J'suis Mau !

Maurice né Breat de Beauregard dit “Mau” est originaire de Mende, préfecture de la Lozère en France. Fils unique, il est très vite compris que la flamme de son esprit ne brille guère bien fort et ses remarques éclairées n’illuminent pas mieux qu’une nuit sans étoile. Promis à une éducation irréprochable entourés des plus hautes sommités que l’enseignement était capable d’offrir à un être, c’est parmis les domestiques de la famille qu’il grandira vraiment. Amateur des choses les plus simples de ce monde, il ne s’illustrera jamais dans l’art du savoir-être, des sciences humaines, politiques et mathématiques que l’on tente de lui inculquer. Au contraire, le labeur de la terre, l’élevage et la contemplation de ce que la nature peut offrir auront toujours su attirer son attention et le voir performer à sa façon si singulière.

L’enfant n’est néanmoins pas né sous les meilleures auspices. Fragile et fluet, il est très vite annoncé que sa croissance se fera tard et de façon fulgurante. Mais face à l’échec qu’il représente, les Breat de Beauregard ne sont pas convaincus et laissent la garde du bambin au garde chasse du parc nationale des Cévennes. Le brave homme, une fois le chèque encaissé pour le rôle qui lui incombe, ne se préoccupe finalement que peu du garçon qui se retrouve bien vite à devoir se débrouiller par lui-même… Puis à être littéralement oublié au coeur de la réserve. Ce fut pourtant là les plus belles années de l’enfant, qui n’eut aucun mal à survivre, livré à ses seuls instincts. Il fut pourtant retrouvé, bien des années plus tard, sans vraiment être recherché ni même qu’un avis à ce sujet soit publié, les Bréat de Beauregard bien ravi d’avoir empoché le pactole de l’assurance vie contractée pour leur progéniture. Le fait étant qu’il eût fallu qu’un test génétique soit pratiqué pour savoir qui pouvait être donc ce yéti émergeant des bosquets du parc.

Titan d’un autre temps, il aurait souhaité ne jamais être débusqué au final, inadapté social au plus haut point. L’âge adulte arrivant, c’est avec un grand plaisir que ses parents lui trouvèrent un logis, à Marseille, dans les faubourg de la cité portuaire avec largement de quoi subsister pour pouvoir vivre sa vie (et être oublié, enfin, cela va de soit). Le Milieu, la pègre française, le remarqua très vite. Il fallait dire que le fait était difficile, le jeune homme s’amusant à escalader des falaises pour se réveiller, s’exprimait de façon audible de très loin, moins compréhensible cependant… Et devait littéralement se tasser pour passer une porte, systématiquement. Taillé dans le marbre d’une force naturelle excluant toute comparaison possible et loin d’être mauvais bougre, il lui suffisait d’être présent pour désamorcer les situations les plus critiques et les négociations les plus houleuses. Quand à ce qu’il aimait vraiment durant ces moments, lui, c’était simplement d’admirer le paysage, les choses qui brillaient et d’entendre le rire de ses camarades.

Une tragique erreur le vit embarquer dans un conteneur dont on lui avait demandé de compter la marchandise. Deux jours après le début de sa mission, le super-tanker dans lequel il avait mit le pied partait pour sa destination finale : Decay.
Un premier pas sur les quai lui fit découvrir sa voie tandis qu’il aidait tout simplement les dockers à débarquer les caisses du chargement. Un métier honnête sur l’île la plus viciée que le monde ait connu n’aurait cependant pas pu durer, quand bien même personne n’osait jamais vraiment lui adresser la parole ou contester son droit à exécuter sa besogne. Jusqu’à ce qu’une jeune femme des Lombardi ne vienne un jour le recruter personnellement, son culot n’ayant d’égal que sa beauté. Non pas que le fait ait marqué Mau. Il est juste plus agréable de lire ce genre de chose dans une histoire. Quoiqu’il en fût, après une promesse dont le secret perdure entre elle et lui, il s’accorda à suivre son nouveau patron.

Aujourd’hui, Mau travaille toujours avec un plaisir immodéré auprès de Livia Lombardi et d’autant plus aux côtés d’Andrea Falcone qui lui a apprit à baragouiner l’anglais et l’italien… Approximativement… Et qu’il mélange… Avec le Français.

Mau est la représentation personnifiée de l’adage : Vous trouverez toujours plus fort que vous, plus grand, plus lourd et plus bruyant. Il incarne à merveille une série sans limites de superlatifs qui laisseraient dans le doute quiconque ne le rencontrerait pas un jour. On ne peut pas dire qu’il passe inaperçu au sein de la Famille. Pas vraiment beau, loin d’être soigné, il est néanmoins une qualité que tous lui trouvent : Il est bien brave… Et il tord l’acier comme on s’amuserait avec du caoutchouc. Point vraiment de drames qui l’auront façonné, aucun entraînement véritable n’a fait de lui ce qu’il est. Sa loyauté indéfectible résidant dans un mystère complet, il apparaît incorruptible. Amusé d’un rien, bon vivant en tout, Mau aime ce monde dans lequel tous sont nés pour mourir.