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Re: Ange et démon [Ace]
Sam 15 Aoû - 22:56
Ange et Démon
"Ace et Usui sont sur un bateau..."
L'eau de ses yeux n'en finit pas de couler. Il aimerait se calmer, être rationnel, aussi fort qu'il fasse semblant d'être mais il n'a plus de prises sur rien. Le réel se délite à chaque seconde un peu plus, cherchant un point d’appui. Quelque chose de tangible, de rassurant, qui puisse le retenir de basculer dans ces abysses oppressantes qui ne cessent de chuchoter à son oreille. Il pleure à gros sanglots qui agitent sa poitrine maigre de tressauts douloureux, incapable de conserver son calme. Il s'en veut tellement d'avoir tout gâché... Il voudrait se cacher, disparaître, avalé par le canapé qui n'en demandait pas tant de voir tant de drames. L'évidence le harasse : il n'aurait pas dû venir. Il aurait dû le prévoir. Venir retrouver un mec ivre, un inconnu, pour coucher avec lui, n'était décemment pas une bonne idée. Tout lui échappe et il essaye pourtant d'être cohérent dans ses paroles mais Ace ne le suit plus.
Le rire qu'il se prend en pleine face lui fait l'effet d'une gifle, demeurant un instant interdit, le souffle coupé. Il le savait ! Il est tellement ridicule qu'on se moque de lui... Dans son état de nerfs, il lui fait un moment pour démêler un rire nerveux d'un rire moqueur et il reste interdit un moment quand Ace reparle de cette "copine" qu'il était facile de lui imaginer.
l'ordre de ne pas partir le prend au dépourvu, complètement perdu à son tour, ne sachant que penser. Il s'est tellement ridiculisé ce soir... Il voudrait fuir, le plus loin possible. Oublier à tout jamais cette nuit qui l'a vu se briser devant témoin. Et à cette voix qui s'inquiète malgré l'alcool et le fou-rire nerveux, Usui ramène un peu plus son bras blessé dans son giron, comme s'il craignait qu'Ace, aussi excédé que ivre finisse par perdre patience et en vienne aux mains. Il n'est plus en état de penser rationnellement. Et l'autre non plus. Il devrait fuir, hurle sa raison encore valide, qui surnage au milieu des alarmes de la crise d'angoisse qui lui coupe le souffle sur une respiration hachée.
A la mention de sa mort, le japonais ne fait que secouer piteusement la tête, se raidissant aux bras qui l'étreignent avant de se détendre imperceptiblement. Le geste est plus chaleureux qu'il s'y attendait... Il aimerait qu'il dure un instant de plus, le temps de se rassembler, de ne plus se sentir aussi trouillard, le bide en vrac, le nez rouge et les yeux gonflés. Une vraie loque. Il ne réagit même plus à la pique sur qui encule qui, trop épuisé pour s'insurger de rien, glissant lentement dans une espèce de passivité post-crise, n'osant même plus regarder Ace qui ne cesse de rire, allongé sur le canapé, les jambes par dessus les siennes.
Les tirades d'Ace peinent à l'atteindre, réfugié en lui-même comme pour se protéger de la dureté du monde et des interactions sociales. Il serre son bras : la blessure pique à peine et dans son état, cela n'a aucune importance. La douleur le maintient présent, étrangement.
Puis, épuisé, il bascule simplement, abdique à l'idée de ne pas partir : il n'est même pas certain qu'il parviendrait à tenir debout immédiatement. Son dos glisse le long su dossier de cuir pour finalement heurter doucement le flanc d'Ace de son propre côté. Le canapé est étroit et il reste une seconde avachi ainsi, sa joue toute mouillée de larmes qui ne s'arrêtent même pas de couler sans un sanglot.
Un long silence. Un très long silence. Bien plus long que cette minute implorée. Il respire tout bas, le souffle irrégulier à cause des sanglots qui ont rompu sa respiration et son souffle chaud heurte comme le ressac le rivage charnel contre lequel il est naufragé. Un moment, il semble presque endormi, ou peut-être simplement à la frontière entre conscience et inconscience, se fustigeant d'un fiasco qu'il prend sur ses seules épaules.
Et ces minutes qui passent se dissolvent dans la nuit brûlantes aux néons multicolores. Il n'ose même pas relever le museau pour voir si Ace s'est endormi à cause de l'alcool ou s'il est encore éveillé. Sa voix basse glisse finalement dans le silence assourdissant sur un murmure.
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Re: Ange et démon [Ace]
Lun 17 Aoû - 12:42
Ange et Démon
Les autres, c’est comme nager à contre-courant, confronter deux univers différents, en sachant pertinemment dès la première main tendue, que les choses seront compliquées, difficiles, mais peut-être aussi, étonnantes, agréables. Alors, il ne cesse jamais de tenter l’aventure, de se jeter à corps perdu dans des situations qu’il se sait incapable de maîtriser, parce que la maîtrise, au fond, c’est la perte de la sensibilité et que la sensibilité, parfois, est bien la seule chose qui le maintien debout.
Il connait la mer les soirs de tempête, quand elle se gonfle de colère et se soulève, écumante et mortelle, frappe à l’aveugle, sans jamais diriger ses éclats, un peu comme Usui, dont la fureur parée de larmes salines s’apaise en ayant triomphé du vide. Il ne sait plus vraiment quoi dire, Ace, il a l’esprit plein de jolies images et de belles métaphores, mais les mains vides de tout secours. Il l’accueille contre lui sans mot dire, bouge à peine pour lui céder la place, referme un bras autour de lui, de ce lui qu’il n’a pas d’autre envie que de protéger de lui-même, pour l’heure.
Il ne bouge pas. Ne parle pas. Et ses inspirations lentes et profondes forment un bruit de fond constant dans l’appartement surchauffé, la voix d’Usui sonnant aux oreilles du yakuza comme une fable ancienne et un peu triste. Les paupières closes, le souffle tranquille, les lèvres apaisées sur un sourire passif, il laisse ses doigts glisser dans les mèches brunes, dans un geste mécanique mais non dépourvu de chaleur. Les excuses lui glissent dessus comme les larmes roulent sur les joues du japonais.
« J’ai pas envie de te voir pleurer. J’ai pas envie de te faire pleurer, surtout. Mais si t’en as besoin, si t’y arrives pas autrement, vas-y. Largue tout. J’ai les épaules pour. Et au pire, demain, tu pourras oublier que tu l’as fait. Tu pourras oublier ce que tu m’as dit. Si c’est plus simple pour toi. Me demande juste pas de faire pareil. J’te trouve courageux. Pas pathétique. Après tout, t’es encore là. C’est pas rien.»
Il a envie de se lever, d’aller chercher de quoi s’occuper du bras d’Usui, lui donner ce verre d’eau, aussi, pour faire passer les sanglots, et peut-être démarrer une vraie conversation, comme celle qui s’amorce, et qui aurait dû servir d’introduction plutôt que de conclusion. Il pense à tout ça, et à bien d’autres choses, encore, idées abstraites qui se promènent à l’orée de sa conscience. Il se redresse légèrement, les yeux rivés sur Usui, se décale lentement pour lui rendre tout l’espace sur le canapé alors qu’il se lève avec précautions, le décor valsant terriblement.
@Λce
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Re: Ange et démon [Ace]
Mer 19 Aoû - 18:20
Ange et Démon
"Ace et Usui sont sur un bateau..."
Tout se tait, la pièce se réduit à ce minuscule espace où ils gisent tous les deux, abandonnés. Les larmes ont cessé de couler, comme ces pluies d'été, aussi brèves que torrentielles. Des perles salines s'accrochent aux cils bruns, en dernier témoin de la tempête. La chaleur étouffante pèse sur leurs deux corps et rend le contact à la fois moite et glacé. Il tremble un peu, tandis que s'élève la voix profonde. Le diminutif de son prénom lui arrache un sourire caché au creux de cet autre torse qui supporte le sien. La main monte à sa chevelure désordonnée, caresse sa tête, comme pour en balayer les chagrins. C'est doux. Il s'abîme dans le geste plus encore que les mots, jusqu'à ce que sa respiration soit bien plus profonde, bien plus calme. Ses yeux mi-clos, se ferment par instant, vaincu par la douceur paresseuse. Il n'y a plus que les contours de cet autre corps, loin des désirs évanescents. L'évidence est là : ce n'est pas tant la recherche du plaisir qu'un instant de tendresse qu'il a convoité en venant. Il est tard maintenant et la nuit n'est pourtant pas terminée. Ne fait-elle que commencer ? Si longue nuit au temps élastique : finira-t-elle même un jour ? Ce n'était pas tant de coucher ensemble que cet instant qui le comble - enfin ! - de ce qu'il espérait, de ce qui lui faisait cruellement défaut. Il voudrait dormir, plutôt que vivre encore, oublier dans ce sommeil aux allures de petite mort ce qui le torture sans relâche.
Il ne dormira pas encore, à écouter la voix qui résonne dans cette cage thoracique où demeure son oreille. Il ne veut pas se lever mais il le faudra bien pourtant. Il n'a pas envie que se finisse les cajoleries, si précieuses et pourtant vaines à lui faire oublier la solitude. Ce démon qui lui bouffe le coeur jusqu'à la raison ne connait pas de repos. Il faudra bien pourtant, qu'un jour tout s'apaise. Lentement. Petit à petit. Il ne sait quand. Un jour, dis sa raison. Un jour, c'est long. En attendant il n'y a pas de répit sur cette terre brûlée.
Merci de beaucoup de choses : de ne pas le chasser, de ne pas se fâcher, de lui laisser ce répit nécessaire, vital, sans lequel il se serait brisé irrémédiablement. Il tente un pauvre sourire quand le corps se redresse contre le sien, l'entraîne lui-même à s'asseoir de nouveau. Sa main lasse passe sur ses yeux gonflés, fatigués. Il a la bouche pâteuse et le coeur en vrac. Mais c'est mieux, indubitablement, qu'un peu plus tôt. Il pose ses deux mains sur son visage pour se le frotter, comme pour essayer de se donner encore un peu de force, retrouver un semblant d'énergie. Il demeure assis, trop fatigué pour bouger, pour s'animer; Il a peut-être bien l'air d'un pantin cassé, dont on aurait coupé les fils qui donnent l'illusion du mouvement dans un corps dépourvu d'âme. Il fait semblant, tous les jours, et cela l'épuise. Pourquoi a-t-il fallu qu'il craque maintenant ? Pourquoi pas demain, dans deux mois ou jamais ? Il tenait bien jusqu'ici, gagnant de ce jeu de dupes. Mais il a fallu d'un rien pour que tout se délite. C'est frustrant. Mais c'est ainsi.
Un verre d'eau déposé devant lui, lui fait se rendre compte qu'il avait soif.
Et quand Ace lui indique la bonne porte, il s'y engouffre pour y disparaître. L'endroit, légèrement plus frais que le salon, fait du bien. La solitude soudaine aussi. Usui prend le temps d'une inspiration, s'asseyant simplement sur le rebord de la baignoire. Son regard fatigué erre un instant sur cette pièce banale... en dehors du flingue posé sur les toilettes. Il grimace : il est facile d'oublier que Ace est un Yakuza. Les gens ne sont finalement ni noirs, ni blancs et même les gangsters ont leur faiblesses très humaines. Il soupire tout bas : l'arme le met mal à l'aise : il serait si facile de l'utiliser...
Il grimace à l'instant de défaire la bande tâchée qui accroche à la peau. La douleur ramène à une vague sensation nauséeuse pendant qu'il prend un instant pour passer son bras sous l'eau froide, nettoyant le sang séché. La plaie suturée, à vif, suinte encore. Il préfère s'abîmer dans des gestes ritualisés, à la régularité de métronome. Il désinfecte, se nettoie, en profite pour se passer aussi un bon coup d'eau fraîche sur le visage, retrouvant un peu ses esprits. Il est fatigué, réellement. mais il n'a pas envie de fuir. Et c'est bien toute l'ironie de cette envie paradoxale. Il achève de bander son bras de frais. Il s'est ridiculisé, aussi. Mais c'est comme ça.
Lorsqu'il revient finalement, à pas légers, en chaussette sur le plancher, torse nu, les cheveux un peu mouillés lui aussi de l'eau qui a chassé l'évidence des larmes sur son visage, il hésite à s'asseoir, à rejoindre Ace sur ce canapé bien maltraité ce soir...
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Re: Ange et démon [Ace]
Jeu 20 Aoû - 22:49
Ange et Démon
La chaleur, écrasante. Elle lui pèse sur les épaules, rend tout son corps lourd et maladroit. Le jet d’eau glacé lui a aéré la tête, sans pour autant lui rendre tous ses esprits, et c’est avec lenteur qu’il tourne la tête vers Usui, s’offre à la caresse en lui rendant une part de son sourire. Les choses semblent plus claires entre eux, maintenant qu’ils ne sont plus poussés par un besoin irrépressible et déplacé, que la tête, du moins ce qu’il en reste, guide leur échange. Il sourit de plus belle en recevant le baiser, qu’il ne lui rend pas pour autant. Ce désir profondément enfoui, à sa juste place, rien ne saurait le réveiller pour l’heure, alors que le moment semble parfait, privé du spectre d’une espérance confuse.
Il hoche légèrement la tête devant la demande, montre la porte correspondante, s’étale un peu plus sur le canapé en faisant grincer le cuir. Ferme les yeux. Profite du calme de la nuit. Et, surtout, du calme revenu entre eux.
Ace fixe le plafond, attentif aux bruits provenant de la salle de bain, l’imagine panser ses stigmates tout en se demandant de quoi ça peut avoir l’air, une résolution pareille ancré en soi. Il frissonne, repousse l’idée et tout ce qu’elle peut amener de déplaisant dans son cerveau embrumé d’alcool. Le retour d’Usui le prend presque par surprise, et il s’empresse de se décaler, de lui offrir cette place qui déjà lui appartient. « Que dalle. » lance-t-il d’une voix ne souffrant aucune réplique. Il se relève, fait le tour du canapé pour en retrouver le mécanisme, le déplie dans un grand claquement jusqu’à ce que la surface se révèle capable d’accueillir deux corps, en forçant un peu, certes.
Un nouveau soupir lui soulève la poitrine, profond, libérateur. Il se sent bien. Simplement bien. Et si le sommeil peine encore à venir, refuse de lui tendre facilement les bras, il laisse son esprit reposer, lentement bercé par la surprise d’entendre une autre respiration faire écho à la sienne.
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