Sans outil • Ft Nikola Bergman

Tu n’étais pas revue dans cette partie de Chicago depuis un moment, un peu plus d’un mois pour être exacte. C’est fou comme le temps passe vite… tu n’étais pas vraiment sûre de revenir un jour après ce qui s'était produit au Devil’s Gun. Mais il faut croire que des choses sont inévitables. Tu courais, tu courais dans un son de talons et respiration un peu chaotique. Remontant la rue un peu perdue, tu es venue qu’une fois… mais bon même si les enseignes sont sûrement fermées à cette heure tu tentais ta chance. Tu reconnais au loin le panneau de devanture du magasin. Tu accélères le rythme tu as essayé de brouiller les pistes, mais tes chaussures font un vacarme à réveiller les mort… tu sais au fond de toi qu’il est pas loin. Tu n’as pas envie de vérifier mais tu le fais quand même ce qui provoque ta chute, tu n’as même pas pu bien voir derrière toi. Le trottoir t’a râpé le genoux, quel idée de ne pas regarder où tu marches alors que tu sais très bien que tu es maladroite. Tu es seulement à quelques mètres, tu te redresses et tambourine sur la volet roulant déjà descendu. Il est 1h du matin, tu espère vraiment tomber sur quelqu’un à cette heure ? Tu sais juste que tu pourras pas courir avec tes talons jusque Medellin et le temps que les “renforts” arrivent il aurait pu faire de toi du hachis.

Il se rapproche, tu le vois du coin de l’œil il a environ 200 m. Il marche vers toi, vu que tu ne cours plus il se dit sûrement qu’il n’a plus besoin de courir non plus. Il se sent comme le prédateur qui a réussit à coincer sa proie, il prend son temps… Tu hésites à te remettre à courir, mais tu frappes encore plus fort sur le volet, priant pour qu’il s’ouvre aussi bien en espagnol qu’en français, tu jures même de prier plus souvent si par miracle ce putain de truc s’ouvre et qu’un type en sort.

Ce n’était pas obligé d’être Nikola, même n’importe lequel des mecs que tu avais vu ce jour là se serait suffisant. Tu avais besoin de te planquer juste quelques minutes de ce mec… Une fois qu’il aurait compris qu’il n’aurait rien à ce mettre sous la dent ce soir tu rentrerais chez toi sagement.

- NIKOLA, NIKOLA…

Oui, n’importe qui peut ouvrir cette porte, mais si c’est lui tu sentirais bien plus en sécurité. Tu tournes encore la tête vers ton prédateur, il te semble qu’il rit… tu as envie de pleurer. Tu regarde le volet encore clos puis le bout de la rue opposé à celle où se trouve l’homme. Devais-tu partir ? Tes points sur le volet se font moins insistant, tu commences à reculer toujours au prise avec le doute.

Tu étais sur le point de partir, ta main avait quitté le volet roulant quand celui-ci s’ouvrir dans un bruit de métal très commun à tous les trucs dans ce genre. Vos regards c’était à peine rencontré qu’il te tira dans le magasin. Tu n’avais pas fais très attention sur l’instant si c’était bien Nikola ça s’était passé assez vite. Tu n’as pas préféré vérifier avant qu’il revienne dans le magasin, observer les bagarres c’était pas ton truc ! Tu as entendu pas très clairement la voix de l’autre type puis les coups… Tu as quitté l’entrée pour mettre dans un coin à l’opposé de la porte, craintive. Si l’altercation finissait par un KO de Nikola ou s’ils entraient pour se battre tu ne voulais pas être trop proche au risque d’être prise en otage par ton poursuivant trop facilement. Dans ton coin tu es prête à bondir, pour tenter à nouveau de fuir si besoin.

Quand Nikola revient seul à l’intérieur, tu soupires de soulagement. Tes jambes lâchent et appuyais contre le mur tu glisses doucement pour finir assise au sol dans ta petite robe blanc au reflet argenté. La fraîcheur du sol te fait du bien, tu n’as pas très envie de bouger pour l’instant par terre c’est bien pour le moment ! Il se rapproche et tu ne constate que maintenant qu’il est torse nu… Tu as déjà vu des hommes torse nu… ou plus précisément tu as déjà vu Luis torse nu… Tu le fixes un instant, il est très musclé … couvert de cicatrice aussi… Elles ne te gêne pas quoi que tu penses bien qu’elles sont toutes leur petite histoire et que c’est peut-être un peu intime. Te voilà qui rougit, tu détournes le regard ne sachant pas où poser tes yeux. Tu finis par le regarder dans les yeux quand il te dit être content de te voir. Tu aurais aimé le revoir plutôt mais tu es du genre à te convaincre que c’était pas une bonne idée et puis le voir pour quoi vu que finalement tu n’arrives pas à tenir une arme. Tu souris contente mais aussi gênée.

- Bonsoir, désolée de vous ramener encore un bagage encombrant.

Toujours très polie tu n’étais pas encore passé du vous au tu, tu ne cherches pas spécialement à mettre de la distance entre vous, mais tant qu’il ne te dirait pas que tu peux le tutoyer tu ne le ferais pas. Tu tentais de faire de l’humour malgré l’incident, c’est pas la première fois que tu fuis un malade, mais dernièrement Ellone manque l’appelle pour leur faire peur. Qu’importe tu étais contente de le voir !

Tes pieds et ton genoux écorché te rappel à l’ordre, l’adrénaline redescendu tu as quand même un peu mal. Tu arraches tes talons de tes pieds, ils sont pleins d’ampoule, tu te remet debout en lissant ta robe heureusement elle n’a rien. Arrivant à mi-cuisse elle n’a pas été abîmée dans la chute. Le haut de la robe n’est pas très décolleté mais tu ne portes tout de même pas de soutien-gorge, car le dos de la robe est inexistant… De très fines bretelles se croisent dans ton dos pour tenir le tissus de la robe sur tes hanches. Ton genou saigne un peu, mais rien de grave.

Debout dans le coin de la pièce tu lui demandes :

- Vous auriez du coton et un désinfectant ?

Quand il s’approche pour passer dans l’arrière boutique tu viens rapidement l’étreindre en le remerciant avant de reculer rouge comme une tomate.

- Merci pour votre aide… merci !

Bien entendu cet homme aurait mérité de souffrir mille ans, mais tu es bien incapable de souhaiter qu’il meure surement parce qu’il ne t’était physiquement rien arrivé de grave… Le plus rassurant c’est que Nikola lui ne semblait pas non plus blessé par son cours échange de coup avec l’autre individu. Tu t’en serais voulu s’il avait été blessé. Le pire de cette histoire au final c’était simplement ton écorchure au genou, ta bonne étoile ou le bon dieu qui sait, était intervenu en ta faveur.

Ton étreinte te surprenait un peu toi-même, tu supposes que c’était un peu pour te rassurer comme on prend une peluche dans ses bras quand on a eu très peur. Quoi que Nikola n’a pas grand chose de la peluche, mais comme il t’avait déjà pris dans ses bras sans doute ton inconscient t’avait-il dit que ce n’était pas incorrect de recommencer. Enfin, tu ne sais pas bien ce qui t’a poussé à le faire, mais cela te fit du bien, tu te sentais beaucoup moins anxieuse. Par contre, tu pouvais presque sentir le rouge de tes joues, tu avais une sensation de chaleur au niveau de ton visage que tu connais bien, oui, ce n’est pas la première fois que tu rougis et surtout que Nikola te fait rougir… Tu te calmas un peu une fois seule faisant disparaître le rouge de tes joues et ralentir ton rythme cardiaque qui ne savait plus bien sur quel pieds danser.

Il revient assez rapidement de l’arrière boutique avec ce qui fallait pour te soigner, tu pensais le faire toi-même et tu allais tendre les mains pour prendre les produits quand il te demanda de t’asseoir. Tu posas donc tes fesses à l’endroit qu’il t’indiquait, il vient se mettre à genou devant toi et bien que ça ait une connotation de demande mariage la seule chose qui te vient à l’esprit c’est : nom de dieu faite qu’il ne voit pas ma lingerie… En effet la robe est assez courte et en générale quand on s'assoit elle remonte légèrement, tu gardais les cuisses bien collé l’une contre l’autre mais clairement t’étais pas à l’aise de l’avoir dans cette alignement. Note à toi-même : porter des robes un peu plus longue… Tu le regardais appliquer le désinfectant, tu eus un léger frisson dû à brûlure suscité par le produit mais tu ne bronchas pas plus et se fut vite terminé. Ton coeur rata un battement quand il parla de bisou magique, tu étais un peu confuse on ne t’en avait plus fait depuis des lustres aussi tu finis par rire.

- Merci beaucoup, je pourrais courir un marathon maintenant.

Il repartit avec sa boîte de premier secours te proposant un verre, tu hésitas un instant en regardant en direction de la porte ne devrais-tu pas rentrer ? Il est 1h du matin, il a sans doute besoin de dormir… Il revient avec deux verres et assez de boisson pour le reste le matinée, en fait tu n’avais pas le choix. Tu pourrais refuser, mais au final tu n’as pas envie ! Sa présence te rassure, tu n’as pas envie de rencontrer chez toi et pas plus envie de traîner dans la rue pour tomber sur un autre malade. Il a même pris la peine de mettre un t-shirt avant de revenir vers toi, il est si prévenant, enfin tu peux plus mater maintenant. Il vient se poser près de toi et c’est à peine si tu bouges, être proche de lui ne te dérange bien au contraire. Tu en garderas un bon souvenir en tout cas de cette proximité et de son torse. Il fait de l’humour et tu te prends au jeu.

- Je passais dans le coin… et je me suis souvenue qu’il y avait un gentil blond baraqué qui vivait là et que j’avais pas salué depuis longtemps.

Tu prends ton verre sur la table et le lève pour le remercier et pour trinquer.

- Et vous ? Vous faites quoi dans le coin à cette heure, à part sauver des demoiselles en détresse ?

Quand on est perdu ou peu sûr de son choix consommer de l’alcool bien que ça donne une certaine assurance, ça ne permet pas de faire le bon choix. Toi aussi tu es face à ta dualité, cet homme est d’un autre quartier, bien que vous ne soyez pas en conflit ça pourrait être mal vu que tu choisisses quelqu’un d’ailleurs. Sans parler de ta promotion et de ton patron trop flippant que tu te tape maintenant. Tu as autant peur pour lui que pour toi ! Il ne mérite pas de se faire emmerder par ta faute. Tu ris un peu quand il te dit qu’il s’est endormis sur ses obligations de patron, mais le fait qu’il se soit endormi t’a sûrement sauvé la vie. Il aurait pu abandonner au milieu et rentrer chez lui parce fatigué, mais non il s’est endormi. Tu l’imagine avec une feuille de calcule collé à la joue et tu le trouve étrangement adorable.

- A la compta, alors !

Tu levais de nouveau ton verre en prenant une petite gorgée, sortant de soirée tu as déjà bu un verre ou deux avant alors tu y vas doucement. Tu n’as plus eu de sourire aussi large accroché aux lèvres depuis longtemps. Tu as un petit pincement au cœur alors tu bois une nouvel gorgée pour chasser les idées un peu noir. Tu ne le quittes pas non plus du regard, ce regard qu’il pose sur toi te grise presque autant que l’alcool qui se mélange à ton sang.

Il déforme un peu tes propos pour rester sur un ton léger. Ça te fait un peu rougir qu’il te donne des intentions de la sorte, car peut-être qu’inconsciemment tu es venue te mettre en danger dans l’espoir de trouver un peu réconfort auprès de lui. Tu sais que c’est totalement pour rire, mais parfois la vérité ressemble à une blague. Il faudrait quand même songer à ne pas te mettre en danger pour draguer quelqu’un quand même…

- C’est plus romantique, plus intime, y a pas 15 gorilles devant la porte…

Tu riais un peu te souvenant de tous les mecs de la dernière fois qui t’avais clairement intimidé. Les mecs de la Casa ont le même type de gabarit, mais comme tu les connais ils te font pas peur, c’est vraiment le côté inconnu qui te met mal. Tu souriais tout autant que lui, tu ne sais même pas pourquoi tu souris en fait, juste le voir sourire ou sa simple présence… qu’importe en fait. Ton visage rayonnait comme il ne l’avait plus fait depuis longtemps.

Quand il appuya sur le : plus romantique, que tu avais donné comme raison à ta présence, tu te rendis vraiment compte de ce que tu avais dit, elle les battements ton coeur accélèrérent. Tu n’es pas timide de nature, mais étrangement lui, il te fait rougir. Il y a des choses qu’on explique pas, l’attirance est une de ces choses comme l’amour… On dit si bien que le coeur a ses raisons que la raison ignore. Tu ne comprenais pas bien toi, tu as toujours préféré les bruns, mais quand il te souris tu perds un peu plus tes moyens. Tu as déjà dansé et très rapidement flirté avec des hommes, mais clairement rien qui t’avait mise dans cet état. Le fait qu’il te trouve charmante et qu’il le dise te fait rougir un peu plus et tu le caches un peu en mettant ton nez dans ton verre d’alcool y puisant au passage un peu de force en prenant une gorgée.

- C’est très beau le Jazz, mais je préfère les tons chauds et espagnol qui des musiques accompagnent les tangos.

Il était le premier homme à qui tu parlais tango comme ça. Tu ne parlais jamais de ce que tu aimais ou avec très peu de gens comme Lucky et Ellone par exemple. Mais elles n’étaient des hommes. Une fissure venait de se créer dans le mur que tu avais érigé entre toi et le monde… Une brèche qui semblait s’élargir, tu étais un peu terrifiée à l’idée de t’attacher à cet homme. Tu n’as jamais été très proche du genre masculin à part ton frère… Tu sais ce qu’il y a à savoir sur les relations amoureuses et tout ce qui gravite autour et en découle… Néanmoins tu n’en as jamais vécu. Puis ce n’est pas comme si tu étais une ados aujourd’hui, tu as vingt-huit ans… si tu ne saute pas le pas maintenant seras-tu capable de le faire un jour ?

Tu le regarde avec un regard que tu sais n’avoir eu avec personne d’autre. Il est doux et chaud, puis tu n’arrives pas à le quitter des yeux.

- Mais si vous préférez le Jazz, mon séduisant sauveur… ça me va aussi.

Tu repris une gorgée d’alcool après t’avoir entendu dire le mot séduisant… Tu te sentais un peu ridicule… arrivais-tu seulement à flirter comme il faut. Tu avais envie de te cacher dans un trou, de fuir… Mais tu veux pas vraiment partir, tu es si bien près de lui… Tu le regarde en crevant d’envie qu’il te touche plus qu’avec les yeux. Juste qu’il t’effleure la main et tu pourrais mourir heureuse. Tu as peut-être un peu trop bu en ayant le ventre pas tout à fait plein pour penser des choses pareil. Néanmoins, l’idée y était, tu voulais plus que de simple papotage… bon peut-être pas non plus beaucoup plus mais juste un contact...