I'm such a good good girl

I'M SUCH A GOOD GOOD GIRL
♫ The theme of Sachio ♪


Il était passé un peu trop près, les bras chargés de palettes de fruits. Bijou avait fait mine de regarder la marchandise, admirant tout de même la belle teinte orange des mandarines. Elle glissa machinalement son doigt derrière son ras-le-cou en dentelle pour jouer avec, son regard fixé sur les étalages du primeur. Puis, lorsque le gérant au tablier blanc la dépassa, les doigts discrets de la blonde s’aventurèrent vers la poche arrière du jean du malheureux. C’était le risque à se sentir en sécurité avec les fesses dépassant dans la rue ! Cachant immédiatement le portefeuille volé dans son blouson, Bijou fit claquer ses talons hauts et s’en alla, saluant par la même occasion le primeur d’un sourire angélique.

Elle s’arrêta un peu plus loin, non loin du bout de la rue, devant une grande vitrine présentant des vêtements de luxe. Elle était au croisement de quinta strada, après tout ! Face à son reflet, Bijou replaça une des mèches de sa chevelure détachée. Puis elle vérifia son apprêtement d’une torsion du buste. Elle était simplement vêtue d’un ensemble au blanc immaculé, une jupe plissée et un crop-top aux épaisses bretelles élastiques noires façon streetwear. Ce qui la démarquait était sa veste ample en satin pourpre, dont les reflets métalliques ajoutaient une patte fashion à l’ensemble de la tenue. Avec un sourire satisfait, Bijou retroussa ses lunettes de soleil roses sur le haut de son nez et fit volte-face. Mains dans les poches de son manteau, elle mâchait son chewing gum avec un air distrait, ses yeux se baladant sur les immeubles aux architectures coloniales jusqu’aux façades gothiques. Napoli était définitivement un quartier différent des autres, plus varié… Et sentant l’argent à chaque coin de rue.

La blonde jeta un oeil derrière elle avant de rejoindre la grande avenue. Et ça ne sentait pas bon. Il y avait un inconnu qui la désignait avec hâte de son index, et le gérant sembla s’affoler. Quelqu’un l’avait vu voler ? Leurs regards se croisèrent. Tout à coup, le primeur sprinta en sa direction. Bijou écarquilla les yeux et commença à accélérer le pas. Ses talons lui tuaient l’arrière des chevilles mais elle tenait bon, marchant le plus vite possible sans avoir l’air suspecte. Elle profita d’avoir pris le carrefour et d’être cachée des yeux du primeur pour courir rapidement. Les enseignes et vitrines de luxe commencèrent à défiler dans sa vision périphérique. Éventuellement Bijou dû ralentir le pas en se glissant entre les passants. Derrière elle, un homme hurlait au loin des « Eh », « Voleuse » ou « Mademoiselle ». Au détour d’une poubelle, profitant qu’un grand inconnu la cache du regard de son poursuivant, elle jeta le portefeuille parmi les ordures tout en ayant l’air de rien, n’arrêtant pour rien au monde sa marche.

Il fallait réagir, vite ! Tandis qu’elle continuait d’avancer, ses yeux cherchaient à toute vitesse un échappatoire, glissant un coup à droite, un coup à gauche puis revenant à droite. La jeune femme commençait à panteler, le souffle court quand soudain quelqu’un accrocha son regard. Un sourire malicieux disparut aussi vite qu’il apparut alors que la peste hurlait en levant le bras :

« Hey girl ! » Slalomant entre les individus formant une petite foule en mouvement, Bijou se rapprocha d’une femme un plus petite qu’elle et bien vêtue. Il fallait un minimum de style pour être crédible ! « Hey hey, j’ai cru que j’allais jamais réussir à te retrouver. Me laisse pas toute seule ici, hein ! »

Le gérant l’avait rattrapée, mais elle traînait désormais avec ce qui serait son alibi. C’était quitte ou double et le plan B était de feindre un évanouissement et déguerpir dès que possible. Le plan C était de retirer ses chaussures pour courir plus vite encore. Bref, la fuite était la seule option restante si jamais sa tentative actuelle venait à échouer. Profitant que le propriétaire ne soit pas encore trop près mais suffisamment pour l’entendre, faisant mine de ne pas l’avoir vu Bijou poursuivit ses mensonges :

« J’ai croisé mon ex taré tout à l’heure, je crois qu’il m’a reconnu. J’espère qu’il n'a pas encore inventé des histoires pour me créer des soucis… »

Elle avait presque l’air éplorée, la fausse petite princesse. Ses yeux divinement maquillés accentuaient la douceur de ses traits accablés. Comme elle avait l’air si pure, la peste aux sourires fallacieux…

I'M SUCH A GOOD GOOD GIRL
♫ Nerd Won't Stop ♪


Alors qu’elle revêtait déjà son plus beau sourire angélique sur son visage fallacieusement candide, Bijou croisait les doigts en son for intérieur. Les chances pour que la belle inconnue l’envoie balader étaient fortes. La peste passait déjà en revue ses plans de secours, espérant que l’interaction avec l’étrangère suffirait ne serait-ce qu’à surprendre un instant son poursuivant. Le sourire livré donna une once d’espoir à Bijou quand, contre toute attente, la femme se prêta au jeu. Sans flancher qui plus est : les actes rejoignirent les paroles. La blonde ne se laissa pas surprendre par l’accolade faussement amicale offerte et en rajouta même :

« Moui... » marmonna-t-elle d’un ton larmoyant. « J’aurais dû t’écouter, comme d’habitude... »

Tendant l’oreille et jetant un oeil discret derrière elle, Bijou ne manqua pas de vérifier que le primeur avait autant vu qu’entendu leur échange. Il semblait très en colère et malgré elle la jeune femme sentit ses jambes flageoler un peu. Malgré son fort caractère, la blonde demeurait pleutre. Elle inspira discrètement une bouffée d’air frais pour passer à la suite sans faillir. Son acte devait être parfait !
D’un geste sec, néanmoins doux pour démontrer une proximité factice entre elle et l’inconnue, la peste se dégagea. Elle prit un air outré et s’agaça :

« Quoi ? C’est ça, qu’il vous a dit ? » Elle baissa les yeux et ramena son poing à ses lèvres. Elle ressemblait à une enfant perdue. « Je me disais bien que j’étais suivie, je ne comprenais pas pourquoi… J’ai cru que c’était mon ex... » Relevant un regard larmoyant sur le primeur, elle ajouta : « Pardon... » Puis elle s’agita, continuant sa comédie. Posant ses mains sur ses hanches, elle lança un regard affligé à l’étrangère comme pour chercher un réconfort, puis se tourna de nouveau vers l’homme. « J’y crois pas qu’il vous ait dit ça...  »

La belle inconnue reprit la suite, contre toute attente. Bijou eut bien du mal à contenir son étonnement en la voyant reprendre avec un sourire enchanteur. Elle était douée, la bonnasse ! Elle avait retourné la situation en un instant. Plus que douée, elle était dangereuse même. Bijou songea qu’elle devrait déguerpir au plus vite après ça. Mais pour le moment, son histoire devait tenir la route et elle ne devait pas s’effacer pour rester crédible.

« Je suis vraiment désolée, il me cherche tout le temps des ennuis depuis que je l’ai quitté... » Elle se défit de son manteau irisé et commença à le secouer. Rien n’en tomba. « J’ai rien, j’vous jure ! » s’écria-t-elle en prenant des airs désespérés tandis qu’elle montrait les poches vides à l’homme. Cela aurait pu être louche en soit, mais après tout, nombreux étaient les sans papiers à Decay bien que la tenue de la peste criait tout sauf « pauvreté ».

Finalement le malheureux s’en alla et Bijou se dépêcha de remettre sa veste, faussement empressée en se hâtant de prononcer un « Bonne journ... » avorté puisque l’homme était déjà parti loin. Oh, quelle actrice ! La blonde ne put contenir un sourire satisfait. Elle devenait vraiment bonne à ça, après toutes ces années. Son sourire se déforma alors de fiel, dévoilant l’espace d’un instant son vrai visage tandis qu’elle venait chercher quelques billets entre sa culotte et sa jupe pour les placer dans la poche intérieure de sa veste. Elle n’avait pas été assez folle pour jeter le portefeuille de sa victime sans en tirer quelque chose. La blonde reporta son attention sur l’inconnue. Elle se rigidifia instantanément : elle l’avait déjà oubliée ! L’avait-elle vu faire ?
Bien sûr, Bijou tenta aussitôt de s’en aller, entrouvrant la bouche pour remercier rapidement l’inconnue en tournant des talons. Elle n’eut néanmoins le temps de réaliser aucune de ces actions, aussitôt attrapée. La peste se laissa par conséquent entraîner, n’ayant d’autre choix. Un sourire contrit habilla son visage contrarié alors qu’elle se voyait poussée vers un café en bord de rue.

« B-Bijou... » dit-elle pour livrer son nom en l’échange de celui de l’inconnue. Andrea, donc. « J-Je dois vraiment tout raconter ? » fit-elle pour tenter de se dédouaner.

Andrea avait-elle cru à son histoire ? Ce n’était pas possible. Une si bonne comédienne ne pouvait que voir dans son jeu. Bijou considéra sérieusement la question en dévisageant sa complice. Belle et bien habillée… Avec des accessoires de valeur. Sa bouche demeura close mais ses yeux s'agrandirent. Il était peut-être temps de chasser autre chose que des daddy... une mommy c’était bien aussi. La peste n’avait jamais encore sauté le pas, jugeant les femmes trop malignes. Il n’était néanmoins pas son genre de laisser filer des opportunités en or. Si Andrea croyait vraiment que Bijou était innocente, alors elle pourrait jouer son numéro habituel de la gentille fille à papa voulant se faire couvrir de cadeaux. Restant interdite un instant, attendant d’avoir sa réponse avant de prendre une décision, la blonde se laissa finalement apprivoiser :

« Tu veux te mettre en terrasse ? » demanda-t-elle avec un sourire doux et cauteleux, l’index pointé sur une place libre. Elle s’installa rapidement, en prenant garde à s’asseoir avec une certaine élégance. Elle dégagea ses cheveux d’un geste symétrique et détailla les franges colorées du parasol planté à côté du duo. Elle posa ses poignets sur le métal froid de la table et prit un air vulnérable. « M-merci… Pour m’avoir aidé... » Elle semblait gênée. Intérieurement, elle planifiait juste chacun de ses gestes et réfléchissait à la prochaine chose à dire pour être convaincante. « Je peux t’appeler par ton prénom, Andrea ? » Elle ricana avec un faux embarras et joint ses mains l’une contre l’autre. « Oups, pardon ! »

Bijou aurait pu se lancer dans le show business, à ce compte là. Meh, c’est trop fatiguant pensa-t-elle pour se répondre à elle-même.

I'M SUCH A GOOD GOOD GIRL
♫ Miracle ♪


Bijou prenait volontairement des airs vulnérables pour amadouer sa potentielle proie. Ses yeux possédaient au fond de leurs prunelles la teneur des gens sagaces. Elle observait attentivement les expressions chaleureuses d’Andrea, ses gestes élégants et ses regards incisifs envers la serveuse. La peste augmenta son sourire en remarquant ce détail. Quelque chose lui disait que la belle inconnue était plus calculatrice qu’elle y paraissait. Dégageant une mèche amenée sur son front par le vent, Bijou ferma les yeux ; Andrea était une femme aussi, après tout. Rien d’étonnant pour le moment. Ses paupières se rouvrirent bien rapidement en entendant la femme parler dans une langue étrangère. La blonde n’était pas certaine de reconnaître l’accent mais pour sûr les mots lui rappelaient quelque chose. Bijou attendit que la serveuse s’en aille pour s’extasier :

« Tu parles français ? » Elle joignit ses deux mains avec enthousiasme en relevant ses épaules, le visage ébaubi et le ton forcé : « Incroyable ! Tu es tellement classe ! » Penchant ses mains en même temps que son visage sur le côté, elle jubila avec excitation, chantonnant : « Je me demande ce que tu as pris ! »

Si Bijou aurait pu jeter des étoiles et des paillettes sur le portrait angélique de son visage, elle l’aurait fait sans hésitation. Andrea sous-entendant un âge proche de la trentaine la blonde prit un air faussement étonné, s’exclamant d’un ton mielleux :

« Vraiment ? On ne dirait pas ! »

Elle étira son sourire avec une admiration d’apparence sincère. Puis elle serra ses genoux l’un contre l’autre tout en éloignant ses pieds l’un de l’autre pour se donner une image mignonne. A l’opposé de son interlocutrice au sourire sémillant mais au regard inerte, comme un crocodile déguisé en lézard. Cela ne déplaisait pas Bijou cependant elle songeait à la difficulté qui l’attendait. Andrea semblait être intelligente et futée avec de la suite dans les idées. La blonde se demanda s’il était mieux d’abandonner pour autant elle se décida à continuer son exploration. Tant qu’il y avait de l’argent, il y avait de l’espoir.

« O-Oh... » Nerveusement la peste attrapa une de ses longuesmèches de cheveux et joua avec en rivant ses yeux sur la table. Cet air embarrassé lui donna un peu de répit pour réfléchir à la marche à suivre. Il était certain que l’histoire de petit ami était une mascarade : Andrea l’avait probablement déjà deviné. S’enfoncer dans un mensonge n’était pas bon pour ses plans futurs ; s’ils venaient à s’avérer.

« Je… Je dois être honnête avec toi... »

Ses joues rougirent et ses lèvres se tordirent avec gêne. C’était une pièce de théâtre parfaitement maîtrisée, un jeu maintes fois répété. Bijou leva son regard sur la serveuse puis le baissa aussitôt, jouant la carte du malaise pour se rendre plus crédible. Retirant ses mains de la table pour laisser l’employée faire son travail, la peste serra les poings sur ses cuisses. Elle semblait presque éplorée ; il n’aurait manqué que des larmes au bout de ses cils pour la rendre plus vulnérable encore. Mais cela aurait été trop.

« Oh, des tartes au citron ! » Elle s’enjailla mais pas trop pour ne pas perdre le fil de son faux paraître. Andrea l’invita à commencer et la comédienne la remercia d’un laconique « Merci ! » avec un sourire fallacieux, malgré tout navré. Elle attrapa sa fourchette, fit mine d’entamer son gâteau puis s’arrêta. Elle inclina la tête sur le côté. « Tu sais, tout à l’heure… Enfin, cette histoire de petit ami… C’est du pipeau. » Elle fit face à Andrea en souriant tristement. « La vérité, c’est que cet homme s’est mis à me poursuivre et je ne savais pas pourquoi. » Elle planta sa fourchette dans la tarte au citron, brisant la pâte pour en écarter un morceau. Ses prunelles chancelantes rivées sur son met, elle poursuivit : « J’ai paniqué. » Elle sourit encore en relevant la tête. « Tu l’as dis toi-même, c’est dur de faire confiance aux hommes… C’est la première histoire qui m’est venue. » Elle rit nerveusement. « C’est stupide, je sais. » Puis ses yeux mouillés se posèrent sur Andrea. « Merci encore. Si tu ne m’avais pas aidée, je n’aurais pas trop su quoi faire. Je n’ai pas compris son histoire de porte monnaie, non plus. Pourquoi il m’a accusé moi ? » Elle prit un air inquiet. « C’était peut-être un stratagème pour que tu m’abandonnes ? Qu’aurait-il fait après ? » Son visage devint grave. « Une amie à moi s’est déjà fait avoir comme ça, c’était… Oh… Il l’avait... »

Accablée d’un chagrin et d’une panique imaginaires, Bijou posa le dos de sa main contre ses lèvres en tournant la tête sur le côté, comme écoeurée d’un mauvais souvenir refaisant surface. Elle semblait bouleversée, jouant une énième fois la carte de la jeune fille parano car trop jolie dans les rues dangereuses de Decay. Intérieurement la peste souriait en levant son pouce, pensant un fuck yeah pour se féliciter de son jeu d’acteur impeccable. Malgré tout, pour les êtres les plus perspicaces, les émotions de la blonde pouvaient paraître exagérées. Elle restait après tout une voleuse et une manipulatrice. Elle étira un sourire sur ses traits désolés :

« P-Pardon, je ne voulais pas plomber l’ambiance. Mais voilà, tu sais tout, maintenant. » Elle attrapa la petite part de gâteau avec son ustensile. « Heureusement que tu étais là. » Enfin elle plongea le morceau dans sa bouche. Ses yeux s’écarquillèrent avec un plaisir sincère pour une fois, la comédienne s’émerveillant : « Oh mon dieu, c’est super bon ! J’ai jamais mangé une tarte au citron aussi bonne ! »

Son accent de racaille avait légèrement refait surface et la blonde se crispa aussitôt pour cette raison. Elle posa un regard curieux sur Andrea, se demandant quelle serait sa réaction.

I'M SUCH A GOOD GOOD GIRL
♫ All Eyes on Me ♪

A devil made from heaven,
Sent from above
Looks like henry's got a little date,
Let's have some fun

Elle avait donné le meilleur d’elle-même. Elle s’était surpassée. Derrière ses airs larmoyants Bijou était gonflée d’une fierté sans limite. Toutes ces années à mentir lui avaient finalement octroyé un talent certain pour la comédie ; elle était douée en tout, voilà tout ! C’était ce qu’elle pensait en tout cas alors qu’elle utilisait le gâteau pour justifier un changement d’expression faciale. Son regard ravi se posa sur le sourire chaleureux de son vis à vis. Elle frissonna. Instinctivement la peste avait pressentit la perfidie d’Andrea bien qu’elle fut incapable de l’appréhender.
Elle opina tout d’abord du chef avec un sourire aussi adorable que bêcheur pour approuver les dires de la femme sur l’honnêteté. Ses mouvements de têtes finirent cependant par s’estomper peu à peu, son sourire soudain figé et les yeux ronds, emprunt d’un hébétement stupide. Prise sur le fait comme une enfant. Merde jura-t-elle intérieurement tandis que la panique la prit aux poumons. Les lèvres d’Andrea s’étirèrent et ses iris s’illuminèrent. Ce fut à cet instant que la peste comprit qu’elles appartenaient à la même espèce.

La blonde réfléchit à toute allure : que faire ? Fallait-il abandonner ou persévérer ? Comment soutirer de l’argent à quelqu’un qui voyait clair dans son jeu ? Heureusement qu’elle était assise car assurément Bijou ne savait plus sur quel pied danser. Ses lèvres restèrent muettes d’un silence coupable, le crâne légèrement incliné en avant et son regard perdu sur sa tarte au citron. Le rire de la femme glaça le sang de la plus jeune qui s’immobilisa un peu plus, n’osant plus lever les yeux. Elle finit tout de même par le faire lorsqu’Andrea reprit la parole, confirmant les suspicions de la blonde : elles étaient les mêmes.
Bijou prit sur elle-même et se déraidit enfin en levant ses poings devant ses épaules avec beaucoup d’enthousiasme. Sa voix dérailla légèrement au début ; malgré tout la peste tint bon et continua à jouer de ses airs adorables :

« O-Ouaah, on peut rien te cacher ! T’es trop forte ! » Elle gloussa et attrapa sa tasse avec une gêne qu’elle tentait de dissimuler. Ses doigts tapotèrent la céramique. « Comprends bien que je ne cherchais pas spécialement à te mentir ou te cacher quoi que ce soit. Je voulais juste m’éviter des ennuis. » Elle étira ses lèvres roses d’un sourire. « Mais tu es une gentille femme, n’est-ce pas ? Je n’avais pas à m’en faire. »

Elle n’en croyait pas un mot cependant. Baissant légèrement la tête pour fuir les yeux perçants de son interlocutrice Bijou porta le cappuccino à ses lèvres et en but lentement quelques gorgées. La question nouvellement posé éclaira soudain le regard de la blonde qui retint son excitation dans une parfaite maîtrise d’elle-même. Elle savait parfaitement quoi répondre et dans ces moments là, jouer l’innocence était la clef. Elle releva lentement ses yeux bien que son cœur battait à tout rompre. Elle parvenait avec mal à dissimuler l’engouement dans sa voix :

« Tu m’inviterais à faire quelque chose ? »

Elle posa sa tasse. La notion d’invitation était importante : Bijou ne comptait pas dépenser un seul dollar.

« Tu aimes faire du shopping ? On est à Napoli, après tout ! »

Jugeant qu’Andrea était soit italienne, soit française, soit les deux, Bijou renchérit avec un sourire éblouissant :

« Il n’y a qu’ici qu’on peut trouver le meilleur de la mode italienne, inspirée par les plus grands tailleurs français ! Tu n’es pas d’accord ? »