Y a des bugs dans ma tête, quand j'écrase ma cigarette

Amber avait mal au crâne. La faute à la drogue de Syndel, bon sang. Elle avait passé la soirée chez elle, et elles s’étaient tapé des séries, comme d’habitude. Sa meilleure amie avait eu besoin de drogues pour supporter la reine des neiges, la prothésiste ne pouvait vraiment pas lui en vouloir, Anna lui tapait sur le système. Sans parler d’ Olaf, bon sang, elle avait eut envie de tuer ce petit monstre. Heureusement, la fumée de sa copine avait eut raison de ses neurones. Amber ne fumait pas, jamais, mais les résidus de Syndel suffisait généralement à la mettre dans le même état. Enfin, il fallait dire que la bonne humeur de son amie aidait pas mal aussi. C’était communicatif. Résultat, le lendemain matin, elle avait mal au crâne.

Dieu merci, elle s’était réveillée sur le canapé, et non pas dans son lit. C’était l’une de ses frayeurs, le principal problème d’avoir une meilleure amie qui était aussi une ex, et très clairement son type de femme. Sa vie sentimentale était un bordel sans nom, mais Syndel était toxique au possible. De quoi contrebalancer sa jalousie, et ses envies de destruction maladives. Ensemble, elles étaient comme un cocktail molotov. Personne ne voulait voir ça, encore moins la principale intéressée.

Elle avait donc piqué des fringues propres à son amie le lendemain matin et s’était éclipsée. De la bouffe nouvelle dans le frigo, et un paquet de gâteau sur la table en guise de bonne fois. Elle avait pas de quoi remplir son frigo personnellement, n’ayant pas d’argent, mais elle était plutôt habile avec celui des autres. Syndel allait se réveiller avec vingt balles en moins, et tant pis si elle la détestait pour ça. Elle était partie, non sans lui avoir laissé un petit mot pour lui ordonner de manger plus sainement.

Arrivée à l'Église, très tôt le matin, elle commença sa journée à faire de la paperasse. Toujours autant mal au crâne, elle prit des médicaments, et pria pour que cela passe. Une heure à peine après la prise de ce dernier, alors qu’elle était toujours plus ou moins dans le brouillard, malgré ses deux cafés et la douche froide, elle se rendit compte qu’elle avait rendez-vous. Beurgman ? A moins que ce soit Birgman ? Elle avait du mal à se relire. Se prenant le front dans les mains, elle se massa les tempes pendant les vingt minutes qui suivirent, jusqu’à recevoir l’appel lui indiquant que le patient était la. La porte ouverte, elle attendit les bruits de pas, et se leva quand ces derniers se rapprochèrent. Tendant la main, elle lui adressa un petit sourire malgré sa mine tirée.

Bonjour, je suis Amber. Vous devez être Nikola. Venez, entrez. Vous voulez un thé ?

Au diable son nom de famille ! Elle lui proposa d'emblée une boisson. Le thé qu’elle ne s’ autorisait qu’à prendre qu’avec ses patients, parce qu’elle savourait chaque sachet comme si c’était le dernier. Ce qui serait peut être le cas, vu qu’elle n’avait pas d’argent pour en acheter. Puis, elle se rendit compte qu'elle sentait la weed. Merde, elle était tellement habituée à cette odeur qu'elle n'y prenait plus attention. Résultat, toute la piece embaumait.

Un vieux modèle. Obsolète, mais en bon état, si l’on ne tient pas compte des doigts. Ce genre de prothèses ne se fait plus, elle a quel âge ?

Amber avait manipulé la prothèse tout en douceur, pour voir un peu ce qu’il en retournait. Le résultat en valait le détour. Lui en apprenait beaucoup sur sa provenance. Se retournant, elle avait sortit un gobelet en plastique et lui servit un thé, avant de lui tendre la boîte de sucre pendant qu’elle continuait son expertise. Au bout de cinq minutes de pure concentration ou l’on entendait les mouches voler, elle se tourna finalement vers lui. Enfin, vers son pistolet. Une arme qui, une fois qu’elle l’avait aperçu, attirait inévitablement son attention.

Malheureusement, elle est morte, enfin, rien n’est jamais mort techniquement, mais ça vous coûtera plus cher de la faire réparer, alors que les nouveau modèles sont bien mieux. Moins lourds, plus résistants. Vous travaillez dans quoi ?

Voila. Question stupide. Un homme avec un pistolet fabriqué sur mesure, de couleur blanche histoire de bien le repérer dans la nuit, la bonne blague. Dans quoi il travaillait ? On était à Decay. Cité du vice, de la débauche. A tout les coups, c’était un membre de gangs. Le genre de personnes à ne pas énerver. Mais Amber devait établir un profil, et mieux, évaluer les finances de son interlocuteur. Il n’y avait pas de sécurité sociale ici. Les prothèses, ça coutait un bras. Encore une blague. Elle rigola toute seule, se reprit, et afficha à nouveau son air sérieux.

Je dois avoir un catalogue quelque part.

Et elle plongea dans un tiroir. En écarta certains composants pour trouver le saint graal. Elle se battit pendant cinq minutes, avant de le sortir. Le mouvement qu’elle fit lui envoya un reflux d’odeur. Putain, Syndel. Levant discrètement les yeux au ciel, Amber s’excusa.

Au fait, je suis désolée pour l’odeur. J’ai du emprunter ces vêtements.

Je suis curieuse, parce que votre prothèse est vraiment vieille. C’est un exploit qu’elle ait duré autant de temps, surtout si vous la sollicitez quotidiennement. Mais bon, c’est une bonne marque, ça explique surement la chose.

Elle continuait de trifouiller la prothèse, et sortit finalement sa boîte à outils. Heureusement qu’elle adorait trifouiller ses petits engins. Elle savait donc quoi faire pour les réparer sans avoir à passer par les ouvriers. C’était pas très légal, mais on était à Decay, elle savait à quel point un second bras pouvait vous sauver la vie en cas de bagare. Et puis, de toute façon, la prothèse ne pourrait pas être faite tout de suite, il fallait la commander, l’ajuster, faire un peu de rééducation. Ce genre de choses. Sortant un autre tournevis, elle ouvrit finalement la prothèse, pour en sortir les fils dénudés, regarder un peu la bête, alors que son client regardait son catalogue.

Le choix fut vite fait. La meilleure ? C’était une blague ? Il n’y avait pas de meilleure, ça dépendait de l’usage qu’on en faisait. Mais il s’en fichait, elle voyait bien qu’il s’ennuyait. Merci, elle était quand même la pour lui. Amber ne fit pourtant aucun commentaire, l’arme qu’il portait à la ceinture avait cet effet dissuasif. L’empêchant de continuer une joute verbale inutile avec ce bonhomme qui avait posé ses couilles sur la table en ricanant.

La meilleure, c’est selon moi celle qu’on fait pour les athlètes de haut niveau. Elle ouvrit le catalogue à l’une des dernières pages, désignant un modèle absolument pas fonctionnel dans la vie de tous les jours. Vous la voulez, ou préférez pouvoir vous servir de vos dix doigts ?

Argh, c’était peut être incisif, elle se mordit la lèvre. Pas bien Amber, attaquer verbalement les gens avec des pistolets ne se finissait jamais très bien. Le fait est qu’elle était à nouveau sur la prothèse. Plongée à la réparer, alors qu’elle savait pertinemment qu’elle aurait dû s’excuser. Sa prothèse était étrangement en mauvais état, un très mauvais état. C’était une catastrophe, un miracle si elle avait pu fonctionner jusque la. Amber poussa un petit sifflement en voyant la tronche des composants.

Dans tous les cas, je vais réparer celle la, en attendant que l’autre arrive. Ça risque d’être un peu long. Elle soupira, se gratta les cheveux, un peu gênée. Je suis désolée, pour mes paroles précédentes. J'ai pas beaucoup dormi.