Matsunaga Takeshi ~ Petit père des rues.

Burakumin nippon, il intègre dès l’enfance les yakuzas du Yamaguchi-gumi, qui deviendra la seule famille qu’il reconnaît alors. D’abord chien fou au sein de ceux-ci, il s'apaise au fil du temps, gagnant en sagacité et en tempérance, notamment grâce aux nombreux hobbies qui deviendront ses passions plus tard. La maîtrise de ses émotions et le recul qu’il est capable de prendre en toute circonstance l’ont vu très vite grimper les échelons de l’organisation, mais les années durant et la déchéance des différents clans, devenus de simples attractions touristiques au Japon, le poussent vers de nouvelles terres d’opportunités, accompagné de ses plus fidèles amis, modèles et frères de coeur.

Neo Atlantis incarnant l’endroit rêvé pour ce faire, il conçoit le clan Kawashii-Yama dès les premiers temps de l’île artificielle, sous couvert d’une société immobilière ambitieuse. Ironiquement traditionaliste, il idéalise les Ères précédant celle d'Edo, la grandeur des samouraïs et leur histoire, donnant parfois l'impression d’être un anachronisme vivant. L’homme d’affaire côtoie ainsi le bushi et il n’est pas improbable de le croiser, la même journée, d’abord vêtu d’un costume trois pièces élaboré, puis, plus tard, d’un kimono et d’un flamboyant jumbaori frappé du kamôn de son clan, un daisho attaché à un obi parfaitement noué.

Takeshi est un vieil homme à deux facettes bien connues de ceux qui l’entourent. L’un de ses visages est celui du combattant, rigoureux et strict aux traits inquisiteurs, l’autre est le paternaliste souriant et amateur de plaisirs traditionnels, regardant ses enfants et la progéniture de ses amis d’autrefois fort d’un amour mélancolique. Passé maître dans les arts des sabres japonais, il manie ceux-ci tout comme il les forge, mais répugne de devoir s’en servir sur autrui, préférant de très loin la rhétorique et les arts oratoires pour déterminer l’issue d’un conflit. Intransigeant sur les usages, il traite ceux qui bafouent les règles de l’étiquette avec un mépris évident. Ceux qui, au contraire, les connaissent ou tâchent au moins de les respecter parviennent sans mal à gagner son écoute.

Dès lors que sa fonction ne l’oblige plus, qu’il s’en défait, il devient un être simple aux plaisirs simples, se plaisant dans la contemplation et dans de menus artisanats. Il apprécie les petites choses, le travail bien fait, tout ce qui peut le ramener à une vie qu’il n’a jamais vraiment eu. Le voyant sous cet aspect, on en oublie parfois ce qu’il est véritablement. Alors tombe le kimono et se révèle le résultat de son irezumi, Susanoo combattant Yamata-no-Orochi sur un dos que l’âge semble avoir oublié de marquer. Takeshi signe son prénom avec le kanji signifiant guerrier, afin que d’aucun n’ignore que derrière les politesses que l’usage impose, il subsiste un danger qu’il ne faudrait pas négliger.