Chapitre 2 : La Corporation
Decay
Decay, destination de tous les possibles, terre en friche où fourmillent les possibilités et l'argent facile, où chaque vice est accessible, chaque désir libre d'être comblé. L'île prospère, se vautre dans sa propre réussite, quand l'ouragan Isaac survint, balayant sur son passage les installations des gangs comme leurs prétentions. Et un nouveau groupe émerge des brisures laissées par la tempête, la Corporation. Forte de son budget, celle-ci s'invite en sauveuse, promet à tous une aide financière et humaine, des avancées conséquentes, pour une vie meilleure. Avides de pouvoir ou simples fantoches, qui sont vraiment les acteurs de cette entité inédite qui prétend étendre son influence à tout Decay.
11/10/2020 HRP
La Newsletter est sortie ! Beaucoup de changements au programme, par ici
11/10/2020 RP
Quelques semaines après la fin de l'ouragan, la Corporation dévoile son visage ! A lire par ici
12/09/2020 RP
L'ouragan Isaac s'abat sur l'île ! Pour en savoir plus, par ici
12/09/2020 HRP
L'event Hurricane est lancé ! Vous pouvez toujours le rejoindre par ici.
27/08/2020 HRP
Nouvelle newsletter ! La lire ici.
05/07/2020 HRP
Nouvelle newsletter et nombreux changements ! La lire ici.
30/05/2020 HRP
Nouvelle newsletter en cette fin de mai ! La lire ici.
30/05/2020 RP
Un nouveau système de réalité augmentée sort au Space Station Bar ! Participer ici
5/04/2020 RP
Le Carnaval de Napoli est lancé ! Extravaganza
8/04/2020 HRP
Nouvelle newsletter ! La lire ici.
18/03/2020 HRP
Ajout des missions et petite update de l'index !
28/02/2020 HRP
Deuxième newsletter ! La lire ici.
28/02/2020 RP
La Milice redouble de violence et est plus présente sur le territoire de Decay !
31/01/2020 HRP
Première Newsletter, bébé forum deviendra grand ! La lire ici.
31/01/2020 RP
L'intrigue "Paranoïa" a été lancée ! Par ici.
17/01/2020 HRP
Ouverture du forum ! N'hésitez pas à rejoindre le Discord !
Il parait qu'une jeune fille a été aperçue allant dans les égouts. Depuis, elle n'a plus donné aucune nouvelle d'elle. Une nouvelle victime des monstres vivant dans les égouts ?Une vingtaine de serpents en liberté auraient été aperçus sur les Docks. La Triade en sueur.On déplorerait trois morts suite au dernier barathon de la rue de la soif.À Kabukicho, des rumeurs sur l'affaiblissement des effectifs du clan Oni commencent à poindre. L'absence de Yokai se fait-elle enfin ressentir ou cela n'est-il que le fruit de l'imagination de quelques résidents ?Une certaine Shrimpette serait en train d'écrire une fan-fiction sur certains membres de Decay.On dit que l'ensemble du corps d'un certain mercenaire travaillant pour la Triade serait entièrement recouverts de ses nombreux crimes. Une dizaine de cadavres auraient été découverts, au cours du mois de Janvier, sur les Docks. Certains évoquent un règlement de comptes. Un tout nouveau malware parcourrait la toile, déguisé sous la forme d'un logiciel à première vue inoffensif. Il installerait une backdoor sur les machines infectées. Pour quelle raison ? Cela reste un mystère. Une femme vagabonde à la chevelure d'un noir profond et aux yeux écarlates prendrait en charge des malades et blessés au travers de Decay pour une misère, offrant une alternative médicale à celle dispensée par l'Église. Fin Janvier/Début Février, une course de rue, en pleine nuit, aurait conduit certains hommes hors des pistes. Plusieurs voitures seraient sorties de la route suite à un « conducteur fantôme ».
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"Ryuuji et Usui sont sur un bateau..."
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Ouah vous êtes un vrai... tombeur, Isshiki-samaaaaa. Les mots étaient sortis tout seuls, accompagnant le regard du brasseur qui devait s'avouer impressionné. Mais c'est pas très étonnant... Z'êtes si beau, normal qu'elles tombent toutes comme ça... Il était sincère malgré les litres de bière et l'imprécision de sa diction qui tenait encore à peu près la route. Il soupira délicatement, opinant du chef gravement. Oué, compliqué c'est le mot. Il n'avait jamais connu tout ça, lui. Il n'avait jamais aimé que Silvia et maintenant le voilà à se retrouver entraîné dans de biens drôles de situations et avec deux hommes très différents de surcroît. Son affection secrète et coupable pour Akemi n'arrangeait rien et risquait de tout compliquer. Et quand à savoir à qui il allait écrire, il répondit sans réfléchir : A Mishima-sama... sauf s'il me déteste ? Il se mordit la lèvre, hésitant et fila avant de pouvoir vraiment expliciter sa pensée.

Son esprit n'avait pas dévié de ces pensées dangereuses et glissantes quand il se retrouva à se battre contre un robinet automatique dont il essayait en vain de tourner le bouton, ne faisant que régler la température d'une eau qui ne coulait pas - forcément puisqu'il n'avait placé ses doigts sous le jet. Le russe dans son dos s'impatientait-il pour se laver les mains ou bien avait-il de plus funestes desseins, ce fut le retour de Ryuuji des toilettes qui fit se retourner brusquement Usui dans un petit couinement de souris. Le dos de son acolyte comme rempart, il tituba un peu, désarçonné par ce qui lui avait semblé être rapide. Il n'était pas assez souvent ivre pour conserver des réflexes et il partit en avant, échouant mollement contre le corps fin mais ferme de son ami avec un sourire bête.

Sourire qui se fit encore plus stupide d'entendre parler d'Akemi comme son petit.. ami ? Se redressant tant bien que mal, le jeune homme balbutia : Ky....Kya... Non c'est pas mon p'tit ami... Non c'est pas... Olalala, moi et lui... Il se couvrit stupidement le visage de ses paumes dans un rougissement de collégienne pour son premier crush. Shhh, dites pas que c'est l'oyabuuuun... Et j'suis pas du tout son petit ami. Hein ? D'accord ? Le russe patibulaire cilla. Plusieurs fois. Puis, dans un grand soupir et une moue de dégoût, lâcha enfin : "Putain, mais bougez les pédés que j'puisse me laver les mains et retourner picoler avec les gars." Usui cilla. Plusieurs fois. Les joues toujours aussi rouges, il se décala en entrainant Ryuuji dans son mouvement, ses doigts attrapant maladroitement le bras de ce dernier. Le corps du hafû était lourd et gourd comme jamais et il rougissait toujours autant, tentant timidement un Jesuispaspédé. A peine intelligible et enfin, le pauvre client pu se laver les mains et quitta la pièce non sans un regard consterné sur les deux abrutis qui n'avaient clairement pas grand chose à voir avec Moskva. Appuyé contre le mur carrelé des toilettes, Usui cherchait un peu son souffle, glissant une main dans la poche de son pantalon pour y dénicher son portable, qu'il brandit comme un trophée. Il réalisa dans le même temps qu'il tenait toujours le bras de son ami et s'excusa en japonais, renonçant à se courber pour ne pas se coller tout seul la nausée. Il faisait frais dans les toilettes du bar. Plus frais que dans la salle qui s'enfumait à force de la soirée et s'échauffait avec les clients qui se faisaient un peu plus nombreux qu'à leur arrivée.

Le vieux portable à clapet rouge au petit strap d'ourson tout abimé datait au moins des années 2000 et le brasseur fit signe à Ryuuji de se rapprocher de lui : V'nez on fait une photooooo... tous les deux ! Il souriait aux anges, innocent, visiblement simplement content d'avoir l'impression d'avoir un vrai ami. Il tripota l'écran de fort mauvaise résolution, aux photos pixellisées et minuscules mais qui avaient le mérite d'être une option du téléphone. Il appuya sur le bouton, fier comme tout, contemplant bêtement leurs expressions stupides de types bourrés aux joues rouges. Il l'enverrait à Akemi ! Et son cerveau imbibé sembla penser que c'était une excellente idée. Il pianota sur les touches usées avec toujours cette expression benête et abandonna finalement son téléphone dans sa poche pour retourner à leur place en marchant le plus droit possible - ce qui n'était pas très concluant.

Leur ami russe leur jeta un regard navré depuis sa table et il ne fut plus question de lui. Lorsqu'il fut enfin de nouveau assit - que la terre tournait vite ce soir ! - il lança un sourire désarmant à son acolyte : Vous étiez siiii badass tout à l'heure... Vous êtes tellement cool, Isshiki-samaaaa. Moi je suis juste bon à porter des caisses de saké... Je n'aime pas les conflits. Et pourtant on est à Decay, c'est trop... con. Il posa finalement son portable fermé sur la table, guettant timidement l'écran avec une impatience innocente. Est-ce que Akemi allait lui répondre ? Dites ? Vous aimez quoi dans la vie à part de whisky ?

Moses.

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Ryuuko Isshiki
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Ryuuko parvenait avec difficulté à répondre autrement aux compliments qu’avec un rire mélangeant satisfaction et amusement. Un beau garçon, elle. Quelle ironie ! Elle se prêta à l’image donnée et devint le chevalier servant du petit brasseur de saké. Probablement ses discours ressemblaient-ils à ceux des ivrognes finis déblatérant n’importe quoi et à toute vitesse. Pourtant les mots de la travestie étaient lentement articulés, malgré tout mâchés par la magie de l’alcool. Bien que consciente des molécules entravant son corps et embrumant son cerveau la japonaise se croyait charismatique à cet instant, fière d’elle comme à son habitude avec son torse gonflé de confiance. Elle ne flancha pas malgré une expression embruinée, nonobstant son sourire qui s’étira en entendant Usui s’emberlificoter. Le russe s’agaça finalement, un sourcil levé.
La yakuza se laissa entraîner par son acolyte avec un air bête sur le visage. Sa première pensée fut que le soviétique était un malotru : il aurait pu les rejoindre ! Elle maugréa des mots incompréhensibles puis se tut, les joues gonflées d’humiliation. L’étranger sortit enfin des toilettes et Ryuuko soupira de frustration.

« Pédé c’est même pas une insulte. » marmonna-t-elle en croisant les bras, emportant la main d’Usui qui finalement la lâcha. La japonaise tourna alors sa tête vers lui : aussitôt qu’elle détailla les traits de son ami les siens se détendirent. Elle se mit bêtement à rire, sans raison particulière si ce n’était un sentiment de bien-être envahissant. Elle applaudit fallacieusement, à l’image d’une collégienne forçant son admiration, lorsque le brasseur brandit son téléphone.

« Ooooh ! » s’exclama-t-elle tout d’abord avec son fort accent nippon. Puis, le plan du jeune homme exposé, son visage s’illumina de gaieté. « Oh, ouais ! Trop bieeeen ! »

L’enthousiasme de sa voix était quelque peu brisé par le ton rauque que provoquait l’alcool sur les longues notes de ses mots. Pour autant rien ne pouvait éreinter la joie visible sur son visage ivre. Elle colla sa tempe contre celle d’Usui, un sourire aussi idiot qu’heureux sur les lèvres et entoura son ami avec son bras, main sur son épaule. La photo prise Ryuuko se retira poliment pour laisser de l’air à Usui.

« Tu… Vous… Vous me l’enverrez, hein ? Envoyez-la moi tout de suite, pour pas oublier ! S’il vous plaît ! »

Ses yeux brillaient de cette candeur propre aux émotions futiles, semblables aux enfants ravis se faisant des amis pour la première fois à l’école. Ryuuko suivit le brasseur qui ouvrit la marche d’un pas titubant jusqu’à leur table. Elle se laissa tomber brutalement sur sa chaise, les bras croisés. Elle réalisa soudainement qu’elle avait oublié de se laver les mains. Sa pensée partit aussi vite qu’elle était venue, son esprit incapable de se concentrer sur deux choses en même temps alors que son compagnon s’adressait à elle. La travestie fronça un peu les sourcils pour se concentrer sur ce que communiquait Usui.

« Qu’est-ce qu’ya d’mal à fuir les conflits ? C’t’une manière de survivre. »

Elle parvenait avec difficulté à articuler ses mots à présent. Ryuuko saisit son verre de whisky à moitié entamé, les yeux désormais plissés en permanence pour compenser sa vision trouble.

« J’suis classe que quand j’me bats. C’est ça qu’est trop con. »

Elle soupira et vida son verre de dépit. Un hoquet la surprit du même temps qu’elle posa son contenant vide sur la table, à côté du sous-bock qu’elle rata de peu. Elle le fixa un instant comme pour le maudire d’avoir évité son verre puis reporta son attention sur Usui.

« A part le whisky ? » Elle ricana avec ridicule. « Les femmes ! » Son rictus devint trop aigu pour être viril et elle couvra sa bouche de ses doigts, les yeux ronds de sottise. Elle retira finalement ses mains en laissant tomber ses bras, ces derniers ballotant alors avec peu d’élégance. « J’aime… Manger… Et cuisiner… Et mon travail… Et l’alcool… Et c’est tout... » Elle se redressa tout d’un coup en s’écriant, l’index levé : « SAUF ! »

Elle maintint le suspens un instant en plongeant son regard dans celui d’Usui. Laissant la tension se rendre palpable quelques secondes, l’expression dense de Ryuuko changea du tout au tout, soudain mielleuse à l’image d’un papa gâteau :

« Mon poisson rouge Kinnkun. » Elle rigola une fois de plus avec un air idiot et augmenta son sourire amitieux. « J’adore les poissons rouges, c’est trop mignon. » Un gloussement supplémentaire. « Et v-vous, vous aimez quoi à part… A part Mishima-sama ? »

Elle n’avait rien trouvé d’autre. Elle ne le connaissait que trop peu, finalement.

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La photo d'eux deux, comme une preuve tangible d'une amitié qui se construisait timidement. Une relation balbutiante mais qui croissait doucement, peu à peu. Faite de petites choses et de plus grandes. Des secrets avoués, des mots dits. Des choses plus pudiques. Et la photo qui cristallisait cette amitié naissante, fragile, craintive presque mais que l'alcool aidait étrangement en les mettant face à leurs habituelles pudeurs et faux-semblants. Envoyé ! Claironna le brasseur tandis que la photo d'eux s'affichait sur le portable de Ryuuji. C'était donc ça, avoir un ami ? Ces petites choses qui forment un tout ? Il n'était pas très au fait de tout cela et il était rendu heureux d'un rien par l'alcool qui gommait les soucis, éloignait la menace de l'arme braquée sur lui plus tôt. L'alcool noyait le chagrin d'une marée couleur de houblon. Il était plus facile alors d'oser écrire à Akemi, plus facile de rejoindre la salle avec Ryuuji, s'essayant mollement au fond de la banquette, trop ivre pour agir avec maîtrise. Il souriait aux anges, d'un sourire un peu facile, artificiel, mais qui recelait un charme simple de paumé soudain rejoint par l'ami qui lui manquait. Vous pouvez me tutoyer, hein ! Il avait certes été élevé de manière traditionnelle mais il n'avait vécu qu'à Decay et le tutoiement facile de certains ne le dérangeait guère. Et puis... On tutoyait bien ses amis, non ?

Soudain, son portable vibra, entre deux gorgées d'une bière qu'il ne se souvenait pas avoir commandée de nouveau. Et le brasseur manqua de recracher le contenu de sa bouche, pris d'une quinte de toux à l'instant de découvrir l'image jointe, une main devant la bouche, cherchant un peu d'air, le visage rougit jusqu'aux oreilles. La réponse d'Akemi à son message s'assortissait d'une autre photo... Beaucoup plus tendancieuse, qu'il fit glisser en direction de Ryuuji, sans réfléchir un seul instant, trop ivre pour ça. Et ce qui s'affichait en petit et fort pixellisé sur le portable du jeune homme n'était autre qu'Akemi couché sur le ventre, seulement vêtu d'un porte-jarretelles qui mettait particulièrement en valeur la courbe charmante du postérieur de l'oyabun. Mishimaaaa-samaaaa méchaaaaant... chouina le brasseur, laissant tomber son front cramoisi contre la table dans un son mat. Y m'envoie çaaaa, comment j'peux me concentrer, maintenant... Usui soupira, une moue boudeuse sur les lèvres tandis qu'il relevait la tête. Comment était-il censé rester de marbres à ce genre de photo ? Il récupéra son portable, pianotant fiévreusement dessus, les joues gonflées comme un gamin mécontent. Pourquoi fallait-il qu'il se fasse toujours avoir par les provocations d'Akemi.

Heureusement pour la santé mentale du petit brasseur, la conversation avait déviée sur les goûts de son interlocuteur et sur... Son poisson rouge ? Interloqué de découvrir cette expression absolument adorable sur le visage de Ryuuji et d'entendre sa voix prendre les inflexions de la passion, Usui l'observa avec un sourire benêt. Awn, c'est beaucoup trop mignon... Un potit poisson... Awn. Il souriait toujours aux anges, littéralement fasciné par l'anecdote, oubliant un peu Mishima-sama, trop imbibé pour réfléchir pendant qu'il demandait spontanément : Je pourrais voir Kinnkun un jour ? Dites ? Hein ? J'ai jamais eu d'animaux, Ojiisan ne voulait pas. C'est trop bien de vouloir s'occuper d'un petit animal. Ca doit être du travail, non ? Il semblait si enthousiaste soudain, les yeux brillants de l'espoir d'un jour pouvoir faire la connaissance de Kinnkun. Un enthousiasme assurément naïf et peut-être un peu bête mais paradoxalement sincère malgré l'alcool.

Usui sembla un instant presque surprit qu'on lui demande ses goûts, penchant la tête sur le côté, les joues rouges de la mention de l'oyabun - et le rappel de l'effet que lui prodiguait les fesses galbées de ce dernier. J'aiiiiime... Il se redressa de sa position avachie, les yeux soudain brillants. La pastèque ! C'est trop bien, c'est trop bon et en plus c'est si joli. En plus c'est tout rond comme les fesses de Mishima-sama... - Il gloussa - J'aiiime aussi heuuuu.... Les films policiers et les mangas. Surtout les Seinen et des fois du Shoujo parce que c'est trop trop mignon, non ? Vous en lisez ? Des mangas ? Il hésita un peu et, enhardi par l'ivresse, continua finalement : Je lis des fois des light-novel, mais j'aime pas quand il y a trop de textes parce que ça m'endors. J'ai que le temps de lire très tard dans la nuit alors... Il était bien volubile, tout à coup, Usui. Il avait dans ses attitudes et ses phrases l'enthousiasme naïf de ces gamins forcés de grandir à coup de bâton mais dont la nature timide cachait des trésors d'une innocence contrariée.
Vous avez des photos du petit poisson ? Oh s'il vous plait, je veux voir le petit poisson ! Il n'en démordait visiblement pas.


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En toute réponse pour l’accord du tutoiement Ryuuko balaya l’air avec sa main. Il n’en était pas question pour le moment : même imbibée comme elle l’était actuellement, la japonaise prenait avec des pincettes les autorisations données avec le ventre rond d’alcool. Elle sourit cependant, rougissant un peu aussi, ravie de ce rapprochement qu’il soit éphémère ou non. Le regard vague la yakuza observa l’autre asiatique pianoter sur son portable. Puis garder les joues pleine de sa boisson, avaler, et tousser.

« Eh beh... » commença-t-elle, sans filtre. « Ça va ? »

Elle porta le verre à ses lèvres, oubliant qu’il était vide. Elle le fixa d’un regard plein de reproche quand le brasseur vint la distraire ; son visage antipathique devint soudain rouge et effaré.

« C-C-C’est ?... » bégaya-t-elle, hébétée. Ensuite elle se cacha les yeux comme une vierge effarouchée. « Kyaaah, nooon, je suis pas censée voir çaaaa ! »

Cette image de son boss en porte-jarretelle la hanterait jusqu’à la fin de ses jours. Ouvrant lentement ses doigts pour poser ses yeux sur Usui, Ryuuko pouffa comme une enfant en le voyant bouder. Akemi pouvait le mener par le bout du nez si facilement ! Cette relation entre eux deux, du peu qu’elle pouvait percevoir de son point de vue extérieur, avait un côté tendre et amusant.
La travestie préféra se concentrer sur son poisson rouge pour oublier la photo suggestive de son patron. C’était un sujet qui, peu importe le temps ou l’humeur, illuminait toujours son visage d’une joie candide. Sans trop de raison compréhensible, la réaction du brasseur rendit la japonaise fière ; elle bomba le torse et posa ses mains sur ses hanches. Son ego tenait à peu de choses, finalement. Puis, lorsque son ami demanda à voir le petit animal aquatique, le sourire de Ryuuko s’étendit jusqu’à ses oreilles. Elle avait déjà oublié sa résolution de continuer à vouvoyer son compagnon :

« Bien sûr ! » chantonna-t-elle. « Kinnkun aime voir des nouvelles têtes, surtout d’puis qu’il a perdu son p’tit copain. Si t’veux, tu… T’as qu’à passer à la maison, ce soir ! »

Elle se souvint soudainement que c’était souvent ainsi qu’elle piégeait des femmes dans son lit. Comme quoi, pas besoin d’un bébé ou d’un chat… Mais l’attention était tout autre pour une fois. Simplette, Ryuuko se balançait de gauche à droite avec satisfaction.

« Un poisson rouge demande pas trop d’boulot, non. » Elle augmenta son sourire, si c’était encore possible. « Avec une bonne pompe et de la nourriture de qualité, un aquarium demande peu d’entretien. »

Le sujet revint à leurs passions respectives et cette fois-ci ce fut à Usui de se dévoiler. Ryuuko opina du chef de temps à autre avec une expression exagérément concentrée. Elle voulait absolument tout retenir et ce malgré l’alcool rendait sa tête lourde.

« Ha, oui, la pastèque ! J’me souviens... » marmonna-t-elle en plissant des yeux comme si elle n’y voyait plus rien. Puis elle les écarquilla comme des billes, avant de gigoter sur place en s’écriant un « Hyaaa ! » excité à la mention des fesses de son patron. A la fois par embarras et par excitation, de par la nature de la relation romantique entre les deux partis. La travestie hocha vivement la tête, ravie de trouver un point commun :

« J’adore les shoujo manga ! J’en lis s’vent ! Bon, pas autant qu’dans mon adolescence… Mais quand même ! »

Il suffisait de voir son enthousiasme en imaginant Usui et Akemi ensemble pour deviner que les élans amoureux faisaient parti de ses sujets préférés.

« J’en lis pas trop, des light novel. Par cont’ j’aime bien les cell phone novel. C’est s’vent moins bien écrit mais ça s’lit vite, ent’ deux pauses, avant d’aller dormir, tout ça ! »

Elle ricana bêtement, contente de trouver des terrains communs avec son nouvel ami. La question suivante l'anima davantage, attrapant son portable avant même que Usui ne termine sa phrase. Ses mains bien peu habiles à présent eurent du mal à garder le téléphone en main avant qu’elle ne le déverrouille. Elle ouvrit la galerie photo de son smartphone. Trop alcoolisée pour être prudente, elle ne chercha pas à aller dans le dossier dédié à son poisson rouge mais resta sur les dernières photos, tous dossiers confondus. Elle avait oublié que ci et là se trouvaient des photos d’elle adolescente en jupe, ou enfant dans ses uniformes japonais, que sa famille avait retrouvé et renvoyé récemment. Ils étaient assez bas dans l’historique mais facilement identifiables. Il y avait aussi pas mal de selfies qu'elle postait sur ses réseaux sociaux et, bien sûr, des photographies de son animal de compagnie en quantité astronomique.
Ryuuko tendit son téléphone à Usui en se penchant mollement sur la table.

« Je crois… Je crois que je vais arrêter de boire pour ce soir, j’bosse demain. Tu… Tu veux passer à l’appartement voir Kinnkun ? » demanda-t-elle avec une once de timidité et toute la tendresse du monde.

A y réfléchir, elle n’avait jamais invité d’ami chez elle depuis son emménagement à Kabukichô.


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Il avait rigolé bêtement aux cris de pucelle effarouchée de Ryuuji, stupide ivrogne, imbécile heureux. Mais au fond de lui, sous les litres d'alcool, il se sentait bien pour la première fois depuis des lustres. Sans penser à rien, le coeur paisible malgré ses élans à chaque sms de son amant. Son amant... Cette simple pensée un peu vaine lui amenait un sourire bête aux lèvres. Et tant pis si ce n'était qu'une fois. Et tant pis si ce n'était qu'un mirage. Il était doux pour le coeur de s'imaginer spécial lorsque l'on aime. Et soudain la voix d'Usui couina tout à fait aléatoirement dans leur discussion : Hooow il a mis un coeur dans son message ! Il lui fallait si peu de choses, à ce petit brasseur. Un simple petit rien qui amenait à ses yeux des larmes d'une joie pure et innocente d'adolescent qu'il n'avait jamais vraiment pu être. Il gloussa et renifla en même temps, appuyant le portable contre son coeur. Il avait l'alcool joyeux, ce jeune homme, les yeux soudain brillants de milles étoiles pour un simple symbole banal. Mais Mishima-sama... Il l'aimait depuis bien longtemps en silence alors la moindre marque d'attention le conduisait sous des cieux merveilleux et cléments. Etait-ce bête ? Sûrement un peu, mais les amoureux sont des imbéciles heureux.

Cependant la proposition de Ryuuji d'aller chez lui chassa un peu sa félicité béate pour une autre. Il n'avait jamais été assez proche de qui que ce soit pour aller chez un ami avant de rencontrer Akemi et Ryuuji et cette nouveauté incroyable lui faisait l'effet d'être soudain doublement béni par la grâce des kamis. Oh oui, oui je veux ! s'exclama brusquement le brasseur, dont le houblon parait ses pensées décousues de l'or de sa robe. Il battit des mains, s'agitant sur sa banquette, aussi ivre de joie qu'ivre tout court. J'vais rencontrer Kinnkun ! ronronna-t-il de plaisir, tout excité. Etait-ce stupide de s'enthousiasmer autant ? Peut-être mais le bonheur est une chose rare et précieuse et le sourire d'Usui attestait d'un plaisir naïf. Il fallait si peu de choses en définitive... Bien peu de choses : pas la peine de décrocher la lune et les étoiles pour amener le rire dans la voix de ce drôle de garçon; il suffisait de ces petits riens qui forment les grands tout.
Ainsi suivit-il avec attention les dires de son ami sur les aquariums, soudain sérieux comme un pape, hochant une tête entendue. Cela aurait été sûrement comique à voir, s'ils n'avaient tous les deux été aussi ivres.

S'ouvrir l'un à l'autre semblait facile, grâce à la bière qui avait fait tomber les barrières de la réserve du brasseur. Et se découvrir des points communs rendait tout meilleur, aidant les langues à se délier et Usui sembla d'autant plus content d'entendre Ryuuji lui dire qu'il adorait les shoujos. Il n'était pas trop du genre à s'en vanter habituellement : trop craintif, écrasé par une idée stéréotypée de virilité que son grand-père lui avait fait entrer dans le crâne à coup de canne. Mais c'était facile en cette heure tardive de mélanger le verbe et la pensée et de se livrer. Et plus facile encore de s'enthousiasmer de ces choses qui réunissent plutôt que divisent. Le côté féminin de Ryuuji surnageait de loin en loin dans son esprit noyé de bière, s'étonnant qu'un homme physiquement délicat aime et s'exprime parfois de manière si féminine. Mais heureusement pour son ami, Usui était bien trop ivre pour s'y pencher vraiment.
Les cellphones novel ? J'connais pas. Il secoua la tête, un peu désolé et pour cause : il était évident que l'antiquité qui lui servait de portable n'avait pas d'accès internet. J'ai pas non plus d'ordinateur à la maison, Ojiisan voulait pas. Il était peut-être bête d'entendre un jeune homme de presque trente ans parler ainsi mais Usui avait été élevé dans une idée de traditionalisme strict et la modernité n'était pas le fort du vieil homme. Que craignait donc ce dernier, à refuser à l'enfant dont il avait la garde les ordinateurs ainsi que les accès internet ? Avait-il peur que la toile le mette sur le chemin des Yakuzas et qu'il découvre un jour ce qu'il essayait de lui cacher ? Mais ça doit être chouette ! termina Usui, toujours enthousiaste.

Penché sur la table pour regarder le téléphone du Yakuza, Usui s'extasiait sans vergogne sur le poisson rouge qu'il jugeait "trop kawaiiiiii !" quand son regard accrocha quelques photographies d'une jeune japonaise qui ressemblait beaucoup à Ryuuji. La miniature était trop petite pour que le détail de son grain de beauté saute aux yeux et le hâfu se demanda un instant si son ami n'avait pas une sœur. Après tout, pourquoi pas ? Ils n'avaient pas beaucoup parlé de la vie de Ryuuji avant Decay. C'était fou quand même comme Ryuuji était fin de visage et de corps, avec des épaules étroites et des hanches larges... Mais là encore il balaya l'idée sous le tapis de son extase pour l'humble compagnon de vie du garde du corps de l'Oyabun.

Se redressant après avoir admiré en parfait bon public un nombre impressionnant de photographies de poisson rouge, la voix enivrée de Ryuuji le fit rosir de plaisir. D'accord ! s'exclama le brasseur, visiblement aussi docile que ravi. Il lui semblait incroyable d'être invité, comme s'il n'avait presque jamais vécu cette situation pourtant banale. Il fallait donc y aller et son corps rendu gourd par l'alcool peinait à faire le point. Il manqua deux fois la bride de son sac, le passant enfin en bandoulière avant de se mettre vaillamment debout - la Terre tournait bien vite ce soir ! Il se concentra pour marcher droit, prenant aussitôt la démarche empruntée et lourde de tous les ivrognes, avançant bravement vers la sortie du bar, l'air frais lui faisant l'effet d'une claque après la chaleur un peu enfumée de l'intérieur. Il resta un instant chancelant, peinant à rassembler ses idées mais l'air vif lui donnant un coup de fouet salutaire. J'tais venu en scooter mais Mishima-sama il a dit que je devais pas conduire sinon il se fâchait. Bon garçon, brave chiot, il semblait bien décidé à obéir à l'Oyabun et c'était pour le mieux. Comment on va chez toi ? Tilta tout à coup le jeune homme, se frottant bêtement la tête pour ajouter au désordre capillaire de sa chevelure courte.


Moses.

Bang bang - my baby shot me down
Ryuuko Isshiki
Bang bang - my baby shot me down
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Le dernier bar avant la fin du monde [PV Ryuu] - Page 2 Ryuu-i11 108 Yakuza - Clan Minobe Garde du corps du Shatei-Gashira Oui avec mon consentement.
Ryuuko Isshiki
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Garde du corps du Shatei-Gashira
Mort du personnage :
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LE DERNIER BAR AVANT LA FIN DU MONDE

« Ouiii, t’vas rencontrer Kinnkun ! » répéta-t-elle bêtement avec beaucoup trop d’enthousiasme, l’excitation parvenant à trémousser son lourd corps inhibé. Ryuuko bombait le torse aussi, fière de ses connaissances sur les poissons rouges et de son animal de compagnie.

La japonaise défit légèrement le noeud de sa cravate qui commençait à l’étouffer, bien que ce ne fut qu’une impression. Les yeux ronds elle s’étonna :

« Pas d’ordinateur, vraiment ? » Réfléchissant un instant les yeux levés vers le ciel, elle poursuivit : « Bah, faut dire que j’y ai pas eu accès pendant un moment… » Elle fit virevolter son doigt en cercle. « Mais parc’que j’avais rien, pas parc’qu’on me l’interdisait. » Elle haussa les épaules en ricanant sans raison. « C’pas pour la qualité du réseau internet d’toute façon… »

Ryuuko récupéra son portable avec un sourire benêt sans réfléchir plus en avant aux photos de sa galerie. Usui n’avait pas l’air d’en avoir fait cas non plus, et son air ravi avait suffit à balayer quoi que ce soit de l’esprit de la jeune femme qui ne pensait plus qu’à une chose : montrer son poisson rouge. Il était après tout, pour le moment et en cet instant alcoolisé, l’être le plus important dans sa vie.
Elle hocha également de la tête sans raison alors que le brasseur donnait son accord pour visiter son appartement. Ryuuko se redressa tout d’un coup, excitée comme une puce, ses mains jointes avec le mobile coincé entre elles contre sa poitrine.

« Trop bien ! C’est trop bien ! » Elle alluma son téléphone. « C’est trop trop bien. » répéta-t-elle avec un sourire éternel, les yeux plissés pour parvenir à lire ce qui défilait sous ses yeux. La yakuza bondit d’un coup de son siège, le portable pointé vers le plafond. « Je commande un taxi ! » Puis elle pointa son ami du doigt. « T’as trop bu pour conduire, Mishima-sama a raison. »

La travestie pianota quelques instants sur son smartphone pour parvenir, non sans maugréer à cause de la connexion hasardeuse, à commander un véhicule privé. La petite carte affichait la voiture assez proche du bar cependant elle tendait également à rester figée. Avec un petit sourire Ryuuko leva le nez de son écran.

« C’est fait. » Elle rangea son appareil dans sa poche. « J’vais payer ! » ajouta-t-elle en faisant aussitôt volte-face.

Son pas n’était pas très assuré néanmoins la yakuza parvenait encore à marcher droit malgré une attitude titubante par moment. Elle discuta rapidement avec le barman et le paya sans faire d’histoire ni sans vraiment compter ses sous. Du comptoir elle fit de grands signes à Usui, comme s’ils ne s’étaient pas vus depuis plusieurs jours, puis fonça à sa chaise. Elle récupéra sa veste et vérifia si toutes ses affaires étaient sur elle.

« Rien oublié ? » demanda-t-elle par réflexe. « On a qu’à attendre à la porte, à l’abri d’la pluie, il va pas tarder. » Puis, ses traits toujours joyeux, elle marmonna « Tu vas voir Kinnkun ! » en chantonnant.

Il lui en fallait peu pour être heureuse, finalement.

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