Chapitre 2 : La Corporation
Decay
Decay, destination de tous les possibles, terre en friche où fourmillent les possibilités et l'argent facile, où chaque vice est accessible, chaque désir libre d'être comblé. L'île prospère, se vautre dans sa propre réussite, quand l'ouragan Isaac survint, balayant sur son passage les installations des gangs comme leurs prétentions. Et un nouveau groupe émerge des brisures laissées par la tempête, la Corporation. Forte de son budget, celle-ci s'invite en sauveuse, promet à tous une aide financière et humaine, des avancées conséquentes, pour une vie meilleure. Avides de pouvoir ou simples fantoches, qui sont vraiment les acteurs de cette entité inédite qui prétend étendre son influence à tout Decay.
11/10/2020 HRP
La Newsletter est sortie ! Beaucoup de changements au programme, par ici
11/10/2020 RP
Quelques semaines après la fin de l'ouragan, la Corporation dévoile son visage ! A lire par ici
12/09/2020 RP
L'ouragan Isaac s'abat sur l'île ! Pour en savoir plus, par ici
12/09/2020 HRP
L'event Hurricane est lancé ! Vous pouvez toujours le rejoindre par ici.
27/08/2020 HRP
Nouvelle newsletter ! La lire ici.
05/07/2020 HRP
Nouvelle newsletter et nombreux changements ! La lire ici.
30/05/2020 HRP
Nouvelle newsletter en cette fin de mai ! La lire ici.
30/05/2020 RP
Un nouveau système de réalité augmentée sort au Space Station Bar ! Participer ici
5/04/2020 RP
Le Carnaval de Napoli est lancé ! Extravaganza
8/04/2020 HRP
Nouvelle newsletter ! La lire ici.
18/03/2020 HRP
Ajout des missions et petite update de l'index !
28/02/2020 HRP
Deuxième newsletter ! La lire ici.
28/02/2020 RP
La Milice redouble de violence et est plus présente sur le territoire de Decay !
31/01/2020 HRP
Première Newsletter, bébé forum deviendra grand ! La lire ici.
31/01/2020 RP
L'intrigue "Paranoïa" a été lancée ! Par ici.
17/01/2020 HRP
Ouverture du forum ! N'hésitez pas à rejoindre le Discord !
Il parait qu'une jeune fille a été aperçue allant dans les égouts. Depuis, elle n'a plus donné aucune nouvelle d'elle. Une nouvelle victime des monstres vivant dans les égouts ?Une vingtaine de serpents en liberté auraient été aperçus sur les Docks. La Triade en sueur.On déplorerait trois morts suite au dernier barathon de la rue de la soif.À Kabukicho, des rumeurs sur l'affaiblissement des effectifs du clan Oni commencent à poindre. L'absence de Yokai se fait-elle enfin ressentir ou cela n'est-il que le fruit de l'imagination de quelques résidents ?Une certaine Shrimpette serait en train d'écrire une fan-fiction sur certains membres de Decay.On dit que l'ensemble du corps d'un certain mercenaire travaillant pour la Triade serait entièrement recouverts de ses nombreux crimes. Une dizaine de cadavres auraient été découverts, au cours du mois de Janvier, sur les Docks. Certains évoquent un règlement de comptes. Un tout nouveau malware parcourrait la toile, déguisé sous la forme d'un logiciel à première vue inoffensif. Il installerait une backdoor sur les machines infectées. Pour quelle raison ? Cela reste un mystère. Une femme vagabonde à la chevelure d'un noir profond et aux yeux écarlates prendrait en charge des malades et blessés au travers de Decay pour une misère, offrant une alternative médicale à celle dispensée par l'Église. Fin Janvier/Début Février, une course de rue, en pleine nuit, aurait conduit certains hommes hors des pistes. Plusieurs voitures seraient sorties de la route suite à un « conducteur fantôme ».
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Le mal du pays. Personne n'y échappait réellement. Tôt ou tard, il venait frapper à la porte de quiconque n'était pas réellement à sa place. Alessa, bien que née et élevée à Neo Atlantis, ne faisait pas exception à la règle. Ce n'était pas son véritable chez soi. Ici, elle s'armait de faux semblants et d'un masque de pierre dissimulant ses véritables émotions. Elle n'était pas elle même et ça la tuait. Le besoin d'y retourner se faisait ressentir chaque jour, chaque heure, chaque minute, chaque seconde. Ca la rendait folle, au point où elle n'eût d'autre choix que de céder à l'appel du vide, de replonger dans cette fange affectueusement nommée Decay, mais qu'elle appréciait pourtant du fond de son coeur.

En tirant les bonnes ficelles, la milicienne sut comment s'y rendre. Sa position lui permettait de s'assurer une certaine sécurité quant au motif de la traversée, ses relations l'autorisaient à aller et venir tant qu'elle acceptait d'y mettre le prix. Si jamais problème il y avait, Alessa savait que cela ne durerait pas longtemps, grâce à elle. Malgré tout, elle devait faire profil bas, au moins le temps de quitter Napoli, là où trop de monde serait susceptible de la reconnaître. Après quoi, elle s'en éloigna le plus possible. Elle avait pour projet de se rendre à Chicago, d'y rester quelques jours le temps de ressourcer. Quel genre de folle allait prendre des vacances à Decay ? Le genre qui n'avait peur de rien, qui était déjà ressorti de l'Enfer et qui n'hésitait pas à sortir un flingue de son manteau et à presser la détente si on l'importunait. Bref, le genre Alessa. Elle restait cependant humaine, elle-même. Lors de son trajet, elle ne put s'empêcher de venir à quelques personnes dans le besoin. Les soins de l'Église étant particulièrement onéreux en raison du monopole qu'ils exerçaient à Decay, beaucoup de monde avait du mal à se le permettre. Beaucoup ne voulaient pas vendre un rein – littéralement – pour soigner une simple infection. Et parmi ces personnes traitées, quelques unes firent circuler la rumeur d'une femme à la chevelure ébène et aux yeux rouges qui acceptait de prendre les nécessiteux en charge, laquelle traversa les frontières plus rapidement que la femme elle-même.

Au cours de son voyage pour l'est de Decay, elle dût faire quelques escales, dont une en plein coeur de Moskva. L'idée, certainement discutable, lui valut d'être reconnue par le tenancier d'un genre d'auberge à l'allure un tantinet délabrée alors qu'elle ne cherchait qu'un endroit où se reposer, un homme d'âge vénérable à l'accent russe très prononcé. Et malheureusement, ce n'était pas sous le coup de la bouteille qu'il s'exclama à la vue de la femme, mais bien sous la plus grande des lucidités, attirant au passage les regards inquisiteurs de la maigre clientèle des lieux. Alessa rajouta un billet de plus sur le comptoir.

« Moins fort. »

Son ordre, laconique, laissait transparaître toute sa lassitude vis-à-vis de la situation actuelle. À cause d'une grande gueule, elle était déjà repérée. Elle regrettait presque d'être venue en aide à tous ces gens sur son chemin. Alessa allait cependant devoir se faire à la situation actuelle, car sous peu, elle se retrouvera avec une petite file d'attente devant la porte de sa chambre.

« Vieil homme. Je veux 10% de la recette rapportée par la clientèle affluente, pour le dérangement. Soit on a un deal, soit je trouve un autre endroit où reposer. »

Bien qu'outré, il ne manqua pas cette occasion en or, trop craintif d'y perdre bien plus en cas de refus. L'accord fut scellé par une simple poignée de main avant que la femme corbeau ne s'éclipse dans un couloir pour y disparaître et s'isoler dans sa chambre du jour. C'était étrangement calme. Et il ne faisait aucun doute que, sous peu, certains viendront se payer une chambre ici juste pour se faire soigner. Il ne fallut pas plus d'une trentaine de minutes pour que la première personne vienne toquer à la porte de sa chambre. Les informations circulaient beaucoup trop vite, même de bouche à oreille. Et à cause de ça, elle ne pourra sans doute pas rester plus d'une nuit ici, avant que l'Organizatsyia ne vienne fourrer son nez dans ses affaires.

« C'est ouvert. »


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Je n’attendis pas que le bateau accoste pour sauter sur le quai, mes ranger claquèrent sur une flaque d'eau, mais ce n'était rien comparé aux rafales de vent qui venaient balayer la pluie sur mon imper ciré noir. Bien loin de ce que j'avais affronté il y a trois semaines de cela avant d'embarquer depuis l'Australie. C'était alors des rafales de flammes qui ravageaient Brisbane réduisant en cendres petit à petit, quartier par quartier la ville et exerçant une pression constante qui me faisait rester sur mes gardes de jour comme de nuit m'empêchant de dormir.

L'atterrissage au sol un peu brusque me fit quelque peu regretter ma décision, lançant la douleur provenant de ma plaie récente, à cause des lourds sacs qui contentaient tout mon matériel et exerçant une tension sur mon avant-bras blessé.

« Connard de viet... »

Cela me rappela l'altercation. Trois jours plus tôt, en sortant du fond de cale du rafiot sur lequel j'avais embarqué, en montant sur le pont, j'ai heurté un des passagers. Ce dernier s'exclama dans un dialecte qui me hérissa les poils, du Thaïlandais ou je ne sais quel langage de bridé. L'ignorant et continuant mon chemin, le type me provoqua en me donnant un coup dans l'omoplate. À peine m'eu t'il touchée que je saisis son poignet pour l'entraîner dans son dos puis en même temps de mon autre main plaquer son crâne contre le mur suintant de rouille de notre embarcation de luxe.

« Maintenant, tu va fermer ta gueule et retourner bouffer des rats à la cale et que je ne te vois plus t'approcher de moi compris ? »

Je repris ma montée jetant un coup d'œil derrière moi, voyant l'Asiatique immobile dans les escaliers. En allant me coucher le soir, je m'assurai comme depuis deux semaines que personne ne rentrerai dans ma cabine tout confort en disposant un morceau de taule ayant, je ne sais quelque utilité à bord contre la porte afin d'être alertée en cas d'intrusion. À peine sur le point de m'endormir, j'entendis la taule tomber au sol suivi de ce qui devait être des jurons vu le ton employé dans la même langue que l'asiat que j'avais croisé plus tôt. Ce dernier était présent, accompagné de deux compatriotes qui se jetèrent sur moi armés de canifs. Sans perdre mon sang-froid, je saisis instinctivement mon propre couteau qui était posé à quelques centimètres de mon matelas en sacs marchandises illicites.

« Allez ! Approchez les connards, je crois que votre pote vous a pas bien expliqué la situation ! »

S'en suivit un échange de coups dans le vide presque ridicule de la part de ces messieurs, l'un d'eux perdit son couteau en tentant de m'atteindre puis s'enfuit voyant que je venais de poignarder au visage un de ces sales jaunes logeant ma lame crantée dans son œil puis l'extirpant en repartant avec un bonus de chair. Le troisième et dernier présent ,était celui que j'avais maîtrisé plus tôt. Il profita que mon bras était tendu pour y faire une entaille, peu profonde dû à un certains manque de force, mais emmerdante. Cela ne me fit pas flancher pour autant et je gardais en tête mon objectif, faire saigner ce sale petit bridé. Pour le distraire, je fis quelques petits pas sur place pour fendre mon bras en direction de son épaule et en attirant son attention sur mon couteau, j'en profite pour lui asséner un coup dans l'abdomen, suite à quoi il tomba à genoux. D'un coup de pied vif, j'écartai son canif, s'en suivit une petite séance d’acupuncture avec mon couteau de chasse qui relâcha la pression en chacune des articulations de ce petit asiatique et défit ses membres un à un.

En repensant la scène, je me frottais sans m'en rendre compte le bandage de fortune que je m'étais fait la veille. J'entendis alors un gros impact dans l'eau venant de derrière moi, en me retournant, je vis que l'on jetait ce qui s’apparentait à des sacs contenant des corps dans l'eau. Certainement les parasites que j'avais éliminés.

« Bon, c'est pas le tout de rêvasser, mais maintenant faut que je trouve un endroit où crécher dans ce merdier »

Le navire avait accosté dans une zone qui ressemblait à je ne sais quel Chinatown que l'on pouvait trouver en Australie ou dans bien d'autre pays. Cet endroit me répugnait, avec ces néons vert et rouge et tous ces symboles immondes qui ne ressemblait à rien. De dégoût, je crachai en direction des bâtiments, puis me mis en marche vers une zone avec une tout autre ambiance bien plus appréciable. Au fur et à mesure que je marchais, on pouvait remarquer que l’accent, passait d'asiatique à celui des pays de l'Est. Parmi les discussions, j'ai pu remarquer deux gars qui parlaient d'aller se faire soigner dans un hôtel. Une aubaine, les deux seules choses dont j'avais besoin pour le moment. Je me mis à les suivre tout en gardant mes distances. J'ai dû finir par trouver l'établissement moi-même qui ils furent passés à tabac et dépouillés sur le chemin.

L'établissement ne donnait pas envie, mais justement, c'est ce qu'il me fallait pour rester inaperçue pour le moment. En poussant la porte, j'entrais dans une salle assez vide. Un homme assez usé par le temps dirons nous se trouvait derrière le comptoir, j'avançai dans sa direction tout en sortant d'une de mes poches une liasse de billets puis la posant sur le bar et lui lançant un beau sourire totalement forcé.

« Une chambre, ou du moins un truc qui y ressemble. Et sinon j'ai crû comprendre que z'auriez un médecin ici, si vous aviez l'amabilité de me l'indiquer »

Le vieux tapa de sa main la liasse de billets me faisant comprendre qu'il fallait la faire grossir et gardant une expression totalement neutre. Puis je pris une deuxième liasse plus légère et l'ajouta au tas. Avec son plus bel accent et son haleine de fumeur, il me dit tout en tendant le bras vers un couloir.

« Troisième à droite pour vous, et au fond pour la doc »

Je pris mes deux sacs puis me dirigeai vers la pièce du "doc" en gardant mes sacs craignant que n'importe qui puis les voler durant mon absence. Une fois devant la porte, une lumière passant entre les gonds m'assura qu'elle était occupée et je frappai, puis ouvris la porte entendant une réponse.
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La porte s'ouvrit doucement après qu'Alessa ait sommé la personne se trouvant derrière de rentrer. Lors des premiers instants, elle ne prêta pas grande attention à l'individu en train de pénétrer les lieux, s'affairant plutôt à terminer de déballer ses effets personnels, à préparer le lit et à aménager la pièce de sorte à ce qu'elle puisse y naviguer sans risque lorsqu'elle transportera du matériel fragile ou des substances plus ou moins précieuses à Decay. Elle ne pouvait pas se permettre de perdre quoi que ce soit puisqu'un tel drame était synonyme de deux alternatives, ni plus ni moins. La première, aller se fournir à l'Église ; aucune chance, pensa-t-elle. La seconde, abandonner d'éventuels malades graves à leur sort et les laisser entre les mains de cette institution peu scrupuleuse ; hors de question.

« Installez-vous, j'en ai pour trente secondes. »

C'était le cas de le dire. Elle en eût peut-être même pour moins que ça, juste le temps de pousser sa malle à moitié dans un coin de la salle. Une fois ceci fait, la doctoresse se retourna pour faire face à la personne venant tout juste d'arriver. Elle se serait attardée à décrire son physique si seulement il n'y avait pas eu ce gros sac derrière elle, lequel émit un son très distinctif à chaque mouvement un tantinet trop brusque. Au cours de sa vie, Alessa avait eu le loisir de côtoyer bien des armes. Tout ça ne lui était certainement pas inconnu. Elle veilla cependant à poser les limites de cette rencontre d'un ton neutre quoiqu'un peu sec, le tout empreint de cette autorité la caractérisant bien.

« Je ne veux pas que quoi que ce soit sorte de ce sac. Vous pouvez le garder avec vous seulement si vous respectez cette clause. »

À Decay, les incidents étaient nombreux, de même que les vols. Elle en avait parfaitement conscience et voulait éviter de créer le moindre problème, que ce soit pour elle ou pour sa patiente. Tant que cette dernière acceptait cette seule et unique condition, tout se déroulera pour le mieux.

Elle se permit ensuite quelques coups d'oeil à destination de la patiente. D'apparence, elle ne semblait pas atteinte d'une quelconque maladie. Pas de cernes à la noirceur presque surnaturelle, pas de teint plus pâle qu'à l'accoutumée, pas de respiration irrégulière ou de tremblements. Rien de tout ça. Cela laissait penser que la femme sur-équipée venait ici pour autre chose, sans doute pour un mal plus psychologique ou peut-être pour une blessure qu'elle parvenait à dissimuler derrière un air impassible.

Alessa l'observa une nouvelle fois, mais dans le détail. Ses iris écarlates passèrent en revue l'intégralité de la silhouette en face d'elle, ce qui lui permit notamment de repérer un bout de bandage dépassant d'une manche de l'imperméable. Lâche, il semblait avoir été fait à la main et un peu dans la précipitation. Curieuse, l'italienne s'approcha de l'autre femme puis se saisit de son poignet, cependant sans forcer. Elle le releva prudemment et retroussa la manche le recouvrant pour observer le travail réalisé dans l'objectif de panser cette plaie. Aux yeux d'une personne aux connaissances médicales basiques voire inexistantes, cela ne devait probablement pas poser de problème. À ceux d'Alessa, par contre...

« Combien de jours avec ces bandages ? Deux ? Ou trois ? S'il s'agit d'une plaie ouverte, vous risquez l'infection ou même la nécrose des tissus. Il faut les changer plus souvent que ça. »

Cette fois-ci, Alessa ne ménagea pas son interlocutrice. Sa poigne, forte et ferme, avait pour but de lui faire comprendre qu'il en allait de son bien, au cas où il lui viendrait l'idée de protester. Elle l'invita à s'asseoir sur le lit, maintînt l'avant-bras de la patiente parallèlement au sol et commença à lui retirer son bandage. Une fois ceci fait, elle ne tarda pas pour s'en débarrasser et aller se laver les mains avant de revenir vers la blessée pour observer la plaie. Fort heureusement, aucune nécrose n'était à déplorer. Pas même une petite infection.

« Aucun problème à signaler, vous avez de la chance. Mais à l'avenir, faites plus attention. Si vous voulez rester en mesure de faire feu sans souffrir le martyr, traitez vos plaies avec le plus grand soin, aussi petites soient-elles. »

Sur ces mots, elle s'éloigna pour aller se munir de coton, d'un flacon d'antiseptique et d'une compresse encore emballée avant de revenir pour s'asseoir à côté de sa patiente.

« Ca vient d'un couteau, je suppose. L'entaille est trop peu profonde pour que ça vienne d'une arme plus grande que ça. Et le coup semble avoir été porté à l'arrache. Je ne vais pas vous demander ce que vous faisiez dans une baston du genre, ça ne regarde que vous. Par contre, j'aurais besoin d'en connaître le plus gros du déroulement. Vous avez peut-être quelques blessures que je ne soupçonne pas. »

Dans un même temps, elle ouvrit l'antiseptique, recouvrit le goulot avec une pièce de coton et retourna le tout pendant à peu près deux secondes. Elle s'empressa ensuite de refermer le flacon  et commença à traiter la plaie de la bagarreuse en la désinfectant. Vu le temps qui s'était écoulé depuis, ça ne devrait pas lui arracher la moindre grimace. Et puis, c'était une grande fille, non ?
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J'entrai donc à l’intérieur de la chambre, pas très grand pensai-je, lumière blafarde et une fenêtre avec les volets baissés facilement fracturable. Au centre à côté du lit déballant des affaires, une femme aux cheveux d'un noir éclatant, ça se voyait qu'elle prenait soin d'elle pas comme tout ces ... ces gens que l'on pouvait croiser dans les quelques rues crasseuses que je venais de traverser.

« Bonsoir, à cqu'il parait z'avez des compétences médicales ? »

J'ai alors posé mon sac d'équipement derrière moi contre la porte entendant la consigne de la femme affairée, la surveillant quand même du coin de l’œil. La voyant dévier son attention sur moi, je me suis mis à détacher mon sac à dos pour le poser sur le premier plus imposant faisant tinter le contenu des deux sacs. J'ai ensuite moi-même porté mon attention sur elle, elle ne semblait pas armée, pas grand chose à craindre. Dans le pire des cas, j'ai toujours mes poings. Je m'aperçus alors que la femme ne me fixait pas moi, mais mes sacs d'équipements. Sa remarque qu'elle me fit, prouvait que même si elle n'était pas du coin, elle connaissait bien le terrain à risque sur lequel nous nous trouvions.

« Craignez rien m'dame, je pense pas que mon pyjama vous intéresse donc j'ai pas d'raison de toucher à mon sac »<

Elle me fixe de nouveau ? Elle doit penser que j'ai quelque-chose sur moi vu que je garde mon sac à distance. Voyant qu'elle se mit à se rapprocher, je gardais ma respiration calme pour ne pas trahir la présence de quelconque sentiment pouvant la faire me suspecter. Sa main saisit alors mon poignet atteint. Pas si suspicieuse que ça en fait. Je la laissais alors faire ce qu'elle avait à faire sans bouger.

« Deux jours, c'est ça ... Nah, j'aurais bien voulu mais j'comptais pas déchirer des vêtements pendant ma croisière et puis j'y ai mis un bon rhum dessus pour décrasser ... »

Quand la brune me fit signe de s'asseoir, je m'exécutai, j'avais très envie de basculer en arrière et de m'affaler dans le lit, mais ce n'était pas encore le moment, ni la bonne chambre pour d'ailleurs. Sentant qu'elle renforçait un peu plus sa poigne, j'esquissai un léger sourire, pensant qu'elle faisait cela pour me montrer à qui j'avais à faire et qu'elle n'était pas sans défenses. Je profitais qu'elle était concentrée sur ma blessure pour regarder ses yeux qui m'intriguaient depuis le début, certes, je parierais que ce sont des lentilles, mais leur couleur et profondeur pourraient laisser croire qu'il s'agit de leur couleur naturelle.  
Suite à compte-rendu bref que me prononça la doc, je n'eu pas envie de réagir à sa remarque sur les armes, après tout cela ne regardait pas cette inconnue qu'elle ne risquait pas de revoir au milieu de ce labyrinthe chaotique qu'elle avait à peine aperçu en chemin.

« J'aurais bien essayé d'recoudre ça moi-même, mais j'ai préféré laisser un peu traîner et trouver un pro pour m'faire ça. Chui pas l'genre à laisser pousser un cancer dans mon dos et attendre qu'il m'tue pour réagir »

Toujours alerte, je la suivais du regard lorsqu'elle se leva pour aller chercher son matériel, certainement pas du matériel de la qualité qu'on doit trouver dans ces rues, c'était désormais sûr qu'elle ne venait pas d'ici.

« Hmm, ouais c'bien ça un canif même je dirais. Et de toute façon je pense pas que ça vous servirai à grand chose de le savoir. »

Lorsqu'elle vint à me désinfecter, je ne ressenti rien, après tout; la blessure elle-même n'avait pas était douloureuse pour me déconcentrer sur le moment.

« Effectivement y'a ptet bien aut chose, mais j'suis même pas sûre que ce soit encore visible, une contusion tout au plus à l'omoplate droite à cause d'un de ces ... »

Un de ces sales asiat de ... pas la peine d'y repenser Kate, ils ont eu leur compte Une fois qu'elle eu finit de passer son coton, je me leva lui faisant signe de s'interrompre. Une fois debout, j'ai commencé à me défaire de mon imper en faisant attention à ce que la manche ne frotte pas trop sur la plaie qui était restée à nue. Lorsque j'eu fini de le retirer, je le mis en boule pour le jeter sur mes sacs. En le regardant s'écraser, je vis que la crosse du couteau serait visible pour un œil averti. Mais bon après tout, je viens de m'en séparer donc au contraire cela ne devrait trop l'inquiéter. Je ne m'attardais pas trop sur la chose pour ne pas attirer son attention dans cette direction. Je fis rouler mes omoplates pour détendre un peu mes épaules avant d'enlever mon haut révélant une brassière sportive couleur anthracite. Je me rassis ensuite à côté d'elle puis je baissai la bretelle du côté droit pour dégager l'épaule. Il faut reconnaître que la chambre n'était pas particulièrement chaude, d’ailleurs un frisson me parcourut l'échine de bas en haut me faisant me remuer par réflexe. Je tendis à nouveau mon bras à la soignante et me mit à observer ses gestes. Je profitai alors qu'elle ne parlait pas pour lui poser une question à mon tour.

« Dites moi m'dame, z'êtes pas du coin vous ? Qu'est-ce que quelqu'un comme vous fait dans un endroit pareil ? Vot passe-temps c'est d'jouer les samaritains ? »

Je pencha alors la tête sur le côté attendant sa réponse, me donnant un air un peu bête volontairement pour essayer de paraître naïve, même si je savais que mon apparence et mon physique à découvert désormais allaient me trahir instantanément. Allez faire croire à quelqu'un de censé qu'une femme avec une musculature pareille est une simple touriste, qui plus est une touriste à Decay.
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Malgré ses possessions et ses blessures indiquant clairement qu'elle était formée à une vie des plus mouvementées, la patiente décida de jouer la carte de l'insouciante, de la niaiserie, même. Quel secret voulait-elle protéger ? Alessa n'en avait pas la moindre idée et ne cherchait pas vraiment à le savoir, étant avant tout ici pour effectuer son travail. De plus, fouiner dans les affaires d'autrui ne l'intéressait pas particulièrement, à moins que cette personne se révèle être une ennemie de ceux qu'elle cherchait à protéger. Mais pour l'heure, rien n'allait dans cette direction, rien ne laissait supposer que la patiente comptait s'en prendre aux Lombardi un jour, pas même ce lot d'armes qu'elle osait trimballer puisque leur usage futur demeurait un mystère des plus complets.

Suite aux précisions de sa cliente, Alessa observa la plaie d'un peu plus près. Désinfection par alcool, bien que de façon certainement rudimentaire. Au moins, grâce à ça, la muclée avait probablement évité le pire. Cette prise d'initiative restait un bon réflexe de sa part, surtout en prenant en compte le fait que beaucoup se seraient simplement contentés d'appliquer quelque chose sur la plaie sans la désinfecter au préalable. Alessa hocha la tête en signe d'appréhension mais s'affaira toutefois à maintenir le bras dans la patiente dans les airs. C'était une nécessité tant qu'elle n'avait pas terminé, tout comme il lui était nécessaire d'obtenir plus de précisions sur l'altercation, contrairement à ce que la bagarreuse laissait sous-entendre.

« Détrompez-vous. Le savoir, c'est le pouvoir. Cette maxime s'applique à tous les domaines possibles et imaginables. En sachant de quel type de lame il s'agit, je peux déterminer avec plus de précision si d'autres dommages peuvent être déclarés. Vous pouvez toujours passer les motifs de votre altercation sous silence, ce n'est pas ça qui me préoccupe. Mais concernant le type d'armes employées, les coups portés et caetera, il vous serait bénéfique de ne rien oublier. »

Pour cette raison, la doctoresse se montra particulièrement attentive lorsqu'on lui fit la mention d'une autre blessure éventuelle, laquelle se trouvait probablement à l'omoplate droite. Une fois qu'elle eût terminé de désinfecter la plaie, elle s'éloigna quelques instants pour se débarrasser du morceau de coton usagé et pour remettre l'antiseptique à sa place. Pendant ce temps, la patiente ne perdit pas de temps pour se mettre plus à l'aise et révéler la partie de son corps éventuellement blessée. Quelle carrure militaire, un simple constat qui traversa l'esprit d'Alessa. Une stature que certains hommes un peu trop fins pourraient envier.

« Si vous arrivez à bouger le bras sans ressentir le moindre mal, c'est que ça ne doit pas être bien grave. Je vais tout de même regarder, par simple précaution. »

Une fois les mains libres, elle revînt se placer à côté de la patiente, ou plutôt derrière cette fois-ci. La différence de taille entre elles deux se fit un peu plus notable en raison de cette nouvelle proximité, bien que n'empêchait en rien Alessa d'opérer. Elle leva sa main droite, s'emparant du poignet de la blessée pour lui relever le bras un en angle perpendiculaire à son buste. Sa main libre vagabonda à son tour jusqu'à se poser sur l'omoplate de la bagarreuse. Elle veilla bien sûr à ce que ses ongles ne viennent pas la griffer lorsqu'elle se mit à tâter l'os au travers de la peau, appliquant parfois quelques pressions sur celui-ci.

« Si la moindre douleur se fait ressentir, dites-le immédiatement. »

Son objectif n'était pas de faire naître le mal mais bien de le trouver s'il y en avait un. Méthodiquement, elle passa en revue toutes les parties du scapula en commençant par son sommet, son coracoïde, traversa l'acromion pour terminer par la glénoïde, sans qu'aucune malformation ou dislocation ne fasse ressentir au toucher. Ne restait plus qu'à voir si la patiente souffrait d'un quelconque mal. Ce n'était cependant pas le cas ; pas assez pour l'empêcher de jouer la paysane niaise. D'un côté, Alessa s'amusa de cette réaction. De l'autre, elle tenta également de garder un certain professionnalisme. Ce mélange donna tout naturellement naissance à une provocation dissimulée derrière un genre de menace, laquelle ne fut cependant pas appliquée pour le bien de cette consultation.

« Ce n'est pas très malin de chercher à tromper la vigilance d'une personne en position idéale pour vous casser un bras. Je ne sais pas d'où vous vient ce besoin de paraître plus idiote que vous ne l'êtes, mais ça ne prend pas. »

Tout de suite après, elle la libéra, faisant glisser la main droite le long du bras de sa patiente pour le replacer correctement et en douceur. Elle se recula ensuite, la contourna et s'arrêta sur l'un de ses flancs pour lui monter un mur du doigt.

« Avancez jusque là, mettez vos mains sur le mur et poussez comme si vous cherchiez à le déplacer. »

La manoeuvre, ridicule d'apparence, avait pour simple objectif de voir si l'omoplate ressortait plus que nécessaire lorsqu'une pression était exercée.

« Et non. Je ne suis pas de Moskva, encore moins de Decay. J'y ai cependant passé une partie de ma vie et suis de retour pour des raisons personnelles. Quant à ma conduite, disons que je respecte simplement le serment que j'ai prêté en devenant docteur. Rien d'intéressé ni de malhonnête. Pas avec ça, tout du moins. Courte pause, le temps de souffler et de river son regard sur les muscles saillants de la femme, les observant se mouvoir naturellement au gré de ses mouvements. Et vous ? Inutile de me ressortir la carte de l'insouciance. Vous semblez entraînée, en parfaite condition physique, et transportez tout un tas de joujous mortels avec vous. Ce n'est certainement pas pour aller compter les pâquerettes dans un champ. »
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Je laissai alors la soignante faire ses manipulations à but diagnostique. Remarquant la technicité, mais aussi la délicatesse des gestes de la femme, cela me fit penser que cela faisait longtemps que quelqu'un n'avait toucher cette peau avec une telle attention, bien que dans le cas présent ce ne soit que purement professionnel. Cela devait faire plus de six mois que je n'avais pas eu de réel contact humain. Les derniers mois passé Australie consistaient plus à revêtir l'armure et bouger sans arrêt tentant d'éviter le mur de flammes qui ravageait le pays. Les seuls contacts étaient soit des clients, soit des cibles histoire de financer mon départ.

« J'peut pas dire que j'ressens des douleurs mais, par contre j'ai une tension constante dans les épaules au niveau du haut dl'omoplate »

Je voulus rire entendant le ton que la brune venait d'employer, mais je préférai adopter un sourire plus naturel que le précédent. Je tournai alors légèrement la tête pour vers elle pour voir sa réaction en lâchant.

« Je cherche pas à paraître plus idiote que le suis, j'essaye juste d'avoir l'air plus aimable que tout ces pauv gens qu'on peut voir dehors, j'vois pas pourquoi j'voudrais jouer avec la vigilance de ma bienfaitrice »

Le femme me donna de nouveau un ordre, n'en comprenant pas trop l'utilité, je me dis alors que ça avait certainement un intérêt pour elle. Je m’exécutai et me positionnai de manière à pouvoir prendre appui sur mon pied droit placé en avant du bassin, ma jambe gauche tendue, me servit à exercer une pression me donnant la force nécessaire à m'appuyer sur le mur. Mes coudes partant vers l'arrière réveillaient un peu plus la tension présente dans mes épaules. L'état plus qu'a désiré du mur le faisait légèrement se courber à l'endroit où j'exerçais ma pression, aussi je choisis de relâcher un peu, le but de l'exercice n'étant pas de briser le mur. On a donc affaire a un médecin qui vient se balader dans des taudis comme ça et délivre des soins au passage ? Ils ont pas de doc ou d’hôpitaux dans l'coin ? ... Ah bah j'me disais qu'elle allait pas en rester là.

« Moi, eh bien chui une ex militaire à la retraite qui prend soin de son corps. Et malheureusement vous vous trompez de peu, je souhaitais planter les parasols dans mon sac sur les belles plages de sable blanc de cette île de rêve. Nan pour tout vous dire m'dame, je compte bien tirer mon épingle du jeu dans c'trou. Comme vous d'vez l'entendre à mon accent chui pas du coin, ch'sais pas si vous z'avez les infos ici, mais ma terre est en feu... plus rien à en tirer, j'compte donc prendre un nouveau départ ici et profiter un peu de la vie voyez. »

Après m'être dévoilée un peu plus à cette inconnue, sans raison apparente si ce n'est l'envie d'avoir une conversation normale, j'ai cessé de forcer sur le mur dont j'ai pu admiré la peinture écaillée, mon visage étant seulement à quelques centimètres sans pour autant y toucher et y salir ma chevelure. Me tournant désormais vers elle, tenant toujours ce sourire à mon visage, j'attendais désormais d'éventuelles nouvelles directives.
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Un petit hochement de tête survînt à la description des symptomes faite par la blessée. En ne prenant tout ceci en compte, et après avoir examiné l'intégralité de la partie concernée, les possibilités s'éliminaient d'elles-mêmes. Fort heureusement pour l'ex militaire, les éventualités les plus graves furent elles aussi écartées par la même occasion. Cela restait cependant à traiter avec la plus grande des précautions, ceci pour lui éviter des complications futures.

Alessa l'observa en silence lorsqu'elle prit position près du mur, respectant les consignes qui lui avaient été fournies. Les yeux écarlates de la doctoresse se posèrent en particulier sur les trapèzes de la blessée, cherchant le moindre signe d'un mouvement suspect ou d'une protubérance qui ne devait pas être là. Aucune anomalie à signaler, ce qui lui permit alors de se concentrer un instant sur les propos de son interlocutrice. Une australienne, hein ? Alessa ne l'aurait pas supposé. Si l'accent de l'étrangère suffisait à faire comprendre qu'elle n'était pas d'ici, l'expérience linguistique de l'italienne n'était cependant pas assez développée pour lui permettre de déterminer d'où la musclée venait sans un petit coup de pouce. Heureusement, le mystère ne battit pas son plein bien longtemps.

« Parmi toutes les destinations du monde, vous choisissez celle-ci qui n'est pas la plus attirante, loin de là. Il doit bien y avoir une raison derrière ce choix. Si ce n'est pas trop personnel, j'aimerais bien savoir pourquoi Decay. Nous avons du temps devant nous, autant le tuer de la meilleure des façons. »

Meilleure ? Ca restait encore à prouver. Pas d'alcool, pas de stupre. Cet instant pouvait être rendu meilleur de bien des façons. Il serait cependant inconvenant de dévier la raison originale de cette entrevue sans avoir réglé tous les problèmes de l'australienne avant ça.

« Concernant les informations, elles circulent bien ici aussi, même si les gens préfèrent se concentrer sur toute la merde autour d'eux plutôt que celle à l'autre bout du monde. Seuls ceux de Neo Atlantis peuvent s'octroyer le luxe de s'inquiéter du reste du monde. »

Bien qu'elle en était originaire, Alessa s'excluait de cette masse. Cela faisait de nombreuses années que son coeur appartenait à Decay, à maintenant et à jamais. Passer la plupart de son temps à Neo Atlantis pour le travail ne changeait rien à ce simple fait. Et en parlant de travail, peut-être serait-il temps de s'y remettre, maintenant que son diagnostic semblait certain.

« C'est trois fois rien. Vous n'allez pas mourir dans trois jours, soyez-en rassurée, plaisanta-t-elle avant de reprendre un brin de sérieux. À moins que vous décidiez d'aller vous faire traiter à l'Église, mais je ne vous recommanderais pas ça. C'est une règle d'or ici, au cas où vous ne seriez pas au courant. Ils ont peut-être de quoi traiter les patients comme le ferait un hôpital, mais le problème réside ailleurs ; dans les prix exorbitants et les histoires qui se racontent à leur sujet. Personnellement, je préférerais de loin me faire opérer par le doc' d'un gang, tant qu'il n'est pas russe. »

Eux aussi avaient la mauvaise manie de piquer des organes pour les revendre, en plus de baigner dans le trafic d'humains ; se confier à eux était probablement une très mauvaise idée. Dommage, les femmes étaient en plein territoire ruskov. Selon Alessa, il n'y avait donc pas le moindre savant digne de confiance sur des kilomètres à la ronde. Peut-être était-ce l'une des raisons pour lesquelles la populace viendrait la voir elle et pas d'autres, sans doute parce qu'elle n'était pas de Moskva et opérait dans le dos de l'Église. À terme, ça allait forcément lui attirer des ennuis. Ne restait plus qu'à savoir quand. Le temps lui était compté dès à présent, ce qui la motivait d'autant plus à arracher des patients à ces institutions peu scrupuleuses n'ayant que leur profit personnel en tête.

« De toute manière, l'idée même de filer vous sortira de l'esprit d'ici quelques secondes. Allongez-vous sur le ventre, je vais aider à faire passer ce qui vous encombre. »

Alessa indiqua à la patiente de se reposer sur le lit et d'y patienter quelques instants, le temps qu'elle aille se laver les mains. Elle revînt peu après, invita la patience à s'allonger d'un geste courtois et s'assit à côté d'elle, le lit n'étant pas assez haut pour lui permettre de rester debout. Ses mains passèrent alors sur le dos de l'ex militaire, longèrent sa colonne vertébrale du bout des doigts pour ensuite venir embrasser le pourtour de son omoplate droite. Faisant preuve d'une certaine dextérité, Alessa se mit à masser l'emplacement pris de tensions avec lenteur et précaution, mettant à profit sa connaissance de l'anatomie pour aider la femme à relâcher ses muscles. Pendant ce temps, l'italienne reprit naturellement la conversation.

« Vous avez des contacts ici ? Je ne doute pas de votre aptitude à la survie compte tenu de votre passif, mais ces terres sont plutôt inhospitalières pour quiconque n'y étant pas habitué. Les gens s'y font rouler, voler, blesser... La milice n'étant pas capable d'intervenir ici à grande échelle, les gangs font la loi. Et si on refuse de s'y plier, ça finit toujours mal. »
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Qu'est-ce qui m'avait motivée à venir ?

« C'qui m'a motivé c'est la liberté, chez moi dans les grandes étendues centrales, ont avait un peu ça, on nous laissait faire cqu'on voulait du moment qu'on payait bien nos taxes comme tout le monde. Mais malheureusement avec tout ces satanés feux, le gouvernement a renforcé son emprise sur le pays. Certes cet endroit à son lot de merde j'veux bien vous croire, mais je compte bien y passer du bon temps. »

Et j'avais grande hâte de m'atteler à cette tâche au plus tôt. Je venais déjà de faire un trajet de trois semaines approximativement dans un vieux rafiot pourri avec pour seule activité mes exercices quotidien.

« Vous savez, j'compte pas les regarder les infos, pas envie de déprimer en voyant c'que devient mon ancien chez-moi. »

Après tout, si j'ai fait tout ce chemin, c'est pour tourner la page, pas pour ressasser.

« C'est quoi encore c'te sorte d'église comme vous dîtes, ils soignent les gens en les faisant raquer un max ? Ils vouent un culte à Cresus et Hippocrate ? A vous entendre, j'ai vraiment était chanceuse de tomber sur vous. Mais bon, j'me serais peut-être plus méfiée si vous n'étiez pas si charmante et apprêtée en comparaison à la racaille qu'on voit dehors. »

Il est sûr que c'était une bonne rencontre pour moi, je n'avais nullement envie de me faire charcuter par je ne sais quel médecin auto-proclamé qui traînerai dans le coin. Encore moins par une sorte de culte fanatique. Je réalisai seulement quelques secondes après avoir parlé, que mon inconscient avait parlé à ma place, chose qui m'arrive souvent et qui à tendance à me créer des problèmes en fonction de la personne en face de moi. J’espérai alors que la médecin ne réagisse pas mal à mes propos et qu'elle ne remarque vraiment ce que j'avais dit.

« Entendu chef ! »

Dis-je alors sans me faire prier me jetant à la manière d'une gamine à plat ventre sur le lit. Enfin un vrai putain de lit ! Il n'était pas encore temps de dormir, mais ce confort, bien que le lit ne soit pas forcément d'une grande qualité m'étais très appréciable.

« Ne vous inquiétez pas, j'risque pas d'le quitter ce plumard. »

Un peu surprise qu'elle commence par me caresser le dos du bout des doigts, même très brièvement avant de monter vers mes épaules, cela me fit frémir à cause de la froideur de ses mains. Néanmoins, cela m'était agréable et je restai muette profitant de la suite du massage. Chaque pression des mains de la brune au niveau des tensions musculaire, me procurais un soulagement de plus en plus important relâchant petit à petit le muscle meurtri. Je voulut alors répondre aux questions de la femme mais, venant d'exercer une nouvelle pression plus forte, en ouvrant la bouche, je n'émis rien d'autre qu'un soupir de plaisir un peu retenu. Une fois passé, je finis quand même par répondre.

« Des contacts ? Nah j'ai pas ça ici, le seul contact, et même physique d'ailleurs que j'ai, c'est vous pour l'instant. »

J'eu un petit ricanement après avoir prononcé ces mots, puis je repris.

« Eh bien, eh bien, en tous cas, j'espère ne pas avoir à faire avec ces voyous pour le moment, j'ai pas envie de m'attirer des ennuis à peine arrivée pour avoir cassé la gueule de quelques loubards. »
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Posée et appliquée sur son office, Alessa écouta attentivement chaque mot de sa patiente, jusqu'à se remémorer ceux prononcés plus tôt, avant que cette consultation ne prenne un tournant plus tactile. Elle laissa échapper un petit rire dès lors que les mots de l'ex militaire lui revinrent à l'esprit, ceux à propos de l'Église. Elle n'avait pas totalement tort, bien que ça restait tout de même assez caricatural. Pourtant, l'italienne cautionna cela à cent pour cent. Même si l'organisme comportait des dizaines voire des centaines de ses collègues médecins, elle ne pouvait ressentir rien d'autre que du mépris à leur égard. Ils pouvaient sauver des vies, certes, mais leur éthique n'en restait pas moins discutable.

« C'est une institution très vénale, oui. Ses membres sont aussi de grands fanatiques prêts à s'infliger les pires supplices physiques et psychologiques pour revendiquer leur foi et absoudre leurs péchés. Ne parlons même pas des histoires plus sombres qui circulent à leur sujet. Enfin ! Ne gâchons pas la charmante compagnie que je vous offre, parlons de choses plus joyeuses. »

Un léger sourire étira ses lèvres. Un tantinet moqueur, il cherchait à faire comprendre à sa destinaire que rien n'avait été oublié parmi ses propos. Alessa s'était évidemment empressée de tout mémoriser et de garder ça pour le moment opportun. Une fois qu'elle avait la certitude de plaire, il ne fallait pas plus la solliciter pour qu'elle rentre dans ce genre de jeu. Ainsi poursuivit-elle ses délicats massages tout en se penchant un peu plus par dessus sa patiente. Bientôt, ses cheveux d'ébènes furent en mesure de caresser le dos de l'australienne. Sa voix, douce et tentatrice, sembla se rapprocher encore et toujours plus de l'oreille à découvert à laquelle elle adressait ses mots.

« Alors je suis votre première expérience en ces lieux, commença-t-elle sur un ton joueur, lequel devînt plus tendancieux aussitôt le propos repris. Il est de mon devoir de la rendre mémorable, dans ce cas, histoire de vous prouver que l'on peut parfois trouver du bon à Decay. »

Dans un même temps, elle joua de ses mains habiles, poursuivant le massage et l'étendant jusqu'à l'intégralité du dos de sa bénéficiaire. Parfois, ses doigts agiles passèrent près des côtes de la musclée pour les effleurer, pour lui arracher un éventuel frisson, et reprirent leur course le long de son échine pour ensuite s'arrêter au niveau de ses lombaires et y décrire des cercles avec lenteur. Elle se pencha toujours plus, au point de nécessiter l'appui d'une de ses jambes sur le lit, et rapprocha ses lèvres colorées de l'épaule à présent détendue pour y déposer un seul et unique baiser éphémère, lequel persistera toutefois sous la forme d'une marque pourpre dessinant le moindre détail de la lippe l'ayant embrassée.

« Pour le moment, non. Personne ne viendra vous embêter ici. Enfin... Nous embêter. »

Bientôt, l'espace qui les séparait ne fut plus qu'un souvenir qui parut déjà lointain. La seconde jambe de la doctoresse passa par dessus le lit, se faisant une place confortable à proximité de la patiente alors qu'une de ses mains s'échappa pour se reposer sur son propre flanc, pendant que l'autre remonta pour longer le bras de l'australienne du bout des doigts, le parcourir en sens inverse encore plus lentement et ensuite capturer sa main, l'invitant dès lors à se tourner sur le côté pour lui faire face.

« À moins que ma charmante compagnie ne vous tente déjà plus ? Ce serait dommage, alors que je comptais prolonger mes massages. »
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La description que me faisait la femme de cette "église", ne correspondait en aucun cas à la définition du terme. Ce n'était rien d'autre qu'une secte de déranger, pas étonnant qu'on trouve des gens de ce calibre quand on voit des quel environnement évoluent les habitants de l'île.

Ayant la tête tournée sur le côté pour pouvoir respirer dans cette position, je vis alors la soignante changer d'expression tout en reprenant les mots que je venais de prononcer et ayant l'air de me narguer. Saleté ! pensais-je. En réalité, je ne savais si cette pensée m'étais adressée, ou adressée la brune qui se mit à se rapprocher un peu plus de moi. Lorsque je sentis ses cheveux qui commençaient à effleurer ma peau, je compris le tournant que prenait la "consultation". D'habitude loquace, cette fois je ne disais rien, écoutant la femme me susurrer à l'oreille quelques paroles et me concentrant sur les sensations qu'elle me procurait désormais en parcourant mon dos de sa main. Je me rendis alors compte que la sensation de froid émanant de la pièce que j'avais précédemment ressenti avait disparue. Chaque pression sur ma peau me poussait à me mordre la lèvre pour que je parvienne à me retenir de réagir. Le baiser déposé me fit quand même frémir. Lorsqu'elle se mit à me caresser le bras toujours plus lentement, l'envie me brûlait de prendre en main la situation, mais je me fis violence me laissant emporter sur le côté, ne pouvant désormais plus fuir le regard intense de le femme. Mais d'ailleurs ...

« Bien sûr qu'non, mais... pourrais-je connaître le nom de cette charmante compagnie ? Je suis d’ailleurs surprise que vous n'ayez pas interrogée votre patiente plus que cela ... »


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