Dear stranger, fuck you. [Schnaps]

‘Fait chieeeeeeeer !

Un nouveau trou dans mon mur s’ajoute à ma collection et ma table se renverse contre le sol, entraînant avec elle mes dizaines de paquet de clopes vides et une assiette qui accumulait la poussière depuis quelques jours. Un vacarme se fait entendre, mais mes voisins d’en haut y sont habitués. Ils cognent rageusement contre le sol et m’insultent. C’tout ce que ces pauvres cons peuvent faire, de toute façon.

Haaaa…Foutue routine chiante, tous les jours c’est comme ça. Fais le beau, souris, accepte les demandes de ces sales connards. Un jour, j’aurai leur peau. J’accrocherai leur tête sur mon mur repeint de sang. Ah, ça, j’en rêve. Qui sait, peut-être qu’un jour mes rêves deviendront réalité ? Je n’ai encore jamais décapité quelqu’un, mais quel soulagement ça doit être de savoir qu’ils n’ouvriront plus jamais leur gueule.

Putain, j’suis con.

Je regarde d’un air découragé le bordel que j’ai causé pour une nouvelle fois dans mon appartement. Qui vas devoir nettoyer ça, maintenant? Moi. C’pas comme si j’avais l’argent pour engager quelqu’un, hen. Sinon, j’serais pas dans ce trou à rat en train de faire des armes pour des salauds en échange de billets. En plus, mon fournisseur de pièces y’arrête pas d’augmenter ses prix, soi-disant parce que c’était plus compliqué de se les procurer. Mon cul. Un couteau contre sa gorge lui ferait changer son petit discours d’enculé. Mes yeux se ferment un instant, je masse ma tempe dans l’espoir de faire partir le découragement qui m’fait chier.

J’entreprends lassement de nettoyer les morceaux de porcelaine cassé de mon assiette et les morceaux de plâtre qui sont tombés de mon mur. Je jette tout à la poubelle, sans prendre le temps de ramasser tous les paquets vides de cigarette qui se sont eux aussi écrasés au sol. Y’en a déjà partout, pourquoi je prendrais la peine. Tsk. J’atteint ma poche de chemise pour y saisir une cigarette et l’allume pour me détendre. Du coin de l’œil, j’observe mon atelier plongé dans l’obscurité. J’devrais peut-être m’y mettre, faire les modifications sur les armes que j’ai rapporté tout à l’heure. Mon client, là, ce connard, n’était pas satisfait des modifications que j’y ait apporté. Il m’en demande plus, et ça gratuitement. Comme si c’est comme ça que ça marchait. Bon, finalement, j’ai accepté. Ça m’aurait fait chier d’avoir moins de clients à cause de lui.

Je soupire et vais chercher le sac noir auquel je me sers pour transporter l’armement que je vends. Je le saisis nonchalamment et me dirige vers mon atelier. Je sursaute aux cognements qui se font entendre à ma porte, mais les ignore en mettant ma main à l’arme de poing accroché à ma ceinture. Si c’est encore ces foutus vendeurs aux portes, j’vais en descendre un. J’en ai marre, moi, qu’ils viennent cogner chez moi. J’ai autre chose à faire de ma vie qu’acheter les shits qu’ils ont à vendre.

MAIS. Comme si ma journée n’était pas assez MERDIQUE, ma porte se fait défoncer malgré les nombreuses serrures que j’ai installé de peur que CECI arrive. Le dispositif que j’installe toujours en entrant se déclenche, créant une légère explosion de lumière assez puissante pour aveugler un instant celui qui entre. Mes PUTAINS de voisins cognent encore en haut en jurant qu’ils vont venir me défoncer la gueule. Pour ma part, je me réfugie derrière le mur de mon atelier, en attendant que l’inconnu se fasse entendre. Je tiens mon fusil entre les mains, malgré mes légers tremblements, j’arrive pas à réprimer ce sourire en coin. C’est qui, cet abrutis qui croit qu’il peut faire comme chez lui ?  

MA PORTE PUTAIN DE MERDE. C’est foutu ! Tout est tout simplement foutu ! Tout ça parce qu’une connasse ne pouvait pas s’abstenir d’attendre que je lui répondre. Dans quel monde on vit ? J’sais pas, moi ! Posez-moi pas cette question. J’ai pas envie de devoir ENCORE déménager. Trouver un nouvel appart, qui de plus n’est pas très cher, puis convaincre le propriétaire de l’immeuble que quelqu’un ne viendra pas faire sauter sa porte, c’pas évident ! C’est toujours la même histoire, pourquoi hen ? Pourquoi moi ? Dites-moi. Dites-moi pourquoi ce monde est aussi pourri ?

J’ai pas l’temps d’entendre la réponse, j’ai une imbécile à gérer. Peut-être un autre jour, probablement jamais. En attendant, c’est sa tête que j’veux lui arracher, pas une réponse. Ça me suffira pour le moment. Heureusement pour moi, c’est dans mon atelier que je me suis recueilli. Malheureusement pour elle, c’est des grenades qui vont lui exploser à la gueule. Elle veut que ça fasse « boom »? Alors « BOOM » ce sera.

Mon sourire s’agrandit à vue d’œil, je longe discrètement le mur qui cache mes méfaits, à la recherche de quelque chose de bien plus impressionnant que cette arme de poing. Ça ne suffira pas, à lui faire rentrer dans sa petite cervelle de merde, qu’il faut me respecter. Mais avant, je lui réponds quelque chose qu’elle veut entendre, quelque chose qui va me gagner du temps pendant que je cherche.

« Okay, okay. J’veux pas de problèmes, alors on va faire ça à l’amiable, ok ?  J’vais sortir les mains en l’air, mais en échange j’veux que tu range les armes si t'en a une.»

La confiance, mon cul. Dès que j’aurai les mains en l’air, elle va me descendre. J’suis pas aussi con que ça, quand même. Peut-être quelle, oui. Mais bon, première leçon : ne jamais sous-estimer ses ennemis avant de les connaître. Je ne me laisserai pas avoir par sa petite voix de fillette innocente et ses mots qui me font vomir. « Une gentille fille », oui, bien sûr.  Et moi j’suis un gentil garçon.


Bingo ! J’ai finalement trouvé mon autre mallette qui contient mes grenades. C’était supposé être vendu, mais je n’ai pas trop le choix, ha. Non, je ne prendrai pas la plus explosive. J’ai envie de survivre, moi. Et mes affaires aussi. Je prends celle qui fera le moins de dégât, une petite explosion qui lui fera peur, rien de bien énorme. Je ne prends pas plus de temps pour retourner vers le cadre de la porte.

« J’vais sortir, ok ?»

Sa vue devrait être revenue, dépendamment d’à quel point elle y a été exposée. Peut-être qu’elle voit un peu mal dans la pénombre de mon appartement, mais elle voit. Je sors ma main droite du cadre pour qu’elle remarque que je ne suis pas armé, mais je me prépare à retirer la goupille de mon autre main. Je prends un air faible, peu dangereux pour la mettre en confiance avant de redevenir agressif, un air bien plus naturel qui est accompagné de ma voix rauque.

« Ne le prends pas mal, mais, comme on dit, œil pour œil, dent pour dent, connasse.»

Je retire la goupille, puis je tire la grenade dans la direction générale de cette connasse que j’ai pu apercevoir pendant quelques secondes, puis je retourne me cacher derrière le mur qui ne tardera pas à trembler. Malheureusement, elle peut s’échapper par la sortie ou bien se cacher derrière la table que j’ai fait tomber plus tôt. Au pire, elle n’aura pas une égratignure et au mieux, cette salope aura une jambe en moins. J’arrive pas à réprimer ce petit ricanement malsain à l’idée de la retrouver partiellement déchiquetée, désespérée et paniquant en voyant son membre inférieur à l’autre bout de la pièce. Non, non. N’espère rien, tu seras déçu. Ces rats trouvent toujours une façon de s’en sortir, peu importe quelle méthode t’utilise.

La grenade qui se cogne contre le sol ne tarde pas à exploser mes tympans, le mur crasseux derrière moi en tremble à l’impact. Je ne perds pas une seule seconde pour arracher la veste pare-balle de mon mannequin en plastique et l’enfiler. Je fais un vacarme pas possible, mais le bruit occasionné par mon explosif me couvre. Son visage humanoïde est déformé, des morceaux de métal défoncent son crâne inanimé. Son regard me rend mal à l’aise, ça a toujours été le cas. S’il ne m’était pas si utile pour garder mon équipement exposé, je l’aurais démembré jusqu’à m’en réjouir de ses plaintes mécaniques. Raah, putain, fais-moi pas cette face-là. J’en ai plus besoin que toi, sale mannequin de merde.

Et merde, j’suis encore parti pour me taper la conversation avec un putain d’objet, alors que je voulais juste récupérer mes trucs. Je referme le dernier clip sur le côté qui maintient le pare-balles militaire, ça m’a pris plus de temps que je l’aurais cru. Mes mains refusent de m’obéir, elles tremblent incessamment de leur propre chef. Mon cœur en fait de même, tandis que je m’approche du mur qui me sert de protection. Ce n’est qu’une illusion, pourtant. Il est si fin qu’une balle le traverserait sans mal. Prochaine fois, prochain appartement j’installerai des plaques de métal… J’en ferai une vraie forteresse que les putains de connasses impolies comme elles ne pourrons pas franchir. Haaa… J’adore, mais je hais cette sensation. La ligne est si fine, entre ces deux sentiments. Mes pieds fébriles se trouvent dans les deux camps. Que serait la vie sans avoir peur la peur au ventre de mourir à tout instant ?

J’écoute attentivement ce qui se trouve derrière le cadre de la porte. Un silence plane pendant un instant. L’ais-je abattue ou attends-t-elle que je sorte pour m’acheter ? La réponse n’est aucune des deux Sa voix explosive éclate, agressant mes oreilles fragiles. Mes yeux s’écarquillent un instant, ne comprenant pas trop la tarée qui semble s’amuser à fond comme si c’était la première fois qu’elle s’amusait depuis des années.

« Crois-tu vraiment que je vais révéler mes techniques à la concurrence ? Faut pas me prendre pour un sale con non plus haha. » Un petit rire peu convaincu s’accompagne à ma phrase.

Dans un acte de foi, je m’expose dans le cadre de la porte et je pointe mon revolver à la recherche de la silhouette. J’y crois toujours pas, la salope m’a… appelé lapinou ? Elle en a eu, du culot. Un sourire nerveux, mais malicieux s’affiche toujours sur mon visage cicatrisé. J’en déduis finalement qu’elle s’est réfugiée derrière la table. J’y pointe mon arme, mais n’entreprends pas de tirer. Si elle fait le premier geste, on va espérer qu’elle ne me tire pas en pleine tête… Qu’elle putain de karma que ce serait.

« Ton petit lapinou-chéri se trouve juste derrière ta table. Mais qu’est-ce que la petite louve va faire se demande-t-il. » dis-je à la troisième personne, pour me moquer de la situation ridicule.

Nous avons tous les deux un avantage et un désavantage, à voir qui fait le plus con.

En vrai… Ça ne me ferait pas de tort d’avoir une autre personne à mes côtés, sa chaleur corporelle ainsi que son cœur frénétique qui ne réclame qu’un amour impossible. Aah, cette offre est bien alléchante, je dois l’admettre. Je la contemple, elle qui s’est présentée nue sur un plateau, à la recherche de ma sagesse longuement acquise. Ma solitude m’implore d’accepter, réclamant quelque chose de bien plus palpitant qu’avoir des armes sous les yeux jour et nuit. Avec une gueule défoncée comme la mienne, c’est pas comme si c’était facile de trouver quelqu’un, homme ou femme.

Non, non, non et non. Mauvaise idée. Thomas, ferme ta putain d’gueule là-haut ! N’oublie pas, ne fais pas la même erreur. Elle te sautera à la gorge dès que tu auras baissé ta garde, la salope. C’est la raison du pourquoi tu es prisonnier éternel de cet isolement volontaire.

« En effet, j’pourrais les vendre plus cher, mais ces connards voient tout simplement pas la vraie valeur de mon artisanat. Mais bon. Ça me fait plus de cash et moins de temps perdu à dormir, j’y vois pas l’inconvénient. À moins que tu aie un réseau ou des solutions pour que j’augmente les prix, ferme ta gueule hen."

J’crois pas que j’aurais été aussi sec avec elle, si je devais pas me faire chier à déménager tout encore. Faudrait pas tarder non plus, avant que des cons curieux vérifient d’où ce vacarme soudain vient. La conne se relève de derrière la table explosée, quelle chance qu’elle a eu, haaa. Elle est bien mignonne, mais ça m’fait vraiment chier. Si je la laisse s’en tirer sans aucune égratignure, elle aura rien compris. Faut les éduquer, ces chiennes. En plus, si j’en fais ma possession malgré tout… Pas le choix.

D’ailleurs…. J’ai toujours pas eu d’explication, pourquoi elle m’a appelé lapinou en premier lieu ? Elle m’a déjà vu avant ? Est-ce à cause de ma chevelure blanche qui tente de repousser et de mes yeux rouges ? Ou bien une simple cooincidence ? Raah… Elle peut pas être plus clair ? Elle dit des mots en l’air, pour m’amadouer dans l’espoir que je tombe dans son piège. Bon…ça sonne plus comme une insulte, mais elle a pas tort ; mon visage est défoncé. Elle a pas son mot à dire non plus, vu son propre cache-œil… Sale hypocrite, va.

Je la laisse s’approcher de moi, la main armée, menaçante vers elle, même si je ne planifie pas de lui tirer une balle. Qui sait, elle me tirera peut-être dessus dès que j’aurai baissé le bras ? Je soupire, puis j’abandonne finalement puis je baisse mon arme. Qu’est-ce que la vie sans un peu de piment. Je reste cependant sur le vif pour l’utiliser si elle fait un mouvement brusque, mais je ne la menace plus.

Sa chevelure rousse éclate dans la pénombre de la pièce, difficile à cacher. Plus elle s’approche de moi, mieux j’arrive à discerner ses traits. Je fais un pas vers elle pour entrer dans sa zone de confort, en me penchant un peu vers elle, pour la regarder droit dans les yeux. Étrange pour une première rencontre, mais c’est elle qui a commencé… Elle récolte se qu’elle sème : de la discorde.

« J’aimerais en dire de même pour toi, mais ton cache-oeil te fait défaut. Oups. » Dis-je avec un peu de rancune, avant de continuer. « Je suis ‘’enchanté’’ de te rencontrer, princesse. Ton offre ne m’intéresse pas, si tu veux tout savoir. Je compte les secondes, pour savoir combien de temps tu tiendras avant de vouloir m’exploser le crâne à coup de balles. C’est un record, vraiment ! J’suis impressionné. Ah, ais-je oublié de te dire mon nom ? Je crois bien que tu le connais déjà, mais c’est Thomas. J’aime bien les demoiselles bien sages qui ne font pas tout exploser, tu sais. Et mon hobby ? …On s’en fiche. »

Uh, on se croirait sur une application de rencontre. J’comprends plus rien avec elle. Tiens… pourquoi pas s’amuser un peu, avec ses émotions. C’est elle qui a commencé, je ne fais que continuer ce qu’elle a avancé tout à l’heure. Je sais, c’est un jeu d’enfant, mais je ne peux m’en empêcher.

« Pourquoi ne pas faire une démonstration de ce que tu as avancé tout à l’heure, plutôt? » Répondis-je, un sourire malicieux collé aux lèvres. On verra bien, à quel point la petite louve est prête à tenir ses paroles, sinon qu’elle me fiche la paix pour que je puisse mon matos.  Va falloir que je demande à quelqu’un de m’héberger en attendant, uhg..

Des lentilles rouges? Qui se ferait chier à porter ça ? Elle voit pas la repousse blanche dans mes cheveux que je n’ai pas teint depuis deux semaines ? Bon, en même temps on peut pas la blâmer, elle est borgne. Si ça se trouve, elle voit que dalle avec et devrait porter des lunettes, mais j’veux bien croire que cette conne serait assez stupide pour ne pas en porter « parce que ça gâche mon style, oh lala, j’suis tellement une princesse mignonne ». Non mais faut être con un peu.

« Nah, c’est naturel. T’es aveugle ? J’suis albino. J’croyais que ça se voyait plus que ça, faut croire que non. Ou peut-être que c’est juste toi. Qui sait ? »

Putain mais pour qui elle se prend la pute à me gueuler que j’suis un vieux grincheux ? Elle s’est vue ? C’est une p’tite pute, oui, à proposer son cul au premier venu en échange de quelques services. Faux. À FORCER LA PORTE D’UN INCONNU, pour lui proposer son cul. Ça lui ressemble plus, oui.

« AH OUI QUELLE BONNE IDÉE. J’y ai pas pensé, tiens, dormir ! DOMMAGE QUE J’AIE PLUS D’APPARTEMENT HEN. Et puis, j’ai pas envie de demander un service à l’autre connard, moi. Y va encore m’l’ajouter à sa liste de dettes ! » Continuais-je partiellement entre ma plainte envers elle et l’autre con qui me sert d’ami.

J’dis ça mais… Elle a pas tort, j’ai toujours pas assez regardé en profondeur ce logiciel, là. Faudrait que j’mette une vidéo et demande les reviews de mes clients. J’suis un peu con, parfois. Naaah, j’suis juste fatigué. Non, mort. Putain, j’veux dormir maintenant… L’adrénaline de tout à l’heure retombe.

Attend, elle est repartie sur un cache-œil maintenant, que je lui ai volé son style ? Ça sort d’où putaaain ? Alors là, j’avais pas tort tout à l’heure. Elle doit l’utiliser que parce que « J’suis trop cool avec, hoooou, un cache-œil ça fait grand méchant, regardez-moi avec ma chevelure rousse, mes p’ti yeux bleus de fille gentille et ma salle attitude de gosse ». Salope!

« Mais ferme ta grande gueule, j’en peux plus de ton attitude d’sale gosse. Capitaine princesse, qui a apparemment inventé la merveilleuse invention qu’est : le cache œil. WOAH. » Le sarcasme est à son paroxysme.

Et la voilà repartie dans ses monologues. J’ai pas de problème avec ça en temps normal, j’adore, même, mais là j’suis à bout de nerf. Pas de sommeil, pas d’appart et une gamine dans les bras. Non merci, j’vous la redonne. Si son but, c’est de me déranger pour qu’ensuite je lui tourne le dos et qu’elle me tire, elle a gagné. J’en peux plus. Je la fixe, la mort dans les yeux, avant de me retourner sans rien dire et la laisser là, en blanc.

« J’vais tellement t’exploser la tête si j’fais pas autre chose. Va t’perdre, ou mieux, va t’pendre. Fais dequoi de ta vie mais j'sais pas, CASSE-TOI»


Elle ne mérite pas un mot de plus. Je m’en vais dans ma salle d’armement pour y sortir deux grandes valises en métal et les laisser tomber au sol, dans un vacarme pas possible, ça en laisse une petite marque dans le vieux plancher cheap. Heureusement  que je me suis habitué à vivre avec très peu, déménager n’est plus un soucis. Suffit de tout ranger mon armement, mes outils, mes work in progress et mon matériel et le tour est joué.

La gamine continue de déblatérer en insultant mes goûts, puis continue, continue, continue… Elle s’arrête pas, ce moulinet à paroles ! On dirait un assistant vocal brisé. Et puis, j’préférais encore lapinou à Thomas-choux ? C’est juste affreux, ce surnom. Mes mains se glissent à mon visage pour le recouvrir, puis laisser un long sifflement agacé, avant d’être bouche-bé. Attend, ce qu’elle dit sur moi, elle a dû avoir cette information croustillante quelque part, c’est pas possible. Elle m’a déjà rencontré en soirée dans un casino, j’sais pas ???  Je me retourne finalement, choqué, un peu déstabilisé, vers elle de nouveau pour lui faire face.

« Euh, qu’est-ce tu dis là, là ? T’as appris tout ça d’où, hen ? Tes infos sont erronées, dééfinitivement. Tu devrais peut-être te chercher un meilleur informateur. Et puis c’est pas possible d’avoir quelqu’un d’aussi obstiné que toi ! C’est juste horrible. Rentre ça dans ta petite tête : je ne cherche personne. Je n’ai pas envie de me forcer à ne rester qu’avec une meuf, qui est taré deplus. »

Elle a tellement pas compris ce à quoi je faisais allusion, tout à l’heure, en lui demandant d’avancer une démonstration. Avec la proximité, le sourire que je lui faisais, et la situation, y’avait pas mille trucs à quoi elle pouvait référer… J’lui disais « Allez on baise », pas « allez on fait j’sais pas trop quoi, invite quelqu’un ?? »

« Tu sais quoi ? Laisse faire… J’ai plus d’énergie à te consacrer, j’suis mort. »

J'ai qu'à l'endurer, elle va se lasser non ? Sinon j'pourrais lui mettre une balle dans la tête... Ça marche aussi, ça, pour faire taire les p'tites connes.