Chapitre 2 : La Corporation
Decay
Decay, destination de tous les possibles, terre en friche où fourmillent les possibilités et l'argent facile, où chaque vice est accessible, chaque désir libre d'être comblé. L'île prospère, se vautre dans sa propre réussite, quand l'ouragan Isaac survint, balayant sur son passage les installations des gangs comme leurs prétentions. Et un nouveau groupe émerge des brisures laissées par la tempête, la Corporation. Forte de son budget, celle-ci s'invite en sauveuse, promet à tous une aide financière et humaine, des avancées conséquentes, pour une vie meilleure. Avides de pouvoir ou simples fantoches, qui sont vraiment les acteurs de cette entité inédite qui prétend étendre son influence à tout Decay.
11/10/2020 HRP
La Newsletter est sortie ! Beaucoup de changements au programme, par ici
11/10/2020 RP
Quelques semaines après la fin de l'ouragan, la Corporation dévoile son visage ! A lire par ici
12/09/2020 RP
L'ouragan Isaac s'abat sur l'île ! Pour en savoir plus, par ici
12/09/2020 HRP
L'event Hurricane est lancé ! Vous pouvez toujours le rejoindre par ici.
27/08/2020 HRP
Nouvelle newsletter ! La lire ici.
05/07/2020 HRP
Nouvelle newsletter et nombreux changements ! La lire ici.
30/05/2020 HRP
Nouvelle newsletter en cette fin de mai ! La lire ici.
30/05/2020 RP
Un nouveau système de réalité augmentée sort au Space Station Bar ! Participer ici
5/04/2020 RP
Le Carnaval de Napoli est lancé ! Extravaganza
8/04/2020 HRP
Nouvelle newsletter ! La lire ici.
18/03/2020 HRP
Ajout des missions et petite update de l'index !
28/02/2020 HRP
Deuxième newsletter ! La lire ici.
28/02/2020 RP
La Milice redouble de violence et est plus présente sur le territoire de Decay !
31/01/2020 HRP
Première Newsletter, bébé forum deviendra grand ! La lire ici.
31/01/2020 RP
L'intrigue "Paranoïa" a été lancée ! Par ici.
17/01/2020 HRP
Ouverture du forum ! N'hésitez pas à rejoindre le Discord !
Il parait qu'une jeune fille a été aperçue allant dans les égouts. Depuis, elle n'a plus donné aucune nouvelle d'elle. Une nouvelle victime des monstres vivant dans les égouts ?Une vingtaine de serpents en liberté auraient été aperçus sur les Docks. La Triade en sueur.On déplorerait trois morts suite au dernier barathon de la rue de la soif.À Kabukicho, des rumeurs sur l'affaiblissement des effectifs du clan Oni commencent à poindre. L'absence de Yokai se fait-elle enfin ressentir ou cela n'est-il que le fruit de l'imagination de quelques résidents ?Une certaine Shrimpette serait en train d'écrire une fan-fiction sur certains membres de Decay.On dit que l'ensemble du corps d'un certain mercenaire travaillant pour la Triade serait entièrement recouverts de ses nombreux crimes. Une dizaine de cadavres auraient été découverts, au cours du mois de Janvier, sur les Docks. Certains évoquent un règlement de comptes. Un tout nouveau malware parcourrait la toile, déguisé sous la forme d'un logiciel à première vue inoffensif. Il installerait une backdoor sur les machines infectées. Pour quelle raison ? Cela reste un mystère. Une femme vagabonde à la chevelure d'un noir profond et aux yeux écarlates prendrait en charge des malades et blessés au travers de Decay pour une misère, offrant une alternative médicale à celle dispensée par l'Église. Fin Janvier/Début Février, une course de rue, en pleine nuit, aurait conduit certains hommes hors des pistes. Plusieurs voitures seraient sorties de la route suite à un « conducteur fantôme ».
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D’un mouvement sec, l’épée trancha la gorge de l’Italien. Un geste propre, entraîné. Contrôlé. Aucune tâche sur ses vêtements. Puis le corps qui s’écrasait au sol. Inerte. Le sang qui s’étendait déjà, bu par le tapis. Il ne devait laisser aucune trace. Discrètement, il devait repartir. Se collant au mur, la porte devait évidemment s’ouvrir à cet instant. Il serra les dents. Une journée complète dans un dressing, à attendre que sa cible se trouve finalement seul. A un mouvement près, à quelques instants, il était libéré de ce contrat compliqué. Un meurtre à Neo-Atlantis. Quelle idée de la Donna. Une inspiration. Une expiration. Silencieux. Que l’autre ne rentre pas. Il déglutit, avalant sa propre salive.

_ Hey, Boss, j’t’amène la dame que t’as d’mandé pour c’soir ! » Evidemment. Une femme. Il haussait les sourcils d’exaspération. Mission compliquée. Impossible. Elle allait ouvrir sa gueule. Elle allait crier en découvrant le corps étalé dans le salon. La porte se fermait. Elle était seule, l’autre molosse n’était pas rentré. Elle ne l’avait pas vu. Ni une, ni deux, se glissant dans son dos telle une ombre, il se fondait dans ses mouvements. Puis, pour lui-même, car il désirait réellement faire le moins de victime possible, il souffla. « Désolé. », trop faiblement pour que le modulateur de voix ne l’intercepte et le traduise en anglais mécanique. Un bras devant. Un craquement. Nuque brisée. Un autre corps qui s’écrasait silencieusement au sol. Il jetait un coup d’œil derrière lui, la porte ne s’ouvrait pas.

Déplacer le corps rapidement. Plus loin. Il le fit glisser. Elle était légère. Dans le living aussi, avec le corps de l’autre. Deux en moins. Dorénavant, il devait sortir sans être remarqué par les différents molosses, gardes. Quarante-deuxième étage. Quelle idée de génie de l’Italien que d’aller aussi haut. Impossible de passer par le balcon pour tout descendre. Encore que. Un instant, il scruta la grande fenêtre, l’ouvrant pour se glisser à l’extérieur.

Tout était différent à Neo-Atlantis. Il n’y avait pas des coups de feu. Il n’y avait pas des gens qui s’hurlaient dessus, sinon ceux qui éprouvaient du plaisir ensemble. Il n’y avait pas de l’alcool qui coulait dans les escaliers. Decay n’était qu’une poubelle face à cette Cité qui, pourtant, n’était qu’à un Checkpoint. Un soupir. Puis il jetait un coup d’œil vers le bas. Les murs ne permettraient pas une descente en toute sécurité. Une autre inspiration alors qu’il rentrait, plaçant le silencieux sur son arme à feu. Peut-être devrait-il passer finalement en force. « Oh, merde, l'Boss est mort !! » Un homme était entré alors qu’il était dehors. Arme déjà au poing, il le cherchait.

_ Putain. » Son cœur s’emballait. Plaqué contre le mur qui séparait deux baies vitrées, il restait le plus droit possible. Mais il interceptait déjà que chaque molosse était appelé en renfort. Et chacun de répondre. Il en comptait au moins une dizaine sur ce seul étage. Et ils commençaient dorénavant à fouiller l’ensemble du bâtiment à sa recherche. Evidemment. « Ne laissez pas ce fumier s’en sortir. »

_ Toi, dans la chambre. Toi, reste à la porte. Toi, vers le balcon. Restez sur vos gardes. » Son cœur palpitait. Un mouvement dans son dos pour vérifier le nombre de chargeurs de réserve. Trois de huit. Plus celui qu’il avait déjà. Trente-deux balles. Il ne devait pas être touché. S’il perdait une goutte de sang sur les lieux du crime, ils pourraient remonter jusqu’à lui. Eviter au maximum d’user de ses balles pour la Balistique. « Putain de merde, Liv’ ! Contrat de merde !! » Mouvement du poignet, la montre digitale s’allumait brièvement. Peut-être qu’il devrait activer tout ce qu’il avait. Cela s’annonçait encore plus intense que prévu. Une inspiration, il sortit une des épées de sa manche. Viser les cordes vocales. Couper. Jeter le corps par-dessus le balcon.

Un homme s’écrasa au sol. Trois morts aujourd’hui, déjà. Sans oublier la ménagère qui l’avait débusqué brièvement pendant son nettoyage. Quatre, en réalité. Il devait absolument sortir de ce foutu guet-apens. Une autre inspiration. Il s’était agenouillé. Réfléchir. Celui de la chambre ou du living ? Celui à la porte n’était pas encore un problème, d’autant plus qu’il ne connaissait pas le nombre dans le couloir et devait encore bien se méfier de ceux qui s’étaient cachés dans des chambres.

Statu quo. Aucun mouvement.

_ Un homme à terre ! Je répète, nous avons un homme à terre !! » « Putain ! Il est là ! Ramenez au 42 ! L’enculé est sur le balcon ! » Ils arrivaient. Une inspiration. Les deux portes vitrées s’ouvraient en même temps. Une arme en main. Coup de coup vers sa droite, l’homme se renversait. Coup de feu dans la tête du second avec l’arme du premier. Le corps valsait par-dessus le balcon. Mouvement du corps, rouler sur soi-même en bloquant le poignet sur sa mâchoire. Une autre balle tirée avec sa propre arme. Puis une vitre explosa. Deux autres coups de feu, pas de lui, mais en sa direction. Ils savaient exactement où il était.

Excitation. Cœur palpitant. Mais il ne devait surtout pas s’emballer. Il n’était pas encore sorti de l’auberge. Aujourd’hui, cette nuit-là, il amenait la guerre des Gangs directement chez les Riches de Neo-Atlantis. Plus personne ne serait en sécurité. Reprenant l’arme lâchée par l’un des derniers arrivants, fier de porter ses gants, il tira directement sur les différentes lumières de l’appartement. Black-out complet. Vision nocturne activée. Et un autre corps tranché en deux. La tête qui roulait au sol. Se plaquant contre le mur, il laissait passer deux autres hommes dans la pièce plongée dans le noir. Trop tard. Deux coups de feu dans le vide. Deux corps de plus.

Neuf corps sur son sillage. Et la nuit n’était pas encore terminée.

Il était temps de sortir de l’appartement privé du quarante-deuxième. Désactivant la vision nocturne, rouvrant la porte de lui-même, il fit attention aux échos. Chaque son pouvait être le signe de l’approche d’un autre ennemi. Inspiration. Expiration. Il comptait longer les murs jusqu’à la sortie de secours, escalier qui lui permettrait, il l’espérait, de tomber sur le minimum d’adversaires.
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Parfois, ils ne font même plus vraiment l'effort de se cacher.

Un ordre venu d'en haut, quelques Miliciens triés sur le volet, assignés à sécuriser un bâtiment, protéger un civy. La mission ne sent pas bon, la mission ne dit pas tout. Sofia l'a vite devinée. Elle sait comment les choses fonctionnes dans ce monde, surtout dans ce milieu : quand les choses semblent trop simples, quand les détails manquent, ce qui se cache derrière les silences est important, sans doute dangereux.

Le civy n'est sans doute pas un civy.
Ce n'est sans doute anodin, cette protection rapprochée qui insiste pour gérer les derniers étages du bâtiment. Un accent italien qui revient dans certaines bouches... Et cette impression.
Ce n'est sans doute pas propre, les raisons derrière cet ordre d'en haut qui confirme de se plier aux demandes de l'escorte du civy.
En somme, le civy n'est sans doute pas réellement un civy.

Mais ça, seuls ceux qui décident ont besoin de le savoir. Ceux qu'on utilise, ils n'ont que leur rôle à jouer. Ceux-là, ils peuvent deviner, mais on les laisse dans le flou, dans les non-dits. On leur donne une tâche, ils exécutent, et ça s'arrête là. Sofia a l'habitude, elle sait comment ça marche. Elle se serait bien passée de cette mission, mais une fois de plus avec elle, le hasard s'est avéré capricieux : Une de ses rares remontées sur Neo-Atlantis, un passage au commissariat... Elle avait dans l'idée de ne rester qu'une petite demi-heure. C'était le projet de base. Puis on l'a réquisitionnée pour l'opération.
Le projet de base n'est plus d'actualité.

Un petit contingent de miliciens surveille le bâtiment depuis le milieu d'après-midi. Peu nombreux, mais bien équipés, ils travaillent dans une entente relative avec les hommes de l'italien pour sécuriser l'endroit. Et tout semble bien se dérouler, le long de la journée. Ce n'est qu'une fois le soir tombé que les choses se sont corsées. Sofia est adossée à un mur, habillée de sa tenue d'intervention, arme apparente, un masque balistique sur le visage. Postée au trentième étage, les hommes en noir ont été clairs : pas de Milice aux trois derniers étages.
Elle n'aime pas leur rendre de comptes. Elle déteste ça, en fait. Mais le travail est le travail.

Et son travail s'apprête d'ailleurs à réellement commencer.

De l'agitation, sur les comm fermées du canal des hommes en noir. D'un regard en coin, la Delgado observe les deux au poste de sécurité de son étage, non loin d'elle. Des voix qui haussent, des visages paniqués, encolérés. Elle observe, puis ferme les yeux. Soupire, et pousse du pied contre le mur pour quitter sa position adossée. D'une démarche d'abord lente – mais qui finit par s'accélérer -, elle approche les deux hommes.

- Qu'est-ce qui se passe?
- Le boss est mort, bordel, y a un putain d'assassin à son étage !

Sa langue claque contre son palais. Sous son masque, une grimace agacée. Voilà c'qui s'passe quand on laisse des amateurs diriger l'opération. Son esprit le dit, sa bouche se retient de le répéter. Au lieu de ça, une brève communication sur le canal de la Milice.

-  Le V.I.P est au sol, on a un hostile au quarante-deuxième. J'engage.
- Comment ça vous engagez ? Le boss a dit personne de la mil-
-  Ton boss est mort. Tu peux t'amuser à blablater sur les ordres d'un sac de viande amorphe, ou aller faire ton taf et choper le tueur. J'préfère faire mon taf.

Derrière le masque, ces deux yeux vert qui fixent, tétanisants. Ceux qui lui valent le sobriquet Snake Eyes, dans un autre endroit oublié de Dieu. L'homme coupé reste bouche-bée un long moment, incapable de trouver quoi répondre. Seulement quand Sofia le quitte des yeux et progresse vers l'escalier, il semble retrouver ses moyens. Des mots commencent à vouloir sortir de sa bouche, mais son collègue met une main sur son épaule et passe devant lui.

- Elle a pas tort. Magne-toi, faut pas laisser cet enfoiré se tirer.

Et pendant qu'ils parlent, elle continue. L'ascenseur serait suicidaire pour l'assassin, et la descente en rappel est dangereuse, bien qu'envisageable. Pour autant, la solution la plus sensée, c'est les escaliers. Et même l'alternative la plus sensée est suicidaire, à vrai dire.
Elle y songe, un instant. Un meurtre dans Neo-Atlantis. Le plan est suicidaire à sa base.

Le songe passe, puis s'en va. Les sens aux aguets, elle commence sa montée des escaliers. Elle peut déjà entendre l'agitation plus haut. Elle n'est pas la seule à bouger. Plusieurs pas, bruyants. Des voix. Des gardes des deux étages avant le quarante-deuxième... Elle soupire, encore une fois. Un soupir, suivi d'un mystérieux sourire derrière son masque.

T'as peur, Neo ? Tu l'as bien cherchée, ville de merde. P'tet que ça te fera pas de mal, un petit aperçu de Decay au quotidien.


Dernière édition par Sofia Delgado le Sam 15 Fév - 7:46, édité 1 fois
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Respirer. Garder son calme. Prendre le temps. Le vieil homme lui avait souvent répété que le danger se créait lorsqu’on perdait le contrôle. Qu’il se mettait en danger lorsqu’il accélérait. Le mouvement se perdait. La vue se rétrécissait. C’était ainsi que la surprise prenait le pas, le danger se créait et qu’on était ainsi pris de court. Aussi n’accélérait-il pas alors qu’il avançait dans le couloir. Aucune rencontre. Aucun bruit. Il n’interceptait même plus les communications. Serrant les dents, le masque actif avec ses multiples avancées technologies, il tendait l’oreille. Puis, les escaliers. Un mouvement dans le couloir. Il glissait déjà dans la rampe des escaliers. Tout juste. Trop juste. Il s’était plaqué contre la porte, attentif à ce qui se passait encore dans le couloir. « Où est cet enculé ?! » « Je ne l’ai pas vu depuis plusieurs minutes, aucun mouvement, aucune trace. Tu crois qu’il s’est enfui ? »

Ils le cherchaient. Plus que quarante-deux étages à descendre. De quoi travailler ses mollets. Aussi descendait-il les marches, longeant régulièrement les murs pour s’assurer qu’il n’était pas une cible trop aisée. Deux étages passés. Encore une quarantaine quand trois étages en dessous, la porte s’ouvrait brusquement. Il s’était arrêté contre le mur. « On commence à fouiller les escaliers. Aucune trace de lui au trente-septième. La cible est en mouvement mais nous l’avons perdue de vue. Je répète, nous avons perdu la cible de vue. » Il n’était pourtant pas encore sorti de l’hôtel. L’un montait, l’autre descendait. Ils se séparaient, lui assurant l’avantage. Se glissant dans l’ombre, il reprenait le mouvement.

Trente-neuvième. L’autre n’eut pas le temps de le voir. Un mouvement d’épée dans le bras qui s’écrasait déjà au sol dans un bruit sourd qui se répercutait dans la cage d’escaliers, la lame glissait déjà au travers de sa gorge.

Dix morts.Neuf de trop pour son contrat. Livia allait devoir payer un supplément pour ce crime.

Puis il avait repris sa route alors qu’une porte s’ouvrait et se fermait à nouveau, sûrement scrutaient-ils un nouvel étage. Ils vérifiaient chaque angle, chaque chemin. Les minutes étaient beaucoup trop comptées. Un risque qui s’intensifiait alors qu’ils appelaient sûrement des renforts. Tapotant vaguement sur son masque, son oeil gauche fit apparaître la carte complète du bâtiment, à la recherche alors des différentes sorties imaginables. Trouver une solution pour sortir dans la ruelle. Par l’arrière du bâtiment et ses cuisines. S’évader sans être vu.

_ On a un homme à terre au trente-neuvième. » Repéré. Une inspiration. Ne pas s’affoler pour autant. Il continuait sa descente silencieuse, entendant de temps en temps les échos d’une partie qui s’ouvrait. Une autre qui se fermait en même temps. Trentième étage. Plus aucune rencontre. Jusqu’à l’atteindre. La première femme depuis la mort de la prostituée. Il s’était arrêté un étage avant elle. Poussant un soupir. Il détestait faire souffrir une femme qui ne le méritait pas. Si elle se mettait sur sa route, il n’aurait d’autres choix que de l’abattre comme les autres.

Sans attendre d’être face à elle, réactivant le modulateur de voix, il lui parlait assez fort pour se faire entendre sans qu’elle ne puisse le mettre en joue. « Tu n’es pas ma cible, qui que tu sois. Il est déjà mort et vous n’êtes que des dommages collatéraux. Dégage de mon chemin pour assurer ta survie. » Il avait eu envie d’ajouter un s’il te plaît. Une inspiration alors qu’il sortait la lame de sa manche, agrippant de son autre main son pistolet. Quoi qu’il arrive, il s’en sortirait vivant.

Elle ne serait qu’un mort de plus.

Avançant lentement dans les escaliers, il patientait de voir le visage de cette femme qui n’était pas loin.
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Sa liberté d'agent en civil à Decay lui manque déjà.
J'aurais dû prétexter une urgence et envoyer chier le gradé quand il a commencé à choisir des gens
L'idée lui passe fugacement à l'esprit, mais maintenant c'est trop tard. Maintenant, il y a la mission, cette mission qui la renvoie quelques années en arrière. L'époque des contrats privés dans une PMC peu scrupuleuse. L'époque où il fallait savoir travailler en équipe. Elle sait faire, oui. Mais elle a toujours préférée travailler en solitaire ou en petites équipes de confiance.

Une façon comme une autre d'affirmer cette indépendance qui lui tient tant à cœur.

Elle suit d'une oreille distraite les comm' à la radio, plus concentrée sur son environnement. Elle écoute sans relever, ne tique qu'à certaines infos pertinentes. Finalement, l'information la plus précieuse vient effectivement de son environnement direct : Des bruits de pas qui viennent du haut. Personne ne s'est annoncé sur les canaux sécurisés, à cet étage. Un des hommes en noir à l'accent italien ?

Non. Autre chose. La silhouette qu'elle ne peut qu'à moitié distinguer un étage plus haut est différente. La voix modifiée qui s'élève elle aussi. Dés la menace identifiée, un courant de tension gardé sous maîtrise lui passe le long de l'échine. Pas le genre de tension qui paralyse. Le genre qui aiguise les sens. En filigrane de ce que son instinct lui hurle, un murmure curieux, à peine audible à son esprit. Pourquoi est-ce qu'il prend le risque ? Il aurait pu attaquer, sans chercher plus loin. Sans parler.
ça va à l'encontre de ce qu'on a lui a appris, le temps de toute une jeunesse volée.
Ne parle pas à l'ennemi. Si l'ennemi parle, c'est qu'il cherche à te manipuler. Seuls les ordres importent.
Elle fronce les sourcils.

- Confirmation, le V.I.P est mort. Ordre à toutes les unités d'appréhender l'hostile. Capturer en priorité, neutraliser si nécessaire. Quelqu'un de la maison a pu confirmer le statut de leur paquet au dernier étage. La voix sur les comm' lui donne ses objectifs, et elle soupire intérieurement. J'ai des ordres, et ils disent de te foutre une balle entre les deux yeux...

Dit-elle, déjà prête à réagir quand il approche, sa phrase comme laissée en suspend. D'ici, il pourra la voir : emmitouflée dans sa tenue d'intervention, un fusil d'assaut en main, une baïonnette sous le canon de l'arme. Le visage protégé par un masque balistique, il ne reste que ses yeux verts qui dardent l'homme d'une intensité neutre. Des yeux de vétéran sur le corps d'une femme en milieu de vingtaine.
Des yeux qui en ont déjà trop vu, trop tôt. Les ordres sont les ordres...

- ... Donne-moi une bonne raison de pas les suivre pour assurer la tienne.

C'est ce qu'on m'a appris. Mais j'ai aussi appris à penser par moi-même, entre temps.
Elle lui lance ça dans une réplique équivalente à la sienne. La voix plate, sans affect : une voix qui considère les choses avec une distance rare. Parce que sous son regard, la situation est simple. Deux combattants, deux choix.

1 - Parier sa vie sur un jeu de chance, compétences et probabilités. Prendre le risque de perdre, et signer ici son ultime défaite. Mention utile : La Delgado pense avoir ses chances, à ce petit jeu.
2 - Trouver une alternative où le jeu n'a pas à être joué. Remplacer le jeu par un échange, un compromis.

Cette opération s'est montée à la va-vite. Les Miliciens sur place n'ont pas de caméra frontale pour relayer leur situation à la ligne de commandement. Les radios sont ici leur seul moyen de communication, et celle de Sofia n'est pas active, en l'état.
Elle et l'assassin sont seuls. Pour l'instant.
Elle et l'assassin parlent avec les mots plutôt qu'avec lames et munitions. Pour l'instant.

Un « pour l'instant » qui pourrait vite changer, dans ces deux cas.
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Il n’y avait pas une bonne raison. Sous son masque, le Mongol hésitait. Que devait-il dire ? Que pouvait-il faire ? Les femmes étaient toujours sa plus grande faiblesse. Non qu’il tombait aisément amoureuse de ces dernières, mais il avait été élevé dans le plus grand respect de ces dernières. Enfant des Putes, grandissant parmi un harem de femmes au physique brisé par les hommes, il avait appris à les respecter, à les aimer et les protéger. Sa faiblesse, son Mentor le lui avait souvent rappelé qu’elle pourrait le mener à sa porte. Surtout si cela venait à s’apprendre. Ils n’avaient jamais su faire en sorte que Khan soit aussi peu sentimental envers les femmes qu’il l’était avec les hommes.

Posant sa tête contre le mur, il réfléchissait à la meilleure façon de s’en sortir sans ajouter encore un mort à l’équation. Elle ne s’en sortirait pas dans une confrontation directe. Il avait non seulement l’expérience et l’échauffement de sa soirée, mais en plus, dans la situation actuelle, il avait littéralement le dessus. Deux escaliers au-dessus d’elle, une confrontation qui n’en était pas encore une. Dans son masque, il poussait un soupir. Il aurait dû l’exécuter comme tous les autres. Plus simple. Plus rapide. « Ce sera comme tu préfères. Soit tu me laisses passer et tu survis. Soit tu tentes ta chance et tu meurs. » Il avait descendu quelques marches et, ne se dévoilant toujours pas, une porte s’ouvrait brièvement.

Puis la porte claquait à nouveau. Ni vu. Ni pris. Une autre inspiration qu’il avait brièvement levé les yeux vers l’étage où le mouvement avait eu lieu. Sa poitrine se soulevait alors qu’il écoutait les bruits. Rien au-dessus. Tout était au clair. « Fais le calcul par toi-même, j’ai déjà une dizaine de tes hommes à moi tout seul. J’aurais aussi bien pu sortir à l’étage supérieur et te surprendre. Je t’ai laissé la vie sauve, ne me le fais pas regretter en agissant comme une débile. »

Dernier avertissement. Si elle tenait au duel, si elle souhaitait réellement tenter sa chance dans ce combat, il comptait bien la laisser dans l’incapacité de le poursuivre. Il posait brièvement sa tête contre le mur en béton de la sortie de secours. Pourquoi devait-elle venir faire chier en se pointant juste là ? Qu’elle déguerpisse pour sauver sa vie. Dernière sommation. Il n’avait plus de temps à perdre. « Je ne compte pas te faire un prix, tu n'es pas une prostituée. Bouge pour ta survie, c'est ma proposition. »
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Un sourire. Pas sur ses lèvres, pas sur son expression ni dans son regard. Un sourire secret, caché au monde extérieur, étiré que dans ses pensées. Elle n'en montre rien, mais il y a cette espèce d'adrénaline teintée de férocité qui monte à ses instincts. Là dans ces escaliers, une tension ; là dans leur discussion, une erreur.
La sienne, à lui en face d'elle.

Parce qu'il voit la femme, mais qu'il ne voit pas la soldate.

Elle ne répond rien à sa première phrase. J'en ai vu d'autres des confiants, avant toi. Ils ne sont plus là pour en parler.
Elle ne répond rien à la seconde non plus. Je ne suis pas eux. Et la différence entre toi et ceux en face, c'est qu'ils ont droit à plusieurs erreurs, plusieurs vies. Sacrifices. Toi, tout s'arrêtera en même temps que les battements de ton cœur. Toi, tu n'as qu'une vie.
La troisième réplique ne lui arrache rien de plus. Parle-moi donc de survie, toi, l'abruti qui vient buter un type en costume au dernière étage d'une des tours de Néo.

Elle ne répond rien, pas avec sa voix. Là aussi, des réponses secrètes, cachées au monde extérieur, formulées que dans son esprit.. Pour qu'il ne puisse deviner le cheminement de ses pensées. Elle garde tout pour elle, tout à l'intérieur, sans rien montrer au dehors. Elle garde ces yeux derrière le masque : des yeux qui scrutent, qui analysent. Si elle en avait le luxe, elle les aurait fermés brièvement, puis elle aurait soupirée. Puis elle aurait ajoutée : T'as eu ta chance, connard. Au lieu de ça, rien. Elle a patiemment écoutée le ton monocorde de cette voix modifiée, qui parle un anglais de traducteur, haché, mécanique. Elle a écoutée les mots, compris et jugé leur sens. Puis, elle a pris sa décision, sans jamais bouger de cette position qu'elle a campée, au début de l'échange. Elle aurait aimée savoir. Elle aurait été curieuse du pourquoi et du comment de cette attaque. Et s'il faut dénoncer ses pensées les plus sombres ? Elle se fiche du sort de ce mort quelques étages plus haut. Elle trouve même matière à y sourire : Un peu de chaos, dans cette Neo qui méprise Decay, mais l'exploite, l'observe depuis ces balcons, en sécurité derrière de hauts-murs. Murmurée dans sa psyché, une voix susurre qu'ils ont ce qu'ils méritent, ces inconscients en col blanc.

Ca, c'était ses pensées d'avant qu'il arrive. Désormais dans l'instant, elle l'observe. Elle a prise sa décision, au finir de ses mots, oui. Un choix qui se passe de mots. Un choix soudain et abrupt.

Elle lève le canon du fusil d'assaut entre ses mains, d'un geste vif, rapide. L'armée était baissée, mais tenue fermement en main, prête à usage. Dans le même geste, deux pas en arrière, pour réinstaurer une distance entre elle est l'assassin qui lui fait face. Une rafale part, cinq balles en succession rapide, qui visent vers le bras armé de sa cible. Les cinq balles, cinq détonations qui suivent rapidement. trois mots, d'une voix ferme et imperturbable.

- Contact au trentième.

L'information passe dans le canal radio, en même temps qu'elle garde le canon de son arme pointé en direction de l'homme, la baïonnette au bout de l'arme mise en avant pour l'empêcher de fermer la distance comme il le veut. Prête à tirer, encore, prête à sortir la lame cachée dans sa tenue d'intervention, aussi.

Prête à survivre, et donc à tuer. Parce qu'elle ne compte pas mourir ici, mais qu'elle ne compte pas le laisser s'en tirer si facilement non plus.
T'as eu ta chance, connard, répète une voix dans sa tête.
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Seulement parfois, il fallait prendre des décisions qui ne se voulaient pas faciles. Il poussait un soupir. Il savait, finalement, ce qui devait arriver. Elle avait pris une décision qui n’était pas la sienne. Elle n’avait pas vu comment il semait la mort. Elle ne pouvait pas comprendre tout ce théâtre. Sûrement était-elle encore jeune. Alors, tandis qu’elle reculait, il n’avait d’autres choix que d’agir. Rapidement. Tandis qu’elle tirait déjà en sa direction, une rafale de cinq balles qui devaient toucher son épaule, il serra les dents sous la blessure. Sa peau s’étirait brutalement. Mais, pas de temps à perdre plus longtemps. Tous allaient dorénavant le poursuivre. La fuite était nécessaire. Encore plus qu’auparavant. Alors, tandis qu’elle se déplaçait, il sautait par-dessus la rambarde de la cage d’escaliers.

Un.

Deux.

Trois.

Il se rattrape aussi difficilement qu’il le peut. Ses ligaments en prennent brutalement un coup. Ils vont être mis à rude épreuve en vérité. Il le sent déjà, la nuit n’est pas encore finie. Un autre saut de deux étages. Une roulade sur un agent de la Milice qui monte, plantant sa lame dans sa gorge avant de la récupérer dans le reste du mouvement. Un autre mort. Toujours. Et cette douleur dans l’épaule qui résonne dans sa tête dorénavant. Un saut sur un mur. Prendre de l’élan tandis qu’il s’écrase sur le gars suivant, les genoux en avant pour s’assurer de lui briser plusieurs côtes dans le mouvement. Il ne pouvait pas continuer plus longtemps. Encore des étages à descendre. Plus vite. Oublier le reste du monde pour seulement quitter les lieux trop fermés. Ils l’attendaient dorénavant. Il sautait. Roulait. Glissait. Tout ce qu’il avait toujours appris devait dorénavant lui servir en cet instant crucial où sa vie était le prix à payer. Ils ne comptaient pas l’arrêter pour lui demander des comptes.

Comme si tout cela avait été un piège.

Puis finalement. Plus que dix étages. La nuit était trop longue pour lui. La mission bien plus compliquée qu’il ne le pensait. Comme si tout devenait plus difficile avec le temps. Même la Mort devenait compliquée à administrer à Decay dorénavant. Encore plus avec tous ces hommes. Il captait déjà une autre interférence radio. Ils le suivaient parfaitement. Et il était tout seul. Un nouveau saut à trois étages de la fin. Atterrir contre le sol. Une roulade. Ses chevilles meurtries par des années de ces courses en tant que coursier. Puis une porte vers la sortie de secours dans une vulgaire ruelle. Enfin. L’air libre. Vite, il devait encore s’en aller.
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L'arme détonne, et la chair s'ouvre. Une balle touche à l'épaule, là où elle voulait. L'épaule, pour que manier cette arme à sa main devienne douloureux. L'épaule, pour enrayer la mécanique de ses mouvements quand il devra fuir. Elle aurait pu viser la jambe, mais il fallait agir vite, il fallait qu'elle puisse mettre cette lame entre elle et lui après avoir attaqué, pour le tenir en respect, pour tirer de nouveau, s'il le faut.
Elle sait ce qu'elle risque, elle sait la dangerosité de son choix. Alors elle est prudente. Quitte à parier sa vie, autant mettre toutes les chances de son côté.

Ils ont sans doute la même logique sur ce propos. Lui en face choisi la fuite plutôt que l'affrontement. Il doit le savoir : son temps est compté. L'étau va se resserrer autour de sa position, petit à petit. Les hommes en uniforme vont se multiplier sur son chemin, jusqu'à ce qu'il ne puisse plus les contenir. Alors il fuit avant que ça arrive. Il fuit sans prendre la peine de rendre la monnaie de sa pièce à la Colombienne.
Une fuite acrobatique. Sauter les étages plutôt que descendre leurs marches.

Ca et là depuis les étages, des Miliciens commencent à dévaler les escaliers, suivre les consignes crachées sur le canal radio. D'un regard, la Delgado observe en contrebas la fuite de l'homme au masque. Elle analyse, rapidement. Il a l'habitude. Il sait ce qu'il fait. Et il sait sans doute aussi qu'une fois l'adrénaline redescendue, ces acrobaties reviendront hanter ses douleurs. Il court pour sa vie, renforcé par ce quelque chose qui anime les gens proches d'une mort qui effraie. Elle connaît ce sentiment, plus qu'elle ne l'aimerait. Elle ferme, puis ouvre les yeux. Un soupir.

Puis un saut par-dessus la rambarde, à son tour.
Un.
Deux.

Pas de trois, quant à elle. Parce qu'elle ne court pas pour sa vie, parce qu'elle ne veut pas que son corps crie trop sa douleur, après que la poursuite se soit achevée, et aussi parce qu'elle veut jouer la carte de la durée : moins dépenser d'énergie que lui, et le rattraper quand son corps le forcera à ralentir le rythme. Se déplacer comme ça, elle a dû apprendre très tôt.
Très jeune, parce que c'était dans le programme.
Parce qu'il fallait pouvoir les poursuivre, ou les semer.
Plus tard, pour les mêmes raisons, mais dans un contexte différent.

Consignes et informations continuent de lui couler dans l'oreille, depuis cet agaçant dispositif qui la relie au reste de l'équipe de sécurité. Sur le chemin de ses acrobaties, prises pour se rattraper aux rambardes et autres, elle croise ses collègues, ceux qui prennent la voie des escaliers. Elle les dépasse, elle descend, elle le suit. Elle prend du retard, mais elle ne perd pas encore  sa piste.

Quand elle atteint elle aussi le rez-de-chaussée, la sortie vers la ruelle a déjà été empruntée. Elle a pu l'entendre partir dans cette direction, avant d'arriver ici. Alors elle troque son effort de descente acrobatique pour un effort de course : courir après lui, et dans l'idéal, le rattraper. Une fois dehors, elle peut entendre ses pas s'enfoncer dans la ruelle, alors elle suit. Au détour des angles de mur et éléments du décor, elle l'entend, pour l'instant sans le voir. Sens aux aguets, prête à réagir, elle est derrière, et elle ne le lâche pas.

Pas aussi facilement.
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Elle e comptait pas le lâcher.Pas de si tôt. Pas aussi facilement. Une mission qui tournait mal. Bien trop mal. Serrant les dents sous son masque, il devait au moins prendre le temps de s’arrêter. Réfléchir. Peser chaque décision. Il était important qu’il puisse reprendre le chemin vers Decay le plus rapidement possible. Pour autant, il le comprenait à chaque instant. Il était la cible préférée des crevures de la Milice. Tant que rien ne se passait sous leur toit, ils acceptaient tous les paiements. Mais une fois qu’un des leurs était abattu, ils ne savaient plus en fermer l’œil. Quelle belle brochette d’enfoirés qui composait leurs rangs. Un soupir. Il tournait rapidement à sa gauche. Plus vite il filait, moins il s’arrêtait, tout était une question d’agir correctement sans se précipiter.

Un saut sur une benne à ordure. Une reprise de son élan sur le mur et il passait sur le toit de la camionnette. Une autre traction de ses bras, lui arrachant une douleur intense directement dans l’épaule touchée, il soufflait pour s’extraire de cette situation. Une roulade sur le sol mouille du toit du hangar. Un soupir. Une inspiration. Prendre le temps de souffler quand il y avait moyen. Il tentait encore, quand il y avait moyen, de tracer son propre chemin dans son esprit. Le plus important serait d’atteindre la jonction entre Decay et Neo-Atlantis. Et aujourd’hui, cela ne pouvait définitivement plus être le Checkpoint. Mort de chez mort. A mon avis, ils avaient déjà fermé les frontières et les barrières. En somme, il ne passerait jamais par là. Evidemment qu’il devrait repasser par les Egouts. Un frisson parvenant directement de son estomac. Il n’avait pas envie. Mais il n’avait pas le choix. Au moins pour survivre.

Roulant sur lui-même, il se relevait. Pas le temps de traîner. Pas le temps de se laisser aller. Une course folle dont il devait être le gagnant. Il ne pouvait être que le gagnant. Mais comment cela se faisait-il que la Milice eût pu réagir aussi vite ?

Alors qu’il glissait en bas d’une autre rambarde, étirant encore une fois son épaule, il sautait à nouveau sur un autre toit. Plus il prendrait de la hauteur, mieux il serait pour savoir où allait. Et, surtout, il pourrait toujours écraser quelques corps à l’aide de la gravité. Il ne devait pas gaspiller, ni ses balles, ni son énergie, dans un trop long affrontement.

Soufflant, il continuait de courir. Toujours vers Decay. Toujours vers le haut de Neo-Atlantis. Pour survivre. Au moins à cette nuit déjà trop intense.
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