant que la peur de découvrir ce qui se cache à l'intérieur de chacun.
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S’il note la réaction qu’il a lui-même provoquée, il n’en montre rien, reste de marbre, jusqu’à ce que le frémissement dans sa nuque lui arrache un frisson. Il reçoit ses mots avec un sourire confus, se détend légèrement avant de lui rendre son regard. Ce qu’il voit dans ces yeux-là ne le lasse pas, jamais, bien qu’il peine à comprendre ce qu’ils recèlent réellement. La femme qu’il paye n’offre que son corps, pas la moindre parcelle de son âme. Tant pis. Chaque chose en son temps. Et peut-être même que l’heure viendra où ils échangeront autre chose que quelques embrassades enfiévrées à la passion mesurée. Du moins l’espère-t-il alors qu’il prend la main qu’elle lui tend, pressé maintenant d’en finir.

La confiance. Une notion complexe et délicate, qu’il ne semble pas vraiment prêt à lui accorder. Et pourtant, il la laisse l’entraîner loin de son arme, la suit docilement dans les escaliers, afin de rejoindre la chambre qu’il commence à connaître. Rien de suspect ici. Il n’a jamais rien remarqué qui le soit jusqu’à maintenant du moins. Cette fois, il observe plus attentivement le décor, passe la pièce au crible d’un œil inquisiteur, comme pour se faire une idée de ce qui peut l’attendre. Peut-être que c’est cette notion de sauter enfin le pas qui le rend fébrile, lui vole une part de cette assurance dont il ne se défait jamais habituellement.

Il soupire, se redresse après s’être planté au milieu de la pièce, n’ayant jeté qu’un bref coup d’œil vers le lit non loin. «  Je te fais suffisamment confiance pour te laisser le lead. J’ai besoin de ça, d’abandon, mais attention, je préfère te prévenir. Si je perds mes moyens, je pourrais être dangereux. » Il plisse les yeux en la dévisageant, comme pour tenter de deviner l’impact que son honnêteté pourra avoir sur elle. C’est sûrement la phrase la plus longue qu’il lui ait jamais sortie, et brièvement, cette idée l’amuse, allume une étincelle dans ses prunelles claires. Il l’accueille dans ses bras lorsqu’elle revient vers lui, avide de la toucher, de glisser ses mains un peu partout sur ce corps qu’il s’interdit depuis trop longtemps, se retient juste de ne pas l’enserrer trop fort, toujours aussi économe  de ses mouvements.

« Alors montre-moi ce que tu sais faire, oublie la banalité, surprends-moi, fais-moi me sentir… vivant ? » C’est une question, un espoir voilé qui en dit bien plus long que tout ce qu’il a déjà pu lui avouer. Et il referme fermement ses bras autour d’elle, l’attire un peu plus dans leur étreinte, force ses lèvres, prend, pour une fois, ce qu’il ne s’autorise jamais à réclamer en temps normal.

Un incendie dans les veines, il recule d’un coup, la relâche subitement pour reprendre son souffle, ses esprits, bien trop près du précipice qu’elle ouvre sous ses pieds.

« Belladone. Dépêche-toi. Avant que je change d’avis. Et que je fuis encore tout ce que je suis venu chercher ici. Je ne veux plus fuir.»

Il est résolu, plus même qu’à l’aube d’une mission dangereuse dans laquelle il aurait pu risquer sa vie. Parce que les enjeux ce soir, invisible et pernicieux, dansent autour de sa conscience sans lui laisser de répit.  Il se retourne, regarde le lit avec un haussement de sourcil, avant de demander à mi-voix « Ici ? » De nouveau une hésitation, un recul imperceptible qui le fait douter de son choix, alors même que l’envie lui mord le bas-ventre.

« Je suis un mercenaire. On me paye pour éliminer des gens. Des indésirables. Ou pas. Ça n’a rien d’étonnant, par ici. Mais ça explique certaines choses. Tu me plais, Belladone. Sûrement plus qu’aucune autre. Mais l’avouer, et prendre bêtement ce pour quoi je paye, irait à l’encontre de toutes mes méthodes. » Il hausse légèrement les épaules, sans se retourner, sans la regarder, le regard verrouillé sur le lit qui le nargue.

« Ne prends pas le moindre risque, parce que je suis formé pour exploiter la plus petite faille, la plus petite ouverture que tu pourras me laisser. » La voix est toujours tranquille, mais le ton s’est fait coupant. Ce n’est pas une menace, mais une mise en garde, parce que quoi qu’il fasse, il se connait trop pour ignorer que son corps est une arme. En toutes circonstances.

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Au delà du rôle, de l'expérience, il y a l'habitude. Parfois, même, la lassitude. Cette vieille ennemie, perfide, prête à arracher à Belladone toute sa conscience professionnelle et - oserait-on le dire ? - son amour pour son travail. Ou plutôt le luxe dans lequel il la plonge. Et puis il y a les clients. Différents, tous. Torturés, pour la plupart. Étranges, il ne fait aucun doute.

Il y a des discours qui reviennent. A Decay, certaines mentalités, certains comportements sont si courants qu'ils deviennent presque normaux. L'escort n'est pas dupe : la plupart des gens de ce patelin sont dangereux. Elle sait qu'elle trempe là dedans et fait bien de ne fourrer que là où on lui demande de le faire. L'ignorance est une protection, l'indifférence, une arme. Si Belladone n'est pas une cible, c'est bien parce qu'elle insiste pour baigner dans ce joyeux aveuglement qui fait d'elle le divertissement sans conséquences de ces messieurs-dames.

Genji est venu armé. Comme toujours. Comme beaucoup. Belladone n'a jamais posé de question, c'est volontaire. Elle doit rester dans l'ignorance, c'est capital. Fréquenter les puissants, c'est prendre le risque d'en savoir trop, d'être une cible, plus tard, un jour. Alors, si son visage est souriant, rougissant, séduisant lorsqu'elle constate que l'homme s'adresse à elle en des termes plus larges qu'il en a l'habitude, son coeur rate un battement à mesure que les phrases s'allongent.

Pourvu qu'il se taise. Elle ne veut pas savoir. Elle ne doit pas savoir.

Pour une fois, elle reste muette, elle l'écoute. L'observe. Sans un son. C'est si rare, qu'il parle, qu'elle retient son souffle, réfléchit à cent à l'heure. Immobile, elle noue ses doigts et remonte ses mains devant son ventre, penchant la tête d'un air compatissant et concentré. Mais dès lors qu'il prononce le mot "mercenaire", elle cesse d'écouter. Son nom passe à travers le flou qu'elle s'impose, un petit quelque chose à propos de lui plaire. Encore heureux ! C'est bien la seule chose qu'elle veuille vraiment entendre de la bouche d'un client.

Son laïus sur le danger, elle l'a entendu de dizaines de bouches auparavant. De barons de la drogue, de petites frappes tentant de se faire plus grands qu'ils ne sont. De vrais dangereux qui l'ont vraiment attaquée par la suite comme de petites victimes n'arrivant pas à convaincre dans leur rôle de grand méchant loup. Belladone aussi, l'a servi à quelques uns de ses clients, engoncée dans une tenue de latex. Ces mots n'ont plus vraiment d'impact sur celle qui, depuis presque dix ans, minaude pour les pires pourritures que la Terre met au monde jour après jour. Peut-être que Genji en est une. Peut-être pas. Elle s'en fout. Elle n'est pas payée pour avoir peur, elle est payée pour lui faire prendre son pied comme il l'exige.

Sérieuse, silencieuse, elle s'avance alors vers lui, vers le lit, et plante son regard bleuté dans celui du mercenaire. Sa main part se faufiler dans ses cheveux alors qu'elle se dresse sur la pointe des pieds pour l'embrasser d'un mouvement lent. "Je me fiche de ce que tu es dehors. C'est qui tu es ici qui compte." Une morsure furtive, sans conséquence, au lobe de son oreille, et un rire discret. "J'ai pas peur." Un mensonge éhonté, bien sûr, mais si convaincant. Belladone aussi a sa fierté, ses méthodes. Se défiler ne fait pas partie du menu.

Comme pour se décider, Belladone défait lentement le faible noeud tenant fermé son kimono de soie avant de le laisser glisser au sol, tout seul. La laissant simplement vêtue de la panoplie de sous-vêtements faussement décontractés, cet ensemble qui fait croire aux hommes que les porte-jarretelles sont un indispensable de tous les jours, et furieusement confortables.
Laissant ensuite ses doigts courir sur les bras du client, progressivement, elle descend jusqu'à ses mains pour nouer ses doigts aux siens un instant, suivant le mouvement du regard avant remonter vers son visage et détailler ses traits. Souriante, feignant la décontraction à la perfection, elle l'attire vers elle en tirant ses bras en arrière pour placer ses mains sur le bas de son dos, le forçant doucement à effleurer la dentelle recouvrant partiellement sa peau, comme pour l'inviter à la découvrir. Belladone pose ensuite sur Genji un regard presque défiant alors que ses mains se glissent sous le tissu couvrant son torse dont elle effleure la peau du bout des doigts. Elle profite alors de l'étreinte orchestrée pour glisser jusqu'à son oreille. "S'il te plaît ?"
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Il a fait de son mieux, mis tous les atouts de son côté, rien ne peut mal tourner, rien ne peut ruiner ce qu’ils s’apprêtent à faire. Du moins tente-t-il de s’en persuader en la voyant revenir à lui. Il se tait, respecte le souhait de Belladone de ne rien savoir, même s’il aurait aimé, finalement, lui parler de toutes ces choses qu’il avait faites, qu’il avait vues, subies, enclenchées. Pas pour la menacer, mais pour la forcer à une lucidité le concernant, une lucidité qu’il ne lui prête pas, pour l’heure.


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Il n'est pas le premier à la questionner. Sur ses goûts, ses aspirations, sa vie. Mais Belladone est un mirage, un rôle. Tantôt sculpture magnifiée, tantôt simple jouet offert aux plus bas instincts de ses clients. Genji ne serait pas le premier à tenter de percer ses secrets pourtant sans valeur, ni à espérer obtenir d'elle une forme d'honnêteté qu'elle a appris à dompter il y a bien longtemps. Aller au delà de ce qu'une simple escort peut offrir.

La vérité, c'est que Belladone n'est pas si malhonnête. Elle ne cache pas toujours ses émotions derrière son rôle, elle les tord, les magnifie. Si elle est bonne actrice, la russe aime à nourrir son goût pour son métier. C'est cette authenticité qui lui donne de la valeur.

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