Premier commandement : Tu n'aura point d'autre dieu que moi

musique d'ambiance:

Encore une journée remplie pour l’assassin, qui vient tout juste d’effectuer un contrat. Il n’est tâché d’aucune goutte de sang, le travail étant toujours exécuté proprement pour lui. Sa cible était un banal notaire de Medellin coupable d’avoir participé au braquage d’une livraison d’esclaves pour le clan. Un simple coup de pic à glace derrière l’oreille et le tour fut joué sans grand fracas. Blessed est déjà loin de la scène de crime de toute manière. Courant sur les toits de la ville lui aussi, le jeune homme compte bien rentrer comme ça. En plus de lui dégourdir les jambes, ce n’est pas si simple que de dissimuler son casque de Kitsune. Autant le garder sur la tête.

Mais un élément vient rapidement le troubler. La, plus loin, une petite communauté d’individus couverts par des draps. L’assassin les reconnaît, ce sont des religieux illuminés à qui il a déjà eu affaire par le passé. Ces derniers lui ont même causé du tort, puisqu’ils ont tenté plus d’une fois d’étendre leur religion impie à Kabukicho. Quand on sait l’aversion qu’a le clan Ikigami pour toute forme de croyances, nul besoin de préciser que se débarrasser de ces nuisibles rendrait service à son clan. Et puisqu’il est du genre à prendre des initiatives en plus d’avoir le meurtre facile, le béni descend rapidement du toit en sautillant successivement sur les rambardes de balcons.

Poc poc poc.

La troupe semble se diriger vers un vieux parc pour enfants relativement insalubres. C’est quoi, ils vont prier la sainte balançoire ? Approchant davantage en se fondant dans l’ombre depuis le sol, Blessed se poste suffisamment près tout en restant hors de vue. Au premier qui passe un peu trop près, il sera facile de le décapiter d’un coup de katana. Mais sa curiosité le pousse à les observer d’abord, bien curieux d’assister à leur entrevue nocturne. Après tout, ça doit être marrant à observer.

Mais c’est sans compter sur quelque chose. Le mentor lui a bien appris à garder tous ses sens en éveil au maximum afin d’avoir une conscience extrême de son environnement. Sans parler de son casque qui amplifie les sons afin de maximiser son efficacité. Ainsi, il lui permet d’entendre quelque chose. Un frottement. Blessed tourne la tête histoire d’y voir plus clair et devine quelque chose plus haut, sur le toit. En activant la vision nocturne de son casque, l’assassin discerne une forme accroupie. Rien d’autre. Celle-ci est complètement sombre, que peut bien porter cette personne sur elle pour apparaître comme ça ? Il doit en savoir plus. Surtout qu’il semble l’avoir repéré, c’est peut-être un membre de leur confrérie d’illuminés.

Ainsi, l’assassin disparaît rapidement derrière le coin du bâtiment pour réapparaître quelques secondes plus tard sur le toit, dans l’angle mort de l’individu. Approchant à pas feutrés, le béni dégaine son sabre et l’invective alors de sa voix modifiée par le casque qu’il porte. Inutile d’avancer plus, il l’a sûrement repéré.

“ T’es un espion ou juste un masochiste ? “

Dit-il, faisant référence à la tenue qu’il porte.

Spoiler:

Apparemment, le type l’ignore totalement. C’est pas très poli, il le prend pour un élément oubliable ou quoi ? Dire qu’il pourrait facilement le tuer pendant qu’il lui tourne le dos comme ça. Mais il n’en fait rien. Le jeune homme préfères simplement ranger son katana dans son fourreau, observant le cercle d’illuminés en action. Leurs voix s’élèvent. A entendre ces psaumes en choeur, il y a aussi des femmes dans le lot. Peut-être même des vieillards. Des cibles faciles, en somme.

Mais alors que son attention est dirigée vers le groupe, la silhouette en profite pour se retourner et lui lancer un couteau droit dessus. Quel mange de savoir vivre. En profiter pendant qu’il regarde ailleurs en plus. D’un mouvement vif, le renard coince le couteau entre ses doigts et le fait tournoyer de sa main, observant ses finitions d’un oeil intéressé. Il faut admettre que c’est un beau couteau. Et il est à lui désormais.

“ C’est pour moi ? Merci. “

Dit-il avec sarcasme en s’apprêtant à riposter. Pourtant, ce n’est visiblement pas l’objectif du masqué puisqu’il quitte le toit dans une cabriole impressionnante mais pas vraiment nécessaire, retombant sur le toit plus bas. Et bien. Il aurait sûrement eu du succès dans un cirque ou un club de gym. Du moins, c’est la première chose à laquelle il pense en le voyant s’agiter comme ça. Quelque part, cela ajoute un peu de grâce à ses mouvements. Une grâce qui devient rapidement meurtrière.

“ C’est qu’il m’ignore ce con. Et en plus il pique mes cibles. “

Dit-il en s’accroupissant au bord du toit, mains jointes. La silhouette se bat bien, il ne laisse aucune chance à ces fanatiques affolés, dont la fuite est ralentie par leurs robes amples et peu pratiques. Quelle bande de cons. On dirait des animaux fuyant un feu de forêt. Finalement, plutôt que de se vexer ou de le confronter, le jeune homme se contente d’observer l’ombre faire sa basse besogne. C’est étrange mais cette manière de faire lui rappelles étrangement la sienne, peut-être avec un peu plus de spectacle.

Suivant les mouvements des fuyards depuis le toit, ou il n’a qu’à faire quelques pas, le jeune homme décide de mettre des bâtons dans les roues du tueur. C’est pour le couteau.

“ Hé, attention il arrive derrière vous ! “

Dit-il en pointant la position de leur poursuivant du doigt, histoire de lui rendre la tâche plus ardue. S’ils ne sont pas trop idiots, ils vont se séparer. En tout cas, Blessed ne manquera pas une miette du spectacle.

Spoiler:

Le béni continue de suivre du regard le taré en cuir, marchant tranquillement sur les toits histoire de ne rien manquer de l’action. C’est un peu comme regarder un film ou une série, sauf qu’il se lasse toujours avant la fin. La au moins, l’action est suffisamment haletante pour maintenir son attention en continu sans le voir partir ailleurs. Enfin, la fin est certes prévisible au vu de l’allure à laquelle il abat les hérétiques un par un mais les moyens employés sont plaisants. Ainsi, lui aussi combat avec plusieurs lames.

Mais alors qu’il s’engouffre dans une ruelle, le jeune homme remarque quatre fuyards partir dans d’autres directions. A cette allure, ils vont le semer le temps qu’il en finisse avec les idiots ayant emprunté le cul de sac. Il va pouvoir se servir un peu finalement. Blessed a toujours aimé plonger sa main dans le paquet de chips des autres, quand il ne peut pas tout simplement voler le paquet tout entier.

Ainsi, n’attendant pas de voir l’autre débarquer, il se décide à lui couper l’herbe sous le pied en même temps que la tête de ses cibles. Le renard masqué saute alors de balcons en balcons une nouvelle fois, prend son élan en calculant la course d’un des hérétiques et lui retombe sur le crâne à pieds joints. Le bruit provoqué par l’écrasement de sa boîte crânienne et la mixture organique qui s’en échappe n’est pas très jolie, lui qui a l’habitude de tuer proprement… bah, c’était marrant au moins. Et il n’a pas souffert.

Mais il en reste trois. Deux ensemble, un autre à l’opposée. Les doigts dans le nez en somme. Blessed contourne la rue par une ruelle, calculant le temps que prendront les deux fuyards pour passer par le point dont il compte sortir et vient finalement les cueillir au passage.

“ Ah, c’est vous qui nous avez aid… “

Le katana du tueur lui coupe la parole, littéralement, tranchant sa tête en deux entre les deux mâchoires. Le second a moins de chance et se fait seulement trancher la jugulaire, celui-ci n’étant touché que par le bout de la lame. Blessed s’approche alors de lui pour lui écraser la nuque afin d’abréger ses courtes souffrances et prend en chasse le dernier, toujours visible grâce au zoom de son casque. En courant un peu, il l’aura rattrapé en une minute maximum.

Shlash.

Le fanatique termine sa course avec un katana dans le front, planté par derrière. C’est un vieux. Il l’entend à sa respiration et l’a vu à sa manière de courir. Cela explique la facilité avec laquelle il l’a rattrapé. Finalement, ça n’a pas été si difficile. La plupart de ses cibles n’ont certes pas le temps de se défendre, mais eux ont au moins eu le cadeau de le voir venir. Dommage.

Puis, le silence. L’assassin au masque de renard disparaît quelques instants de la rue, comme s’il n’était jamais venu. Mais sa présence se fait bien vite ressentir lorsqu’il surgit sur le même toit que son camarade masqué, toujours dans son dos. A priori, Blessed n’est pas facile à semer… et sacrément collant par dessus le marché.

“ C’est ça que tu cherches ? Me remercie pas. “

Dit-il, montrant les têtes tranchées des quatres fuyards qu’il tient par les cheveux comme des trophées. Le jeune homme a entendu ce type hurler à la mort comme un possédé, à croire qu’il a marché sur un clou. Manifestement, il manque de sang froid.

Toute la mascarade de l’homme de cuir le laisse pantois. Qu’est-ce qu’il fout celui la ? Il n’a pas décroché un mot depuis leur rencontre et ses gesticulations ne l’aident pas à se faire comprendre. Blessed a pourtant l’habitude d’être lui-même incompris, mais on atteint la un tout autre niveau. A croire qu’il y a encore plus bizarre que lui dans cette ville, ce qui ne le surprend pas vraiment.

“ A bouger comme ça tu vas te faire un claquage musculaire et c’est tout mec. “

Dit-il, baissant le bras en tenant toujours les têtes des quatre malheureux en sa main. Heureusement qu’ils ont les cheveux longs tout de même, un chauve aurait été plus compliqué à transporter par la tête. Puis, lorsque l’homme lui adresse une révérence, le béni abandonne tout espoir de comprendre et fait un simple signe de main pour balayer ces bétises d’un revers.

“ Ben voyons. “

Dit-il en repartant de son côté. A croire qu’il a consommé de la drogue à son insu ! Quelle drôle de rencontre. A mesure qu’il saute de toits en toits, le jeune homme en vient même à se demander s’il n’a pas eu affaire à un autre enfant du mentor. Bah, peu importe. Il est loin maintenant. Et si c’en était un, il n’a pas vraiment envie d’apprendre à le connaître. Ils n’ont rien en commun si ce n’est leur manière impitoyable de tuer, ce qui ne suffit pas pour lui à être amis. Après tout, la plupart de ses amis sont inoffensifs.

Jetant les têtes qu’il a en main en contrebas au hasard, Blessed termine sa course libre de ses mouvements. Nul besoin d’apporter des preuves à son Oyabun, les infos feront le travail. Et puis il n’y a pas vraiment de contrat sur eux. C’était plus un service qu’il lui avait demandé qu’autre chose, le genre de tâches secondaires pas vraiment importantes que l’on accomplit au détour d’un vrai boulot. Cela dit, s’il avait sû qu’il tomberait sur un tel énergumène… peut-être s’y serait-il mis plus tôt. Peut-être devrait-il se renseigner une fois rentré au QG.