Chapitre 2 : La Corporation
Decay
Decay, destination de tous les possibles, terre en friche où fourmillent les possibilités et l'argent facile, où chaque vice est accessible, chaque désir libre d'être comblé. L'île prospère, se vautre dans sa propre réussite, quand l'ouragan Isaac survint, balayant sur son passage les installations des gangs comme leurs prétentions. Et un nouveau groupe émerge des brisures laissées par la tempête, la Corporation. Forte de son budget, celle-ci s'invite en sauveuse, promet à tous une aide financière et humaine, des avancées conséquentes, pour une vie meilleure. Avides de pouvoir ou simples fantoches, qui sont vraiment les acteurs de cette entité inédite qui prétend étendre son influence à tout Decay.
11/10/2020 HRP
La Newsletter est sortie ! Beaucoup de changements au programme, par ici
11/10/2020 RP
Quelques semaines après la fin de l'ouragan, la Corporation dévoile son visage ! A lire par ici
12/09/2020 RP
L'ouragan Isaac s'abat sur l'île ! Pour en savoir plus, par ici
12/09/2020 HRP
L'event Hurricane est lancé ! Vous pouvez toujours le rejoindre par ici.
27/08/2020 HRP
Nouvelle newsletter ! La lire ici.
05/07/2020 HRP
Nouvelle newsletter et nombreux changements ! La lire ici.
30/05/2020 HRP
Nouvelle newsletter en cette fin de mai ! La lire ici.
30/05/2020 RP
Un nouveau système de réalité augmentée sort au Space Station Bar ! Participer ici
5/04/2020 RP
Le Carnaval de Napoli est lancé ! Extravaganza
8/04/2020 HRP
Nouvelle newsletter ! La lire ici.
18/03/2020 HRP
Ajout des missions et petite update de l'index !
28/02/2020 HRP
Deuxième newsletter ! La lire ici.
28/02/2020 RP
La Milice redouble de violence et est plus présente sur le territoire de Decay !
31/01/2020 HRP
Première Newsletter, bébé forum deviendra grand ! La lire ici.
31/01/2020 RP
L'intrigue "Paranoïa" a été lancée ! Par ici.
17/01/2020 HRP
Ouverture du forum ! N'hésitez pas à rejoindre le Discord !
Il parait qu'une jeune fille a été aperçue allant dans les égouts. Depuis, elle n'a plus donné aucune nouvelle d'elle. Une nouvelle victime des monstres vivant dans les égouts ?Une vingtaine de serpents en liberté auraient été aperçus sur les Docks. La Triade en sueur.On déplorerait trois morts suite au dernier barathon de la rue de la soif.À Kabukicho, des rumeurs sur l'affaiblissement des effectifs du clan Oni commencent à poindre. L'absence de Yokai se fait-elle enfin ressentir ou cela n'est-il que le fruit de l'imagination de quelques résidents ?Une certaine Shrimpette serait en train d'écrire une fan-fiction sur certains membres de Decay.On dit que l'ensemble du corps d'un certain mercenaire travaillant pour la Triade serait entièrement recouverts de ses nombreux crimes. Une dizaine de cadavres auraient été découverts, au cours du mois de Janvier, sur les Docks. Certains évoquent un règlement de comptes. Un tout nouveau malware parcourrait la toile, déguisé sous la forme d'un logiciel à première vue inoffensif. Il installerait une backdoor sur les machines infectées. Pour quelle raison ? Cela reste un mystère. Une femme vagabonde à la chevelure d'un noir profond et aux yeux écarlates prendrait en charge des malades et blessés au travers de Decay pour une misère, offrant une alternative médicale à celle dispensée par l'Église. Fin Janvier/Début Février, une course de rue, en pleine nuit, aurait conduit certains hommes hors des pistes. Plusieurs voitures seraient sorties de la route suite à un « conducteur fantôme ».
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Envy D. Folley
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On lui avait pourtant dit de ne pas sortir toute seule. Mais pourtant, la jeune fille n'en avait fait qu'à sa tête. Cela faisait quelques semaines qu'Envy avait réussit à atteindre Decay. Ses recherches avaient pu commencer.

C’était sans compter sur le caractère de la jeune fille. Quand elle avait une idée, elle ne l'avait pas au cul. On pouvait lui reprocher pas mal de chose comme le fait de râler, par exemple, mais la détermination était plutôt une très grande qualité pour Envy. Certains pourraient avoir la motivation changeante, pour la petite brune, elle était toujours à son paroxysme. Qu'elle retrouve sa mère morte ou vivante, c’était ça, sa raison pour laquelle, elle avait quitté son cocon à Neo pour la déchéance de Decay. On pouvait la prendre pour une folle, qui voudrait de cette pollution au-dessus de sa tête, de tirs de balle comme berceuse, de cris comme musique vissés dans les oreilles. Le risque était grand, mais il en valait la peine. Elle en était certaine.

Malgré la bonne volonté, aujourd'hui, les gens qu'Envy avait croisés dites "normales" n'avaient pas autant coopérer qu'elle aurait voulu. "Désolé, je n'ai pas d'informations" fut tout ce qui sortait de leur bouche. La brune le savait si elle voulait des informations, il fallait donner de l'argent aux personnes peu fréquentables. C’était logique.

Assise sur un muret, elle soupira. La jolie brunette savait aussi que ses recherches seraient difficile à passer la première. Et aussi elle avait mal aux pieds, elle avait définitivement trop marché pour au final que ça n'aboutisse à rien. Penchée sur ses pieds qu'elle massait délicatement a travers ses chaussures, elle ne fit pas attention aux quatre hommes passant devant elle.

- Tu es perdue, ma jolie? Demanda un des hommes en se retournant vers elle.

L'infirmière se redressa et fit un tour d'horizon. C’était bien a elle qu'on parlait, pas de doute possible. Elle le détailla d'un moment, c’était un homme imposant et aux vu de ses différents tatouages, il devait appartenir a un gang et ses collègues le suivaient comme les petits chiens a leur maitre.

- Je donne l'impression d'être perdue ? demanda la jeune fille sarcastique.
- En plus, elle a de la repartie la petite ! dis le "chef" en se retournant franchement et s'approchant.
- J'ai de la repartie et en plus, j'ai un coup de genoux bien placé, d’après mes collègues, alors je te conseille de ne pas t'approcher plus.

L'homme laissa un rire horrible s'échapper de sa gorge. Son père n'avait jamais rit de la sorte, c’était plus doux et suave aux oreilles. Là, elle pouvait saigner des tympans!

- Et où sont tes chers collègues ? Demanda le gros porc devant elle.

Envy tourna la tête de droite à gauche, personne à l'horizon. Elle n’était pas non plus dans une ruelle abandonnée, mais elle était effectivement seule. Et même si elle se mettait à crier, elle doutait que quelqu'un vienne à sa rescousse... Decay était connu pour ça de toute façon.

Elle ne vit pas l'homme en face d'elle faire signe à ses collègues alors qu'ils se saisirent de ses poignets et la plaquèrent contre le muret et le le dernier saisit ses chevilles afin de l'immobiliser.

- Plus tu bouges, plus ça va faire mal ! dit l'homme en caressant ses cuisses.
- Putain, lâches-moi !  

Il était sérieux, il croyait qu'elle allait se laisser faire comme ça ? Mordant la main de l'homme qui couvrait sa bouche, ça déstabilisa son collègue qui lui lâcha les pieds. La jeune fille en profita pour lui donna un coup de genoux dans les parties génitales. Mais ce ne fut pas assez pour que les deux autres lui lâchent ses mains.

Reprenant contenance, l'homme en face d'elle, la gifla et sortit son couteau et le porta à sa gorge, l'ouvrant légèrement, faisant couler un petit filet de sang le long de son cou.

- Alors maintenant, tu vas te calmer et te laisser faire et je te laisserais la vie sauve, ok ?

Autant précédemment, l’adrénaline l'avait fait réagir et elle s’était pas mal défendue, là le couteau contre sa carotide ne lui laissait aucune porte de sortie. Elle savait que Decay était dangereux, mais elle aurait jamais cru croiser d'aussi près et aussi rapidement la dangerosité de l'être humain.

   
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Dernière édition par Envy D. Folley le Sam 13 Juin - 21:57, édité 2 fois
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Chicago était un quartier qui jurait avec les rues presque tranquilles, assurément propres, de Kabukichô. Son agitation avait quelque chose d'à la fois vivifiant - c'était la vie, après tout - et d'agaçant pour Akemi qui était habitué à l'ordre propret des allées de son propre quartier. Ce soir, l'air charriait une odeur presque électrique, signe d'orage en devenir. La menace de la pluie tombait sur l'asphalte, faisant flotter dans l'air un odeur très particulière, très urbaine, de goudron humide. Et s'il ne pleuvait pas encore, il avait préféré partir avec une ombrelle wagasa en bambou laqué, aussi pratique pour esquiver la pluie que pour assommer d'éventuels mauvaises rencontres. Il était accompagné de son nouveau petit chouchou, un shatei nommé Ryuji qui venait à peine d'entrer dans le clan Minobe et qui avait tout à prouver ; pour cette raison, il était devenu l'homme à tout faire d'Akemi qui prenait un malin plaisir à le tourner en bourrique. Ce soir ne faisait pas exception : ils se rendaient tous deux dans un vieux Pawn Shop du coin pour récupérer un bien que le Shatei-Gashira estimait sien.

Le Yakuza admirait la lame légèrement courbe de l’arme qu'il venait d’acquérir après quelques âpres négociations. A sa taille, il s'agissait d'un kaiken, un couteau porté par les femmes de samouraïs soit dans les manches de leur kimono, soit passé dans leur obi. Il était de bonne facture, et n'avait rien à faire dans un bouge de Chicago entre deux contrefaçons maladroites. Les armes japonaises devaient rester aux japonais pour le jeune homme, estimant que les gaijins seraient incapable d'apprécier la délicatesse de la facture et l'essence même des armes nippones. C'était la raison de son rapide déplacement à Chicago, après avoir entendu parlé d'une arme d'excellente facture qui s'était retrouvé dans ce quartier gaijin. Ryuji avait regardé son boss mener la transaction sans agressivité, à grands renforts de sourire et de dollars avant que les deux Yakuza ne s'en retournent dans la rue, sous la menace d'une pluie imminente. Akemi avait tiré sur le col de son kimono noir brodé de grue, craignant qu'il ne prenne la pluie ; il adorait ce kimono. Il avait glissé le petit kaiken dans une des manches de son kimono et son subordonné avait ouvert le parapluie en prévision : le boss était quelqu'un de délicat et d'un peu capricieux qui aurait fait une jaunisse pour un peu d'eau sur ses vêtements.

Des éclats de voix au détour d'une ruelle attirèrent l'attention des deux asiatiques, et Akemi tendit l'oreille sans se hâter. Plusieurs voix d'hommes et une voix de femmes. Il tourna son regard clair vers Ryuji, qui serrait déjà les dents de colère. Lui-même ne fit rien immédiatement, préférant continuer sa route en faisant claquer ses sandales de bois vernis sur le trottoir, ses mains dans les manches de son kimono avec un sourire amusé.

"Vous n'allez rien faire ?", demanda le Shatei avec un air outré.

"Non tu as raison, je crois que je vais... aller regarder."

Akemi se frotta le menton avec un air faussement songeur tandis que son subordonné lui jeta un regard outré qui fut accueilli par un simple sourire un peu froid ; il était de ce genre d'affreux bonhomme qui parvenait à faire de l'humour sur ces choses graves. L'honneur ne lui était pas inconnu, mais il souffrait d'un large manque de compassion et s'amusait de voir Ryuji bouillir sans pouvoir rien faire parce qu'il devait obéir aux ordres ; il était mignon, ce petit samurai en herbe. Le Shatei-Gashira tourna les talons et se dirigea vers le lieu de l'altercation, suivi de près par un Ryuji soulagé et prêt à en découdre. Ils arrivèrent rapidement devant un scène tristement commune à Decay : une jeune femme - elle devait être dans le début de sa vingtaine - était aux prises avec quatre hommes visiblement bien décidés à lui faire subir les pires outrages.

"Désolé d'interrompre votre viol en réunion", fanfaronna Akemi tandis que les hommes tournèrent leurs regards vers lui. Ryuji porta sa main à son arme cachée sous sa veste, sans pour autant la sortir, "je venais juste regarder.", il se tapota sur la joue d'un index, de manière efféminée, "et en fait je me suis dis que des racailles telles que vous ne méritaient pas de se payer du bon temps avec une aussi jolie fille."

Sa voix neutre, son kimono féminin, l'homme à ses côtés lui servant de garde du corps et ses manières efféminées désignèrent Akemi comme une femme aux yeux des hommes qui s'en prenaient à l'inconnue et leurs chef se tourna vers le duo en laissant ses hommes maintenir la jeune femme contre le muret.

"T'en veux aussi, l'asiat' ?", grogna-t-il à l'adresse du Yakuza qui n'eut qu'un sourire.
"Tu ne me satisferais même pas, kusotare*", il tourna son regard vers la femme, "je ne vous ferai pas trop attendre. Ryuji, pas bouger, compris ?"

Le Shatei serra les dents et rangea son arme à contrecœur, laissant faire son boss. Le reste se joua très vite, dans un instant décisif et une précision consommé. Le chef des agresseurs de la jeune fille fulmina de colère et se jeta sur Akemi qui l'esquiva en reculant d'un pas, sentant la lame du couteau couper l'air entre eux. Il réagit dans l'instant, sortant son kaiken de sa manche pour se pencher et charger l'homme contre le mur. Il y eut un cri de douleur terrible : le Yakuza venait de poignarder l'homme à plusieurs reprises dans un rein, continuant ses coups de plus en plus profondément. L'homem tomba à genoux en se tenant le ventre, face contre le sol. Frapper dans les reins était le coup le plus retors qu'on pouvait faire car la douleur occasionnée était terrible et promettait surtout une très lente agonie.

"Ça fait mal, hein ?", il nettoya la lame de son kaiken en l'agitant dans l'air pour la débarrasser de son sang. C'était une bien bonne lame, maintenant qu'il avait pu l’utiliser, "Lâchez-la maintenant, les pouilleux. Votre chef a besoin de soins d'urgence, faites votre choix..."

Les hommes semblèrent hésiter un instant avant de relâcher la jeune femme et se précipiter vers leur chef qui se vidait progressivement de son sang. Il regardèrent les deux yakuza de l'air de dire qu'ils les retrouveraient mais Akemi n'afficha qu'un sourire décontracté, essuyant sa lame sur la veste de l'homme qu'il avait poignardé. Ryuji eut un lourd soupir de soulagement avant de venir vers la jeune femme.

"E-est-ce que ça va ? Vous êtes seule ?", lui demanda-t-il.

"Excusez-le, c'est un balourd", dit Akemi en s'approchant à son tour, s'inclinant vers la jeune femme avec une politesse toute japonaise, "les hommes voient les femmes comme de la viande, ici comme ailleurs."

Le travesti haussa des épaules de manière désinvolte, rangeant son poignard dans la manche de son kimono ; l'action l'avait défoulé, et il prit à présent le temps de détailler un peu la brune qu'il avait en face d'elle. Elle était plutôt jolie, dans le genre naturelle. Mais les hommes n'avaient pas besoin de beauté pour avoir envie de souiller une femme : seul le fait d'en être une suffisait à ces porcs.

"Comment vous sentez-vous ?", la questionna finalement le Yakuza d'un ton neutre pour ne pas l'irriter ou la stresser si elle était sous le choc.

(Kusotare* : tas de merde)
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La haine refoulée se lisait sur le visage de son bourreau. Il était sûrement frustré et également fou. Malgré la peur, la jeune fille lui cracha à la figure. C'était une mauvaise idée, elle le savait. Grognant, l'homme releva sa jupe afin de lui retirer la dernière la barrière qui la maintenait encore loin de lui. Envy ferma les yeux alors qu'elle pensait à son père et sa mère, de leur famille détruite. La chaleur des mains de ses parents dans les siennes, c'était le bon vieux temps, c'était le temps où tout allait bien et elle voudrait y retourner. C'était beaucoup simple et léger à cette époque.

Pourtant, sa culotte ne se déchira pas comme elle l'aurait pensé et quand elle reprit conscience de l'instant présent, la petite brune n'avait plus cette lourdeur qui compressait son corps. En rouvrant les yeux, elle distingua deux autres personnes. L'une d'entre elles, avait l'air d'une femme, dont les vêtements étaient dans la tradition japonaise. Un kimono élégant. L'autre homme accompagnait apparamment la fille en kimono. Envy se concentra sur la conversation qui se déroulait devant elle.

Combien de femme aurait voulu être à sa place, alors qu'elles se faisaient violer ? Combien de personnes, sur cent, s'arrêteraient pour aider son prochain, surtout à Decay? C'était un miracle que les deux nouveaux arrivants aient entendus, ET soient intervenus. L'Asiatique provoqua son agresseur alors que ses sbires la maintenait toujours contre le muret. L'infirmière en profita pour se débattre un peu, mais elle connaissait trop bien la force d'un homme. Et là, il fallait la multiplier par trois, c'était vraisemblablement impossible de se défaire.

L'action qui se passait devant ses yeux, se déroula en une fraction de seconde. La femme qui n'en était vraisemblablement pas une, au vu de ses gestes qui étaient plus à la portée d'un homme, plaqua le chef contre le mur et sortit une lame de son kimono. La seconde d'après, la lame transperça le rein de son agresseur a plusieurs reprise. Envy couina, c'était donc comme cela un meurtre, d'assister à un assassinat réel devant ses yeux? Pas que la jolie brune pouvait trouvait des excuses a ses bourreaux mais comment en étaient-ils arrivait là? L'humanité était elle aussi pourrie qu'une pomme asséchée ?

Le sang de son agresseur coula jusqu'à ses pieds, alors que les trois hommes qui s'occupaient d'elle, se détachèrent et s'occupèrent de leur pote au sol, gémissant. Relevant la tête, Envy fixa un moment l'homme qui accompagnait son sauveur. Il avait l'air d'avoir prit la parole mais impossible d'avoir entendu quelque chose a part le mot "seule". Ses jambes tremblèrent alors qu'elle se massa ses poignets douloureux. Elle devrait être habituée à voir du sang vu sa profession, mais là, c'était dans des conditions abominables. L'homme en Kimono s'excusa de la brusquerie de son ami dans une courbette élégante.

Alors que le brun efféminé, lui demanda si elle allait bien, la seule chose qu'elle puisse sortir et un "Je" avant de porter sa main à sa bouche et se pencher au dessus du muret et de déglutir tout ce qu'elle avait avalé depuis le matin. Envy en avait vu des circonstances désastreuses, mais là, c'était loin de ce qu'elle avait imaginé.

Reprenant contenance, en s'essuyant la bouche d'un revers de main, elle se retourna enfin vers ses deux sauveurs.

- Je vais bien, merci... Dit Envy.

Elle posa sa main sur son cou où la plaie cicatrisait dèja mais elle déchira un peu son t-shirt et se fit un bandage d'infortune pour ne pas que ça s'infecte.

- Je vous remercie de m'avoir sauvé. Dis la jeune brune. J'ai eu de la chance que vous soyez passé par là. À Deay ce n'est pas monnaie courante de trouver des personnes qui ne s'occupent pas de leur propre nombril.

Elle se massa les tempes, son coeur battait encore à la chamade et se répercutait a sa tête, ce qui lui donnait un mal de chien .

- Et pour répondre à votre question,  continua la jeune femme en se tournant vers apparemment le plus jeune des deux. Je suis effectivement seule mais je ne sais pas si c'est une sage décision de vous l'avoir dis vu les caprices des hommes à Decay.

Bien sûr, elle se méfiait, ce qui c'était passé quelques minutes auparavant, la faisait douter plus que de raison, même si ils l'avait sauvé d'un viol collectif.

   
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Concentré sur l'action, Akemi n'avait pas pris le temps de regarder ce qu'il advenait de la jeune femme au secours de laquelle il volait. Ses coups de couteau avaient été précis pour faire volontairement souffrir ; il désirait également épargner son kimono, à vrai dire. La tournure des événements suivit son cour et les hommes finirent par choisir la survie de leur chef plutôt que la dignité de la jeune femme. Un choix sage, en espérant que cette sous-merde ne crèverait pas en route. Ce n'était pas le problème du Yakuza qui s'il était un homme plutôt calme et qui ne tuait pas pour rien avait depuis plusieurs années une sensation d'anesthésie complète lorsqu'on parlait de la vie d'autrui. Ryuji était demeuré sur place, indécis sur la marche à suivre et clairement mal à l'aise quand la jeune femme le regarda. Il commença à lui parler avant de se rendre compte que cette dernière ne réagissait pas.

"Elle est choquée, Ryuji", constata calmement Akemi, "laisse-lui un instant."

"P-pardon patron..."

Akemi claqua rudement sa langue contre son palais en signe de désapprobation face à son shatei, n'aimant clairement pas être directement identifié comme un homme. Mais ce n'était ni l'endroit ni le moment de pinailler sur son genre et il le savait. La jeune inconnue avait les jambes flageolantes et avait besoin à la fois d'air et de sécurité. Le shatei-gashira allait reposer sa question lorsqu'il la vit tourner au vert et se pencher sur le muret pour rendre son repas ; il recula par réflexe, pensant à son kimono, serrant les dents ; il était du genre délicat, malgré tout. Cependant les deux Yakuza lui laissèrent le temps de rendre ce qu'elle avait dans le ventre et de retrouver contenance. Ryuji resta par habitude en retrait, prouvant qu'il n'était qu'un subalterne - mais aussi parce que visiblement les femmes l'angoissaient invariablement.

"Tenez", dit Akemi en sortant un mouchoir de son obi avant de le lui tendre, penché sur elle de toute sa grande taille, "ils vous ont blessée ?"

La pluie commençait à crépiter sur les trottoirs, si bien qu'Akemi demanda son wagasa à Ryuji pour se pencher à nouveau sur l'inconnue et l'abriter doucement, sans gestes brusques. Il lui tendit la main pour lui proposer de l'aider à se relever, mais n'attendit rien de sa part.

"Ne nous remerciez pas", dit-il en haussant des épaules, "je n'aurais pas dit de la chance", il la considéra en silence avant de regarder Ryuji, "... ça arrive parfois. Notre clan n'accepte pas ce genre de pratiques, c'est tout."

Akemi ne détailla pas ses pensées, car il en avait déjà bien assez dit. D'un geste de la tête il envoya Ryuji guetter le bout de la rue pour s'assurer que les agresseurs de la jeune femme n'avaient pas laissé une sentinelle dans un coin pour les cueillir quand ils essayeraient de partir. On ne savait jamais, Chicago était un vrai coupe-gorge après tout, même pour les standards de Decay ; il lui tardait de rentrer à Kabukichô. Son regard clair se reposa sur la jeune femme, la considérant en silence. Elle était plutôt jolie, maintenant qu'il prenait le temps de la regarder mais ce n'était qu'un détail là où il y avait plus important. Une femme n'avait finalement besoin de rien pour que les hommes se jettent sur elle. Elle avait juste besoin d'être une femme.

"Prenez votre temps, mon homme surveille la ruelle", il eut l'air sincèrement étonné quand elle lui dit être seule, "vous n'êtes pas d'ici, c'est ça ?", il se redressa d'un coup, abritant toujours l’inconnue de la pluie, "Decay ou ailleurs, les hommes sont les mêmes, vous vous en doutez", il ne le savait que trop bien, "ne nous craignez pas : Ryuji est à peine capable de parler à une femme et quant à moi, je les préfère consentantes. Laissez-nous au moins vous escorter en lieu sûr, où vous voudrez. Comment vous appelez-vous ?"

Ryuji lui fit signe que la voix semblait libre et sûr et le travesti hocha de la tête d'un air entendu, retrouvant son sourire détendu. Il plissa les yeux en une expression rieuse qui lui était naturelle et coutumière et reprit :

"J'en oublie mes manières, je m’appelle Akemi. Mishima Akemi. Et voici Ryuji, mon homme à tout faire" L’intéressé piqua un fard et rentra la tête dans les épaules, ce qui amusa son patron qui se fendit d'un sourire. "Vous voyez ? Il ne saurait même pas quoi vous faire", plaisanta Akemi avant de retrouver son sérieux, "voulez-vous que je regarde votre blessure ?"
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Decay. Elle savait que cette île était le nid de débauche et de perversion, elle s'en était fait une raison. Avant de partir sur Decay, la jolie brune avait recueilli toutes les informations dont elle pouvait avoir besoin, avait classé les endroits du moins au plus dangereux et Chicago ne faisait clairement pas parti de lieux qui craignaient le plus. Enfin encore une idée toute reçue.

Comme le fait que les gens sur Decay étaient tous des pourritures. Certes, la plupart étaient corrompues, attirées par le goût de sang et de l'argent, mais les deux personnes en face d'elle lui prouvait le contraire. En fait, ce n'était pas les seuls qu'Envy avait rencontré et qui avait de bonnes valeurs. La jolie infirmière avait croisé Midas, alors qu'elle était fraîchement arrivée a Decay. Il lui avait offert, un toit en échange de s'occuper de sa fille, malade. La jolie brune avait accepté vu ses compétences en médecine, et elle s'etait déja attachée à la petite fille. Alors, elle aimait espérer que tout le monde a Decay n'était pas pourri jusqu'à la moelle.

Il commençait à pleuvoir et la jeune fille se sentit reconnaissante lorsque que l'homme en Kimono l'abrita sous son ombrelle. Se relevant, ses jambes avaient enfin envie de coopérer même ce n'etait pas encore tout à fait ça. Son interlocuteur lui expliqua que dans son gang le viol n'était pas une pratique qu'ils cautionnaient. Elle n'avait que tres peu relevé la tête et enfin elle s'autorisa a fixer son sauveur depuis le début de leur conversation. Il avait les cheveux aussi longs que les siens, un visage plutôt efféminé, des yeux bleus perçants. Un grand homme qui inspirait le respect comme le comportement de son accompagnateur le laissait entendre.

Midas lui avait expliqué lors de leur rencontre, que la plupart des personnes sans réelle attache a un gang était plus que vulnérable, et risquait leur vie constamment. Au vu de ses traits, l'homme en face d'elle faisait sûrement partit des Yakuzas, pas que ça ne la dérange. L'appartenance a un clan importait un peu d'autant plus qu'il lui avait sauvait la vie.

Elle sourit poliment alors que son interlocuteur la rassura en lui disant que son disciple guettait les environs. Encore une fois, il n'eut que très peu de doute quant à la classe qu'il occupait.

 - Je ne suis pas d'ici, j'étais à Neo. Je viens ici pour régler des affaires personnelles, dit la jeune femme.  Et je ne peux pas dire que je suis totalement seule, mais je suis une simple civile ici. Et pour ce que j'ai à faire ici, je ne pense pas qu'intégrer un gang soit dans mon intérêt...

Engrangement, d'habitude de nature méfiante, le jeune homme avait une aura plutôt bienveillante, malgré ce qu'il avait fait devant ses yeux. Il lui proposa de l'escorter jusqu'à un lieu sure. Sa première réaction fut de reculer mais il avait raison, on ne pouvait pas être certain que les hommes qui l'avait agressé ne revienne pas à la charge, et elle n'aurait pas autant de ferveur à se défendre cette fois-ci.

 - Je pense que je vais rentrer, la fin de la journée a été éprouvante...  Annonça la jolie brune.  Je n'habite pas très loin, donc si ca ne vous dérange pas de me raccompagner un peu...

Elle éluda la question de son nom et bien évidemment, même si elle profiterait de la protection des deux hommes, elle ne leur montrerait pas la maison où elle habitait, on était que trop peu prudent. Elle les emmènerait jusqu'à un appartement non loin de la demeure de Midas et attendrait qu'ils s'éloignent avant de retrouver le palais de justice. Perdue dans ses pensées, elle entendit à peine que les deux hommes se présentaient. La petite brune sourit en voyant la réaction de Ryuji.

 - Je m'appelle Envy, par contre vous m'excuserez pour le moment, je ne souhaite pas dire mon nom de famille...

La jeune fille leur offrit un sourire sincère, de toute façon sa venue ici ne devrait pas s'éterniser. Alors autant rester dans l'anonymat enfin du moins pour le moment.

  - Vous faites partis des Yakuzas, je me trompe? demanda l'infirmière en commençant a marcher.

Autant, la jeune fille était intelligente, mais cette remarque était plus une affirmation qu'une question. Il fallait être aveugle pour ne pas le comprendre.

   
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Akemi eut un bref sourire en voyant que la jeune fille lui était reconnaissante car malgré ce qui venait de se passer les gens n'étaient pas toujours les plus obligés à Decay ; sauver la vie de quelqu'un ne signifiait rien ici, sinon un moyen se former une dette à la victime. Les yeux clairs du Yakuza se teintèrent d'une douceur un peu amusé lorsqu'il accepta de le laisser regarder par son interlocutrice. D'un naturel vaniteux, un peu paon, il s'offrit à l'étude avec un air un peu théâtral pour essayer de dédramatiser ce qui venait de se passer. Et tout simplement, Akemi était un homme superficiel qui adorait parader, même dans les situations les plus improbables. Ses sourires faisaient écho à la politesse de la jeune inconnue, appréciant enfin un peu de courtoisie et de civilité dans cette ville de barbares. Clairement, cette jolie brune n'était pas d'ici, et c'en était charmant.

"Je vois...", commença l'homme en se frottant le menton, "ne vous inquiétez pas, je ne vous demanderai pas de que vous faites ici. Ça ne me regarde pas", il s'inclina respectueusement en l'abritant toujours sous son wagasa, "un conseil cependant, d'une personne qui vous veut du bien : si vos affaires vous font rester à Decay, vous devriez apprendre à vous défendre. Une femme - ou peu importe le sexe finalement... une personne seule à Decay fini en général dans les bordels avant d'être revendue en pièces détachées quand elle ne sert plus."

Lui pensait à tous ces barbares de Moskva qui esclavageaient femmes, hommes et même enfants. Ryuji eut un frisson de dégoût en imaginant quelque chose qu'il n'aurait pas du former en pensées, le visage livide. Akemi quant à lui demeurait neutre, le visage marmoréen à part son éternel sourire qui ne signifiait finalement pas grand chose. Même lorsque la jeune femme recula, le Yakuza n'esquissa aucun autre geste que celui de continuer à la protéger de la pluie, avec un calme olympien. Il n'était pas étonné de son mouvement de recul, surtout pas après ce qu'elle venait de vivre. Il se contenta de lui sourire pour essayer de la rassurer, Ryuji demeurant au bout de la rue.

"Sage décision", commenta Akemi lorsqu'elle annonça qu'elle allait rentrer chez elle, "cela ne nous dérange pas, et personellement cela me rassurerai de vous savoir en sécurité chez vous."

Le Yakuza était un homme courtois malgré certaines attitudes un peu équivoques, et un diable de sourire éternel qui n'exprimait pas vraiment la joie. En face d'eux, Ryuji esquiva le regard de la jeune femme qui venait de lui sourire, clairement mal à l'aise face à la gent féminine ce qui fit monter en Akemi un rire amusé qu'il étouffa de la manche de son kimono. Pauvre Shatei, il n'irait pas bien loin avec cette crainte des femmes ; il avait encore du chemin à faire pour en faire un vrai Yakuza.

"Vous donnez les informations que vous voulez, Envy-san", répondit très simplement Akemi avant se lui proposer de se mettre en route.

Il prit un air faussement étonné à sa question sur leur appartenance, avant se se masser la nuque où commençait clairement un tatouage qui devait se continuer sur tout son dos, l'identifiant clairement comme un Yakuza, ".. ha ha, nous sommes en effet d'honorables malfrats."

Pas la peine de nier ce qui était facilement observable, quant bien même il n'était pas du genre à le lancer à la figure des gens qu'il croisait. Tout comme Envy, il éluda un peu la question en ne donnant pas d'informations supplémentaires, préférant se concentrer sur la jeune femme, cette étrangère à la cruelle Decay. Que faisait-elle ici ? Ses mystères excitaient sa curiosité naturelle et il eut le sourire d'un gamin dans un magasin de jouets. Arrivant au bout de la rue, Ryuji les rejoignit en préférant se poster derrière eux, évitant d'être au même niveau que son patron.

"Je vous laisse nous guider", il réfléchit un instant, rapprochant le wagasa de la jeune femme pour qu'elle ne prenne pas la pluie avant de sortir de son obi une carte de visite, "voici ma carte, si un jour vous auriez besoin de l'aide d'un honorable malfrat. Je serai ravi vous rendre à nouveau service."

Parce qu'il ne refusait jamais d'aider une jolie femme, après tout. La situation avait été grave mais lui ne perdait jamais son aspect joueur et séducteur, bien qu'il fut plus une attitude naturelle qu'un vrai désir de plaire à une inconnue en état de choc. C'était juste sa manière d'être avec tout le monde, plus particulièrement avec les femmes.
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Pouvait on rire de tout? Cette phrase pouvait sonner comme un sujet de philosophie, mais Envy se posait parfois la question. Certains sujets légers ne la faisaient pas rire, alors que d'autres beaucoup plus sérieux lui arrachait parfois un sourire. Le fait qu'on puisse se moquer de l'appartenance d'un clan prouvait vraisemblablement qu'on se sentait bien dans cette caste et que leur nom n'importait peu. Un clan restait un clan, avec leurs avantages et leurs inconvénients.

- Je ne serais pas allé jusqu’à dire ce genre de chose sur vous, dit la brune. Je fais très peu attention à l'appartenance de clan.

Les pratiques d'un gang étaient propres à chacun. Certains dealaient de la drogue, d'autres dealaient des êtres humains. Pendant que d'autres esclavageaient des femmes, certains profitaient de leur main mise sur les médicaments. Tout ça, elle l'avait su en regardant les nombreux reportages, s’était toujours mieux renseigner sur les différentes factions de l'ile. C’était le mieux qu’elle pouvait faire. Arriver dans une ville dont on savait les vices, mais dont on ne connaissait pas les tenants et aboutissants menait à leur perte.

La jeune fille se dirigea vers le centre de Chicago, doucement alors que le dénommé Akemi lui tendit sa carte de visite et elle eut, à ce moment là, un mouvement de recul. C’était triste à dire, mais on était jamais assez sur ses gardes, même si au fond de nous, nous nous sentions en sécurité. Elle releva la tête, le sourire de son interlocuteur n'avait rien de dangereux, bien au contraire, il était chaleureux sans arrière-pensées aucunes.

- Merci, dit-elle en prenant la petite carte dans ses mains.

Ce qui était sur, c'est que le Yakuza avait raison. Une fille seule dans n'importe quelles rues de Decay était une proie facile et il fallait être honnête qu'à part Midas, elle n'avait aucune attache humaine ici. Envy ne connaissait personne. De l'aide, qui plus était spontanée n’était pas de refus. Il était évident que si elle se retrouvait dans la même situation avec quatre hommes, sans défense, elle risquerait sa vie. La chance ne frappait jamais deux fois au même endroit.

- Je me doute que vous savez vous battre, vous m'en avez prouver l'exploit tout à l'heure, mais il est possible de se défendre sans tuer, je pense, nan? Demanda la jeune brune.

Si elle devait apprendre à se défendre, ce n'était sûrement pas pour tuer des gens. Sa mission était de retrouver sa mère pas être mêler dans une affaire de meurtre. Même si c'etait trés commun à Decay. Qu'est-ce que son père penserait d'elle? Déjà qu'il devait s’inquiéter pour elle et qu'elle avait désobéi. La petite brune baissa le regard, son père lui manquait et pourtant, il fallait bien quelqu'un mette un point définitif à la disparition de sa mère. Elle reviendrait auprès de son père, elle en était sure, que cela prenne six mois, un an ou plus.

- Que faisiez-vous ici ? Il me semble que ce n'est pas le quartier des Yakuzas, c'est plutôt Kabuchiko, si je ne me trompe pas?

Ce n’était pas un reproche, seulement Envy préférait aborder des sujets plutôt insignifiants plutôt qu'on ne s'attarde trop sur son minois. C'était tout de même des inconnus et se confier n’était peut-être pas une très bonne idée. Qu'aurait dit son père s'il avait vu qu'elle avait rencontré des Yakuzas et qui plus est l'avait sauvé. Une quête se devait être résolue.

"Pardonne moi, papa"

 
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Akemi n'eut qu'un sourire aux dires de la jeune femme. L'évidence était que venant de Neo-Atlantis et si elle reconnaissait le danger rampant dans les ruelles glauques de Decay, elle n'avait pas la connaissance des clans et des gangs. Il ne lui répondit cependant pas car il n'avait pas grand chose à dire en échange et préférait s'abstenir de le prouver par quelques creuses paroles, préférant l'accompagner en tenant le parapluie. Il ne fut pas étonné non plus de son nouveau mouvement de recul et lui offrit un air neutre, plutôt patient, prêt à ranger sa carte de visite si elle ne la prenait pas. Il fallait être stupide ou sans empathie pour ne pas la comprendre en cet instant. Il était aussi normal d'être méfiante que d'être encore secouée ; elle avait besoin de temps et surtout de calme. Quand à lui, son sourire demeurait toujours comme si c'était la seule expression faciale qu'il connaissait. Ce qui n'était pas entièrement faux.

"Dōzo", répondit-il en japonais par réflexe à ses remerciements pour lui dire "de rien", lui laissant sa carte.

Le travesti tourna la tête pour jeter un coup d’œil en arrière à son subalterne qui trottinait prudemment derrière eux, sur ses gardes ; bon petit. Il était toujours tellement sérieux et concentré. Ils se rapprochaient du centre de Chicago, là où les rues s'élargissaient et les allées devenaient plus propres. Akemi ne posa aucune question, ni ne fit de commentaire. Il prit un air étonné lorsque la jeune femme lui parla d'exploit.

"Ce n'est pas un exploit de se débarrasser de ce genre de voyous, ce n'est que mon travail pour que les rues soient plus sûres", dit-il modestement avant de lui sourire, "mais je n'ai tué personne. Si ses sbires sont rapides, il gardera sa misérable vie. Je parlais de se défendre, pas tuer. Je ne fais jamais que me défendre."

Un peu menteur, un peu mystificateur, Akemi eut un sourire dont la gentillesse n'était qu'une façade. Il avait tué bon nombre de personnes, dont son propre père sur sa demande, mais ne s'était jamais fait au fait de prendre une vie. Pour autant les préceptes de son clan avait guidé son geste de ce soir : les hommes qui souillent les femmes doivent mourir. Il ne donna cependant aucune explication à son geste, car il n'en avait pas besoin. Il se disait dans son bon droit. Se frottant le menton avec un air pensif, il finit par lui répondre :

"J'ai appris à me battre sans tuer, et sans utiliser ma force mais celle de l'adversaire. Cela vous conviendrait-il ? Quelques notions de self-defense ne font jamais de mal."

Akemi trouva Envy soudain assombrie, perdue dans ses pensées. La politesse dont il faisait usuellement preuve l'empêcha de le relever ou même de lui poser des questions et il demeura simplement à son service, répondant à ses interrogations.

"Des affaires personnelles", répondit malicieusement le Yakuza en reprenant les mots même d'Envy quelques minutes auparavant, "notre code de conduite nous interdit de mêler les Katagi - les civils - aux affaires des Yakuza, autrement je ne vaudrais pas mieux que ces voyous de tout à l'heure. Vous m'excuserez donc."

Il avait l'air amusé par la tournure de la discussion mais demeurait à la fois prudent et concis. Il respectait le Ninkyōdō à la lettre au point d'en être un fanatique avéré, maître d'une tradition chevaleresque qui se perdait chez certains autres clans. Tous les clans ne respectaient pas le Ninkyōdō, mais les Minobe le suivaient, et Akemi l'appliquait religieusement. Il fit tourner le parapluie sur lui-même au dessus de leur tête, faisant danser la pluie sur les lamelles de bambous laquées de rouge.

"Nous sommes bien loin de chez nous, en effet... mais pas autant que vous, Envy-san", reprit-il avec le même sourire amusé.
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La jeune fille se mit à sourire franchement, depuis qu'elle était accompagnée par ses deux jeunes hommes. Ça faisait un bien fou de détendre ses muscles, et de sourire sans se forcer. Depuis combien de temps, la petite brune n'avait pas rigoler ? Tellement longtemps, qu'elle ne s'en souvenait plus. Elle avait été prise à son propre jeu. Elle s'attendait à quoi, vraiment ? Les Yakuzas avaient aussi a droit leur petit jardin secret. Akemi aurait pu lui dire d'une toute autre façon, mais il n'en avait rien fait. Toujours avec son sourire bienveillant, il n'était plus possible de penser qu'Envy allait croiser que des hommes mal intentionnés à Decay. D'autant plus que d'après les dire de l'asiatique, la mêler aux affaires du gang ne le mettrait surement en porte-à-faux auprès de ses semblables.

- Vous m'avez bien eu, sur ce coup-là. Dit l'infirmière avec un sourire. Je dois bien l'avouer.

Sa maison, effectivement, n'était pas ici, et la petite brune eut un petit sourire triste. Ce n’était pas la même chose qu'a Néo, les rues étaient tellemement sales que certaines fois les gens ne pouvaient plus passer. L'île était totalement livrée a elle-même comme un chat que l'on abandonnait. Son réflexe ? devenir agressif, c’était ce qui se passait à Decay. Les gangs s'entretuaient, car il n'y avait plus de chaperonnage et de tuilage. Le gouvernement attendait sûrement qu'il n'y ait plus personne dans cette ville pour recommençait tout à zéro. Mais tous ses sacrifices en valaient-ils la chandelle ?

- C'est vrai que Decay est totalement différent de Nèo, mais ce qui serait bon à savoir, c'est pourquoi le gouvernement a lâché totalement cette île.

En effet, quand toute cette déchéance avait démarré, Envy n’était encore qu'une enfant et n'avait aucune notion de ce qu’était la renonciation des pouvoirs sur un territoire. La seule chose qu'elle avait comprise, c’était que sa mère était partie dans le territoire des "méchants". Dans les yeux d'une enfant, tout paraissait plus simple, mais quand on devenait adulte, les choses évoluaient de manière totalement hors de contrôle.

- Vous pensez qu'un jour Decay retrouvera un semblant de sérénité ? Demanda la brune. Ou suis-je trop optimiste?

Elle replaça sa frange correctement dans un geste habituel et lui offrit un beau sourire.

- Mais en entendant que ça se tasse, dit-elle en faisant rouler son petit bout de fer dans sa bouche. Il faudrait que je me fasse des amis plutôt que des ennemis.

La jolie infirmière lâcha un petit rire léger et éphémère. Ca lui allait parfaitement. Elle se prenait la tête pour les choses essentielles, mais relativisait toujours. Et être optimiste était une qualité qui contrastait parfaitement avec le fait d'être une têtue avérée.

- Si vous êtes d'accord, j'aimerais apprendre à me défendre, ici ou ailleurs j'en aurais sûrement besoin.

Ici ou ailleurs, Akemi avait raison. Une femme restait une femme et les délires pervers des hommes persistaient dans les démons de leur cerveau. Mais Envy savait également que si elle demandait de l'aide, ce n’était pas gratuit alors elle anticipa bien vite:

- Je n'ai pas grand chose a proposer en échange, dit-elle en réfléchissant, mais si un de vos hommes a besoin de soin, je pourrais aider.

Elle ne voulait pas entrer dans un gang, mais même si le travesti lui paraissait avoir d'honnêtes valeurs, il en demeurait pas moins un Yakuza influant, elle en était certaine.

- Ah, nous voilà arrivés ! dit-elle en reconnaissant le palais de Justice au loin. J'habite juste là.

La petite brune pointa un immeuble assez vieux mais toutefois fonctionnel. Elle espérait maintenant que les deux hommes n'attendent pas qu'elle rentre dans la cage d'escalier avant de décider qu'elle était en sécurité.


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Le sourire d'une femme était une récompense suffisante pour Akemi qui ne chercha pas vraiment plus loin que les préceptes de son clan. Il avait l'air aimable et bien intentionné mais il demeurait d'après ses propres dires un "mauvais garçon avec de bonnes manières". Sous la soie et le velours d'un kimono et d'un sourire, le Yakuza trichait, volait, mentait, tuait et torturait. Derrière ses gestes délicats, son code de l'honneur chevaleresque, le vice coulait dans ses veines mais il se gardait bien de le montrer au contraire de bien d'autres. Les plus aimables sont souvent les plus pernicieux, les plus honorables sont souvent les plus féroces. "Être humain", c'était aussi malheureusement ça. Content d'avoir retourné sa question à Envy, le japonais se contenta de lui sourire sans rien répondre, content de se petit effet. La jeune femme sembla s'ouvrir rien qu’un peu et il admira silencieusement sa force de caractère, remisant dans sa tête une petite phrase pour expliciter son admiration ; plus tard, à un moment plus opportun. Elle avait pour le moment de bien pertinentes interrogations.

"Excellentes questions", dit le travesti en un souffle, n'ayant pas vraiment de réponses,"Ça ne fait pas de mal d'être optimiste, je ne vous juge pas."

Pour Akemi, la seule différence entre un optimiste et un pessimiste était  que le premier était un imbécile heureux et que le second était un imbécile triste, rien de plus. Lui n'avait jamais aimé être dans les extrêmes, homme mesuré mais sans rêves personnels autre que ceux de son meilleur ami et supérieur ; il portait les espérances de Lex quant à Decay, et le reste était accessoire. mais se rendant compte qu'il n'avait pas répondu à la question de la brune, le Yakuza reprit rapidement :

"Nous n'avons pas besoin du gouvernement", il sourit à nouveau, mais son attitude avait quelque chose de féroce, "je ne sais pour les autres mais mon objectif est de nettoyer la crasse de Decay pour qu'un jour ce soit toute la ville qui soit aussi propre que Kabukichô où nous autres Yakuza défendons nos habitants. Et vous savez, je ne suis pas optimiste : je suis déterminé."

Il insista sur le dernier mot pour faire sentir sa ténacité : Akemi ira jusqu'au bout de l'idée de Lex, même s'il devra pour se faire marcher sur une montagne de cadavres et cela se voit dans ces yeux en cet instant où sa douceur de façade laisse la place à une détermination inflexible. Estimant en avoir assez dit, le Yakuza rendit son joli sourire à la jeune femme en retrouvant sa douceur et légèreté coutumières.

"Ce n'est pas tant une histoire d'amis et d'ennemis que de proies et de prédateurs, ici."

Il ne jouait pas vraiment avec les mots, convaincu qu'avoir des amis étaient une chose infiniment difficile, à Decay comme ailleurs. Mais bien disposé envers Envy, il acceptait sans faire plus de salamalecs de lui donner un peu d'aide. C'était une question d'étique personnelle, bien qu'il sache que les femmes étaient tout aussi redoutables que les hommes. Il savait aussi reconnaître quand une personne était une menace ou pas pour lui et Envy n'était qu'une jeune personne perdue dans Decay et qui n'avait pas encore été touchée par sa corruption, visiblement. Comment serait-il dans un mois ? Sera-t-elle de retour parmi les siens après une longue enquête, ou finira-t-elle droguée jusqu'aux yeux, à offrir son corps dans quelques cages d'escaliers malodorantes de Moskva ? Il lui souhaitait le meilleur destin possible, mais Decay était une maîtresse cruelle.

"Je vous instruirai comme je le pourrai", répondit-il modestement, "vous avez une certaine force de caractère, je dois reconnaître. J'ai vu des femmes détruites après ce qui vient de vous arriver.", il marqua une pause avant se prendre un dernier virage avant d'arriver à bon port, "je tenais à vous dire mon admiration."

Le travesti sous-entendait que l'épisode d'Envy n'était pas un cas isolé. Avait-il volé au secours d'autres femmes violentées ? Akemi n'ajouta rien, parce qu'il n'y en avait pas besoin. Il avait vu bien assez de femmes au destin ruiné pour quelques minutes de plaisir des hommes ; lui-même avait été abusé et détruit par eux, et s'était reconstruit sur des années. Il répondit alors tout de go à la proposition d'Envy :

"Un homme distingué ne demande rien en échange. Je ne vous ai aidé que parce que je ne pouvais laisser cela se produire, pas pour obtenir quoi que ce soit. Pas que je refuse votre aide, mais cela ruinerait le geste. Cependant je n'oublierai pas votre proposition."

Akemi avait son honneur pour lui, et son aide avait été désintéressée : il n'avait voulu qu'aider une personne en difficulté. De la profession d'Envy, il ne demanda rien, bien éduqué. Elle travaillait alors dans le corps médical et c'était tout ce qu'il avait besoin de savoir. Entendant qu'ils étaient arrivés, Ryuji toujours silencieux derrière eux, le Yakuza visa la vieille bâtisse d'un air dubitatif avant de fixer la jeune fille : il était presque convaincu qu'elle ne vivait pas ici. Mais se fendant d'un sourire aimable, il ne chercha pas plus loin, comprenant la manœuvre. Ryuji s'tait respectueusement incliné face à Envy et était reparti au bout de la rue pour la surveiller, laissant son patron seul avec la jeune femme. Les deux malfrats s'étaient fixé un moment, n'ayant pas besoin de parole pour se comprendre sur le fait qu'ils n'avaient pas à attendre qu'elle rentre dans l'immeuble.

La pluie continuait de tomber ; Akemi s'inclina à son tour en face de la jeune femme avant de lui tendre son parapluie. S'il elle avait encore un peu de route, ce serait plus poli de le lui laisser. Il signifiait ainsi qu'il l'avait percée à jour, sans avoir besoin de le formuler.

"Gardez-le. Si nous ne nous revoyons jamais, considérez cela comme un cadeau. Autrement, vous avez ma carte, je suis votre obligé."

Le travesti s'inclina une seconde fois, dans un grand sourire. Ryuji arriva en trombe en voyant son patron à la merci de la pluie et retira sa veste pour la tenir au dessus de la tête d'Akemi afin qu'il ne trempe ni ses longs cheveux, ni son kimono coûteux. Lui-même ne dit rien, ne remerciant pas son subalterne : c'était un geste normal pour lui.

"Dewa Mata !", salua poliment Akemi en faisant un petit geste de la main.

Sur ce, à plus tard, avait-il dit avec malice.
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