Chapitre 2 : La Corporation
Decay
Decay, destination de tous les possibles, terre en friche où fourmillent les possibilités et l'argent facile, où chaque vice est accessible, chaque désir libre d'être comblé. L'île prospère, se vautre dans sa propre réussite, quand l'ouragan Isaac survint, balayant sur son passage les installations des gangs comme leurs prétentions. Et un nouveau groupe émerge des brisures laissées par la tempête, la Corporation. Forte de son budget, celle-ci s'invite en sauveuse, promet à tous une aide financière et humaine, des avancées conséquentes, pour une vie meilleure. Avides de pouvoir ou simples fantoches, qui sont vraiment les acteurs de cette entité inédite qui prétend étendre son influence à tout Decay.
11/10/2020 HRP
La Newsletter est sortie ! Beaucoup de changements au programme, par ici
11/10/2020 RP
Quelques semaines après la fin de l'ouragan, la Corporation dévoile son visage ! A lire par ici
12/09/2020 RP
L'ouragan Isaac s'abat sur l'île ! Pour en savoir plus, par ici
12/09/2020 HRP
L'event Hurricane est lancé ! Vous pouvez toujours le rejoindre par ici.
27/08/2020 HRP
Nouvelle newsletter ! La lire ici.
05/07/2020 HRP
Nouvelle newsletter et nombreux changements ! La lire ici.
30/05/2020 HRP
Nouvelle newsletter en cette fin de mai ! La lire ici.
30/05/2020 RP
Un nouveau système de réalité augmentée sort au Space Station Bar ! Participer ici
5/04/2020 RP
Le Carnaval de Napoli est lancé ! Extravaganza
8/04/2020 HRP
Nouvelle newsletter ! La lire ici.
18/03/2020 HRP
Ajout des missions et petite update de l'index !
28/02/2020 HRP
Deuxième newsletter ! La lire ici.
28/02/2020 RP
La Milice redouble de violence et est plus présente sur le territoire de Decay !
31/01/2020 HRP
Première Newsletter, bébé forum deviendra grand ! La lire ici.
31/01/2020 RP
L'intrigue "Paranoïa" a été lancée ! Par ici.
17/01/2020 HRP
Ouverture du forum ! N'hésitez pas à rejoindre le Discord !
Il parait qu'une jeune fille a été aperçue allant dans les égouts. Depuis, elle n'a plus donné aucune nouvelle d'elle. Une nouvelle victime des monstres vivant dans les égouts ?Une vingtaine de serpents en liberté auraient été aperçus sur les Docks. La Triade en sueur.On déplorerait trois morts suite au dernier barathon de la rue de la soif.À Kabukicho, des rumeurs sur l'affaiblissement des effectifs du clan Oni commencent à poindre. L'absence de Yokai se fait-elle enfin ressentir ou cela n'est-il que le fruit de l'imagination de quelques résidents ?Une certaine Shrimpette serait en train d'écrire une fan-fiction sur certains membres de Decay.On dit que l'ensemble du corps d'un certain mercenaire travaillant pour la Triade serait entièrement recouverts de ses nombreux crimes. Une dizaine de cadavres auraient été découverts, au cours du mois de Janvier, sur les Docks. Certains évoquent un règlement de comptes. Un tout nouveau malware parcourrait la toile, déguisé sous la forme d'un logiciel à première vue inoffensif. Il installerait une backdoor sur les machines infectées. Pour quelle raison ? Cela reste un mystère. Une femme vagabonde à la chevelure d'un noir profond et aux yeux écarlates prendrait en charge des malades et blessés au travers de Decay pour une misère, offrant une alternative médicale à celle dispensée par l'Église. Fin Janvier/Début Février, une course de rue, en pleine nuit, aurait conduit certains hommes hors des pistes. Plusieurs voitures seraient sorties de la route suite à un « conducteur fantôme ».
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Should I run away, and change my name ?
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Les mains dans les poches géantes de son parka trop grand, la brune faisait son chemin dans le quartier russe. Comme à chaque fois qu’elle devait se rendre chez son frère Tolia-pour passer le temps, Ellone était presque obligé de le traverser en entier.  Elle avait ses petits rituels, ses habitudes, ses nostalgies. Et ses vieux démons aussi.

Dans l'intersection maudite, elle déposait la fleur qu’elle avait été achetée exprès. Elle qui n’achetait jamais rien.  Accroupie, elle avait pris soin de décorer le bitume sali de cette chose si belle, qui n’allait absolument pas avec le décor. Là où il l’avait quitté.  S’attacher à ce genre de symbolique la laissait toujours aussi pensive, à quoi bon autant d’attentions pour un mort même plus capable d’en profiter… alors que paradoxalement, elle n’en offrait aucune aux vivants. Elle piqua un sachet de coke sur l’épine de sa rose et ça lui décrocha un sourire, un qu’elle espérait être capable de gommer ce mal-être qu’elle refusait d’accepter. Trop fière et bornée  pour admettre que ça pouvait lui faire quelque chose, ce genre de “détails” tu sais. Sa facilité de la capturer dans ses bras et l’y blottir quelques fois  lui manquait. C’était un fait, qu’il soit admis ou pas...

“ Éclate-toi bien Mika’ ! “

Un dernier salut de ses petits doigts aussi maigrichons qu’écorchés et elle s’éloignait vite fait. Ce n’était jamais bon pour elle de s’attarder comme ça. Des tonnes de choses se bousculaient alors dans sa petite tête, elle avait l’air ailleurs, alors que toute son attention était portée sur le monde qui l’entourait. En effet, la fille cherchait le détail qui l’absorberait loin, très loin de son propre univers tourmenté. Loin des réalités dont elle devait se préserver. Ses pupilles se perdaient vite fait sur l’imposante arena qui était sur son chemin, mais elle n’avait pas de nouvelles cochonneries à offrir au belliqueux. S’y attarder aurait donc dû être inutile, pourtant une anomalie dans le décor la fit s’arrêter aux pieds des marches du lieu de torture.

La surprise était sa première réaction, mais seulement, car à l’image de la rose quelques rues plus loin, la belle qu’elle observait ne convenait pas à l’endroit. Un instant, la brune s’était surprise de la voir pianoter seule son téléphone dans cette parure classe et luxueuse - sans être dérangée. Son regard plissa, elle regardait de plus près la tignasse polaire qui virevoltait au grès du vent. Une étrange impression de déjà vu la traversait, une attraction, ou l’instinct la poussa à entamer les marches. Plus que deux les séparaient, la brune s’accroupissait pour mieux examiner la douce créature absorbée par la technologie. Ce parfum qui se dégageait lui rappelait de bons souvenirs, des joies d’enfant d’une petite fille qui se cachait sous un lit en croyant passé inaperçu quand la mère de sa complice rentrait. La bouille de la jeune Magnolia d’antan n’avait pas changé tant que ça. Et Ellone aurait été incapable de l’oublier même avec toute la mauvaise foi du monde de son côté.

Son coeur se serrait, mais dans tout son contenu caractéristique, elle voulait agir avec détachement. Magnolia faisait partie de l’univers dont Ellone essayait de se préserver, elle était de ces êtres capables de la terrasser seulement par leur seule existence. Et pas parce qu’ils avaient une quelconque manière de la mettre à genoux. Mais la petite Ellone ne voulait plus connaître la perte, ni retomber de si haut. Elle s’était tellement fracturée la dernière fois, que sa petite âme en avait perdu des bouts.  C’était sa définition de la souffrance qui se tenait devant elle, alors que paradoxalement, Magnolia n’avait jamais été que douceur. La pire des tortures était l’attachement à un être, peut-être que ça aurait été plus facile de se convaincre qu’elle était morte pour y résister. Mais maintenant qu’elle l’avait en face d’elle ?  Elle s’estima sûrement masochiste, car la brune soufflait doucement en s’approchant lentement pour ne pas la surprendre, mais toutefois, attirer son attention avec douceur.

“ Ce n’est pas un endroit pour toi, ici, Princesse tu sais. “

Un sourire franc s’affichait sur le minois de la dealeuse, un de ceux qu’elle n’offrait jamais en public : heureux. Peut-être qu’elle ne la reconnaîtrait pas qui sait… Comment pouvait-elle lui en tenir rigueur, c’était la brune qui avait arrêté de donner des nouvelles après tout. Et n’en recevant plus… Enfin, une longue histoire.

“ Si j’arrive à me cacher sous ta jupe, tu me ramènes encore avec toi ? “

Chasser le naturel et il reviendra au galop, une fois n’était pas coutume après tout, leur première rencontre s’était presque passé comme ça en y réfléchissant.
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Assise sur les marches, tu attends que les heures passent.
Ce n'était pas forcément l'idéal mais c'était le plus logique. Tu te demandes encore ce que le Duc avait espéré en venant offrir deux heures de ton temps à cet homme. Un homme intimidant, presque effrayant quand il hausse la voix. Heureusement qu'il s'est vite calmé. Une certaine instabilité, un visage déroutant. De nombreuses marques d'une vie de violence gravés sur la chair. Des cheveux clairs. Un regard désaccordés qui reste graver à jamais dans les mémoires. Tu n'es pas prête d'oublier son visage si singulier et cette étrange aura autour de lui... Oui, tu viens de rencontrer un homme dangereux et pourtant attirant... Mais, tu ne penses pas le revoir un jour et en vérité ? Tu ne l'espères pas du tout. Oh non ce n'est pas parcequ'il t'a fait du mal, Monsieur Treize, n'a pas été méchant un seul instant, même en criant. Son vocabulaire n'était pas des plus élégants mais il a su t'offrir quelques sourires. Puis forcé de constater que ta présence serait bien plus encombrante que plaisante, tu as proposé de toi-même d'aller passer ces deux heures dehors. Loin de lui, loin de cette salle. Loin de cette tension qui te faisait rire nerveusement quand tu étais à ses côtés. Finalement vous ne garderez qu'un souvenir assez cocasse de cette rencontre. Enfin surtout toi, car lui, il a certainement déjà oublié ton visage. Dire que tu peux encore sentir le goût de cette gorgée de vodka... Quel étrange journée...

Assise sur les marches, tu ne sais plus depuis combien de temps tu es là.
Heureusement que tu as encore pas mal de batterie. Tu peux jouer à tes jeux ou chercher les recettes de demain dans ton répertoire. Ce n'est pas l'activité la plus palpitante mais elle fait passer le temps. Coupée du monde, tu ne réalises pas qu'un fantôme de ton passé vient de se poser à tes côtés... Dans la vision périphérique tu sembles apercevoir une silhouette. Prête à mener l'enquête en relevant les yeux, c'est à ce moment-là que tu entends cette voix de femme. Jeune femme ? Ton regard curieux fixe son visage. Elle est bien maigre et la mode n'est clairement pas priorité. Elle te rappelle cette amie, plus jeune que toi. Bien plus jeune que toi à l'époque. Celle qui avait trouvé refuge sous ton lit pour espérer la cacher à ta mère. Des années après, cette dernière t'avait avoué qu'elle savait pour la petite locataire clandestine. Et toi hélas, cette fille tu ne l'as finalement jamais revu... Est-ce que c'est elle ?

Oui c'est elle. Elle te parle de ta jupe.

Enfin plus exactement, elle te parle de l'idée de s'y cacher pour la ramener chez toi. Ce souvenir. Il ne peut pas être qu'une simple coïncidence... Si elle, elle t'offre déjà un grand et beau sourire... Toi c'est tout ton visage qui s'illumine devant cette prise de conscience. Tu ne peux pas rester assise. Il faut que tu te redresses pour venir la prendre dans tes bras. Elle va certainement dire qu’elle aime pas ça, mais tu te rappelles parfaitement vos longues nuits de sommeil l'une toute contre l'autre. Alors au diable les manières. Tu la serres fort dans tes bras. Tu la serres puis tu te recules. Tu la contemples. Tes mains sont passés de son dos à ses bras. Puis en longeant ses bras tu es venu chercher ses index des tiens. Tu es tellement heureuse de la voir que tu en as le regard brillant d'émotion :

- « Ellone... Tu n'as plus besoin de te cacher sous ma jupe pour venir chez moi. »

Triste réalité. Tu as perdue la seule personne qui aurait pu râler il y a plus de deux ans. Ce n’est pas le moment de rentrer dans les détails, tu préfères venir remonter tes mains pour prendre son visage entre tes mains, tu lui caresses les joues de tes pouces avec toutes l’affection du monde. Tes yeux pétillants et l’air conquis. Tu lui lâches : « Je ne pensais pas te revoir un jour, c’est fou ! Tu es toujours aussi petite comparée à moi ! Tu sais que je t’ai attendu longtemps à notre point de rendez-vous… » Tu la libères tout de même de tes milles contacts trop intrusif certainement et tu croises les bras, te mordillant la lèvre, tu trépignes, balançant d’un pieds sur l’autre. T’es heureuse, bordel que t’es heureuse. Mais tu réalises alors tu tournes ta tête pour pointer du nez la bâtisse derrière vous : « Et toi, qu’est-ce-que tu es venu faire ici ? » Car c’est quand même un drôle d’endroit pour vivre, non ?
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Leurs regards se croisaient et tout de suite, elle avait pu comprendre que la Belle l’avait reconnue. En prime, elle ne semblait pas l’en vouloir, un certain soulagement la libérait d’un poids, mais très vite, la fille était tiraillée entre sa joie et son orgueil. Bon elle râlait plus pour la forme qu’autre chose en réalité tandis qu’elle était capturée entre ses bras. Si longtemps que plus personne n’avait fait ça. Une seconde, elle aurait bien voulu poser sa tête et se laisser allez. Malheureusement, la petite Ellone avait trop grandi pour ça on dirait. Pourtant la sensation était bien là, mais elle luttait corps et âme. Si seulement elles avaient pu se recroiser plus tôt. C’était le genre de pensées qui lui traversaient l’esprit alors qu’elle s’était reculée, plus parce qu’on l’avait laissé faire, que parce qu’elle le pouvait.

“ Pas en public bordel Magno’ ! “

Toute façon, pour l’effet qu’auraient ses réclamations, c’est à dire aucun. Ellone n’avait jamais eu beaucoup de manières, il fallait espérer que sa douce refuge d'antan serait aussi patiente avec elle qu’avant leur séparation. Son parfum chatouillait alors encore ses narines, y avait comme une similarité, mais aussi quelque chose qui avait changé. L’odeur lui disait quelque chose pourtant, même en essayant de fouiller dans ses souvenirs, elle n’arrivait pas à trouver. Qu’importe, il avait des choses plus intéressantes sur lesquels se concentrer. Sa main caressait sa joue comme on avait souvent peu osé le faire, quelle chance que pour une fois son visage n’avait pas essuyé les marques des coups.  Ses yeux se refermaient par réflexe, toute sa volonté risquait de ne pas suffire après une journée pareille et tout ce qu’elle traînait dans ses bagages. Pourtant, Ellone ne pouvait pas abandonner sa position, pas ici, plus maintenant, elle se contentait alors de lui sourire tendrement.

“ Ah ah… Je suis plus vraiment à jouer la carte de la prudence en réalité....”

Son sourire là était gêné. La petite Ellone que Magnolia avait connue était un chaton égaré dans un nouveau monde. Sortie de son panier trop tôt, sans réelle expérience de ce dernier près à la dévorer. Sans sa jolie fleur sur son chemin pour la recueillir, sûrement qu’elle n’aurait jamais rencontré Mika et sans lui… La fille serait un tas en décomposition depuis longtemps… Bilan, elle n’avait plus rien de l’innocente enfant qui avait grandi dans ses pattes entre autres. Mais la brune était toujours aussi ridiculement petite à côté de son aînée. Voilà qui lui volait un rire franc.

“ Je n’aime pas les légumes tu sais bien, t’avais raison, sans soupe, on ne grandit pas. “

Si ça avait pu être que ça son problème. Quant au lieu du rendez-vous, elle ne savait pas vraiment ce qu’elle pouvait lui dire, ça était compliqué la perte de son frère lui qui la protégeait par ici. Il n’avait pas que des amis et il avait laissé beaucoup de frustration derrière lui. Son sourire heureux devenait mélancolique, tout se payait un jour, le pire, mais surtout le meilleur. Très cher dans son cas à elle. La fille est fauchée maintenant, sur tous les plans. En la voyant croiser les bras et prendre position, la petite brune comprenait rapidement que Magnolia allait chercher un minimum d’information… Qu’est-ce qu’elle pouvait lui dire ou non ?

“ Je passais juste devant pour aller voir Tolia. Tu te souviens ? Je t’avais déjà parlé de lui. “

Ce n’était pas vraiment un mensonge, elle n’aimerait pas vraiment avoir à expliquer à sa princesse comment elle gagnait sa vie. Elle dissimulait sa gêne en tentant de l’éloigner de là.

“ C’est glauque comme endroit, que dirais-tu de bouger de là… Si t’as du temps… “

Hésitation, le dilemme la rongeait, suivre son nouveau principe ou juste une fois s’accorder une pause ? Peut-être qu’encore une fois, elle attendait juste un signe de sa part.
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« Pas en public bordel Magno’ ! »
Tu pourrais presque entendre le « Bordel ! » qui manque au début de la phrase. Oui, tu savais qu’elle allait râler. Râler sans trop résister alors tu en as abusé, mais comment te le reprocher ? Tu étais bien trop heureuse de pouvoir la retrouver… Tes gestes parlent autant que tes actes. Tu aimes la manière dont elle ferme les yeux sous tes caresses, tu sais que tu l’apaises. Oui, tu es toujours aussi clémente, toujours aussi patiente. En vérité ? Peut-être même que tu l’es encore plus. Tu ne lui as jamais rien imposé, tu t’es toujours contenter d’être là… Jonglant entre tendresse et légèreté, comme quand elle te fait rire en parlant de légume en guise d’excuse sur la différence de taille qui vous oppose. Soyons réaliste, quand on te voit, surtout face à elle, ce n’est pas l’idée « Mais cette demoiselle a bien trop manger de légumes ! » qui traverse les esprits. Pourtant, Ellone semble s’en souvenir, tu as toujours adoré ça, les légumes. Puis les questions plus délicates arrivent, et comme toujours, elle sait comment rebondir. Alors tu ne te formalises pas. Tu poses les questions, elle y répond à sa façon, elle a toujours fait comme ça. Elle détourne, elle contourne, elle omet volontairement certains détails pour ne pas avoir à s’y confronter ou à t’y confronter ? Tu te contentes dont du souvenir de Tolia que tu honores d’un hochement de tête. Oui, tu te souviens de lui.

Il est temps pour vous de quitter cet endroit ?
Mais tu ne sais pas si tu en as réellement le droit. Tu as ce petit sursaut, tu retiens son doigt dans le tien. Oui, entre temps, faute de pouvoir la garder collée contre toi dans un câlin bien trop gênant pour elle, tu t’es contentée d’un index réclamant le sien, s’accrochant pour vous réunir, pour vous assurer de garder un lien. Et c’est cet index qui se serre un peu plus sur le sien. Tu ne veux pas qu’elle te laisse à la suite de tes mots, même ton regard un peu inquiet, un peu peiné, parle pour toi. Tu replaces délicatement l’une de tes mèches de cheveux derrière ton oreille puis tu plonges ton regard dans celui de ton amie avec cette grimace maladroite :

- « J’sais pas si j’ai le droit en vérité, j’suis supposée rester ici pendant deux heures alors… »

Tu as ce petit mouvement d’épaule. Qu’est-ce-que tu peux faire de plus ? Que tu sois avec Monsieur Treize ou juste devant le bâtiment à attendre l’arrivée du Duc, c’est la même chose ? Pourtant il t’avait dit de le tenir au courant, non ? Tu pinces les lèvres, hésitante puis tu finis par attraper ton téléphone en lâchant un : « Quoique attends, j’ai peut-être une idée ! » Tu fais défiler la liste des contacts pour arriver à ton client. Tu composes le numéro. Une sonnerie, une autre… Il décroche. Quelques banalités pour le rassurer, la rencontre s’est bien passée mais tu as été congédiée bien vite, tu es donc seule devant le bâtiment et tu as croisé une amie, tu demandes si tu dois attendre ici son arrivée où si tu peux filer et revenir à son arrivée ? Il laisse un silence et il te dit simplement, qu’il va t’envoyer la voiture, que tu n’as pas à t’en faire pour ton argent, tu l’as tout de même mérité, que tu n’as plus qu’à profiter de ta fin de journée avec ton amie… La voiture pourra vous ramener là où vous le désirez… Tu le remercies, tu lui dis que c’est trop. Il te dit que c’est bien assez pour toi, que tu as été parfaite une fois de plus. Tu ne comprends pas réellement mais tu finis par raccrocher. Un peu sonnée, un peu désemparée. Tu regardes Ellone qui doit avoir entendu une bonne partie de la conversation à cette distance et tu lui dis en pouffant de rire :

- « Et bien, Mon client de ce soir vient de nous offrir la soirée… Il envoie même sa voiture comme d’habitude pour nous ramener chez moi à l’Hôtel ou ailleurs… »

T’en reviens toujours pas. Tu fixes la petite brune avec cet air surpris, sans voix. Puis tu te finis par te mettre enfin à rire. Cette situation est improbable, cette journée est improbable… Tu lui demandes donc en revenant poser ta main sur sa joue avec un clin d’œil surjoué :

- « Alors poupée, t’viens chez moi ce soir ? J’ai de la bouffe, des plaids et une grande… Télé. » Et t’es fière, ouais, y’a pas à dire. Elle t’a pas mal manquée, ton amie qui se cachait sous ton lit.  
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Dans la tête d’Ellone, les choses étaient aussi faciles que cela, quand elle voulait faire quelque chose elle le faisait. Souvent sans réfléchir. Elle n’avait que faire des conséquences, ou quelconques répercutions, elle s’en foutait d’encaisser ou même pire. La vie lui avait appris à ne plus s’en formaliser, généraliser ça comme quelque chose d’insignifiant. C’était qu’elle était à mille lieues de gens normaux maintenant, toujours trop perchée encore pour les gens bizarres. Si son corps hantait encore ce monde, c’était à se demander si son esprit lui n'avait pas définitivement rendu l’âme, ne laissant alors qu’une pâle copie formatée pour survivre. Et peut-être que de temps en temps elle avait un sursaut dans sa conscience, qu’elle revenait d’entre les morts prendre sa place, retrouver le sens de cette vie, mais aussi tous les inconvénients qu’elle ne supportait plus. Il ne lui avait fallu longtemps pour ressentir plus qu’elle ne l’avait comprise, la détresse de sa vieille amie.

“Droit”, “crainte”, “devoir”, autant de choses qui lui sortaient par les yeux. Autant de chaînes avec lesquelles la fille se débattait elle-même. Autant de règles qu’elle se refusait de suivre. Sans sa chance légendaire, elle serait morte depuis longtemps. Aussi parfois elle se disait qu’au final son karma la punissait en la gardant ici, en assistant à ce genre de scène qui lui donnait envie d’imploser, impuissante. Elle aurait pu tirer Magno par le bras et lui dire vient on s’en fout de tout ça, mais si elle était prête à subir pour ses actes, elle n’était pas prête à emporter Magnolia avec elle dans son chaos. C’était une raison pour laquelle elle s’était éloignée d’elle après tout.

Pourquoi tu devrais rester deux heures sur un escalier au juste ?

La réponse lui faisait un peu peur pour tout dire, elle se rappelait où Magno’ l’avait caché plus jeune. Si elle était ignorante à l’époque, ce n’était plus du tout le cas aujourd’hui. Son coeur se serrait, comme elle serrait la main qu’elle venait de passer par-dessus leurs doigts pour la rassurer. Lui confirmer à la fois qu’elle ne s'échapperait pas en l’abandonnant ici d’une part et de l’autre, qu’elle serait là en cas de problème. Une intense frustration l’envahissait, mais la fille restait silencieuse tandis que son amie récupérait son cellulaire pour pianoter dessus. Cela ne disait rien qui vaille, mais avec Magnolia, elle savait prendre son mal en patience.

Un client hein. “ Elle grimaçait, c’était facile de lire sur sa face que la révélation l’agaçait. “ Tu fais quel genre de job au juste ?

Ce n’était pas contre son amie qu’elle s’irritait, plus contre les bâtards qui l’utilisaient. Oh Ellone connaissait bien ce système sa junkie était devenue une pute pour sa daube, puis était resté une junkie pour supporter son job. Un cercle vicieux, puis un jour, trop esquinté par la vie elle avait arrêté de remplir son quota, elle dépensait plus que ce qu’elle gagnait et c’était Ellone qui avait ramassé les dettes.  Il était certain qu’elle ne voulait pas voir Magnola coincée dans un système comme celui-là, quitte à foutre le feu à son hôtel à la con !

Puis elle avait ses gestes, ce ton, ces attitudes capables de l’apaiser ou la désarmer immédiatement. Elle aurait envie de tout cassé et pourtant la fille se contentait de souffler avec son air renfrogné typique de quand, je ne suis pas d’accord, mais je le fais quand même pour tes beaux yeux. Il n’y avait que cette femme-là qui réussissait cette prouesse avec elle ceci dit.

Tant que tu t’imagines pas me coincer dans un coin du canapé pour brosser mes cheveux… c’est une proposition acceptable.

C’était peut-être sa seule chance de la retrouver, est-ce qu’elle la laisserait passer pour quelques détails sur lesquels au final elle n’aurait aucun pouvoir ? Puis, elle râlait plus pour la forme qu’autre chose, comme toujours, la fleur céleste allait la mener par le bout du nez sans même lui laisser une chance de s’esquiver. Un don dont Ellone n’était pas certaine que Magnolia avait réellement conscience… Sa remarque n’avait rien d’innocent ou d’une boutade concernant leur soirée. Le dernier séjour qu’elle avait fait chez sa douce lui avait laissé quelques souvenirs du genre, comme la fois où elle lui avait posé du vernis à ongles et râlé sur le fait qu’elle devrait laisser pousser ses cheveux. Chose qu’elle avait faite au final. Adolescente, Ellone n’avait que quelques centimètres sur le crâne, une coupe de petits gars… normal. Ils avaient mis longtemps à atteindre ses épaules et c’était la longueur maximale qu’elle était capable d’entretenir.
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Oui c’est bien ce que tu as dit…
C’était ton client au téléphone. Tu te doutais qu’Ellone n’allait pas forcément aimer entendre cela mais c’est là toute la réalité de ton monde. Tu as des clients, tu fais payer le temps qu’on passe avec toi. Sincèrement ? Tu n’es pas à plaindre. Ce n’est pas l’enfer pour le corps. Parfois un peu éprouvant pour l’esprit mais le tien est capable d’encaisser des réalités qui ne cessent de te surprendre. Les travers et les déviances de le pensées humaines sont presque devenus fascinants à tes yeux. Ces clients dont il faut taire le nom tant ils ont des envies qui ne se disent pas. Tu ne rentreras pas dans les détails, pas tout de suite. Pas maintenant et pas ici. Mais oui, tu prendras le temps de tout raconter à ton Ellone, ton amie perdue trop longtemps. Ton chaton caché un temps sous ta couette pour le protéger du monde et ses horreur…  Tu aurais aimé pouvoir demander à ta mère, si vous pouviez d’adopter. Mais le monde n’était pas aussi simple que vos yeux d’enfants. Elle ne pouvait pas rester, elle est venue puis elle a disparu et aujourd’hui ? Elle est devant toi. Elle te gronde pour ses cheveux, elle ne veut pas jouer à la poupée ?

Pourtant toi, tu y vois une invitation.
Une contradiction qui en dit long, elle dit qu’elle ne veut pas car elle en aurait cruellement envie… Et cette pensée te fait encore plus sourire quand tu lui réponds ce simple : « Hum hum » qui veut tout dire. Comme si tu allais te retenir de prendre soin d’elle, hum ? Surtout de ces cheveux. Elle mérite un endroit où fermer les yeux, elle a l’air épuisée ton amie. Voilà, vous n’avez plus qu’à attendre la voiture, n’est-ce-pas ? Tu viens chercher la main d’Ellone dans la tienne, tu marches la tête droite en direction de la route, loin de ces marches qui portaient tes pensées après cette drôle de rencontre. Oui, c’est du passé. Vous n’avez plus qu’à avancer toutes les deux. Et tu as toujours été celle qui fendrait la foule pour lui montrer le chemin. Aujourd’hui, ça ne change pas, tu es juste encore plus grande, encore plus ronde. Une fois que vous êtes au bord de la route, près d’un lampadaire penché par la colère des soirées trop arrosée.

Evidemment, tu n’as pas libéré sa main,
Et tu ne comptes pas laisser cet index dans le tien, tu le tiens comme pour t’assurer que ta amie ne disparaîtra comme un mirage. Tu veux qu’elle reste réellement avec toi. Tu veux profiter de cette soirée offerte et payée par ton client le plus aisé. Celui qui ne te demande jamais trop et qui te donne tant. Tu te souviens alors de cette question, tu regardes devant toi avec un petit sourire doux, quoiqu’un peu mélancolique quand tu lui murmures : « Je suis escorte désormais… » Tu reviens poser tes yeux dans les siens, tu sais que cette nouvelle n’est jamais bien accueillie mais tu sais que tu vas pouvoir rire avec elle quand dans tout ton sérieux durement gardé tu lui dis : « Mon nom dans le métier, c’est : La grosse sainte… » Et tu attends, en montrant de ta main libre l’étendue de ta dite « Grosseur » puis tu te mets à rire. Si certaines personnes se seraient vexées par cette appellation, tu la trouves assez fidèle à ce que tu es. Une grosse escorte qui ne couche pas.

Une fois les éclats de rire passé.
Tu te remontes ta main à tes cheveux pour te recoiffer, signe d’une petite gêne. Une pudeur un peu étrange de devoir confier ces choses pourtant évidentes de ton quotidien à ton amie. Tu hausses les épaules : « Blague à part, c’est pas l’enfer je t’assure… Je me suis assurée d’avoir une réputation. Je suis connue pour le fait que je ne couche pas avec mes clients, je fais juste payer pour qu’on passe du temps avec moi. J’fais payer mon temps, l’illustration parfaite que le temps c’est de l’argent, non ? » Encore ce petit rire, tu espères que ça pourra apaiser le cœur de ta douce amie. Enfin douce, qu’avec toi, hein. Tu penches la tête avec un petit sourire puis tu te tournes vers elle pour venir chercher son autre index… Les yeux dans les yeux, tu scrute son visage comme si tu cherchais des réponses. Et tu demandes : « Et toi ? Comment tu vas ? Comment ça se passe pour toi ? » Car toi aussi tu veux savoir…

La voiture ne devrait plus tarder…
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Betty-Lou Bettner
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“ Je suis sérieuse Magno…”  

Grognement survenant après ce “hum hum” qu’elle reconnaissait que trop bien. La femme avait déjà décidé de n’en faire qu’à sa tête, il semblerait. Mais comment opposer de la résistance envers cette main qui se refermait sur elle comme dans le passé pour l’entraîner vers de meilleurs horizons. Oui la fille en avait bien besoin, particulièrement aujourd’hui où sa volonté de fer commençait à faillir. Et tandis qu’elle marchait dans l’ombre de cette silhouette imposante, autant de charisme que d’envergure, Ellone se disait qu’au final, elle avait peut-être bien fait de ses battre un jour de plus, de survivre jusqu’à ses retrouvailles. Ses pensées sombres s’éloignaient alors, elle avait trop peur que toute cette noirceur ne finisse par entacher cet ange qui l’avait adopté au milieu des poubelles comme le petit chat égaré qu’elle était. Enfin, le temps avait bien avancé, le chat était sauvage désormais… Mais débrouillard. Aussi elle grognait encore pour cette histoire de clients… tout en se convainquant qu’elle devrait faire avec, pas comme si elle avait les capacités d’y changer quoi que ce soit.  Pourtant, elle allait exploser de colère avant d’entendre le sobriquet qui lui volait toute volonté de penser…

“ La quoi ?!! “

Les mots avaient filé hors de sa bouche à l’instant, la surprise se lisait sur son visage contrarié qui progressivement était gagné par cette hilarité montante. Ses yeux suivaient le mouvement de la main qui lui exposait l’origine du nom et rapidement, un ricanement gagnait la manche.

“ Wouah, quelle imagination qu’ils ont. “ Sa main libre lui frottait l’arrête du nez, elle se demandait sur quoi rebondir en vrai… “ vaut mieux faire envie de pitié pas vrai ? “ rétorquait-elle finalement en imitant le mouvement de son amie pour lui exposer son propre corps squelettique.  “ Y a des cons assez désespérés pour payer juste pour avoir de la compagnie ?.. “

Agréable la compagnie, surement le critère obligatoire pour que cela marche, mais tout de même. La fille en restait sans voix. Elle n’avait jamais entendu parler de ce genre d’escorte là. Pourtant, pas un instant elle ne mettait en doute la parole de Magnolia, alors que d’ordinaire, elle était du genre à penser que tout le monde mentait, tout le temps… Un statut spécial appartenait à cette femme, qu’Ellone en avait conscience ou pas ne changerait pas grand-chose. On aurait dit qu’elle en avait besoin au final.

“ Sacrée Magno, t’as toujours su mener ton petit monde par le bout du nez sans forcer…”

Là c’était l'hôpital qui se foutait de la charité, même si la méthode était différente… Ellone avait été visiblement à bonne école sur le sujet. Peut-être que Magnolia avait déteint sur elle d’une certaine façon ? l’illustration ne devrait d’ailleurs plus tarder alors que l’intérêt se reportait sur sa condition actuelle.  Que dire à probablement la seule personne qu’elle considérait réellement en amie depuis sa nouvelle vie… La fille n’avait aucune envie de la tromper ou mentir, mais pas non plus avant de lui exposer ce bilan minable de sa vie. Alors elle concentrait ses réponses sur le positif. Ce qui lui demandait un effort considérable, c’était une créature tellement portée sur la négativité par la force de l’habitude. Le temps à Medellín l’avait rongé, changée, irrémédiablement.

“ Moi ? Je suis entière tu vois bien. “ Elle riait avec entrain, c’était déjà un exploit vu tous les problèmes et dangers dans lesquels elle pataugeait quotidiennement.  “ Je trouve toujours de quoi m’occuper, pas le temps de m’ennuyer.“ Ce n’était pas fairplay n’est-ce pas ? Pas après que Magnolia avait fait l’effort de tout dévoiler pour couper court à son inquiétude… “ Disons que je ne bosse pas pour des gens recommandables, mais j’imagine que toi non plus ? “ Elle soupirait lourdement en fixant l’horizon, tellement son dernier aveu lui pesait sur le coeur. “ Puis ma mère n’est définitivement plus bonne à rien, mes frères me l’ont collée dans les pattes. C’est rare que je rentre sans assisté à une partouze de junkies. “ Malheureusement, et elle ne pouvait rien dire, rien y faire. “ M’enfin, j’ai l’habitude. Rien de nouveau. “ Son sourire de carnassier se dévoilait, il n’annonçait jamais rien de bon… “ Vivement que cette pute crève. “ La fille n’avait jamais utilisé de filtre avec Magnolia… pourquoi commencer aujourd’hui. “ Et ses bâtards avec elle aussi tant qu’à faire." La dureté et la froideur de son chaton s'étaient quant à eux accentués...
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Ah ah ah, tu savais qu’Ellone allait adorer…
C’est clairement LE surnom parfait n’est-ce-pas ? Ou alors est-ce juste son expression qui le rends si parfait ? Peut-être un peu les deux, avec le temps, tu le portes presque avec fierté comme pour crier à tout le monde que oui, tu as des rondeurs et que tu les aimes bien. Et que oui, tu as l’air d’une sainte, dans le cadre de ton boulot évidemment. Mais le petit sarcasme de ta douce sauvage est vivifiant, il encourage ton rire surtout quand elle se compare à tes formes. C’est sûre que là encore, vous êtes le jour et la nuit, mais n’est-ce-pas ce qui a toujours si bien fonctionner entre vous ?  Puis il y a sa remarque qui te fait sourire un peu plus, oui il y a des gens qui sont capable à la nuance près que tu précises : « Oui… Juste pour MA compagnie. » Et c’est là, toute ta fierté n’est-ce-pas ? Réussir à devenir une compagnie si plaisante que les gens reviennent même sans avoir de service en nature. Ellone t’offre d’ailleurs la plus douce et évidente des réponses. Oui, tu peux mener le monde par le bout du nez avec finesse. Tout va dans ton sens, comme tu le sens. Tu avances avec prudence comme une évidence. Mais tu ne peux t’empêcher de la charrier en précisant : « Hum hum, J’suis pas la seule ici à savoir faire ça. » Car la petite brune est pas mal dans son genre. Vous avez juste deux approches complètement opposées.

Comme toujours, elle contourne, elle détourne…
Elle ne rentre pas dans les détails, elle ne te parle de cette vie qui marque sa peau et creuse ses cernes. Celle qui épuise son esprit et amaigrit toujours plus son corps. Elle répond dans le vague, dans le flou, juste pour dédramatiser, juste pour faire comprendre que tout va bien, à son échelle. Et mine de rien, c’est déjà pas mal quand on connait l’animal… Puis la vérité froide tombe, sa vérité qui frappe et cogne, celle si se fracasse sur la bien-pensance. Beaucoup de gens seraient choqués, outrés par les propos que peut tenir Ellone sur sa famille mais toi, tu ne relèves pas, tu te contentes de venir chercher sa main dans la tienne. Oui, tu sais. Oui, tu imagines ce qu’elle doit endurer, encaisser. Tu ne comprends pas pourquoi elle continue de lutter et se force à rester, est-ce qu’elle est obligée ? Est-ce réellement une dette à payer comme cette femme lui a donné la vie ?  Et si oui, à quel prix ? Est-ce-que la dette est plus concrète ? Oui, tu te poses des questions, mais tu ne lui poses directement. Comme tu ne remets pas en cause ses mots, tu te contentes de les prendre comme ils sont. Tu te contentes de cette main dans la tienne et ce sourire, ce regard désolé, sans pour autant tomber dans la pitié, vous en êtes plus là. Tu viens même répondre : « T’as qu’a finir par l’aider… » Et tu pouffes de rire. Oui, cette phrase est dure, mais le plus important c’était surtout son effet de surprise pour réussir à faire sourire ton chaton.

Ce n’est qu’un moment de complicité sur fond macabre…
Puis la voiture de service fait son entrée, comme toujours le duc n’a pas fait dans l’économie. Cette voiture est riche, elle est belle. Elle fait un peu tâche dans le décor alors tu gardes la main d’Ellone dans la tienne pour l’entraîner dans ton mouvement. En quelques enjambées, une main sur la poignée, vous êtes déjà installée dans les sièges de cuirs. Belle voiture, air climatisé. Sur le chemin, tu lui parles un peu de toi, de ta maison. Tu lui expliques des choses importances sur ta vie, sur les potes que tu peux avoir un peu partout dans les étages de l’hôtel. Tu lui parles des changements dans ta maison, tu lui demandes ce qu’elle voudrait manger en lui disant ce que tu as de disponible à la maison car tu comptes bien cuisiner pour elle, pour vous deux. Et aussi, tu proposes un film pour vous caler l’une contre l’autre comme avant. Tu la chambres un peu sur l’idée de prendre un bain en allant jusqu’à faire semblant de la renifler pour finalement venir l’enlacer. Si tu as toujours su faire femme avec tes clients… En cet instant, tu as la légèreté d’une fille de ton âge – Mais pas de ton poids évidemment. Tu es joueuse, joyeuse. Juste heureuse de retrouver ton amie.

Une fois devant l’immeuble, tu peux guider ses pas…
Les couloirs tu les connais par cœur, tu salues le réceptionniste à l’entrée, toujours perdue dans tes explications sans importance sur le repas de ce soir, sur toutes les possibilités débiles que vous pourriez avoir… Mais ce dernier te rattrape à la hâte. « Magnolia ! Attends ! » Tu t’arrêtes surprise, c’est rare qu’il soit aussi vivace celui-ci. Tu penches la tête avec un petit sourire.  « Oui ? » Il grimace et commence son explication comme quoi il y a un problème avec un certain Phinéas, qu’il ne demande qu’à te voir toi et uniquement toi. Tu sembles surprise, la dernière fois que tu as vu ce garçon il t’a offert une sacrée nuit chez les yakuzas… Tes doigts se crispent sur la main d’Ellone. Elle ne connait pas le chemin pour aller jusqu’à ta chambre. Tu soupires : « Je vois… » Le réceptionniste t’indique qu’il t’attend dans l’un des fumoirs. Charmant, tu vas encore sentir mauvais… Tu te retournes vers Ellone, cherchant dans ton sac, l’une de tes « cartes d’accès » tu lui expliques avec un petit sourire : « J’vais renvoyer mon client chez lui j’en ai pas pour longtemps... » Tu te penches pour embrasser la joue de ton amie, oui oui, tu sais, pas en public, tu ricanes : « J’fais vite, en attendant tu peux m’attendre au bar de la réception passe ma carte, c’est moi qui régale… » Et te voilà déjà partie… ça sera rapide, c’est promis.
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L’aider hein ? Ouais, ce n’était pas comme si elle n’avait pas déjà essayé. Et elle pourrait lui montrer tous les coups de fouet aux allures de câbles électriques qu’elle avait encaissés représailles après. Eux qui avaient gravé ma peau. Mais à quoi bon. Magno ne pourrait pas plus comprendre, qu’elle n’avait besoin d’être inquiétée par la réalité de sa vie. Elle était une prisonnière, sans chaîne, ni cage, mais malgré tout, n'avait nulle part où leur échapper définitivement et son manager tenait un trop bon filon pour la laisser se lester de ma mère, sa vache à lait…

Aussi s’était-elle contentée de rire de la répartie inattendue de son amie. Il fallait croire que même son ange avait été corrompu par ce monde malsain qu’était Decay. Encore que, chasser le naturel et il revenait au galop. Mais n’était-ce pas là le naturel que connaissait Ellone seulement en fait… ? Petit à petit doucement, elle oubliait son inconfort dans cette voiture de luxe et s’amusait de retrouver celle qu’elle avait quitté il y avait bien des années, celui comme si c’était hier. Elle l’avait chambré à bien des niveaux et la fille s’était offusquée, car l’hygiène était définitivement la seule chose qui la gardait encore civilisée. Pour le reste, elle avait prêté une attention relative, se disant qu’elle n’avait pas l’intention de squatter le domicile contrairement au passé… et que donc, elle n’aurait pas besoin de tous ces détails-là. Toutefois, elle s’était ravie d’entendre que Magnollia avait sa petite communauté dans ce lieu étrange qui l'impressionnait tant. Au final rien de ce qu’elle lui disait ne l’avait réellement surprise et quand elle lui posait la meilleure des questions, celle du repas, la réponse sonnait comme une évidence. La même que la dernière fois. Ellone n’était peut-être pas non plus si différente au fond.

“ Du riz !! Et des chips, avec de la bière mélangée au rhum ! “

Son repas de reine à elle quand elle n’avait les moyens de s’offrir autre chose que ses nouilles chinoises dont elle ne supportait plus ni le goût, ni l’odeur, ni la vue, ni même tout ce qui s’en approchait. M’enfin, elle survivait comme elle ne le pouvait pas vrai ? Et c’était assez fier qu’elle, que la fille était désormais capable de s’offrir un repas de riz par jour et ainsi tenir éloigner les pâtes de sa vie depuis quelques années. Parfois, durant ses jours les plus profitables, elle s’offrait le luxe d’un encas de chips. Sa priorité restant toujours l’alcool malheureusement. l’état de son corps parlait de lui même.

Puis l’arrivée était trop belle, comme leurs projets. Même pas passer les portes que déjà elles étaient interpelés. l’oeillade entre le réceptionniste et la brune se valaient, l’un n’inspirant pas l’autre, mais parce que Magnolia oblige dans la scène, ils se supportaient silencieusement. Quand la main de la belle s’était crispée dans la sienne en écoutant l’annonce, le premier réflexe d’ Ellone était alors de la retenir. Mais rien n’y faisait. Elle lui glissait la carte dans son autre main, déclinant sa proposition d’éjecter le client dehors pour elle…

Et la petite brune s'exécutait peu convaincue en se rendant vers le bar. Cet endroit lui donnait la chair de poule et pour cause, elle savait à qui il appartenait et ce qu’il s’y jouait. Son frère Mika travaillait pour ces gars-là après tout. Parlant de ça, elle n’avait même eu le temps de s’attarder réellement sur sa commande avant qu’un visage familier ne la repère. Les deux s'étaient toisés un long moment et rien qu’à la crispation de la mâchoire du bonhomme, Ellone savait déjà qu’elle passerait un mauvais moment s’il lui mettait la main dessus. De plus… il n’était pas question pour elle de mêler Magno à ses histoires, mieux valait qu’il ne fasse pas le lien entre elles. Aussi, marche arrière, son regard balayait les alentours en espérant la voir, mais elle devait se rendre à l’évidence, elle ne la recroiserait pas. Aussi, ne pouvait-elle lui offrir qu’une dernière attention avant de disparaître. Ses pas précipités se stoppaient devant le réceptionniste à qui elle glissait les mots suivants :

“ Dites magnolia que son chaton ne pourra pas cacher sous son lit ce soir, mais qu’il viendra surement s'y faufiler à nouveau bien assez tôt. "
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